Origine : http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=899
J’ai été embauchée (*) dans un lieu où
étaient hébergées des personnes de tous âges,
malades ou handicapées physiques et/ou mentales. Je fus stupéfaite,
en arrivant, du sort réservé à ces personnes
: logements vétustes et insalubres, traitements violents et
dégradants. J’ai témoigné de cette situation
et de ces traitements devant des instances officielles.
Ces témoignages n’ont jamais été remis
en cause. Cependant, cela m’a valu sanctions, mutations de
services, harcèlement en tout genre. Je tiens à disposition
observations et différents courriers et témoignages.
Il serait trop long ici d’énumérer ces observations.
Ces attitudes ou mauvais traitements vont de la négligence,
l’irrespect, jusqu’à la violence verbale ou physique.
Ce que j’ai vécu m’a profondément bouleversée
et rendue malade. Angoisse, dépression réactionnelle
grave et prise de poids dangereuse (27 kg en 3 ans).
Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est de comprendre
comment on en arrive à de telles attitudes, à de telles
situations.
Au départ, nous sommes bien tous construits à partir
de la même matière, nous ressentons tous plus ou moins
les mêmes besoins : physiques, besoin d’être rassurés,
d’être reconnus, etc. Nous évoluons ensuite,
pour différentes raisons, de différentes manières
: intellectuels, affectifs, etc. Nous parvenons à réaliser
que nous ne sommes qu’une petite partie d’un tout et
que le champ de ce qui nous différentie les uns des autres
(évolution avancée dans tel ou tel domaine par exemple)
est infime par rapport au champ de nos faiblesses, difficultés,
ignorances...
Probablement qu’une personnalité immature ne permet
pas de considérer l’autre comme son semblable. Le manque
de considération ou de respect pour la personne reconnue
déficiente découlerait-elle de cette immaturité
?
Malheureusement, lorsque l’entourage n’est pas là
ou ne peut contrôler et empêcher les dérives,
toutes les perversités peuvent s’épanouir dans
ces milieux fermés. De l’école en passant par
l’armée, les prisons, etc., lorsqu’une personne
est en position de soumission, elle est en danger.
Or, que fait-on pour y remédier ? Il semble que, malgré
beaucoup de réticences, les établissements s’ouvrent
vers l’extérieur et que les usagers puissent parfois
donner leur avis.
Cependant, il semble aussi que, pour une question d’économie,
les difficultés ou la maladie ne soient pas reconnus ou tendent
à être minimisés.
Ainsi, on oriente des personnes relevant de soins psychiatriques
vers les établissements sociaux ou éducatifs, où
bien souvent, la personne est jugée responsable de son état
et doit absolument être " rééduquée
" et " réinsérée ".
Qu’est-ce que la formation éducative ? L’expérience
que j’en ai m’a plutôt horrifiée, je cite
: " L’éducateur est le garant du respect de la
loi et des établissements. L’éducateur doit
lui-même se soumettre à la loi de l’équipe
et de sa hiérarchie, il doit faire corps avec elle. "
En formation, le correcteur d’un devoir devrait retrouver
les mots clés du cours. La personne à former doit
absorbe les certitudes, son jugement personnel n’a que peu
de valeur.
D’ailleurs, en ce qui me concerne, les témoignages
de mauvais traitements que je rapportais dans mes observations et
qui auraient dû faire bondir les formateurs et diligenter
une enquête, étaient considérés comme
faute grave. " On ne conteste pas les " méthodes
" pratiquées dans les établissements. Vous insurger,
ce n’est pas faire de l’éducatif, vous n’avez
pas l’esprit d’équipe ". Ma formation n’a
donc pas été validée !
Dans l’établissement, l’idée que l’on
se fait de la prise en charge de la personne déficiente (le
mot soin n’est pas utilisé) relève plutôt
de ce que j’appellerais du dressage. " Un résident
doit être obéissant et servile ". Ce qui n’empêche
pas de se gargariser de mots tels que " autonomie ". En
fait, ils sont autonomes lorsqu’ils ne nous pompent pas trop
l’air. Ainsi, ils peuvent balayer, transporter le linge sale
sans que l’on se préoccupe du sens que cela peut avoir.
Exemple : balaye-t-il parce qu’il aime la propreté,
parce qu’il est obligé, parce qu’il est heureux
de se rendre utile ? Cela n’a aucune importance, pourvu qu’il
obéisse.
Nous pouvons transporter les ballots de linge sale sur des chariots,
c’est moins lourd et plus hygiénique que de les porter
contre soi. Pourquoi imposer ces contraintes ? " Parce que
dans la vie, il faut bien des contraintes ". Ils doivent travailler
" parce que dans la vie, il faut bien travailler et qu’ici,
ce n’est pas le club Med " !
Sens du travail, sens des contraintes... qui se préoccupe
de réfléchir sur la signification de ces notions chez
les personnes dont nous avons la charge ?
Projection-débat
Vendredi 7 Mai 2004 20H00
Salle de la libre pensée,
10-12 rue des Fossés St Jacques 75005 Paris
M°RER Luxembourg
Il y a un an se tenaient à Montpellier les états
généraux de la psychiatrie.
Le STCPP vous invite à la projection gratuite de la vidéo
sur ces états généraux. Elle sera suivie d’un
débat :
- Les états généraux de la psychiatrie...
et après ?
- Quelle évolution dans le contexte du projet gouvernemental
“Hôpital 2007* et de la refonte de l’assurance
maladie* ?
La personne qui s'exprime ici est Chantal Thomas. En Octobre 2005,
elle a participé à une émission de radio à
Nantes . La direction de Mindin, où elle travaille a poursuivi
Chantal et l'animateur radio en diffamation. Le procès a eu
lieu le 29 Juin 2006. Le 13 Juillet 2006 le tribunal énonçait
son jugement : nullité de la procédure annulée
pour vice de forme. La direction de Mindin a perdu son procès
en diffation. Un site est consacré à ce procès
:
:http://mindindifferent.free.fr
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