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Origine : http://nantes.indymedia.org/article.php3?id_article=4546
Depuis quelques jours vient de paraître le fameux démenti
de Cyril sur Indymédia Nantes. Avant d'aller plus loin, je
tiens à signifier plusieurs choses. Premièrement,
le démenti de Cyril résulte d'un accord avec les femmes
citées dans son texte (je étais présent lorsque
le groupe de femmes discuta avec Cyril). Deuxièmement, si
l'impression de ce texte donne un sentiment d'aveux, d'expiation
chrétienne et autres, il faut peut-être s'interroger
quant à l'écriture de ce texte. Manier un procédé
d'écriture, reste un moyen tactique pour décrédibiliser
un discours, une parole où un ressentiment d'ordre politique.
D'ailleurs, les premières réactions attestent ce phénomène.
L'histoire est peut-être un éternel recommencement
? L'an dernier, il y a eu une confrontation liée à
la question du sexisme en milieu militant. Certes, la méthode
était différente, mais l'on peut voir une continuité
avec l'affaire en cours. Encore une fois, la critique s'attarde
essentiellement sur le procédé, a défaut de
poser la question de fond qui est sous-jacente dans ces deux histoires.
Evidemment, les fins doivent correspondrent avec les moyens quant
à un problème politique précis. Cependant,
nous, les mâles, avons-nous une réflexion et des pratiques
quotidiennes en accord avec ce que nous défendons ? A savoir,
l'idée d'une société à l'intérieur
de laquelle toutes formes de dominations seraient bannies. Critiquer
le moyen est une chose. L'absence d'une réflexion liée
à la pratique quant à ce problème en est une
autre, au sein du milieu militant. Autrement dit, critiquer le procédé
reste le seul moyen efficace, quand une carence réflexive
et pratique se fait sentir face à ce type de problème.
Voilà où en est le milieu militant à l'heure
d'aujourd'hui.
Nous osons aborder, nous, les mâles militants, des questions
précises et d'ordre générale telles que : Le
syndicalisme, la mondialisation, le rôle de l'Etat, la stratégie
du patronat, la rupture dans une lutte politique etc.. Mais en aucun
cas, nous n'arrivons clairement à aborder la question homme/femme
au sein de nos relations quotidiennes. Par ailleurs, je tiens à
dire qu'autour de cette question, je ne me différencie pas
de mes congénères. Evidemment, ma construction masculine
m'interroge et me pose une série de questions envers moi-même.
C'est pourquoi, ce problème peut traduit un malaise et mal-être
envers la communauté male et militante. Le mutualiser entre
congénères masculins paraît toujours aussi problématique
et laborieux. Evidemment, par mon appellation d'homme je fais explicitement
partie du groupe dominant. A partir de là, nous avons cette
difficulté majeure à nous remettre en question quant
à notre propre construction sexuée dans le milieu
libertaire. On peut abattre le capitalisme et instaurer l'autogestion
généralisée dans les faits, mais instaurer
aussi « tout le pouvoir au pénis » dans la pratique,
encore une fois.
Certes, notre vie quotidienne en tant que mâle n'est pas
très réjouissante. Nous vivons des situations sociales
pas forcément rose, nous sommes confrontés aux impératifs
de la survie quotidienne. Par conséquent, la difficulté
à aborder la question du genre comme un moyen d'oppression
et de domination, y compris dans notre cénacle, traduit peut-être
un refus catégorique de partager le pouvoir. Nous sommes
en partie dépossédés de notre vie et dans l'incapacité
d'en avoir le contrôle. De là, le refus de poser clairement
le sexisme comme une réalité militante, a peut-être,
pour finalité de garder un pouvoir à l'intérieur
de la chapelle militante. Dans la vie courante, nous vivons une
oppression d'ordre économique et sociale. Ainsi, le refus
d'accorder une place envers le genre féminin et le rendre
secondaire par nos attitudes et réactions sur certains points,
sous entend peut-être, un refus de partager notre pouvoir
d'homme socialement construit y compris au sein du milieu militant.
Le pouvoir masculin en milieu militant devient le seul bien que
nous ayons, nous, les mâles. Bref, nous sommes des individus
dépossédés quotidiennement. La seule chose
qui nous donne l'impression d'exister et d'avoir une impression
de prestance envers les militantes, est donc ce sentiment de pouvoir
que nous n'avons pas ailleurs dans notre quotidien oppressant.
Proudhon
Auteur: anonymous ( le mâle qui doute )
mercredi 22 décembre 2004
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