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Le livre de Marie Pezé se situe dans la lignée du
livre de Marie France Hirigoyen « Le harcèlement moral,
la violence perverse au quotidien », parue aux Éditions
Syros à Paris en 1999 et de celui de Christophe Dejours «
Souffrances en France, la banalisation de l’injustice sociale
», paru aux Éditions du Seuil à Paris en 1998.
Nous avions prévu d’en rendre compte en 1999 dans
un article intitulé « Notes sur la souffrance ».
Celui-ci a été publié dans le numéro
8 de notre revue Les Temps Maudits paru en Mai 2000. Ce texte avait
été imprimé avec un « mastic »
qui le rendait illisible. Ce thème a été abordé
à nouveau dans le numéro suivant dans une note de
lecture de Miguel Cheuca dans le numéro 9 de Janvier 2001
de notre revue Les Temps Maudits. Il rendait compte du livre «
Femmes au travail, violences vécues » de Eve Sémat
aux éditions La Découverte et Syros paru à
Paris en 1999.
Dix ans après, nous savions que la situation ne s’était
pas améliorée. Les nombreux suicides au travail en
témoignent. Récemment, un ami m’a conseillé
de lire le livre de Marie Pezé. Celle-ci confirme le constat.
Elle est psychanalyste et a ouvert en 1997 à Nanterre la
première consultation « Souffrance et travail ».
Son livre, paru en 2008, est une sorte de bilan de dix ans de travail
en la matière. Elle y présente autour de dix témoignages
quelques-unes des situations de souffrances que vivent les salarié-es.
La lecture de cet ouvrage est à conseiller à tous
et toutes les syndicalistes, les anarcho-syndicalistes, les anti-capitalistes,
parce qu’avec ce livre nous sommes en prise directe avec les
effets destructeurs du capitaliste.
Elle commence par parler du renvoi de la souffrance liée
au travail à la sphère personnelle. Cette façon
de procéder, très majoritaire dans notre contexte,
ne permet pas de poser la question de la responsabilité de
la sphère collective. Cette individualisation des problèmes
est liée à la psychologisation des rapports sociaux.
Le système individualise tout et essaie de faire croire que
la cause des difficultés est personnelle. Il est vrai que
c’est l’être entier qui est investi dans le travail.
La souffrance au travail s’éprouve, l’intensité
est souvent très forte.
Marie Pezé essaie de trouver les causes sociales de ces
souffrances, ce qui implique un travail théorique spécifique.
La définition du problème est en débat. Elle
affirme et démontre tout au long de son livre que la source
des problèmes se tient dans l’organisation du travail.
Elle remarque que le management par le stress est banal maintenant,
que la souffrance est elle-même à l’origine d’un
marché spécifique et florissant, que des statistiques
existent et que les chiffres sont souvent interprétés
en fonction des variations qui seraient « normales ».
Nous constatons que les pouvoirs en place opèrent de la même
manière avec les suicides en prison, si ces chiffres ne varient
pas beaucoup, nous serions dans une situation non aggravée,
alors que c’est le suicide au travail ou en prison qui constitue
le scandale, l’anormalité.
Ce journal de bord dresse un constat terrible : les troubles liés
au travail s’aggravent et se généralisent. L’hyperproductivisme
est devenu la norme de fonctionnement de toutes les entreprises,
fragilisant l’ensemble des salarié-es.
Les pathologies rencontrées touchent profondément
les personnes, Marie Pezé estime que leurs causes se trouvent
dans l’organisation du travail et les méthodes de management
de notre époque. Elle pense que les souffrances au travail
débordent largement le lien « harceleur / victime ».
Il y a du stress, c’est indéniable, mais la maltraitance
des salarié-es est si massive, qu’il est impossible
de la réduire à un problème relationnel entre
deux personnes. Elle replace ces malaises dans le contexte du capitalisme
contemporain. Elle n’emploie pas ce terme, elle parle du danger
pour les ressources humaines et des méthodes utilisées
pour faire pression sur les travailleur-es et les détruire
trop souvent. Elle recevait, rien que dans sa consultation personnelle,
900 personnes par an. Le terme « ressources humaines »
est un mot employé pour parler de l’exploitation du
travail humain dans notre contexte. Il est possible de remplacer
cette notion, qui est un terme patronal, par "salarié-e"
ou "ouvrier-ère" pour que la description des processus
étudiés devienne plus claire pour nous. Marie Pezé
parle depuis son point de vue de soignante qui œuvre à
la frontière entre l’individuel et le collectif. Elle
ne se situe pas du point de vue politique anti-capitaliste, ce qui
ne l’empêche pas de nous livrer un réquisitoire
sévère contre le capitalisme.
Très vite, elle remarque que le système actuel demande
une forte implication aux salarié-es alors que dans le même
temps il fait tout pour isoler les personnes, pour casser les possibles
solidarités, pour développer la compétition
entre les travailleur-euses, pour les surveiller, pour qu’illes
intériorisent les règles d’hyperproductivité
et l’autoévaluation, pour renforcer tout ce qui dépersonnalise
les conditions de travail, bref toutes sortes de méthodes
qui mettent à mal l’autonomie et la subjectivité
des salarié-es.
Elle constate que l’organisation du travail cherche en premier
lieu à organiser la solitude des personnes. Ensuite elle
met en place des dispositifs pour faire pression sur les travailleurs-euses.
Cette psy note que la peur est une méthode enseignée
très largement dans les cours de management. La peur permet
de mobiliser facilement l’énergie subjective des personnes
au travail. Le chantage au chômage et à la précarité
est employé très massivement. Dans un troisième
temps, l’organisation du travail tente d’effacer la
subjectivité pour obtenir une soumission quasi-totale.
C’est à la suite de l’écoute des personnes
en souffrance au travail que Marie Pezé construit ses analyses.
Tout au long de sont livre, elle inclut des incises sur les théories
et les auteur-es sur lesquelles elle s’appuie. Elle présente
régulièrement le tableau clinique des personnes, elle
relie la situation des personnes au travail avec l’ambiance
sociale dans le cadre du travail et dans l’ensemble de la
société. Elle revient souvent sur la situation des
femmes et l’analyse du genre, c'est-à-dire la construction
sociale des rôles sexués. Elle constate la valorisation
des hommes et la prégnance de leur vision du monde, elle
cite la façon dont ils organisent les emplois du temps sans
tenir compte de la vie réelle des femmes. Elle n’emploie
pas le terme féminisme, mais ses analyses sont féministes.
Marie Pezé décrypte les situations et montre que
le harcèlement moral et le stress sont loin de constituer
des explications suffisantes à tous ces malaises et ces maltraitances.
Un des intérêts de cet ouvrage est d’entendre
les maux des patients, de les comprendre, de les analyser dans un
ensemble bien plus complexe que le simple schéma pervers/victime
ou harceleur/harcelé, c’est-à-dire en les mettant
en lien avec une analyse de l’organisation du travail de notre
temps.
Elle dénonce les nouvelles formes de management que les
entreprises utilisent pour faire face aux défis économiques
d’aujourd’hui. Elle note que ce point de vue, la construction
du couple « pervers/victime » s’avère beaucoup
plus complexe que ce qu’énonce le courant qui étudie
la victimologie. Le récit de la personne harcelée
permet la mise à jour de la radicalisation de l’organisation
du travail, la parole du harceleur-e renvoie à des idéologies
défensives construites et défendues collectivement
dans un glissement éthique qui paraît inexorable. Elle
fait donc référence aux idéologies de notre
temps. Le cynisme et le relativisme des dominants leur permet de
ne pas se soucier des conséquences de leurs actes, l’essentiel
est de garder le pouvoir et de gagner de l’argent peu importent
les conséquences. Nous pouvons remarquer que cette observation
est la même que pour l’écologie, les dégâts
humains comme les destructions écologiques ne sont pas prises
en compte.
Le récit des ses consultations de Marie Pezé et ses
constats sont des prises de position contre la politique managériale.
Ces histoires humaines sont des naufrages, ils dénoncent
les méthodes professionnelles qui abîment, écrasent,
brisent, détruisent ou annihilent des personnes qui, au départ,
ne sont pas forcément les plus fragiles.
A chaque histoire, le corps est convoqué, le corps au travail
mais aussi le corps qui se confronte au réel de la situation,
le corps qui est lié aux défis psychiques à
relever. Il y deux grandes catégories de souffrances abordées
dans ce livre. Premièrement, les souffrances physiques liées
à la rapidité des cadences et à leur augmentation
répétées, ce sont en particulier les TMS :
les Troubles Musculo-Squelettiques. Les ouvriers et ouvrières
sont soumi-es à des contraintes de temps pour produire toujours
plus. Les gestes étudiés et chronométrés
par les bureaux d’études sont toujours les mêmes
et ne mettent en mouvement que certains os et muscles. Au bout d’un
certain temps, les athlètes de la quantité craquent
et sont usé-es dans une partie de leur corps et ne peuvent
plus travailler correctement. L’esprit aussi est mobilisé
pour aller vite, très vite. Des salarié-es essaient
de faire le vide mental, d’autres essaient d’aller plus
vite que la cadence demandée au risque de craquer. Une ouvrière,
qui doit visser vingt-sept bouchons à la minute, raconte
que la crise de nerf est acceptée par son entreprise et que
l’usage des médicaments psychotropes est encouragé.
Marie Pezé reçoit donc les éclopé-es
du productivisme.
La seconde catégorie de souffrance, dont elle parle, est
la souffrance mentale, c’est elle qui tue chez Renault ou
à France Télécom. La souffrance psychique concerne
le plus grand nombre des personnes qu’elle assiste et dont
elle parle. Les symptômes concernent le sommeil, l’épuisement
psychique, l’isolement, l’anxiété, les
angoisses, les cauchemars, le mutisme, la peur d’aller au
travail, les phénomènes dépressifs, les somatisations
qui atteignent le corps, le sentiment de culpabilité, la
perte de l’estime de soi, les désirs suicidaires, etc.
Elle précise bien que chaque histoire est spécifique,
même si les observations conduisent à formaliser des
tableaux de symptômes qu’elle nous donne. Elle écoute
chaque personne et constate que la parole est la première
réparation et que de là peut naître le changement.
Dans ce parcours, ce qui est frappant c’est la violence mentale
déployée contre les salarié-es. Ces violences
ne sont pas mises en œuvre par des nazis ou des pervers psychopathes,
mais par des cadres qui eux-mêmes subissent des méthodes
du même genre. C’est le management contemporain dans
le capitalisme postmoderne qui produit tous ces effets destructeurs.
Les humains s’investissent à fond dans leur travail.
S’épanouir socialement, obtenir la reconnaissance sociale
sont des motivations assez banales, elles nous concernent tous et
toutes. Ce qui change c’est le contenu du travail, l’implication
subjective demandée et les résultats. Par contre,
ce qui nous échappe c’est la définition du travail
lui-même et ses objectifs. D’autre part, le productivisme
concerne les productions matérielles mais aussi le travail
intellectuel et les services à la personne. Rien n’échappe
au déploiement de l’hyperproductivisme capitaliste
actuel. L’informatique est un moyen très répandu
pour surveiller et accroître la productivité ou faire
pression sur les salarié-es.
La surcharge de travail est banale, les objectifs impossibles à
atteindre c’est très répandu. Comme la personne
n’y arrive pas, souvent elle se dit que c’est elle qui
ne va pas assez vite. Il arrive que nous soyons submergé-es
par les mails, que l’on doive être joignable à
tout moment, et de fait nous sommes alors constamment sous pression.
Elle nous alerte sur le fait que la profusion d’informations
va au-delà de ce que peuvent supporter le corps et l’esprit
humain.
Pour elle, les nouvelles technologies de l’information ont
un impact évident sur notre façon de travailler :
il faut répondre dans l’instant, prendre des décisions
immédiatement. On ne peut plus s’organiser, ni mettre
en place des priorités et donner un sens à son travail.
La boîte mail ou les sites des réseaux sociaux sur
internet sont devenus comme le tonneau des Danaïdes, ils se
remplissent sans fin et très vite, ce qui finit par user
rapidement nos capacités cognitives. Le fonctionnement logique
de notre cerveau change : notre concentration se fractionne, nous
avons tendance à raisonner de plus en plus en utilisant des
mots-clés, en simplifiant à outrance les problèmes
posés.
La pression exercée sur les salarié-es implique donc
de gérer et de digérer toujours plus d’informations.
Si en plus il faut être d’être joignable 24h sur
24, nous devons devenir un-e athlète de la quantité
et de la vitesse. Mais l’homme n’est pas une machine.
Ces exigences dépassent ce que les humains peuvent supporter.
La rétine de l’œil, par exemple, ne devrait pas
lire 400 mails par jour, et pourtant ce seuil est souvent dépassé.
Les pathologies de surcharge de travail se manifestent de différentes
façons : irritabilité, troubles du sommeil, troubles
alimentaires, perte d’acuité visuelle, problèmes
de concentration, oublis (clés de voiture, numéro
de carte bleue ou de sécurité sociale). Ne plus dire
bonjour, au revoir, merci dans ses emails est tout aussi révélateur.
Le ou la salarié-e devient tellement obsédé
par la masse d’informations qu’ille doit encore traiter,
qu’ille en oublie les civilités de base. Lorsque le
corps nous envoie ces signaux, elle conseille d’en parler
à son médecin traitant. Sinon le risque de débordement
est réel : agression des collègues, burn-out (épuisement
psychique), voire suicide.
La démarche de Marie Pezé amène à souligner
deux grands points dans le traitement de la souffrance liée
travail. Le premier correspond à la nécessité
d’un travail d’équipe et à la fois pluridisciplinaire.
La question de la souffrance au travail reste assez complexe et
doit, pour être appréhendée, faire appel à
différentes institutions, corps professionnels, disciplines.
Juristes, avocats, ergonomes, inspecteurs, médecins (médecins
du travail, généralistes, experts), psychologues,
psychiatres, chercheurs sont des acteurs dans ce travail en réseau
qu’il faut mobiliser pour aider au mieux les patients. Pour
la majorité des salarié-es, illes se sont retrouvé-es
seul-les et perdu-es. C’est pourquoi, il s’agit dès
lors pour l’équipe de prise en charge, de réhabiliter
un travail collectif avec une reconnaissance des compétences
de chacun, tout en admettant humblement ses propres limites, ce
que des philosophes et Christophe Dejours nomment le « vivre
ensemble ».
Le deuxième point qui peut attirer l’attention des
sciences de l’information et de la communication concerne
le rôle qu’a du jouer Marie Pezé face à
ses patients et du cadre qu’elle leur offre. Bien sûr,
rien de bien luxueux dans son bureau ! Nous ne sommes pas dans une
salle de relaxation rapporte les observateurs. Pourtant, tout est
disposé de manière à créer un véritable
espace de médiation où des nœuds vont peut-être
bien se défaire. Le patient s’exprime et cet espace
lui permet de laisser sa pensée reconstruire son identité...
Un cas très particulier n’a pas encore été
évoqué, car il n’exprimait pas une dénonciation
directe des nouvelles formes d’organisation. Il reste pour
autant lié au travail et à la vie personnelle de Fatima,
48 ans, femme de ménage. Marie Pezé va se retrouver
à écrire le livre de Fatima. Le livre de l’immigrée
nettoyant la maison des femmes qui travaillent, dans un double effacement,
celui de ses compétences, celui de ses origines. Son corps
épuisé a fini par lâcher en 1999, elle fait
une chute dans les escaliers, depuis douleurs aiguës qu’aucun
examen médical (radiographie, scanner, scintigraphie, etc.)
ne parvient à démontrer. En 2000, elle est alors adressée
en dernier recours à Marie Pezé qui relève
la somatisation où la douleur a remplacé la peur.
Dans ce cas précis, il s'agissait de la peur de la fatigue
et surmenage, mais l’inactivité ou l’activité
monotone peuvent être en cause. Le travail de Marie Pezé
et de toute son équipe lui permettra d’être classée
comme travailleure handicapée par la Cotorep. Dans ce type
de travail, la souffrance naît surtout du décalage
entre le recours à l’inventivité, à l’intelligence
du corps et l’absence de regard valorisant sur le travail
effectué. Fatima réussira à écrire un
livre avec l’aide de Marie Pezé, puis d’autres
personnes. Elle apprendra le français et fera des études
universitaires. [1 ]
Pour se sortir d’une situation toxique, elle remarque que
nous avons besoin d’agir sur deux plans. Le domaine de la
pensée pour pouvoir appréhender mentalement et penser
la situation. Il nous faut travailler sur l’analyse et produire
une compréhension de ce qui se passe et trouver du sens à
ce qui nous arrive. Le second domaine est celui du mouvement du
corps qui permet de décharger les tensions par l’action.
Dans l’organisation du travail pathogène toute l’ambiance
de la situation sature la pensée et la bloque, le mouvement
ne peut pas se déployer correctement. Le risque à
ce moment là, c’est de devenir facilement agressif,
ce qui peut se retourner rapidement contre la personne en souffrance.
La coopération et la solidarité semblent souvent impossibles,
vu l’isolement des travailleur-es les uns par rapport aux
autres. Dans ce cas de figure, les questions sur soi, sur son rapport
aux autres, sur sa place dans la société, sur ce qu’il
est possible de penser et de faire deviennent obsédantes.
C’est à ce moment là que l’idée
de la mort peut devenir une solution afin que la souffrance s’arrête.
Il y a un point qui peut susciter débat dans ce livre de
Marie Pezé, c’est celui de la soumission volontaire.
Elle s’insurge sur l’attitude des personnes qui acceptent
trop facilement la domination salariale qui les détruit.
Les salarié-es essaient de faire mieux et ainsi s’engagent
dans le processus infernal. La notion de soumission volontaire nous
vient de La Boétie. En ce qui me concerne, je préfère
employer le terme « soumission sans contrainte », parce
que la soumission ne découle pas d’une décision
de la volonté, mais d’un dispositif en partie inconscient.
Ici, elle parle des multiples contraintes qui pèsent sur
les salariés et en particulier sur les femmes salariées.
Ces contraintes ne sont pas celle des armes ou de la force brute,
elles sont mentales et sociales. Nous les éprouvons au niveau
personnel, mais elles se situent dans notre situation sociale de
classe, de genre et de culture. Peu de gens étudient la soumission,
Marie Pezé utilise ce qui est à sa disposition comme
la notion de « ressources humaines », il me semble que
l’emploi du terme de « soumission volontaire »
est du même ordre. C’est à nous de faire ce travail
d’analyse, de recherche conceptuelle. Cette étude demande
de croiser plusieurs approches. L’articulation entre le plan
psychologique individuel et le plan sociologique de la collectivité
n’est pas facile à faire. Il y a toujours le risque
de privilégier un aspect et de rater l’autre versant
du réel. Les concepts et les méthodes des deux domaines
sont différentes. C’est une recherche à faire,
un chantier militant différent, mais complémentaire
du livre de Marie Pezé.
Par contre, il faut défendre ce livre et encourager sa lecture,
il témoigne des effets du travail sur les salarié-es.
Le travail détruit des humains et c’est le fonctionnement
du capitalisme postmoderne qui fait souffrir les hommes et les femmes,
une partie des preuves sont dans ce livre. De plus, elle nous fournit
des annexes qui sont importantes pour détecter les signes
de souffrance, pour connaître les textes de lois, les réseaux
d’aide et le fonctionnement destructeur du management actuel,
etc. Un livre précieux donc, nous pouvons dire merci à
Marie Pezé.
Depuis la publication de cet ouvrage elle-même est devenue
une victime de la souffrance au travail. Elle a été
licenciée pour « inaptitude » par des dirigeants
qui ne pensent qu’à l’aspect comptable de l’hôpital
public.[2 ] L’employeur ne dit pas qu’elle a été
virée à cause de ses idées et de son audience
publique, mais nous ne pouvons nous empêcher d’y penser.
Une handicapée qui pense et qui critique le système,
qui organise des réseaux pour aider les salarié-es,
mais où vas-t-on !
Il est ainsi évident que le combat contre la souffrance
au travail doit continuer et qu’il faut agir pour que la prise
de conscience de cette situation se développe.
Philippe Coutant, septembre 2010
Article paru dans le numéro 28 de la Revue de la CNT-F
Les Temps maudits paru en Novembre 2010
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Notes :
1 / Prière de lune de Fatima Elayoubi, Editions Bachari,
Paris, 2007.
2 / Voir « Marie Pezé, l'experte de la maltraitance
au travail, a été licenciée pour "inaptitude
définitive" »
Article publié le 25 juillet 2010, Par Bertrand Bissuel ;
source : Le Monde ;
http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/07/24/
marie-peze-l-experte-de-la-maltraitance-au-travail-a-ete-licenciee-pour-inaptitude-definitive_1391805_3234.html
ainsi que « Marie Pezé, experte de la souffrance au
travail, licenciée » et « L'experte de la souffrance
au travail „discriminée” puis virée »,
par Augustin Scalbert, sur le site de Rue89
http://www.rue89.com/confidentiels/2010/07/22/lexperte-de-la-souffrance-au-travail-discriminee-puis-viree-159499
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