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Louis Sala-Molins à propos du Mémorial de l'abolition de l'esclavage

Origine : http://www.citizen-nantes.com/article-louis-sala-molins-a-propos-du-memorial-de-l-abolition-de-l-esclavage-123566087.html

Louis Sala-Molins, historien, est le parrain de la Commémoration marrone qui se déroule en ce moment à Nantes.

Il était Invité à Nantes le 6 octobre 2012, dans le cadre d'une conférence sur "Le Code Noir", et s'était déjà exprimé sur l'absence d'une référence au Code Noir dans le Mémorial de l'abolition de l'esclavage. Une absence toujours pas réglée depuis les échanges entre les pétitionnaires, Christiane Taubira et la Mairie de Nantes.

"Il y a 25 ans, Louis Sala-Molins exhumait le Code qui, d’un point de vue juridique, a grandement contribué à la deshumanisation de l’homme noir. La société européenne est celle qui (sur des fondements racistes), a légitimé la pratique de la traite négrière et de l’esclavage pendant plusieurs siècles.

Quand nous évoquons le nom de Colbert et le nom de « grand » Louis XIV, savons-nous que derrière ce décor et cette signature il y a le texte le plus monstrueux de la modernité, le code Noir ?

Malgré le travail considérable effectué par Nantes autour de la mémoire et l’histoire de l’esclavage, l’absence du Code Noir dans le Mémorial de l’abolition de l’esclavage questionne beaucoup…" 06/10/2012



L'esclavage, un point noir dans l'histoire de France et de Nantes

Louis Sala-Molins voit le Mémorial de l'abolition de l'esclavage de Nantes avec un regard qui doit ici être partagé. Si d'un point de vue esthétique et architectual, rares ont été les critiques émises sur le Mémorial, le (non) choix des textes qui le parcourent pose légitimement question.

Louis Sala-Molins, professeur de philosophie politique, sortait en 1987 un livre qui fera date : "Le Code Noir ou le calvaire de Canaan". L'ouvrage révèle l'un des textes juridiques les plus sordides élaboré par Colbert et promulgué en mars 1685 par Louis XIV. Nos historiens français n'y avaient pas encore pensé ?!

Art. 38. L’esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois, à compter du jour que son maître l’aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées, et sera marqué d’une fleur de lys sur une épaule ; s’il récidive, un autre mois, à compter pareillement du jour de la dénonciation, il aura le jarret coupé, et il sera marqué d’une fleur de lys, sur l’autre épaule ; et la troisième fois, il sera puni de mort.

L'intérêt est que dans ce livre comme dans la vidéo ci-dessous, réalisée par Peter Lema dans le cadre des 25 ans de la sortie du livre, Louis Sala-Molins prend du recul par rapport au seul point de vue abolitioniste et tance le bon droit des Lumières et la France Royale qui avant d'être émancipatrice a d'abord été esclavagiste.

Nos représentants et penseurs du Mémorial ont-ils lu et écouté Louis Sala-Molins ? Oui sans doute. mais pourquoi alors lui et son travail majeur n'ont-ils pas eu droit de citer dans la réflexion et la réalisation des panneaux ?

Pour Louis Sala-Molins et d'autres, la réponse se trouve en partie dans les textes qui longent le Mémorial. Ou plutôt dans les textes qui n'y sont pas. Aucun d'entre eux ne fait en effet référence au Code Noir ni à aucun document juridique dont il existe pourtant de nombreuses traces.

En effet comme le veut le sens commun (légitime ?) et dans la lignée d'un certain sens rétrécit de l'Histoire, le choix a été fait de créer un "Mémorial de l'abolition et pas du tout un mémorial de l'esclavage et de son abolition" comme le note le philosophe.

Quid donc de la légitimation juridique de la traite, de la restauration de l'esclavage par Napoléon ?...

"Nous sommes dans une optique de célébration du génie émancipateur français et pas du tout dans l'optique d'une mémoire sereine dans laquelle on ferait une place, non seulement à la France qui émancipe, mais aussi et surtout à la France qui légitime l'esclavage."

Et ainsi en écartant cette légitimé incarnée, l'air de rien, laisser croire au quidam visitant le mémorial que Versailles serait en dehors de toute cette Histoire...?

Gageons que nos représentants sauront relire et écouter Louis Sala-Molins plutôt que nier certaines évidences ; et ainsi réctifier le tir en intégrant des textes en référence à la légitimation de l'esclavage. Le sens (véritable ?) de l'Histoire nous l'imposera tôt ou tard. Il aurait été bien que cela fût fait et que nous passâmes à autre chose.

Louis Sala-Molins

Né en Catalogne en 1935, Louis Sala-Molins vit en dictature franquiste jusqu'à vingt ans et, à cet âge, il a la chance de pouvoir quitter son pays. Sa formation universitaire le conduit en Italie, en France et en Allemagne. C'est à la Sorbonne d'abord - où il a la chance et l'honneur d'être l'assistant puis le successeur de Vladimir Jankélévitch - et, en fin de parcours, à Toulouse, au plus près de sa Catalogne natale, qu'il exerce sa charge de professeur de philosophie politique. Lire la suite sur babelio.com

Chronologie

1681 : Décision de Colbert, secrétaire d’Etat à la Marine, de rédiger le Code Noir

1683 : Mémoires de l’intendant Patoulet et du gouverneur Blénac - Décès de Jean Baptiste Colbert, père. Son fils Jean-Baptiste Colbert Marquis de Seignelay lui succède.

1685 : Seignelay, le Tellier et le Roi signent le Code Noir

1704 : Enregistrement du Code Noir à Cayenne

1723 : Le Code Noir est applicable à Bourbon (La Réunion) et à l’ïle de France (Maurice)

1724 : Le Code Noir est applicable à la Louisiane. Il est actualisé par Jean-Frédéric Phélypeaux de Maurepas.

Fin XVIIIe : renforcement des mesures discriminatoires à l’égard des libres 1793 : Abolition à Saint-Domingue 1794 : Abolition de l’esclavage par la Convention

1802 : Rétablissement de l’esclavage par Napoléon Bonaparte.

1803 : Les dispositions du Code Noir sont intégrées au Code Civil.

Extrait de "1685 - Le Code Noir des Colbert". Dominique Chathuant - 1998

http://www.citizen-nantes.com/article-l-esclavage-un-point-noir-dans-l-histoire-de-france-et-de-nantes-109799160.html



Le Code Noir (1685) avec Louis Sala-Molins et Le Code de l'Indigénat (1881) avec Olivier Le Cour Grandmaison

La connaissance de l’éducation au racisme permet d’assumer plus efficacement l’antiracisme. A Nantes, comme ailleurs, cette démarche concerne tout le mouvement antiraciste.

De l’éducation au racisme à l’antiracisme

Dans une dynamique d’éducation populaire, l’Université de Nantes, en association avec le Collectif du 10 Mai, ouvre ses portes à deux conférences sur les racines du racisme en direction des étudiants et tout public (y compris les écoliers, les collégiens les lycéens et leurs enseignants).

Ces conférences s’inscrivent dans le projet du Collectif du 10 Mai qui célèbre, chaque année, la Commémoration du 10 Mai (journée nationale de la mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions). Le Collectif du 10 Mai anime les ateliers, Le racisme, ce n’est pas naturel, ça s’apprend, dans le cadre des Semaines d'éducation contre le racisme et toutes les formes de discrimination, (programme en pdf) initiées par la FAL 44.

De Louis XIV à Jules Ferry; de l’esclavage au travail forcé, le racisme d’Etat

L’Eglise, sous la Monarchie, l’Ecole, sous la Troisième République, ont éduqué les enfants dans l’idée de la supériorité de la race blanche. Construit par les biologistes, le concept de race est transmis par l’Ecole au XIXe et XXe siècles : dans les colonies françaises, le travail forcé, cet esclavage déguisé qui sévit légalement depuis 1881, ne sera aboli qu’en 1946…