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HERBERT MARCUSE, contestation et hédonisme.
éléments biographiques
P. Deramaix


Herbert Marcuse est probablement le représentant le plus connu de "l'école de Francfort", son destin fut étroitement lié à la contestation étudiante des années soixante, non qu'il suscitât qu'une quelconque manière ces mouvements, mais du fait que un certain nombre de leader de la contestation, tel Rudi Dutschke se réclamèrent explicitement de sa pensée.

Il y a effectivement de nombreuses convergences entre la critique du capitalisme avancé de "l'Homme unidimensionnel" et les "thèmes de mai-68" (et du radicalisme étudiant aux USA) mais la pensée marcusienne s'enracine beaucoup loin. Si ses aspects radicaux et "freudo-marxistes" sont connus, peu reconnu est sa dette envers la phénoménologie husserlienne et heideggerienne. En effet toute sa démarche et son engagement est une tentative de réponse à l'engoissante question du voilement de l'être sous l'impact de l'encerclement technicien et de la prédominance positiviste dans la pensée. A cette aliénation ontologique il apporte une réponse une réponse profondément différente, quoique les racines soient communes, de celle d'Heidegger.

A l'historicité abstraite qui rendit Heidegger si vulnérable aux séductions du nazisme, il oppose , sous l'influence du du jeune Marx ,la conception d'un sujet en devenir dans une histoire concrète marqué par la domination et la violence d'une exploitation systématique de la nature et des hommes. Freud lui fournira les concepts nécessaires à une compréhension psychologique et ontologique des mécanismes de la domination et des conditions existentielles d'une libération des hommes. Une bibliographie des oeuvres de Marcuse , revue et complétée par N. Dumont à partir des éléments fournis par H. Marcuse complète l'édition française de "Culture et société". Elle constitue une des sources de la recension présente.

Les débuts de la vie publique de Marcuse sont politiques plus que philosophiques. Il s'engagea, pendant la première guerre mondiale, dans la social-démocratie allemande, mais la complicité de cette formation politique à l'assassinat de Rosa Luxembourg et de K. Liebnecht l'aliéna définitivement de ce parti, d'autant plus que Marcuse avait participé à un conseil de soldat pendant la révolution berlinoise de 1919. Il fit ses études de philosophie à Fribourg auprès de Husserl et de Heidegger. La bibliographie citée ci-dessus donne le titre d'une recherche bibliographique sur Schiller :"Schiller-Bibliographie unter Benutzung der Trämelschen Schiller-Bibliothek"(Berlin: Ed. S.M. Fraenkel,1925). Assoun cite une thèse sur le "Künstlerroman" (le roman d'artiste) sans en préciser l'éventuelle édition. "Hegels Ontologie und die Grundlegung einer Theorie der Geschichtlichkeit" - l'ontologie de Hegel et la théorie de l'historicité, éd. de Minuit - thèse présentée sous la direction de Heidegger témoigne des sources phénoménologiques de la pensée marcusienne.

C'est à cette période que Marcuse entre en contact avec l'Institute für Sozialforschung de Francfort. Son second ouvrage consacré à Hegel, publié à Oxford en 1941 (Reason and Revolution) marque son éloignement vis-à-vis d'Heidegger . (Un témoignage de Marcuse sur Heidegger est publié dans le Cahier de l'Herne - édition originale - consacré à Heidegger). ll participa, malgré ses dissensions politiques, à la revue de la social démocratie "Die Gesellschaft" ainsi que aux "Philosophische Hefte" édités par Maximilien Beck. Il participa ensuite à la "Zeitschrift für Sozialforschung" dont il assuma la direction, avec Adorno et Horkheimer, en 1933, à Paris.

Exilé à Genève, puis à Paris et à Oxford et enfin aux USA, où il rejoignit Horkheimer il apporta sa contribution aux Etudes sur l'autorité, en 1936. Son séjour aux U.S.A. entraine pour lui une distanciation par rapport à l'école de Francfort dans la mesure où il décide de prolonger son séjour à Columbia. De sa collaboration au Centre de Recherche sur la Russie de l'université de Harvard sortit l'ouvrage consacré au marxisme soviétique ("Soviet marxism: a critical analysis"), étude critique et lucide qui fut plus que fraîchement accueilli par les marxistes inféodés aux partis et aux états communistes. Eros et civilisation et l'homme unidimensionnel datent respectivement de 1955 et 1964. Il s'agit là d'une période où Marcuse intègre pleinement les données de la psychanalyse dans sa pensée sociale. Il critique Fromm qu'il accuse de participer à cette psychanalyse "révisionniste" dont la portée émancipatrice est oblitérée.

Devenu professeur à l'université de San Diego en Californie, il devient un des référents de la Nouvelle Gauche. Ses interventions et débats où il prend position pour une révolte radicale (le Grand Refus) ne doivent pas faire penser à une formulation explicite d'une politique concrète: il s'agit essentiellement d'un discours éthico-philosophique, que certains qualifient d'idéologique, étroitement associé à une revendication hédoniste et à des préoccupations esthétiques. De cette période datent aussi ses textes consacrés à la "nouvelle sensibilité" (voir "Contre-révolution et révolte" et "la dimension esthétique", critique virulente du réalisme socialiste) caractéristique des mouvements radicaux des années 60 témoignent d'une pensée esthétique proche de celle d'Adorno. En Europe il s'est manifesté lors des débats tenus à l'Université Libre de Berlin-Ouest en 1967 et lors du Colloque de l'Unesco en 1968 et aux XXIIme rencontres internationales de Genève en 1969. Il s'éteint en 1978.

P. Deramaix


Le lien d'origine sur le site consacré à l'Ecole de Francfort
http://www.chez.com/patder/marcuse.htm
Une bibliographie de H. Marcuse Bibliographie de H. Marcuse
Une bibliographie sur la théorie critique Bibliographie théorie critique


L'Ecole de Francfort ? La théorie critique ?
Nom donné au groupe formé par Max Horkheimer, Theodor W. Adorno et leurs disciples.
La création, en 1923, d'un Institut für Sozialforschung, à l'université de Francfort, est issue d'un rejet des valeurs du
capitalisme et d'une volonté de fonder l'ensemble des sciences sociales sur la dialectique marxiste. Très vite, les membres de l'école de Francfort furent frappés par la dégradation de l'individu libéral et par l'incapacité parallèle du prolétariat à mettre en pratique l'humanisme que la bourgeoisie avait trahi. Leur Théorie critique s'efforça d'opérer une psychanalyse de la sociologie en même temps que de constituer une sociologie de la psychanalyse. Certains d'entre eux en vinrent à découvrir dans la lutte des classes la reproduction de la domination de l'homme sur la nature, rendant impossible l'avènement d'une liberté autonome. La victoire du nazisme, en 1933, les obligea à se transporter à Genève, puis à Paris et à Londres. En 1940, la plupart des membres de l'école émigrèrent aux États-Unis, où ils soumirent leurs thèses aux méthodes empiristes de la sociologie américaine. Au retour d'exil, ils abandonnèrent l'espoir révolutionnaire, rendu illusoire par la consolidation du capitalisme et l'échec du marxisme en Union soviétique, pour jeter les bases d'une dialectique affinée entre le particulier et l'universel. Les principaux disciples et continuateurs de l'école de Francfort sont Herbert Marcuse, Erich Fromm, Leo Löwenthal, Friedrich Pollock, Walter Benjamin, Jürgen Habermas.