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Contrôle urbain : l’écologie de la peur
Mike Davis
Traduction : Gobelin
Ab irato, 1998
ISBN : 2-911917-45-6
3 euros Diffusion Dif’pop
Origine http://abirato.internetdown.org/article.php3?id_article=22
D’ABORD, la frontière entre architecture et maintien
de l’ordre s’est mieux effacée. La police de
Los Angeles est devenue un des acteurs principaux de la conception
du centre ville. Aucun projet ne voit le jour aujourd’hui
sans sa participation et, dans certains cas, comme le récent
débat sur l’installation de toilettes publiques dans
les parcs et les stations de métro (à laquelle elle
s’est opposée), elle exerce ouvertement un droit de
veto.
ENSUITE, la surveillance vidéo des zones rénovées
du centre a été étendue aux structures de parking,
aux allées privées, aux plazas, etc. Cette surveillance
extensive constitue un " survespace " virtuel, un espace
de visibilité protectrice qui définit de plus en plus
où les cols blancs et les touristes de classes moyennes se
sentent en sécurité au centre ville.
ENFIN, les grands immeubles deviennent de plus en plus sensibles
et engrangent une puissance de feu mortelle de plus en plus grande.
Le système sensitif d’une tour de bureau moyenne comprend
déjà la vision panoptique, la sensibilité aux
odeurs, à la température, à l’humidité,
au mouvement et, dans certains cas, la surveillance auditive.
QUAND tout le reste aura échoué, l’immeuble
intelligent se transformera en un mélange de bunker et de
base d’attaque.
Cette brochure est composée de "Contrôle urbain,
l’écologie de la peur" (parution en français
dans Mordicus n°11, 1994) ; "Los Angeles n’était
qu’un début (paru dans le même numéro)
; "Le complexe carcéro-industriel, ou l’enfer
aux champs" (paru dans The Nation, 20 février 1995,
puis en français dans la collection "La belle doc"
de la Bonne descente, Paris, 1996).
On pourrait ramener tout cela, dans la description de Davis,
à trois opérations fondamentales...
http://abirato.internetdown.org/article.php3?id_article=93
"On pourrait ramener tout cela, dans la description de Davis,
à trois opérations fondamentales :
- La privatisation de l’espace public :
à L.A., plus de plages accessibles, " gratuites "
; mais des lieux sans " étrangers ", des couvre-feu,
des espaces filtrés, des bancs anti-clochards. " La
ville américaine est systématiquement évidée
de ses espaces publics au profit d’espaces spéculatifs
regroupés au centre où chaque activité a son
espace monofonctionnel, où les rues n’ont plus de perspective,
et où la circulation est internalisée dans les couloirs
de sécurité sous l’œil des polices privées.
" (206).
- La gestion et la diffusion de la peur, et de
son corollaire, la " sécurité ". Distiller
la peur, cela veut d’abord dire sécréter la
suspicion, la méfiance, la stigmatisation des " classes
dangereuses ". Mais à L.A., cela passe de plus en plus
par une véritable ségrégation spatiale, telle
que des quartiers entiers se trouvent de fait réservés
aux nouveaux riches. Tout cela, bien sûr, sous l’œil
d’une police surarmée, suréquipée, sur-conditionnée.
- L’intégration des dispositifs de surveillance
à l’architecture et au mobilier urbains, soit
sous la forme des prisons intégrées à la ville,
devenues indiscernables : les prisons comme centres de (re)formation
; soit par les nombreux moyens du contrôle urbain. Supermarchés
équipés de postes de police et de vidéosurveillance,
immeubles " sensitifs ", qui détectent les émotions.
(À signaler que tous ces aspects ont été développés
par Davis dans trois textes récents, accessibles sur le Net,
et regroupés dans la brochure Contrôle urbain, l’écologie
de la peur, éditée par AB IRATO). "
Bernard Aspe (Sur City of Quartz de Mike Davis - extrait)
http://www.ecn.org/cqs/Ville/losangel.htm
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