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Origine : http://www.passant-ordinaire.com/revue/45-46-550.asp
Psychanalystes, psychiatres, psychologues… parlons de quelque
chose que l’on ne connaîtra jamais. En effet, les instruments
avec lesquels nous travaillons (l’inconscient, le ça,
le surmoi) sont des objets qui n’existent pas, des constructions
théoriques qui nous permettent éventuellement de travailler
sur des niveaux de réalité eux-mêmes hypothétiques.
Que signifie travailler avec l’inconscient ? De quel inconscient
parlons-nous ? Est-il corporel ? Langagier ?.. Considérons
que nous ne savons jamais exactement de quoi nous parlons, et le
problème est que notre société a tiré
implicitement de ce dispositif-là, résumé ici
très succintement, une sorte de norme de ce que cela signifierait
qu’être sain ou malade.
Les gens s’imaginent – bien que les psys ne le disent
que rarement – qu’il existe une norme, que cette norme
est là – une norme sacrée en quelque sorte.
Une norme qui indiquerait comment être heureux, comment vivre,
quel rapport entretenir avec la réalité, avec nos
affects, avec notre corps, etc. Ce qui fait de la psychanalyse tout
sauf quelque chose de flou, mais qui s’élaborait malgré
tout dans une sorte de multi-dimensionnalité hypothétique.
Il est vrai qu’aux yeux de nos contemporains et de pas mal
de nos collègues, la psychanalyse se présente sous
les dehors d’une règle normative s’appliquant
à tout et n’importe quoi. Pourtant, c’est bien
plus compliqué que ça, parce que cette « norme
» est pétrie de contradictions : elle se met à
affirmer un tas de choses qu’elle ne peut nullement prouver,
y compris son existence. Par exemple, quand nous avons affaire à
la folie, le psy se permet d’intervenir au nom de la souffrance.
Pourtant, l’autre souffrant est soit dans une demande ou,
et c’est souvent le cas, ne demande rien (cf. : les psychotiques)
ce qui n’empêche pas le psy d’être censé
l’aider à élaborer cette demande. Mais si l’autre
est dans la demande, on peut toujours se poser la question : est-ce
qu’il demande parce qu’il souffre ou parce que sa famille
et/ou l’institution le somme de formuler cette demande ? Et
l’on voit bien que cette demande ne peut être toujours
fiable. Or le psy se croit autorisé à aider l’autre
à élaborer la demande. Il y a une attitude psy qui
consiste à articuler quelque chose de très flou, de
très complexe à l’aide de pratiques qui, elles,
sont hypernormatives et très intrusives. Face à la
folie, le premier réflexe, de mon point de vue, est de se
dire que ce n’est pas parce que le patient demande que nous
devons répondre, puisque je ne peux savoir d’où
vient cette demande. Et ce n’est pas parce qu’il souffre
que nous devons nous mêler de sa vie, car d’une part,
il y a ce qui relève de la souffrance existentielle et non
de la pathologie, et d’autre part, comment savoir si la souffrance
de l’autre n’est pas le fruit de la pression sociale,
de l’intolérance sociale et familiale, voire de sa
propre intolérance ? Quelqu’un qui a affaire à
la folie peut très bien se rendre compte qu’il est
fou, et il peut en souffrir par rapport à sa propre vision
normative. C’est pour ces raisons que j’ai développé,
durant ces 23 ans de pratique en psychiatrie, l’idée
de l’accueil qui peut se résumer ainsi : étant
donné ce qu’il en est de notre société,
si des gens arrivent à moi parce qu’ils ont une problématique,
dite psy, je veux bien être là pour voir ce que l’on
peut composer ensemble, ce que l’on peut comprendre ensemble,
ce que l’on peut apaiser ensemble, que ce soit au niveau de
la personne, de la famille ou de la situation.
De ce point de vue, quand j’ai rencontré l’«
Empereur », je n’ai pas eu l’impression d’avoir
affaire à une exception. Comme lorsque je reçois un
enfant dit autistique, je ne sais pas pourquoi on me l’amène,
lui non plus ne sait pas ce qu’il fait là, si bien
que je me retrouve dans une position de non-savoir qui ne peut pas
être esthétique mais qui doit déboucher sur
des pratiques concrètes. Si l’on se place dans la position
délicate de l’accueil fondé sur un non-savoir,
cela ne veut pas dire que l’on devient ignare. On sait très
bien comment peut fonctionner la personne, ce qu’on attend
de nous, on connait le traitement de la folie par notre société,
on sait tout ça, sauf que l’on refuse de faire avec
tout ce savoir une sorte de dépistage savant de l’événement
de la rencontre. C’est-à-dire que ce savoir est un
élément nécessaire mais non suffisant pour
expliquer la rencontre. Parfois ça compose, et parfois non.
Parfois il n’y a pas de rencontre, car il faut savoir quand
même que dans ce que l’on appelle la psychanalyse, il
y a beaucoup de jouissance et que parfois les gens viennent là
sans savoir pourquoi. Avec un peu d’expérience, on
comprend vite qu’il ne faut pas être dupe d’une
vision fonctionnaliste : on comprend si les gens en face de nous
savent pourquoi ils le sont (pour le dire vite, les gens suivent
une détermination multiple, exogène, endogène…).
Ils peuvent être là et parfois nous pouvons être
là. La question du sens, la question d’un ici et maintenant,
est généralement laissée de côté
par la psychiatrie ou la psychanalyse.1
Mais pour peu que l’on soit vraiment clinicien, on se rend
compte que l’on peut parler, se taire, que l’on peut
tout ce que l’on veut, mais surtout qu’il y a quelque
chose de très compliqué qui se passe là et
qui vous engage. Alors parfois, on peut s’engager et parfois
non, parfois l’autre est là, ou bien il est tellement
dans une demande normative qu’il lui est impossible d’être
en face de vous. La question est là. La preuve en est qu’en
épousant cette position, cet état d’esprit théorique
et pratique, certes je reçois quelqu’un qui pose la
question de la norme, mais la norme-souffrance n’est qu’un
aspect des choses. Et la question qui m’intéresse n’est
pas forcément s’il souffre ou pas, encore moins s’il
est normal ou pas, non, c’est la possibilité de se
trouver avec quelqu’un. Et l’Empereur, qui n’était
qu’un enfant à l’époque, voulait vraiment
rencontrer quelqu’un et se posait des tas de questions sur
l’existence, en questionnant par ailleurs l’univers
qu’il s’était créé. La façon
qu’il avait de se questionner peut être psychopathologisée,
mais c’est sans grand intérêt ; à l’inverse,
on peut se dire que cet homme était en train de poser une
question centrale, celle de l’existence, qui moi aussi m’intéresse,
qui n’est pas la question de son délire, mais qui est
la question de notre existence. Voilà comment se pose la
question de la norme pour moi.
Le cas de « Monsieur l’Empereur »
Il y a des années, Marc, âgé de dix ans, est
venu en consultation à l’hôpital. Comme cela
arrive souvent, cet enfant inquiétait beaucoup son entourage
: la consultation était motivée par une mauvaise expérience
en colonie de vacances où un comportement qui jusque-là
était passé plus ou moins inaperçu, avait «
explosé ».
Un lundi matin, j’accueille donc ce jeune avec ses parents,
très inquiets (comme tous les parents accompagnant leur enfant
dans un service de psychiatrie, leur angoisse est redoublée
par la peur implicite d’être jugés : «
Sommes-nous de bons parents ? Est-ce que nous n’allons pas
être considérés comme des gens qui n’ont
pas su éduquer leurs enfants, au point que la société,
pour leur bien, va devoir maintenant s’occuper d’eux
? »). Ils me racontent que tout a commencé dans la
colonie de vacances où Marc refusait de se laver nu devant
les autres enfants. Puis Marc lui-même m’explique que,
chez lui aussi, il prend sa douche vêtu d’une sorte
de combinaison, et qu’il se savonne à travers un tissu
fin — comme les bonnes sœurs, me suis-je dit immédiatement.
Il m’explique ensuite que les moniteurs de la colonie s’étaient
vraiment inquiétés de ce qu’il racontait…
Marc expliquait, reprend la mère, qu’il est l’empereur
d’une planète qui s’appelle Orbuania et que,
en tant qu’empereur de cette planète, il vient chaque
jour sur terre en observation. Mais chaque nuit, il quitte son corps
et voyage dans sa planète où il continue à
vivre sa vie normale d’empereur. Je demande alors aux parents
si Marc leur avait déjà parlé de tout cela,
et ils me répondent que oui, naturellement. Marc avait d’ailleurs
écrit une série de cahiers où il expliquait
la vie en Orbuania. Ces cahiers, il les avait fait lire à
ses professeurs. Lesquels, comme ses parents, trouvaient que même
si Marc était un peu obsédé par son histoire,
ce n’était rien d’autre que l’expression
d’un enfant qui fait beaucoup travailler son imagination…
Il est nécessaire de préciser que Marc avait révélé,
au cours des tests à l’hôpital, une intelligence
supérieure. Et il avait déclaré aux psychologues
qui avaient procédé aux tests qu’il désirait
parler de son empire avec quelqu’un, mais qu’il ne désirait
pas être traité « psychologiquement ».
Je lui ai demandé pourquoi. Du haut de ses dix ans, il m’a
répondu que les psychologues sont des gens qui ne comprennent
rien aux choses, qu’ils interprètent tout et que lui
désirait parler, mais d’une manière plus complexe
et plus profonde, avec un adulte qui ne le catalogue pas.
Je n’en croyais pas mes oreilles : cet enfant me disait qu’il
ne voulait pas être traité comme un symptôme.
Il me disait très clairement qu’il désirait
parler, mais que cette discussion ne devait pas tomber dans un réductionnisme
technique. Je lui dis immédiatement que j’étais
psy, mais que j’étais également philosophe,
que son histoire m’intéressait beaucoup et que je voulais
bien parler avec lui, mais que je ne comprenais pas bien pourquoi
il voulait parler à quelqu’un. Je pense qu’au
départ le désir de communiquer sa vision des choses
venait de deux raisons bien distinctes : d’un côté,
les gens réagissaient mal quand il leur parlait de son empire
; et d’un autre côté, comme tout n’était
pas complètement clair pour lui dans cette histoire, l’opinion
de quelqu’un qui ne le juge pas lui serait précieuse.
Tel fut notre premier accord, qui resta intact pendant plus de dix
ans de travail partagé et d’amitié réciproque.
« Monsieur l’Empereur », c’est ainsi que
j’ai commencé à l’appeler très
tôt. C’était devenu son nom, ou plutôt
son surnom, qu’il recevait avec un certain plaisir –
et je n’étais pas le seul à l’appeler
ainsi. Les secrétaires, en le voyant arriver pour son heure
de discussion (ça n’a jamais été une
consultation), le saluaient, sans aucun type de moquerie,
en lui disant : « Bonjour, Monsieur l’Em-
pereur ! »
Peu à peu, Marc me racontait sa planète. Nous parlions
aussi de la difficulté à vivre sur la Terre, une difficulté
que nous partagions sur plusieurs points — avec ce handicap
pour moi, qui ne suis même pas empereur pendant quelques heures
par jour, contrairement à lui. Dès les premières
séances, j’ai demandé à Marc ce qu’il
pensait de la réalité d’Orbuania. Il développa
à ce propos une théorie qui n’a jamais changé
au cours des années, même si celle-ci s’est affinée
avec le temps. Orbuania et ses constellations, les autres planètes
qui dépendaient de son empire, les ennemis de celui-ci, existaient
vraiment, mais il ne pouvait pas le démontrer. Il me proposait
donc de penser l’existence de son empire comme le «
pari de Pascal » à propos de l’existence de Dieu.
On imagine mon étonnement (et ce ne devait pas être
le dernier) quand j’entendis un tel argument sortir de la
bouche d’un enfant de cet âge ! La réalité
d’Orbuania ne dépendait pas d’une croyance personnelle,
mais du niveau d’existence déterminé par la
nécessité qu’existe cet objet…
Quelques années plus tard, quand Marc commençait
à avoir le profil du mathématicien qu’il est
aujourd’hui, il est venu en tant qu’auditeur à
des réunions que je coordonnais avec deux chercheurs (l’un
mathématicien, l’autre physicien), en vue d’un
livre de logique mathématique. Parmi les sujets que nous
abordions, il y avait le problème ontologique du statut d’existence
de l’objet de la science. L’Empereur donnait son avis
sur les théorèmes fondamentaux de Gödel et de
Cohen, entre autres. Et dès que possible, il nous donnait
des nouvelles d’Orbuania, ce qui intéressait évidemment
au plus haut point mes complices scientifiques, bien incapables
quant à eux de définir ce qui « existe »
ou non, et même de savoir plus ou moins ce que ce mot signifie.
Un jour, j’ai vécu un épisode assez comique
avec l’Empereur. C’était un après-midi
d’été et il faisait très chaud dans le
service ; je recevais Marc et je lui ai proposé d’aller
boire quelque chose au bar, ce qui était assez courant. Une
fois dans le bar, le garçon vient prendre la commande et
je demande alors : « Qu’est-ce que vous allez prendre,
Monsieur l’Empereur ? » Il répond et, une fois
le garçon parti, il me dit sur un ton un peu protecteur :
« Vous savez, Benasayag, moi, ça ne me dérange
pas du tout, mais si vous continuez à m’appeler «
Monsieur l’Empereur » en public, ils vont finir par
vous croire un peu dérangé » – et il accompagne
son propos d’un geste très clair de l’index tournant
sur lui-même près de la tempe… Ainsi, j’apprenais
peu à peu à savoir à quel moment je pouvais
l’appeler Monsieur l’Empereur. Et il apprenait pour
sa part, peut-être en me l’enseignant, que tout le monde
ne peut entendre les intéressantes considérations
sur sa planète, pour la bonne et simple raison que peu de
gens sont en mesure de comprendre d’emblée Les Pensées
de Pascal…
Cette histoire ne doit pas nous faire oublier ce qui n’a
pas encore été dit, à savoir que Marc n’a
jamais été médicalisé, qu’il n’a
jamais été hospitalisé en psychiatrie, ni étiqueté,
qu’il n’a jamais fait l’objet non plus d’un
programme d’intégration… C’est seulement
quand il est entré à l’École normale
supérieure, après avoir fait Maths sup et Maths spé,
et que je lui ai conseillé de se consacrer plutôt à
la recherche qu’à l’enseignement, qu’il
partagea mon avis et suivit mon conseil.
À un moment de cette histoire avec Marc, je lui ai proposé
de réaliser un petit film où il expliquerait son empire,
les délicats mécanismes de ce monde où les
deux sexes ne se distinguent par aucun signe extérieur, l’un
et l’autre étant identiquement « lisse »,
où le parti majoritaire est misogyne, où les femmes
(qu’il était le seul à pouvoir identifier) étaient
génétiquement inférieures aux hommes, où
l’empire subventionnait les membres d’un parti anarchiste
en guise de clowns officiels… Contrairement à ce que
l’on pourrait croire, les récits d’Orbuania ne
ressemblaient en rien à un roman de science-fiction. L’Empereur
me racontait au fil des années des détails sur la
circulation automobile, les impôts, l’éducation,
etc. Et il m’informait des interminables guerres et conflits
que son empire maintenait avec ses colonies, car Monsieur l’Empereur
n’est vraiment pas un gauchiste…
Finalement, cela l’intéressait beaucoup de faire un
documentaire audiovisuel, mais il fallait, comme toujours, se mettre
d’accord sur un point, poser une condition qui était
de ne pas utiliser ce film comme du « matériel psy
». Cela pouvait être montré à des philosophes,
à des anthropologues ou à d’autres intellectuels,
mais en aucun cas à des techniciens qui n’y verraient
que des symptômes, qui n’y verraient, selon les termes
de Marc, « rien ».
Nous pouvons énoncer la base du travail avec Marc en quelques
principes. D’abord, il s’agit de dire clairement que
les gens qui nous consultent sont très bien tels qu’ils
sont. Ce ne sont pas des personnes avec des « défauts
de fabrication » : ils sont comme ils sont et ensemble, nous
essayons de voir comment ils peuvent découvrir leurs potentialités,
comment ils peuvent être « non seulement des empereurs
», mais aussi autre chose, comme pour Marc, des mathématiciens
chercheurs par exemple, ou comme pour Julien, des musiciens.
Ensuite, notre travail peut très bien se faire dans une
mise entre parenthèses d’une partie de la réalité,
afin de construire avec nos patients ce socle commun à partir
duquel il est possible de commencer à composer, à
construire et à marcher. Une clinique de la situation est
alors un travail de libération de la puissance, des puissances
présentées par Spinoza comme les passions joyeuses.
Il s’agit d’éviter le chemin de la tristesse,
celui d’un savoir normalisateur emprisonnant l’autre
dans son étiquette. À partir de ce socle commun, nous
pouvons passer à un travail global de découverte et
de développement des possibilités, des puissances.
En nous référant à Blaise Pascal, ce philosophe
si apprécié en Orbuania, nous pouvons dire que dans
la thérapie de situation, « nous sommes embarqués
». Développer des possibles n’est rien d’autre
que le projet de l’éthique spinoziste, puisque (contrairement
à une clinique du symptôme, qui sait à la place
de l’autre) nous partons du principe central de L’Éthique
: « On ne sait jamais ce que peut un corps. » Nous l’avons
expliqué, ce non-savoir ne représente absolument pas
une ignorance, il permet au contraire le développement de
tous les savoirs et de tous les désirs, car il ne condamne
pas l’autre à son symptôme-étiquette.
Aujourd’hui, Marc est toujours empereur, mais comme dans
la blague de l’homme qui pisse au lit, cela ne le dérange
plus… Parce qu’en tant que chercheur et intellectuel,
en tant qu’homme, il n’est pas seulement l’Empereur
d’Orbuania… Et, qui sait ? Peut-être qu’un
jour, lors d’une nuit printanière claire et fraîche,
allongé sur mon lit, je ferai enfin ce voyage en Orbuania,
dans cette planète où j’ai non seulement un
ami, mais quelqu’un qui y est vraiment très influent…
Philosophe et psychanalyste. Auteur de nombreux travaux. Ce texte,
enrichi d’un entretien avec Thomas Lacoste, est extrait pour
partie du dernier ouvrage de Miguel Benasayag Les passions triste,
souffrance psychique et crisse sociale, La découverte, 2003,
192 pages.
(1) C’est un peu ce que Félix Guattari pensait du
silence de l’analyste. Pour lui le silence était l’interprétation
universelle. Par exemple, lorsqu’un patient arrive et dit
« J’ai tué mon père », « Je
viens de branler mon chien » ou « Je ne veux pas sortir
de chez moi parce que j’ai des phobies » et que l’analyste
reste muet, ce silence est présenté comme une interprétation
universelle. Quoi que dise le patient, la bonne interprétation,
c’est le silence…
Miguel Benasayag
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