|
Origine : http://multitudes.samizdat.net/Made-in-USA-no4-Mighty-Uncle-mord.html
L’hiver dernier fut l’un des plus froids qu’on
ait vus dans le Grand Bassin du Nevada et dans l’ouest de
l’Utah. Pourtant il ne semblait être que l’écho
de la très forte bataille politique qui s’était
engagée autour de l’avenir de ce grand espace. Pendant
50 ans, ce désert de « sagebrush » qui s’étend
des Sierras jusqu’au Wasatch fut la région la plus
contrôlée et la plus militarisée du monde. Maintenant,
avec le déclin de la guerre froide une extraordinaire alliance
de populations indiennes, de ranchers et de groupes urbains lutte
afin de se réapproprier le Grand Bassin, qui était
jusqu’alors aux mains du Pentagone et qui est en train de
devenir la décharge du complexe militaro-industriel.
A une heure de voyage à 1 ouest de Salt Lake City, Skull
Valley est une ville typique de cette région peu connue de
l’Ouest américain. Il y a dix mille ans, c’était
le bras d’un fjord bleuté qui faisait partie du lac
Bonneville, et dont les anciennes côtes sont toujours visibles.
Aujourd’hui, la terre de la vallée est surtout recouverte
de « sagebrush », de poussière d’alcali
et des vestiges de l’incroyable histoire de la région.
A l’extrême sud de Skull Valley, en face d’un
énorme et solitaire temple mormon, un panneau avertit les
éventuels espions de l’obligation de rester en dehors
de la zone d’essais de Dugway. Depuis 1942, c’est en
effet le premier terrain d’expérimentation d’armes
chimiques, biologiques et incendiaires des États- Unis. Le
napalm fut ici testé sur un faux village japonais, comme
le fut aussi le projet anglo-américain supersecret de la
bombe Anthrax (projet N) dont Churchill voulait se servir pour éliminer
douze millions d Allemands. C’est encore ici qu’en 1968,
les expérimentations de gaz de combat menées par l’armée
tournèrent mal et asphyxièrent six mille têtes
de bétail dans la réserve Gosiute toute proche.
Entourée de secret et financée par d’importantes
caisses noires, la zone de Dugway fonctionna pendant des dizaines
d années à l’insu de tous. Puis en 1985, le
sénateur Jeremy Stasser et l’écrivain Jeremy
Rifkin s’associèrent afin de présenter au Pentagone
un projet sur l’utilisation d’une technologie fondée
sur les manipulations génétiques, et pouvant permettre
la création d’un arsenal micro-organique. Bien que
les États-Unis aient signé en 1972 une convention
qui s’opposait au développement des armes biologiques,
l’armée proposa de construire un laboratoire de grande
capacité à Dugway, afin de tester d’une manière
toute « défensive » ses projets bactériologiques.
L’opposition à ce « laboratoire de la mort »
fut conduite par les Downwinders Inc., un groupe de Salt Lake City
issu des luttes qu’avaient menées pendant des dizaines
d’années, dans le sud-ouest de l’Utah, les victimes
des radiations.
S’associant aux ranchers de la région et aux étudiants,
les Downwinders furent capables de s’assurer le soutien des
médecins de l’hôpital mormon, voire même
de l Association des médecins de l’Utah dans son ensemble.
Les heurts sur le terrain furent encore aggravés par l’aveu
postérieur, de la part de l’armée américaine,
de ce que les micro-organismes ultra-toxiques utilisés par
eux étaient régulièrement expédiés
par voie postale.
Le Pentagone, habitué à voir se dérouler devant
lui le tapis rouge, en particulier dans cette région super
patriotique qu’est l’Utah, fut abasourdi des réactions
publiques fortes et houleuses et des manifestations de masse, ainsi
que par l’ampleur de l’opposition. En septembre 1988,
l’armée dut stopper à contrecœur son projet
d’un nouveau laboratoire « BL-4 » et utiliser
des services privés, pluôt que la poste publique, pour
l’expédition de ses colis infectés.
Comme le porte-parole des Downwinders, Steve Erickson, le remarque,
« c’était la première fois au monde qu’on
assistait à la victoire d’un mouvement de masse dans
une zone d’essais d’armements chimiques ou biologiques
». En 1990, cependant, les autorités de Dugway ressortirent
à l’improviste leur projet de laboratoire biologique
et militaire, bien qu’ils aient limité leurs propositions
d’essais à des organismes « naturels »
plutôt qu’à des organismes biologiques mutants.
Un an plus tard, alors que les Downwinders et leurs alliés
étaient encore en train de s’affronter à l’armée
à propos des conséquences possibles du nouveau laboratoire
sur l’environnement, commença de s’élever
la « Tempête du désert ». Les hommes du
Pentagone exprimèrent ouvertement leur inquiétude
de voir l’Irak utiliser un terrifiant arsenal biologique et
chimique, alors que Dugway lançait au même moment un
vaste programme d’essais sur l’utilisation de l’anthrax,
du botulisme, de la peste bubonique et d’autre micro-toxines
dans un laboratoire rénové datant des années
50. Certains de ces organismes furent même testés dans
l’atmosphère.
Les Downwinders, appuyés par l’Association des Médecins
de l’Utah, tentent toujours de se battre contre les essais
du vieux laboratoire des années 50, et contre les plans d’un
nouveau laboratoire biologique, devant la Cour de Justice de la
Région. Leur argumentation porte sur le non-respect, de la
part de l’armée, des règles fédérales
de protection de l’environnement et sur le manque scandaleux,
dans les hôpitaux voisins, de cours de formation médicale
adaptés et de sérums, en cas d’incident biologique
majeur à Dugway. Le virus du botulisme, par exemple, qui
est formidablement toxique, a été testé à
Dugway pendant des dizaines d’années, mais on ne trouve
pas une seule dose d’antidote dans tout l’Utah (et seulement
douze doses pour toute la côte Ouest).
Si les choses suivent leur cours cette année, les Downwinders
espèrent faire toute la lumière sur le rôle
des armes biologiques dans la très récente guerre
du Golfe. Selon Steve Erickson, les plaignants devraient obtenir
l’ouverture de deux enquêtes judiciaires. En premier
lieu, ils demanderont la raison pour laquelle l’armée
a fait vacciner des dizaines de milliers de soldats avec un antidote
encore expérimental contre le botulisme. Les soldats ont-ils
été, une fois encore, utilisés par le Pentagone
comme des cobayes ? Y a-t-il une relation entre cette compagne de
vaccination et l’étrange maladie qui a frappé
les vétérans de la guerre du Golfe ?
Deuxièmement, les Downwinders espèrent clarifier
les raisons pour lesquelles l’administration Bush a permis,
dans les mois qui précédaient l’invasion du
Koweït, la vente d’armes biologiques à l’Irak.
« Si l’armée justifiait le renouvellement des
essais à Dugway par l’imminence de la guerre biologique
irakienne, dit Erickson, pourquoi alors le Département du
Commerce accorda, de manière anticipatrice, pour 20 millions
de dollars d’équipement à double usage, à
la fois conventionnel et biologique, afin de le vendre au Commissariat
pour l’Énergie Atomique irakien ? Étions-nous
en train d’essayer de défendre nos troupes contre nos
propres créations micro-organiques ? »
(Erickson se réfère à l’information
révélée en décembre 1990 par Ted Jacobs,
conseiller légal du Cabinet du commerce, de la consommation
et des affaires monétaires.)
Flash-back sur l’automne dernier. Les gardiens Wakenhuts,
à la porte principale du site d’essais nucléaires
du Nevada, ajustent leurs visières sur leurs casques anti-émeutes.
Un bloc plus loin, juste derrière le panneau qui signale
en permanence « Attention aux manifestations », un millier
de personnes venues protester contre le nucléaire, toutes
banderoles déployées, avancent à un rythme
de funérailles.
L’improbable leader de cette jeune armée pacifique
est un rancher ridé venant des « Ruby Mountains »,
Raymond Yowell. Avec son torse puissant dans une chemise à
boutons de nacre, et ses mains calleuses qui ont mâté
un millier de mustangs, il ferait passer le cowboy de Marlboro pour
une mauviette. Mais si l’on est plus attentif, on remarque
une plume d’aigle sacré sur son chapeau. Raymond Yowell
est le chef du Conseil national de la tribu des Western Shoshone.
Quand un off ciel vint avertir les manifestants qu’ils seraient
arrêtés s’ils dépassaient la barrière
à bétail qui marquait la limite du site d’essais,
le chef Yowell répondit tranquillement que c’était
le Département de l’Énergie qui empiétait
sur le territoire Shoshone. « Nous vous serions reconnaissants,
ajoutat-il, si vous vouliez bien quitter le terrain. Et, s’il
vous plaît, emportez vos foutus déchets nucléaires
et vos vigiles avec vous. »
Quand Yowell fut arrêté et menotté à
la porte principale, de nombreux manifestants passèrent par-dessus
les clôtures du périmètre de sécurité
et s’éparpillèrent dans le désert. Ils
furent aussitôt chassés comme des lapins par des Wakenhuts,
équipés de véhicules tout-terrain. Certains
des manifestants essayèrent de se cacher mais évidemment
tous furent rattrapés et envoyés au bâtiment
en béton armé et entouré de fil barbelé
qui sert de prison au site d’essais. C’était
le I l octobre, la veille du cinquantième anniversaire du
débarquement de Christophe Colomb sur les rivages du Nouveau
Monde.
Le programme nucléaire des États-Unis s’est
trouvé presque constamment en état de siège
depuis que l American Peace Test de Las Vegas a campé devant
la porte du N. T S. Mercury en 1987. Depuis lors, plus de 10 000
personnes ont été arrêtées au cours d’importantes
manifestations, qui vont des veillées de prière organisées
par les Mormons aux raids des commandos de Greenpeace sur Ground
Zero lui-même. De fait, jouer à cache-cache avec les
Wackenhuts dans le désert du Nevada semble être devenu
le rituel initiatique de toute une nouvelle génération
de militants pacifistes.
La plupart des manifestants sont d’accord pour dire que la
mobilisation de l’automne dernier autour du site d’essais
et à laquelle ils ont donné le nom de Cicatrisation
globale des plaies (Healing global wounds), a représenté
une ligne de fracture dans l’histoire du mouvement antinucléaire.
D’abord, parce qu’elle coïncide avec le moratoire
du Congrès sur les essais nucléaires (qui a repoussé
jusqu’à ce mois de septembre les essais d’une
bombe dont le nom de code est « Mighty Uncle »). Le
but stratégique du mouvement - un traité décidant
l’arrêt total des essais - semble presque à portée
de main. Ensuite, parce que la direction du mouvement anti-nucléaire
est désormais assumée par les gens du lieu, dont les
terres ont été polluées par cinquante ans d’essais.
Les deux choses s’entrecroisent d’une manière
remarquable. Si le moratoire de Washington n’est que la réponse,
arrachée à contre-coeur, au moratoire antérieur
de Moscou, qui décidait l’arrêt unilatéral
des essais, l’initiative des Russes a, elle aussi, été
extorquée à Yeltsin par un mouvement populaire sans
précédent. La révélation des énormes
dégâts génétiques subis par la population
vivant près des plus importants sites d’essais soviétiques,
au Kazakhstan, et au sein de laquelle un quart des enfants naissent
désormais avec des malformations, a provoqué une profonde
réaction contre les essais nucléaires.
Au Kazakhstan, le célèbre écrivain Dezhas
Souleimenov a lu à plusieurs reprises des poèmes à
la télévision, en février 1989, afin de pousser
son peuple à imiter l’exemple des manifestants du Nevada.
Des dizaines de milliers de manifestants en colère, qui brandissaient
les photos des membres de leur famille morts du cancer, envahirent
le site d’essais de Semipalatinsk et forcèrent ses
barrières. Les militants - les premiers révolutionnaires
anti-nucléaires au monde dont l’action a été
couronnée de succès - se donneront eux-mêmes
avec fierté le nom de Mouvement Nevada-Semipalatinsk.
Il y a deux ans, ils créèrent l’Alliance Globale
AntiNucléaire (G.A.N.A.), afin d’étendre leur
mouvement à d’autres peuplades ou nations indigènes
victimes du colonialisme nucléaire. Les Western Shoshone
furent parmi les premiers à répondre à l’appel.
Lors de conventions, ils se découvrirent en effet une émouvante
parenté avec les Kazakhs, ou avec des militants des sites
d’essais du Pacifique, ce qui les poussa à. faire entrer
dans le G.A.N.A., le mouvement Soshone Cicatrisation Globale des
Plaies (Healing Global Wounds) et sa double exigence d’arrêt
des essais nucléaires et de restitution de leurs terres aux
populations locales.
Il est arrivé qu’on critique l’American Peace
Test et ses manifestations pour leur caractère radicalement
contre-culturel. En effet, en octobre dernier, on pouvait trouver
sur le panneau d’affichage à l’entrée
du campement A. P T diverses informations sur les groupes par affinité,
sur les tables de massage, sur le riz brun et sur l’augmentation
du Karma.
Mais l’ambiance de Greatful Dead était relevée
par la présence d’un authentique front uni du Grand
Bassin, qui réunissait tout à la fois les Mormons,
des Indiens Bainte ayant survécu aux radiations («
downwinders ») et venus du sud-ouest de l’Utah, de nombreux
G.I.A. exposés lors d’essais nucléaires dans
les années 50, des ranchers du Nevada luttant pour la démilitarisation
de l’espace public (Citizens’ Alert), et les Reese River
Valley Rosses, un groupe de musique country-western shoshone. S
y ajoutaient encore des amis du Kazakhstan et de la Micronésie,
et un régiment de marcheurs pour la paix ayant parcouru l’Europe
à pied.
Le mouvement Western-Soshone, à la tête des manifestations
anti-nucléaires, a enseigné à des milliers
de militants pour la paix les moyens de combattre pour reconquérir
leur propre terre. Ils n’ont jamais reconnu la souveraineté
des États-Unis sur le Grand Bassin du Nevada et de l’ouest
de l’Utah, et se servent de leur propre passeport national
quand ils voyagent à l’étranger à l’occasion
de conférences anti-nucléaires. Plusieurs participants
aux actions du N. T S. ont récemment fait un pèlerinage
jusqu’à l’extrême nord du Nevada, au ranch
de Carrie et Mary Dann, deux soeurs Western Soshone dont la résistance
obstinée aux tentatives du gouvernement fédéral
de les chasser de leurs terres et de leur confisquer leur bétail
a fait d’elles deux héroïnes populaires. Pour
la fête de Thanksgiving, à l’automne dernier,
la bataille que livrent les soeurs Dann au Bureau d’Aménagement
du Territoire (B.L.M.) a cependant failli prendre un tour dramatique,
quand leur frère Clifford tomba sur les officiers qui étaient
en train d’encercler des chevaux appartenant à sa famille.
Après avoir juré qu’il était prêt
à mourir pour défendre le « Shoshone way of
life », Dann s’aspergea d’essence et sortit son
briquet. Stupéfaits, les agents du B.L.M. le plaquèrent
au sol, avant de le rouer de coups et de le mettre aux arrêts.
Un comité de défense, composé de nombreux militants
pacifistes et même de certains ranchers blancs, a vu le jour,
afin de soutenir la famille Dann et le Conseil Western Soshone.
Le Grand Bassin, un dépotoir ?
Faisant écho à des sentiments fréquemment
exprimés dans le mouvement Healing Global Wounds, Steve Erickson,
des Downwinders, se félicite de la remarquable percée
du mouvement pacifiste dans le Grand Bassin ces dernières
années. « Nous avons réussi à vaincre
les MX et Midgetman, à arrêter le projet d’une
installation pour recevoir les déchets nucléaires
à Canyonland, à stopper la construction du nouveau
laboratoire BL11 à Dugway, enfin à imposer un arrêt
temporaire des essais nucléaires. » Ce n’est
pas un médiocre succès pour les gens du Nevada et
de l’Utah, deux états où le militarisme semblait
pourtant à toute épreuve.
Dans le même temps, Erickson et d’autres militants,
parmi lesquels les Western Shoshone, voient se profiler une nouvelle
et plus grave menace pour l’environnement et la santé,
derrière le slogan apparemment bénin de la «
démilitarisation ». Avec la fin brutale de la Guerre
Froide, des millions d’armes tactiques et stratégiques
périmées doivent être entreposées d’une
manière ou d’une autre. La tentation du Pentagone c’est
de se débarrasser de ses missiles obsolètes, de son
armement chimique et de ses déchets nucléaires à
l’intérieur du triangle faiblement peuplé qui
se situe entre Reno, Salt Lake City et Las Vegas.
En septembre dernier, pendant la bataille sur la loi « Dannibus
Energy », la délégation du Nevada au Congrès
- moralement compromise en raison de son traditionnel enthousiasme
pour les essais nucléaires - a été mise en
déroute dans sa tentative ultime pour empêcher le D.O.E.
d’installer le premier grand dépotoir pour déchets
nucléaires des États-Unis à Yucca Mountain,
à 100 milles au nord-est de Las Vegas. Pendant ce temps,
près de la moitié du stock d’armes chimiques
du Pentagone attend d’être incinéré au
dépôt militaire de Toolle, dans l’Utah, juste
au-delà des montagnes, à partir de Skull Valley. Bien
que des sites aient déjà été choisis
dans sept autres États pour entreposer des armes chimiques,
les Downwinders craignent que l’opposition politique locale
n’interdise toutes ces installations à l’exception
de Toolle, où l’incinérateur pilote a pourtant
souffert d’une déplorable gestion, et a plusieurs fois
connu des émissions accidentelles de gaz innervants.
Des sociétés privées qui ont passé
des contrats avec la Défense, comme General Atomic, Thiokol,
Hercules et Aerojet General sont elles aussi à la recherche
de nouveaux sites dans l’Utah et le Nevada. La journaliste
spécialiste de l’environnement Triana Silton estime
que « une vraie guerre entre sociétés est en
train de se développer, au moment où toute une partie
de l’ancien complexe militaro-industriel se transforme en
nouveau complexe de gestion et stockage des déchets ».
La concurrence est spécialement vive pour désigner
qui emportera les juteux contrats liés à l’incinération
des deux millions de moteurs de fusée à carburant
solide du Pentagone qui constituent une source de pollution potentielle
fantastique.
D’autres sociétés enfin cherchent avec avidité
à transformer le Grand Bassin en dépotoir des agglomérations
urbaines de l’Ouest. Juste à l’ouest de Skull
Valley, des filiales de Westinghouse et de Union Pacific, dans l’Utah,
sont en train de construire de monstrueux incinérateurs pour
brûler les déchets solides importés de Los Angeles
et de Sacramento. D’innombrables déblais faiblement
radioactifs, des dépotoirs pour déchets à risques,
ainsi que de multiples mares à cyanides liées à
l’exploitation des mines d’or, constellent et souillent
les comtés de Nevada spécialisés dans l’élevage
bovin. En outre, cinq cent à mille (le nombre total reste
secret) sites contaminés font courir des risques incalculables
à seize installations de l’armée et du D. O.
E., depuis N.T. S. jusqu’à Dugway.
Pendant ces dernières années, une inquiétude
internationale massive s’est exprimée contre le périlleux
héritage écologique du stalinisme en Europe de l’Est
et dans l’ex-U.R.S.S. Pourtant la plupart des Américains
restent aveugles, inconscients du rôle comparable que joue
le Pentagone, avec son projet défaire du Grand Bassin et
d’autres zones militarisées de l’Ouest américain
un désert toxique et silencieux. Jusqu’ici, nous n’avons
pas non plus pris les moyens de réfléchir sur la manière
dont la « démilitarisation » pourrait n’être
qu’une autre manière de continuer l’écocide
et le colonialisme de l’intérieur.
Mike Davis
(Traduit de l’américain par Judith Revel)
|
|