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RÉFLEXIONS INSPIRÉES PAR UNE EXPÉRIENCE DOULOUREUSE AU TRAVAIL
DANS UN MILIEU PSYCHO-MÉDICO-SOCIAL
lundi 3 mai 2004

Origine : http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=899

J’ai été embauchée (*) dans un lieu où étaient hébergées des personnes de tous âges, malades ou handicapées physiques et/ou mentales. Je fus stupéfaite, en arrivant, du sort réservé à ces personnes : logements vétustes et insalubres, traitements violents et dégradants. J’ai témoigné de cette situation et de ces traitements devant des instances officielles.

Ces témoignages n’ont jamais été remis en cause. Cependant, cela m’a valu sanctions, mutations de services, harcèlement en tout genre. Je tiens à disposition observations et différents courriers et témoignages. Il serait trop long ici d’énumérer ces observations.

Ces attitudes ou mauvais traitements vont de la négligence, l’irrespect, jusqu’à la violence verbale ou physique. Ce que j’ai vécu m’a profondément bouleversée et rendue malade. Angoisse, dépression réactionnelle grave et prise de poids dangereuse (27 kg en 3 ans).

Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est de comprendre comment on en arrive à de telles attitudes, à de telles situations.

Au départ, nous sommes bien tous construits à partir de la même matière, nous ressentons tous plus ou moins les mêmes besoins : physiques, besoin d’être rassurés, d’être reconnus, etc. Nous évoluons ensuite, pour différentes raisons, de différentes manières : intellectuels, affectifs, etc. Nous parvenons à réaliser que nous ne sommes qu’une petite partie d’un tout et que le champ de ce qui nous différentie les uns des autres (évolution avancée dans tel ou tel domaine par exemple) est infime par rapport au champ de nos faiblesses, difficultés, ignorances...

Probablement qu’une personnalité immature ne permet pas de considérer l’autre comme son semblable. Le manque de considération ou de respect pour la personne reconnue déficiente découlerait-elle de cette immaturité ?

Malheureusement, lorsque l’entourage n’est pas là ou ne peut contrôler et empêcher les dérives, toutes les perversités peuvent s’épanouir dans ces milieux fermés. De l’école en passant par l’armée, les prisons, etc., lorsqu’une personne est en position de soumission, elle est en danger.

Or, que fait-on pour y remédier ? Il semble que, malgré beaucoup de réticences, les établissements s’ouvrent vers l’extérieur et que les usagers puissent parfois donner leur avis.

Cependant, il semble aussi que, pour une question d’économie, les difficultés ou la maladie ne soient pas reconnus ou tendent à être minimisés.

Ainsi, on oriente des personnes relevant de soins psychiatriques vers les établissements sociaux ou éducatifs, où bien souvent, la personne est jugée responsable de son état et doit absolument être " rééduquée " et " réinsérée ".

Qu’est-ce que la formation éducative ? L’expérience que j’en ai m’a plutôt horrifiée, je cite : " L’éducateur est le garant du respect de la loi et des établissements. L’éducateur doit lui-même se soumettre à la loi de l’équipe et de sa hiérarchie, il doit faire corps avec elle. " En formation, le correcteur d’un devoir devrait retrouver les mots clés du cours. La personne à former doit absorbe les certitudes, son jugement personnel n’a que peu de valeur.

D’ailleurs, en ce qui me concerne, les témoignages de mauvais traitements que je rapportais dans mes observations et qui auraient dû faire bondir les formateurs et diligenter une enquête, étaient considérés comme faute grave. " On ne conteste pas les " méthodes " pratiquées dans les établissements. Vous insurger, ce n’est pas faire de l’éducatif, vous n’avez pas l’esprit d’équipe ". Ma formation n’a donc pas été validée !

Dans l’établissement, l’idée que l’on se fait de la prise en charge de la personne déficiente (le mot soin n’est pas utilisé) relève plutôt de ce que j’appellerais du dressage. " Un résident doit être obéissant et servile ". Ce qui n’empêche pas de se gargariser de mots tels que " autonomie ". En fait, ils sont autonomes lorsqu’ils ne nous pompent pas trop l’air. Ainsi, ils peuvent balayer, transporter le linge sale sans que l’on se préoccupe du sens que cela peut avoir. Exemple : balaye-t-il parce qu’il aime la propreté, parce qu’il est obligé, parce qu’il est heureux de se rendre utile ? Cela n’a aucune importance, pourvu qu’il obéisse.

Nous pouvons transporter les ballots de linge sale sur des chariots, c’est moins lourd et plus hygiénique que de les porter contre soi. Pourquoi imposer ces contraintes ? " Parce que dans la vie, il faut bien des contraintes ". Ils doivent travailler " parce que dans la vie, il faut bien travailler et qu’ici, ce n’est pas le club Med " !

Sens du travail, sens des contraintes... qui se préoccupe de réfléchir sur la signification de ces notions chez les personnes dont nous avons la charge ?


Projection-débat

Vendredi 7 Mai 2004 20H00

Salle de la libre pensée,

10-12 rue des Fossés St Jacques 75005 Paris

M°RER Luxembourg

Il y a un an se tenaient à Montpellier les états généraux de la psychiatrie.

Le STCPP vous invite à la projection gratuite de la vidéo sur ces états généraux. Elle sera suivie d’un débat :

- Les états généraux de la psychiatrie... et après ?

- Quelle évolution dans le contexte du projet gouvernemental “Hôpital 2007* et de la refonte de l’assurance maladie* ?



La personne qui s'exprime ici est Chantal Thomas. En Octobre 2005, elle a participé à une émission de radio à Nantes . La direction de Mindin, où elle travaille a poursuivi Chantal et l'animateur radio en diffamation. Le procès a eu lieu le 29 Juin 2006. Le 13 Juillet 2006 le tribunal énonçait son jugement : nullité de la procédure annulée pour vice de forme. La direction de Mindin a perdu son procès en diffation. Un site est consacré à ce procès :

:http://mindindifferent.free.fr