"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
La subjectivité en détresse : souffrances au travail
Note de lecture sur le livre de Marie Pezé
« Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient touchés »,
réédition Flammarion, collection de poche Champs Actuel, 220 pages, Paris, mai 2010, 7 euros
(première édition Pearson, Paris, 2008, 17 Euros).

Le livre de Marie Pezé se situe dans la lignée du livre de Marie France Hirigoyen « Le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien », parue aux Éditions Syros à Paris en 1999 et de celui de Christophe Dejours « Souffrances en France, la banalisation de l’injustice sociale », paru aux Éditions du Seuil à Paris en 1998.

Nous avions prévu d’en rendre compte en 1999 dans un article intitulé « Notes sur la souffrance ». Celui-ci a été publié dans le numéro 8 de notre revue Les Temps Maudits paru en Mai 2000. Ce texte avait été imprimé avec un « mastic » qui le rendait illisible. Ce thème a été abordé à nouveau dans le numéro suivant dans une note de lecture de Miguel Cheuca dans le numéro 9 de Janvier 2001 de notre revue Les Temps Maudits. Il rendait compte du livre « Femmes au travail, violences vécues » de Eve Sémat aux éditions La Découverte et Syros paru à Paris en 1999.

Dix ans après, nous savions que la situation ne s’était pas améliorée. Les nombreux suicides au travail en témoignent. Récemment, un ami m’a conseillé de lire le livre de Marie Pezé. Celle-ci confirme le constat. Elle est psychanalyste et a ouvert en 1997 à Nanterre la première consultation « Souffrance et travail ». Son livre, paru en 2008, est une sorte de bilan de dix ans de travail en la matière. Elle y présente autour de dix témoignages quelques-unes des situations de souffrances que vivent les salarié-es.

La lecture de cet ouvrage est à conseiller à tous et toutes les syndicalistes, les anarcho-syndicalistes, les anti-capitalistes, parce qu’avec ce livre nous sommes en prise directe avec les effets destructeurs du capitaliste.

Elle commence par parler du renvoi de la souffrance liée au travail à la sphère personnelle. Cette façon de procéder, très majoritaire dans notre contexte, ne permet pas de poser la question de la responsabilité de la sphère collective. Cette individualisation des problèmes est liée à la psychologisation des rapports sociaux. Le système individualise tout et essaie de faire croire que la cause des difficultés est personnelle. Il est vrai que c’est l’être entier qui est investi dans le travail. La souffrance au travail s’éprouve, l’intensité est souvent très forte.

Marie Pezé essaie de trouver les causes sociales de ces souffrances, ce qui implique un travail théorique spécifique. La définition du problème est en débat. Elle affirme et démontre tout au long de son livre que la source des problèmes se tient dans l’organisation du travail. Elle remarque que le management par le stress est banal maintenant, que la souffrance est elle-même à l’origine d’un marché spécifique et florissant, que des statistiques existent et que les chiffres sont souvent interprétés en fonction des variations qui seraient « normales ». Nous constatons que les pouvoirs en place opèrent de la même manière avec les suicides en prison, si ces chiffres ne varient pas beaucoup, nous serions dans une situation non aggravée, alors que c’est le suicide au travail ou en prison qui constitue le scandale, l’anormalité.

Ce journal de bord dresse un constat terrible : les troubles liés au travail s’aggravent et se généralisent. L’hyperproductivisme est devenu la norme de fonctionnement de toutes les entreprises, fragilisant l’ensemble des salarié-es.

Les pathologies rencontrées touchent profondément les personnes, Marie Pezé estime que leurs causes se trouvent dans l’organisation du travail et les méthodes de management de notre époque. Elle pense que les souffrances au travail débordent largement le lien « harceleur / victime ». Il y a du stress, c’est indéniable, mais la maltraitance des salarié-es est si massive, qu’il est impossible de la réduire à un problème relationnel entre deux personnes. Elle replace ces malaises dans le contexte du capitalisme contemporain. Elle n’emploie pas ce terme, elle parle du danger pour les ressources humaines et des méthodes utilisées pour faire pression sur les travailleur-es et les détruire trop souvent. Elle recevait, rien que dans sa consultation personnelle, 900 personnes par an. Le terme « ressources humaines » est un mot employé pour parler de l’exploitation du travail humain dans notre contexte. Il est possible de remplacer cette notion, qui est un terme patronal, par "salarié-e" ou "ouvrier-ère" pour que la description des processus étudiés devienne plus claire pour nous. Marie Pezé parle depuis son point de vue de soignante qui œuvre à la frontière entre l’individuel et le collectif. Elle ne se situe pas du point de vue politique anti-capitaliste, ce qui ne l’empêche pas de nous livrer un réquisitoire sévère contre le capitalisme.

Très vite, elle remarque que le système actuel demande une forte implication aux salarié-es alors que dans le même temps il fait tout pour isoler les personnes, pour casser les possibles solidarités, pour développer la compétition entre les travailleur-euses, pour les surveiller, pour qu’illes intériorisent les règles d’hyperproductivité et l’autoévaluation, pour renforcer tout ce qui dépersonnalise les conditions de travail, bref toutes sortes de méthodes qui mettent à mal l’autonomie et la subjectivité des salarié-es.

Elle constate que l’organisation du travail cherche en premier lieu à organiser la solitude des personnes. Ensuite elle met en place des dispositifs pour faire pression sur les travailleurs-euses. Cette psy note que la peur est une méthode enseignée très largement dans les cours de management. La peur permet de mobiliser facilement l’énergie subjective des personnes au travail. Le chantage au chômage et à la précarité est employé très massivement. Dans un troisième temps, l’organisation du travail tente d’effacer la subjectivité pour obtenir une soumission quasi-totale.

C’est à la suite de l’écoute des personnes en souffrance au travail que Marie Pezé construit ses analyses. Tout au long de sont livre, elle inclut des incises sur les théories et les auteur-es sur lesquelles elle s’appuie. Elle présente régulièrement le tableau clinique des personnes, elle relie la situation des personnes au travail avec l’ambiance sociale dans le cadre du travail et dans l’ensemble de la société. Elle revient souvent sur la situation des femmes et l’analyse du genre, c'est-à-dire la construction sociale des rôles sexués. Elle constate la valorisation des hommes et la prégnance de leur vision du monde, elle cite la façon dont ils organisent les emplois du temps sans tenir compte de la vie réelle des femmes. Elle n’emploie pas le terme féminisme, mais ses analyses sont féministes.

Marie Pezé décrypte les situations et montre que le harcèlement moral et le stress sont loin de constituer des explications suffisantes à tous ces malaises et ces maltraitances. Un des intérêts de cet ouvrage est d’entendre les maux des patients, de les comprendre, de les analyser dans un ensemble bien plus complexe que le simple schéma pervers/victime ou harceleur/harcelé, c’est-à-dire en les mettant en lien avec une analyse de l’organisation du travail de notre temps.

Elle dénonce les nouvelles formes de management que les entreprises utilisent pour faire face aux défis économiques d’aujourd’hui. Elle note que ce point de vue, la construction du couple « pervers/victime » s’avère beaucoup plus complexe que ce qu’énonce le courant qui étudie la victimologie. Le récit de la personne harcelée permet la mise à jour de la radicalisation de l’organisation du travail, la parole du harceleur-e renvoie à des idéologies défensives construites et défendues collectivement dans un glissement éthique qui paraît inexorable. Elle fait donc référence aux idéologies de notre temps. Le cynisme et le relativisme des dominants leur permet de ne pas se soucier des conséquences de leurs actes, l’essentiel est de garder le pouvoir et de gagner de l’argent peu importent les conséquences. Nous pouvons remarquer que cette observation est la même que pour l’écologie, les dégâts humains comme les destructions écologiques ne sont pas prises en compte.

Le récit des ses consultations de Marie Pezé et ses constats sont des prises de position contre la politique managériale. Ces histoires humaines sont des naufrages, ils dénoncent les méthodes professionnelles qui abîment, écrasent, brisent, détruisent ou annihilent des personnes qui, au départ, ne sont pas forcément les plus fragiles.

A chaque histoire, le corps est convoqué, le corps au travail mais aussi le corps qui se confronte au réel de la situation, le corps qui est lié aux défis psychiques à relever. Il y deux grandes catégories de souffrances abordées dans ce livre. Premièrement, les souffrances physiques liées à la rapidité des cadences et à leur augmentation répétées, ce sont en particulier les TMS : les Troubles Musculo-Squelettiques. Les ouvriers et ouvrières sont soumi-es à des contraintes de temps pour produire toujours plus. Les gestes étudiés et chronométrés par les bureaux d’études sont toujours les mêmes et ne mettent en mouvement que certains os et muscles. Au bout d’un certain temps, les athlètes de la quantité craquent et sont usé-es dans une partie de leur corps et ne peuvent plus travailler correctement. L’esprit aussi est mobilisé pour aller vite, très vite. Des salarié-es essaient de faire le vide mental, d’autres essaient d’aller plus vite que la cadence demandée au risque de craquer. Une ouvrière, qui doit visser vingt-sept bouchons à la minute, raconte que la crise de nerf est acceptée par son entreprise et que l’usage des médicaments psychotropes est encouragé. Marie Pezé reçoit donc les éclopé-es du productivisme.

La seconde catégorie de souffrance, dont elle parle, est la souffrance mentale, c’est elle qui tue chez Renault ou à France Télécom. La souffrance psychique concerne le plus grand nombre des personnes qu’elle assiste et dont elle parle. Les symptômes concernent le sommeil, l’épuisement psychique, l’isolement, l’anxiété, les angoisses, les cauchemars, le mutisme, la peur d’aller au travail, les phénomènes dépressifs, les somatisations qui atteignent le corps, le sentiment de culpabilité, la perte de l’estime de soi, les désirs suicidaires, etc. Elle précise bien que chaque histoire est spécifique, même si les observations conduisent à formaliser des tableaux de symptômes qu’elle nous donne. Elle écoute chaque personne et constate que la parole est la première réparation et que de là peut naître le changement. Dans ce parcours, ce qui est frappant c’est la violence mentale déployée contre les salarié-es. Ces violences ne sont pas mises en œuvre par des nazis ou des pervers psychopathes, mais par des cadres qui eux-mêmes subissent des méthodes du même genre. C’est le management contemporain dans le capitalisme postmoderne qui produit tous ces effets destructeurs. Les humains s’investissent à fond dans leur travail. S’épanouir socialement, obtenir la reconnaissance sociale sont des motivations assez banales, elles nous concernent tous et toutes. Ce qui change c’est le contenu du travail, l’implication subjective demandée et les résultats. Par contre, ce qui nous échappe c’est la définition du travail lui-même et ses objectifs. D’autre part, le productivisme concerne les productions matérielles mais aussi le travail intellectuel et les services à la personne. Rien n’échappe au déploiement de l’hyperproductivisme capitaliste actuel. L’informatique est un moyen très répandu pour surveiller et accroître la productivité ou faire pression sur les salarié-es.

La surcharge de travail est banale, les objectifs impossibles à atteindre c’est très répandu. Comme la personne n’y arrive pas, souvent elle se dit que c’est elle qui ne va pas assez vite. Il arrive que nous soyons submergé-es par les mails, que l’on doive être joignable à tout moment, et de fait nous sommes alors constamment sous pression. Elle nous alerte sur le fait que la profusion d’informations va au-delà de ce que peuvent supporter le corps et l’esprit humain.

Pour elle, les nouvelles technologies de l’information ont un impact évident sur notre façon de travailler : il faut répondre dans l’instant, prendre des décisions immédiatement. On ne peut plus s’organiser, ni mettre en place des priorités et donner un sens à son travail. La boîte mail ou les sites des réseaux sociaux sur internet sont devenus comme le tonneau des Danaïdes, ils se remplissent sans fin et très vite, ce qui finit par user rapidement nos capacités cognitives. Le fonctionnement logique de notre cerveau change : notre concentration se fractionne, nous avons tendance à raisonner de plus en plus en utilisant des mots-clés, en simplifiant à outrance les problèmes posés.

La pression exercée sur les salarié-es implique donc de gérer et de digérer toujours plus d’informations. Si en plus il faut être d’être joignable 24h sur 24, nous devons devenir un-e athlète de la quantité et de la vitesse. Mais l’homme n’est pas une machine. Ces exigences dépassent ce que les humains peuvent supporter. La rétine de l’œil, par exemple, ne devrait pas lire 400 mails par jour, et pourtant ce seuil est souvent dépassé.

Les pathologies de surcharge de travail se manifestent de différentes façons : irritabilité, troubles du sommeil, troubles alimentaires, perte d’acuité visuelle, problèmes de concentration, oublis (clés de voiture, numéro de carte bleue ou de sécurité sociale). Ne plus dire bonjour, au revoir, merci dans ses emails est tout aussi révélateur. Le ou la salarié-e devient tellement obsédé par la masse d’informations qu’ille doit encore traiter, qu’ille en oublie les civilités de base. Lorsque le corps nous envoie ces signaux, elle conseille d’en parler à son médecin traitant. Sinon le risque de débordement est réel : agression des collègues, burn-out (épuisement psychique), voire suicide.

La démarche de Marie Pezé amène à souligner deux grands points dans le traitement de la souffrance liée travail. Le premier correspond à la nécessité d’un travail d’équipe et à la fois pluridisciplinaire. La question de la souffrance au travail reste assez complexe et doit, pour être appréhendée, faire appel à différentes institutions, corps professionnels, disciplines. Juristes, avocats, ergonomes, inspecteurs, médecins (médecins du travail, généralistes, experts), psychologues, psychiatres, chercheurs sont des acteurs dans ce travail en réseau qu’il faut mobiliser pour aider au mieux les patients. Pour la majorité des salarié-es, illes se sont retrouvé-es seul-les et perdu-es. C’est pourquoi, il s’agit dès lors pour l’équipe de prise en charge, de réhabiliter un travail collectif avec une reconnaissance des compétences de chacun, tout en admettant humblement ses propres limites, ce que des philosophes et Christophe Dejours nomment le « vivre ensemble ».

Le deuxième point qui peut attirer l’attention des sciences de l’information et de la communication concerne le rôle qu’a du jouer Marie Pezé face à ses patients et du cadre qu’elle leur offre. Bien sûr, rien de bien luxueux dans son bureau ! Nous ne sommes pas dans une salle de relaxation rapporte les observateurs. Pourtant, tout est disposé de manière à créer un véritable espace de médiation où des nœuds vont peut-être bien se défaire. Le patient s’exprime et cet espace lui permet de laisser sa pensée reconstruire son identité... Un cas très particulier n’a pas encore été évoqué, car il n’exprimait pas une dénonciation directe des nouvelles formes d’organisation. Il reste pour autant lié au travail et à la vie personnelle de Fatima, 48 ans, femme de ménage. Marie Pezé va se retrouver à écrire le livre de Fatima. Le livre de l’immigrée nettoyant la maison des femmes qui travaillent, dans un double effacement, celui de ses compétences, celui de ses origines. Son corps épuisé a fini par lâcher en 1999, elle fait une chute dans les escaliers, depuis douleurs aiguës qu’aucun examen médical (radiographie, scanner, scintigraphie, etc.) ne parvient à démontrer. En 2000, elle est alors adressée en dernier recours à Marie Pezé qui relève la somatisation où la douleur a remplacé la peur. Dans ce cas précis, il s'agissait de la peur de la fatigue et surmenage, mais l’inactivité ou l’activité monotone peuvent être en cause. Le travail de Marie Pezé et de toute son équipe lui permettra d’être classée comme travailleure handicapée par la Cotorep. Dans ce type de travail, la souffrance naît surtout du décalage entre le recours à l’inventivité, à l’intelligence du corps et l’absence de regard valorisant sur le travail effectué. Fatima réussira à écrire un livre avec l’aide de Marie Pezé, puis d’autres personnes. Elle apprendra le français et fera des études universitaires. [1 ]

Pour se sortir d’une situation toxique, elle remarque que nous avons besoin d’agir sur deux plans. Le domaine de la pensée pour pouvoir appréhender mentalement et penser la situation. Il nous faut travailler sur l’analyse et produire une compréhension de ce qui se passe et trouver du sens à ce qui nous arrive. Le second domaine est celui du mouvement du corps qui permet de décharger les tensions par l’action. Dans l’organisation du travail pathogène toute l’ambiance de la situation sature la pensée et la bloque, le mouvement ne peut pas se déployer correctement. Le risque à ce moment là, c’est de devenir facilement agressif, ce qui peut se retourner rapidement contre la personne en souffrance. La coopération et la solidarité semblent souvent impossibles, vu l’isolement des travailleur-es les uns par rapport aux autres. Dans ce cas de figure, les questions sur soi, sur son rapport aux autres, sur sa place dans la société, sur ce qu’il est possible de penser et de faire deviennent obsédantes. C’est à ce moment là que l’idée de la mort peut devenir une solution afin que la souffrance s’arrête.

Il y a un point qui peut susciter débat dans ce livre de Marie Pezé, c’est celui de la soumission volontaire. Elle s’insurge sur l’attitude des personnes qui acceptent trop facilement la domination salariale qui les détruit. Les salarié-es essaient de faire mieux et ainsi s’engagent dans le processus infernal. La notion de soumission volontaire nous vient de La Boétie. En ce qui me concerne, je préfère employer le terme « soumission sans contrainte », parce que la soumission ne découle pas d’une décision de la volonté, mais d’un dispositif en partie inconscient. Ici, elle parle des multiples contraintes qui pèsent sur les salariés et en particulier sur les femmes salariées. Ces contraintes ne sont pas celle des armes ou de la force brute, elles sont mentales et sociales. Nous les éprouvons au niveau personnel, mais elles se situent dans notre situation sociale de classe, de genre et de culture. Peu de gens étudient la soumission, Marie Pezé utilise ce qui est à sa disposition comme la notion de « ressources humaines », il me semble que l’emploi du terme de « soumission volontaire » est du même ordre. C’est à nous de faire ce travail d’analyse, de recherche conceptuelle. Cette étude demande de croiser plusieurs approches. L’articulation entre le plan psychologique individuel et le plan sociologique de la collectivité n’est pas facile à faire. Il y a toujours le risque de privilégier un aspect et de rater l’autre versant du réel. Les concepts et les méthodes des deux domaines sont différentes. C’est une recherche à faire, un chantier militant différent, mais complémentaire du livre de Marie Pezé.

Par contre, il faut défendre ce livre et encourager sa lecture, il témoigne des effets du travail sur les salarié-es. Le travail détruit des humains et c’est le fonctionnement du capitalisme postmoderne qui fait souffrir les hommes et les femmes, une partie des preuves sont dans ce livre. De plus, elle nous fournit des annexes qui sont importantes pour détecter les signes de souffrance, pour connaître les textes de lois, les réseaux d’aide et le fonctionnement destructeur du management actuel, etc. Un livre précieux donc, nous pouvons dire merci à Marie Pezé.

Depuis la publication de cet ouvrage elle-même est devenue une victime de la souffrance au travail. Elle a été licenciée pour « inaptitude » par des dirigeants qui ne pensent qu’à l’aspect comptable de l’hôpital public.[2 ] L’employeur ne dit pas qu’elle a été virée à cause de ses idées et de son audience publique, mais nous ne pouvons nous empêcher d’y penser. Une handicapée qui pense et qui critique le système, qui organise des réseaux pour aider les salarié-es, mais où vas-t-on !

Il est ainsi évident que le combat contre la souffrance au travail doit continuer et qu’il faut agir pour que la prise de conscience de cette situation se développe.

Philippe Coutant, septembre 2010

Article paru dans le numéro 28 de la Revue de la CNT-F Les Temps maudits paru en Novembre 2010

==========

Notes :

1 / Prière de lune de Fatima Elayoubi, Editions Bachari, Paris, 2007.

2 / Voir « Marie Pezé, l'experte de la maltraitance au travail, a été licenciée pour "inaptitude définitive" »
Article publié le 25 juillet 2010, Par Bertrand Bissuel ; source : Le Monde ;

http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/07/24/
marie-peze-l-experte-de-la-maltraitance-au-travail-a-ete-licenciee-pour-inaptitude-definitive_1391805_3234.html


ainsi que « Marie Pezé, experte de la souffrance au travail, licenciée » et « L'experte de la souffrance au travail „discriminée” puis virée », par Augustin Scalbert, sur le site de Rue89

http://www.rue89.com/confidentiels/2010/07/22/lexperte-de-la-souffrance-au-travail-discriminee-puis-viree-159499