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Origine : http://altermonde-levillage.nuxit.net/article.php3?id_article=3116
À lire les journaux, à regarder la télévision,
à écouter les commentateurs politiques, on ne peut
que dresser ce constat : quelques semaines après le résultat
du référendum, rien n’a changé. En fait,
le oui est passé.
Il y a bien quelques électeurs qui se sont trompés,
qui ont voté non, mais le oui demeure la seule valeur de
référence pour tout citoyen respectable. Reste une
question, pourquoi ce référendum a-t-il suscité
un tel « sursaut citoyen » ?
« Parce qu’il a trop tourné autour du contexte,
et pas assez autour du texte », nous expliquent les tenants
du oui. On aurait pu penser - comme on l’avait déjà
espéré après le 21 avril 2002 - que ce «
sursaut citoyen » appellerait une responsabilisation de la
vie politique, consciente de devoir se renouveler. Que nenni. Les
leçons du 21 avril furent oubliées à l’approche
des échéances électorales qui l’ont suivi.
De même, les résultats du référendum
s’analysent désormais à travers la grille de
lecture de l’élection présidentielle de 2007.
Ces échéances électorales ouvrent de véritables
trous noirs dans la vie et la pensée politique du pays. C’est
un peu comme si la vie politique se limitait à exiger des
citoyens l’application d’un principe assez simple :
« Occupez-vous de ce dont on vous demande de vous occuper,
quand on vous le demande. » Comme on demande à un chien
de faire là où on lui dit de faire. Et après
la promenade du soir, rentrez chez vous !
Devant ce constat décevant, une question nous préoccupe
: où en sont les mouvements alternatifs ?
Depuis quelques années, des organisations plus ou moins
définies, plus ou moins structurées, ont voulu faire
de la politique autrement. Des hommes et des femmes, en dehors des
partis et des programmes, ont voulu assumer la responsabilité
de leur vie sociale, de leur vie, tout simplement. Que ce soit en
France, en Italie, au Mexique ou au Brésil, force est de
constater que pour des raisons plus ou moins différentes,
cette alternative est aujourd’hui en panne. En France, des
voix s’élèvent régulièrement pour
accabler ces mouvements des pires maux de la terre. Altermondialiste
est même, pour certains, synonyme d’antisémite.
C’est dire si ces mouvements restent incompris. Ils doivent
de leur côté faire un effort de clarification de leur
message.
La morosité de cette alternative s’explique par la
volonté de certains de transformer une dynamique sociale
en organisation politique, ordonnée et disciplinée.
Or, cette alternative, si elle représente un intérêt,
c’est d’être un lieu où les pratiques et
les pensées s’inscrivent dans une longue durée,
sans être soumises à l’accélération
ou à l’hystérie électorale.
Les mouvements alternatifs doivent être capables de créer
des instances où l’on pense la démographie,
l’écologie, la médecine, l’éducation,
en dehors des discours politiques qui obligent systématiquement
à passer par le mensonge pour gagner des élections.
En ce sens, les alternatifs ont vocation à impliquer tout
le monde, ils n’entrent dans aucune compétition.
LULA. À quelques jours de la venue en France du président
brésilien, Lula, penchons-nous sur son exemple. Que disent
nos amis du Mouvement des sans-terre dans leur rapport avec Lula
? Ils préfèrent le voir à la tête du
gouvernement et disent ouvertement qu’ils voteront pour lui
à la prochaine élection, parce que sinon, ce sera
pire. Pour autant, leur situation ne s’est pas vraiment améliorée.
Les « sans-terre » disent qu’ils ont des revendications
précises à faire avancer et que, avec ou sans Lula
à la tête du gouvernement, ils savent ce qu’ils
ont à faire, en toute indépendance. Voilà une
attitude qui devrait être méditée par Lula,
lui-même, mais aussi par toute personne qui s’intéresse
aux nouvelles formes d’organisation politique et sociale dans
nos pays.
Les alternatifs doivent tenir bon sur des objectifs concrets, sans
tomber dans les contradictions que la vie électorale entraîne
forcément.
Miguel Benasayag est psychanalyste et philosophe. Dernier livre
paru : « Abécédaire de l’engagement »
(Bayard).
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