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Origine : http://vegantekno.free.fr/antisexism.html#schwarzer
Au XIXème siècle encore, le célèbre médecin
anglais Acton écrivait : "Toute idée de plaisir
sexuel chez la femme est une infâme calomnie". Esquisser
ici l'histoire de la sexualité nous mènerait trop loin,
mais il est évident que les derniers temps ont brillé
par l'absence de toute sexualité féminine. Les fillettes,
les épouses et les mères étaient censées
n'avoir pas de sexualité. Seule exception à la règle,
les putains, payée pour ce faire par les hommes qui en avaient
les moyens. La possession de la femme par l'homme s'étant démocratisée,
tout représentant du sexe masculin dispose aujourd'hui d'un
personnel féminin comprenant en une seule personne une putain,
une mère, une compagne et une servante. Le statut de femme-objet
sévît tout particulièrement chez les gauchistes
qui formulent des postulats repris des slogans de Mai 68 : "Baiser
deux fois la même fille c'est faire déjà partie
des nantis !" (Les ravages causés par ces nouvelles normes
masculines ont été plus d'une fois évoqués
dans les témoignages.)
Non seulement notre époque a trouvé de nouvelles normes,
mais elle a aussi ses prophètes pour énoncer des commandements
déjà établis. Autrefois nous avions les religions
représentantes au moins identifiables d'une morale subjective.
En dépit de la terreur qu'elles exerçaient, elles concédaient
au moins une toute petite place à des versions individuelles
de leur morale. Aujourd'hui nous avons la science qui, elle, se veut
objective. La psychanalyse et la psychologie qui prêchent la
"vérité" de la "nature" humaine
ont créé une image quasi irréfutable de la "nature
féminine". Au lieu d'employer les instruments qui leur
sont propres pour démontrer comment des êtres humain-e-s
ont été métamorphosé-e-s en hommes et
en femmes, elles sont devenues elles-mêmes des instruments de
manipulation sexiste pour le patriarcat. La société
des hommes a trouvé en ses sciences ses instruments les plus
efficaces de dressage de la féminité.
Parmi les rares exceptions, on compte le psychologue professeur
John Money et la psychiatre Anke A. Ehrhardt. Au lieu de manipuler
les sujets d'observation, ils respectent plus ou moins le mission
d'émancipation d'un service au service de l'humanité
et dans leurs recherches et leurs observations cliniques posent
avec rigueur le problème de l'identité sexuelle. Selon
leurs thèses, l'identité sexuelle - la féminité
et la virilité - n'est pas une identité biologique.
Simone de Beauvoir : "On ne naît pas femme, on le devient."
Dans une vaste analyse intitulée "Masculin, féminin",
les Américains citent entre autre choses ce cas impressionnant
: lors d'une des circoncisions pratiquées habituellement aux
USA, l'un des deux jumeaux monozygotes âgés se sept mois
a été blessé ; son pénis a été
complètement brûlé. Les parents, un jeune couple
qui vit à la campagne, sont désespérés.
Dix mois plus tard, un chirurgien leur conseille d'élever le
garçon qui n'a plus de pénis comme une fille (jugeant
sans doute avec réalisme que dans notre société,
un homme sans pénis n'est pas un homme...) La mère suit
ce conseil. Elle commence à habiller, à coiffer et à
traiter l'enfant tout autrement que son jumeau. La mère informe
régulièrement les médecins de son évolution
et de leurs mesures éducatives. Elle encourage systématiquement
la coquetterie de l'enfant, lui offre des bijoux et des rubans, lui
apprend l'ordre et la propreté.
"A quatre ans et demi, rapporte la mère, elle était
déjà beaucoup plus ordonnée que son frère.
Elle tient aussi beaucoup à ce que le lui donne son bain.
Je n'ai jamais vu une petite fille aussi ordonnée et coquette."
Un jour, l'enfant déclaré petite fille fait pipi debout
- comme le font d'ailleurs souvent les petites filles. On le gronde
et lui fait comprendre qu'il doit s'accroupir : "Une petite
fille ne fait pas ça !" - Dans le même temps,
on encourage inversement ces attitudes chez son frère. Sa
mère éclate de rire, quand elle le voit un jour faire
pipi sur les fleurs du jardin.
Le garçon imite de plus en plus son père, la fille
sa mère. Le frère claque les fesses de sa soeur, comme
son père le fait avec sa mère, il veut devenir plus
tard pompier ou policier et voudrait pour Noël un garage avec
des autos. La soeur voudrait une poupée. La mère souhaite
que tous deux fassent des études, "surtout le garçon,
c'est un homme et il est important qu'il gagne sa vie."
La "petite fille" suit un traitement hormonal. Après
la puberté, on lui greffera un vagin artificiel. Elle sera
une femme "normale" - à cette différence
près, qu'elle sera stérile. Il est vrai que la faculté
d'enfanter reste la seule différence entre homme et femme.
Tout le reste n'est qu'artifice, une question d'identité
psychique fabriquée.
Le problème de la transsexualité prouve d'ailleurs
bien que c'est l'identité sexuelle psychique qui est déterminante
et non l'identité biologique. Les transsexuel-le-s sont des
êtres biologiquement femmes mais qui se sentent hommes - ou
vice versa. Quelque chose s'est "mal" passé lors
de leur dressage à l'identité sensuelle, c'est pourquoi
une âme d'homme ou de femme habite un corps qui ne lui est
pour ainsi dire pas approprié. La médecine progressiste
professe aujourd'hui que dans un tel cas, une seule solution possible
est d'adapter le corps à la conscience et non pas l'inverse.
La psyché est donc plus déterminante que l'anatomie.
Le tragique de ce drame de l'identité sexuelle réside
aussi dans le fait que notre société soi-disant égalitaire
n'accorde aucune place a un comportement
ambigu : On est soit complètement femme, soit complètement
homme. Etre tout bonnement humain-e, mais ça ne suffit pas
! Bien au contraire, ça peut mener un-e être humain-e
à un conflit déchirant qui se terminera bien souvent
par le suicide. Si l'on entre pas dans l'une ou l'autre des deux
catégories, on n'a pas de place.
Rien, pas même l'appartenance à une "race"
ou à une classe, ne nous marque autant que l'appartenance
à un sexe. Rien ne détermine aussi profondément
notre vie et les réactions de notre entourage que notre sexe
biologique. Avec l'exclamation, c'est une fille !" ou "c'est
un garçon !", les dés sont jetés. Dès
le premier jour, notre sexe sert de prétexte au dressage
à la "féminité" ou à la "masculinité".
Impossible d'y échapper. Les parents qui tentent de briser
la contrainte de la distribution des rôles n'y parviennent
qu'en partie.
L'habitude et l'inconscient leur jouent des mauvais tours. De nombreuses
études l'attestent, telle celle de la psychologue allemande
Ursula Scheu : "on ne naît pas petite fille, on le devient"
(Fischer, 1977) et celle d'Elena Gianini Belotti dans "Du côté
des petites filles" (des femmes, 1974). La psychologue au CNRS,
Irène Lézine à observé le développement
psychologique au cours de la première enfance. Elles ont
entre autre chose constaté que les mères allaitent
systématiquement leur bébé trois mois de plus
si c'est un garçon et qu'elles ne lui apprennent que trois
mois plus tard à être propre. Au cours de l'allaitement,
elles laissent aussi aux garçons de plus longues pauses qu'aux
filles. Ce qui signifie que dès l'allaitement, le dressage
est plus sévère pour une fille que pour un garçon.
Les filles doivent se soumettre, on brise leur volonté. Brunet
et Lézine concluent que le besoin d'apprivoiser l'enfant
est plus fort lorsqu'il s'agit d'une fille; Si c'est un garçon,
bien qu'il soit tout petit et sans défense, il représente
déjà le symbole de l'autorité à laquelle
se soumet la mère elle-même.
De telles observations remettent enfin en question des constatations
de la psychologie progressiste telles que : toutes les petites filles
sont plus passives, plus tournées vers les grandes personnes
alors que les petits garçons sont plus actifs et plus tournés
vers la réalité matérielle. C'est juste ! Mais
ce n'est pas inné, c'est bel et bien inculqué. Dès
le berceau !
Ursula Scheu analyse dans son livre l'essentiel des travaux effectués
dans tous les pays sur le conditionnement du rôle sexuel de
la petite fille. Elle écrit : "Il est frappant de constater
que lorsqu'on aborde la plupart des aspects de la vie (développement
de la fibre maternelle chez les petites filles, façon dont
on leur apprend à se servir de leurs mains, à être
adroites pour les intégrer et les exploiter plus tard dans
les tâches ménagères ou professionnelles) un
seul domaine reste totalement exclu celui de la sexualité.
Nous savons, bien sûr, que là aussi les hommes et les
femmes se comportent différemment, mais nous jugeons ça
"naturel". Pourtant, c'est dans le processus même
de socialisation des êtres que se lient la passivité
et la soumission féminines, l'activité et la domination
masculines. En omettant de soulever le problème de la formation
d'un comportement spécifiquement sexuel, la science fait
croire que le comportement sexuel, tel qu'on le rencontre aujourd'hui,
est un comportement naturel".
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