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Dossier republié par l’Infokiosk de B17 suite au
débat à Bellamy 17 à Nantes sur les Maquiladoras
du 20 Juin 2008
Ce dossier a été publié en Février
2008 dans la revue No Pasaran n° 66
Origine : http://nopasaran.samizdat.net/rubrique.php3?id_rubrique=155
No Pasaran 21ter rue Voltaire 75011 Paris - Tél. 06 11 29
02 15 - nopasaran (at) samizdat.net
Vive la vie...
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1580
La connaissance de ces informations nous a fait poser de nombreuses
questions, c’est pour cela que nous tenions à vous
informer pour venir échanger, réfléchir, agir
par rapport à ces projets. Il nous semble évident
qu’il y a une belle occasion de lier de nombreuses luttes
et finalement de mettre le doigt, là où ça
peut faire mal. Nous luttons souvent face à ce que l’on
nous impose. Ces projets sont aussi une imposition.
Mais en l’occurrence, il s’agit d’une globalité,
et non de l’un de ses effets. Nous pouvons y opposer le monde
auquel nous tendons : profitons de cette occasion pour mettre les
choses à plat, pour mettre en avant des pratiques qui nous
permettront d’avancer dans un sens qui participera à
notre joie de vivre...
Charlie
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
http://nopasaran.samizdat.net/rubrique.php3?id_rubrique=155
L’idée de ce dossier a germé lors des rencontres
européennes éco-libertaires de Barcelone en septembre
2007. La puce nous a été mise à l’oreille
par nos camarades espagnol-e-s : répondant à nos interrogations
concernant des travaux conséquents (ligne THT notamment)
dans la Costa brava, ils nous ont parlé du projet Émergence,
un projet de maquiladoras au Maroc. C’est en fait le début
d’un autre plus global : le projet d’Union Méditerranéenne.
Nous avons à travers ce projet une idée de la stratégie
géopolitique de l’Europe des prochaines années
: délocaliser les productions à fort coût de
main d’œuvre sur tout le pourtour méditerranéen,
dans des conditions d’exploitation particulièrement
dures, pour permettre aux riches de l’être encore plus.
Ce dossier est une patate chaude. En France, personne ne parle de
ce projet. Des gens et/ou groupe le savent, on ne sait pas jusqu’à
quel niveau, on en a parlé à certains, et depuis rien.
En Espagne, des militants sont hésitants pour avancer contre
ce projet. Et pourtant, il y a là une occasion réelle
de mettre en place une campagne européenne de convergence
des luttes mêlant écologie et question sociale : nature
des rapports Nord / Sud, conditions de travail, immigration et question
sécuritaire, consommation énergétique, impact
sur la santé, destruction de l’environnement... Ce
projet avance et il n’y a pas de lutte globale sur le sujet.
(juste une lutte sur la THT Perpignan / Barcelone). L’actualité
nous confirme la nécessité de ce dossier :
- visites récentes de Sarko et ventes et / ou accords de
centrales nucléaires au Maroc, à la Libye, à
l’ Algérie et l’Egypte ;
- élections au Maroc remportées par les conservateurs,
qui ne sont que un conglomérat des grands industriels et
des fortunés de ce pays ;
- annonce en janvier 2008 de la mise en place de la ligne THT Perpignan
/ Barcelone.
Ce dossier est une première étape, une présentation
du projet d’Union Méditerranéenne et du projet
Emergence, ainsi qu’un rappel de ce que sont des maquiladoras
et autres zones franches. Nous avons ainsi privilégié
l’information à la critique en utilisant une partie
du vocabulaire utilisé par les « dominants »,
qui sera restitué aux populations européennes et méditerranéennes.
Votre critique viendra d’elle-même. Mais pour cela,
il faut bien comprendre les liaisons et autres accords concernant
la Méditerranée. En espérant que ces lectures
vous fassent réagir, car c’est à partir de maintenant
qu’il faut se mobiliser sur ces projets et imposer un arrêt
du nucléaire, stopper l’exploitation des ouvrier-e-s
des pays du Sud, la néo colonisation de ces pays, relocaliser
l’économie dans une consommation sobre et écologique,
etc.
Bref, de vivre dans un monde viable, égalitaire, jovial !
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
Une maquiladora, qu’est-ce que c’est ?
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1561
Une maquiladora, ou son abréviation maquila, est l’équivalent
latino-américain des zones de traitement pour l’exportation.
Ce terme désigne une usine qui bénéficie d’une
exonération des droits de douane pour pouvoir produire à
un moindre coût des marchandises assemblées, transformées,
réparées ou élaborées à partir
de composants importés. La majeure partie de ces marchandises
est ensuite exportée (sauf dans le cas des maquiladoras orientées
vers la production nationale).
Les maquiladoras ont vu le jour en 1965 au Mexique, dans les zones
frontalières avec les États-Unis d’Amérique.
Mises en place par le gouvernement mexicain de Gustavo Díaz
Ordaz par l’entremise d’un programme d’industrialisation
de la frontière, on en trouve de nos jours également
au Guatemala, au Salvador, au Honduras et au Panamá. Elles
fabriquent entre autres des vêtements, de l’électronique,
des pièces automobiles... La création des maquiladoras
est en partie due à la fin du programme bracero des États-Unis,
qui autorisait les Mexicains à faire des travaux agricoles
saisonniers.
Cette stratégie économique prit place dans le but
de contrer la crise de l’emploi qui subsistait au Mexique
suite à l’échec d’un accord établi
pour les travailleurs migrants mexicains, mais également
suite à un exode rural qui n’avait fait qu’augmenter
la population des villes telle que Mexico et Cancun, donc une augmentation
des bidonvilles.
Par cette nouvelle idée, Díaz voulut augmenter l’investissement
étranger dans l’économie en exportant le plus
de produits possibles. Cette mesure devait améliorer l’emploi
ainsi que le niveau de vie des mexicains. Le gouvernement établit
donc ces zones franches, mais fixa une condition qui faisait en
sorte que le PNB mexicain augmentait, d’où une croissance
économique et par ce fait même le niveau de vie, théoriquement.
Et l’écologie, compatible avec l’accroissement
de la consommation ?
Suivant le décret mexicain Maquila du 22 décembre
1989, ces usines peuvent être entièrement propriété
d’entreprises étrangères. Les multinationales
eurent « l’exemption du droit tarifaire sur les intrants
et les extrants, à condition que leurs produits finaux soient
réexportés ».
Elles attirent les investisseurs pour leur main d’œuvre
bon marché (la quasi totalité des employés
sont des femmes sous-payées), le peu de régulation
du travail (les employées perdent leur emploi si elles tombent
enceintes), les normes environnementales peu exigeantes et bien
sûr la faible taxation dont elles bénéficient.
En 2000, près de quatre mille de ces usines fonctionnaient
dans ce cadre, employant plus d’un million trois cent mille
personnes et représentant le tiers des importations.
Selon Juan Antonio Mateos, ambassadeur du Mexique au Maroc, malgré
l’espérance du Mexique, les maquiladoras n’ont
pas été suffisantes pour résoudre le problème
social qui persistait dans le pays, puisque à ce jour cinquante-quatre-millions
de mexicains survivent toujours dans la pauvreté bien que
l’ampleur du PIB mexicain soit quatre fois plus élevé
qu’un pays tel que le Maroc.
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
Mexique : des femmes dans l’enfer des maquiladoras
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1563
Une fois que l’on franchit les portes de la fabrique, on entre
dans un monde parallèle, dans lequel l’intense exploitation,
le harcèlement sexuel comme manière de discipliner
et l’interdiction de se syndiquer se combinent librement pour
qu’au nord du Mexique, autour de dix mille femmes assemblent
des jeans, des lecteurs de cassettes ou des montres-bracelets. «
Cela semble de la fiction, mais non ce n’en est pas, c’est
la réalité et c’est l’enfer », condamne
Martha Ojeda, travailleuse et activiste des fabriques « maquiladoras
».
Les maquilas ne sont pas des fabriques. Là, rien ne se produit,
s’assemblent seulement les parties des produits et ils sont
réexportés vers les États-Unis. Les syndicats
« néolibéraux » qui ne laissent pas les
femmes se syndiquer, l’État mexicain et sa police et
les grandes entreprises transnationales, tous sont des acteurs avec
nom et prénom, ils ont été et continuent à
être responsables de cette situation. Martha est passé
par Buenos Aires pour, avec trente autres travailleurs de différents
pays d’Amérique latine, transmettre et partager des
expériences dans le Séminaire International Conditions
de Travail et Santé, organisé par l’Atelier
d’Études du Travail. « Quand les maquilas arrivent,
les gouvernements disent qu’il ne faut pas les gêner
parce qu’elles te génèrent des emplois et ils
leur assurent stabilité et tous ceux qui veulent faire du
tapage, créer des problèmes, sont licenciés,
réprimés ou inscrits sur des listes noires qui circulent
parmi l’association de maquiladoras et tu ne peux travailler
dans aucun endroit », a-t-elle raconté après
son intense journée.
Pourquoi embauchent-ils plus de femmes que d’hommes ?
Ils disent que nous sommes plus prolixes, mais en réalité
ce qu’ils croient c’est que nous sommes plus soumises.
Ce que j’ai vécu, la majorité était des
femmes. Maintenant, avec la technologie, ils te font un examen d’urine
dans un laboratoire, mais avant tu devais montrer ta serviette hygiénique
pour démontrer que tu n’étais pas enceinte,
dans le cas contraire, ils ne t’embauchaient pas. Maintenant
non plus, parce que conformément à notre loi, tu as
droit à 45 jours avant et 45 jours après, et pour
eux, ce serait te payer pour rien et avant la période de
maternité tu ne produis pas la même chose que n’importe
quelle autre personne. Il y a beaucoup de harcèlement sexuel
par les superviseurs et les chefs de ligne et si tu n’acceptes
pas, ils te jettent, si tu acceptes, ils te mettent enceinte et
te licencient. Tu n’as pas beaucoup d’alternative au
fait d’être une femme. Un autre des grands problèmes
est la santé reproductive.
Dans le département de peinture, nous peignions avec une
plaque les cassettes de 60 ou 90 minutes, et la peinture débordait,
nous devions alors nettoyer la cassette avec de l’alcool pour
qu’elle reste jolie, mais là beaucoup d’enfants
ont commencé à naître avec des défauts
de naissance, sans le cuir chevelu. Ils nous disaient qu’ils
avaient une tumeur. J’en ai vu un avec le dos ouvert, les
docteurs nous disaient que c’était un problème
héréditaire, génétique des parents,
mais quand beaucoup d’enfants ont commencé à
naître ainsi, tu t’attends à ce qu’ils
ne soient pas tous de la même personne : non ? Et les entreprises
n’ont voulu reconnaître aucune responsabilité.
Comment est un jour de ton travail ?
Au départ tout était manuel, nous assemblions les
lecteurs de cassettes, tu attrapais la feuille, la coquille, le
cylindre et tu le vissais, avec un format différent s’il
était américain, s’il était français,
s’il était japonais. Après nous avons commencé
à faire la cassette Beta, ensuite la VHS, ensuite le Floppy
disk, après qui sait ce que nous faisions mais nous devions
nous habiller comme des astronautes et ils nous faisaient prendre
des douches d’air dans des départements. Nous avions
seulement 10 minutes de repos par jour. Avant, nous travaillions
9 heures et demie, maintenant nous en travaillons 12, c’est
ce qui s’appelle la flexibilisation du modèle. Le salaire
est de 50 dollars par semaine. Tu assembles des bombes, des parties
d’hélicoptères, des vêtements, des parties
d’autos, d’ordinateurs, de télévisions,
d’appareils électroménagers. Nous ne pro- duisons
aucune des parties, nous ne faisons que de l’assemblage.
Comment es-tu entré dans les maquilas ?
Ma maman a été la première génération
de la maquila, je travaillais avec elle. Ils sont venus nous recruter
à l’école, j’étais au lycée
quand le gérant est arrivé et ils nous ont toutes,
nous sommes toutes allées à la maquila. A 15 ans,
je travaillais avec ma mère, soudant avec du plomb des parties
de télévision, nous ne savions même pas ce que
c’était, mais bon, ils disaient que c’était
une télévision. Un jour nous arrivons au travail avec
la camionnette qui nous transportait et la maquila était
fermée par une affiche qui disait « nous sommes partis
», ils avaient emporté salaires, épargnes, gains,
et tout à coup des milliers de femmes, nous étions
trois mille, avons commencé à faire des gardes pour
racheter les machines, et voir s’ils pouvaient nous payer
quelque chose. C’était en 1975, quand a commencé
tout ce modèle économique. Après, j’ai
commencé à travailler dans la couture. Tu travailles
depuis l’aube, tu dois prendre deux ou trois camions pour
y arriver. Les parcs industriels sont promus par le gouvernement,
ils leur donnent de terribles étendues avec électricité,
citernes d’eau, mais tous les gens qui travaillent dans les
maquilas sont des immigrés de Mexico ou de l’Amérique
centrale, et arri- vent avec l’espérance de passer
la frontière (des Etats-Unis) et alors leur arrêt est
la maquila, et ils commencent à vivre dans des cordons de
pau- vreté comme les fiefs du moyen âge, les châteaux
et tout les pauvres gens autour. Ils vivent dans des maisons en
carton, sans électricité, sans égout, sans
rien, les températures sont extrêmes, il y a des problèmes
de extrêmes, il y a des problèmes de déshydratation,
des problèmes gastro-intestinaux des enfants et beaucoup
de pollution.
Comment a eu lieu l’implantation de ces fabriques dans la
zone limitrophe avec les États-Unis ?
Ceci a été un modèle de laboratoire. Ils l’ont
nommé Programme d’Industrialisation de la Zone Nord,
et les États-Unis avec cela ont essayé d’arrêter
l’immigration, qui a toujours été la pierre
dans leur chaussure. Tout a commencé quand le programme Bracero,
permis de travailler à la campagne, se termine en 1965, juste
quand il commence à y avoir toute la résistance et
les mouvements étudiants. Vient ensuite la répression
étudiante de 1968 et il y a un accord entre le gouvernement
du Mexique et la Banque mondiale, le pays est gracié par
les autres banques et obtient des crédits de la BM et du
FMI, et en échange ils doivent poursuivre la gauche radicale
et c’est quand ils commencent à former les «
bataillons Olimpo » et à tuer tous les étudiants.
Pendant ce contexte de persécution, au nord, ils commencent
ce processus d’industrialisation. Ils ont créé
une fabrique du côté nord-américain et une du
côté mexicain. Ici ils n’apportaient pas plus
que les composants, nous les assemblions et le tout était
renvoyé de l’autre côté de la frontière.
Ils croyaient qu’en donnant ces emplois, ils allaient arrêter
l’immigration, particulièrement en raison du fait que
la majorité était des femmes.
Comment commence la résistance des travailleuses ?
En 1994, quand presque 2 000 femmes décident de s’organiser.
Juste quand le Mexique signe le Traité de Libre Echange avec
les Etats-Unis et le Canada, l’Alena. Nous faisons un soulèvement
et paralysons sept maquilas de Sony et j’étais l’une
des dirigeantes. Nous voulions le syndicat pour les problèmes
de santé que nous vivions. Le déclencheur a été
quand ils décident de nous augmenter la journée à
12 heures. La loi disait que nous devions en travailler 8 ; ils
nous baisaient déjà parce que nous en travaillions
9 et maintenant ils nous disent 12. Leur argument est que maintenant
nous allions produire ici la coquille, le plastique, le moule, que
ces machines ne pouvaient pas s’arrêter et devaient
fonctionner 24 heures sur 24, et que nous allions travailler 4 jours
par semaine et non cinq, et que la somme faisaient 48 heures par
semaine comme le marque la loi. Mais la loi dit 48 heures hebdomadaires
et 8 heures quotidiennes rien de plus ; même si tu veux tu
ne peux pas les travailler parce que tu as besoin de te reposer.
C’est à ce moment que nous avons commencé à
nous organiser, nous devions faire quelque chose, ce n’est
rien de moins que tes enfants, ta santé, ta vie qui est en
jeu. J’ai été 20 ans chez Johnson et Johnson,
la Géneral Motors, la General Electric. Ca Suffit ! C’est
à ce moment là que les 2 000 femmes de la Sony avons
décidé de nous organiser. Le Traité de Commerce
Echange ou Alena est signé en janvier, les zapatistes se
soulèvent en janvier et nous en avril, nous avons fait un
campement et avons exigé avoir un syndicat. Mais nous étions
toutes les premières femmes audacieuses, tout le leadership
était aux hommes et ils nous disaient que comment allions-nous
avoir un syndicat, que les syndicats étaient aux hommes.
Ils disaient que c’était une folie d’entrer dans
le syndicat, ils ont commencés à nous dire que nous
n’allions plus entrer à la maquila, qu’ils allaient
parler aux chefs. Le premier jour, ils envoient les pompiers qui
nous arrosent en pensant que toutes les jeunettes, nous avions de
15 à 25 ans, allions avoir peur. Mais non, tout le monde
est resté là, dans la rue. Au jour suivant, ils rentrent
sur les parkings et toutes les travailleuses nous nous jetons au
sol pour montrer que, pour sortir la production, ils devaient nous
passer sur le corps, et que la maquila allait continuer stoppée.
Le leader du syndicat était avec le gouvernement, ils nous
envoient la police et ils arrêtent 20 compagnes et moi même
qui étions les leaders des sept maquilas. Déjà
quand ils nous arrêtent, les gens vont à la police
et leur disent que soit ils nous libèrent soit qu’ils
doivent arrêter tout le monde. Après que les compagnes
aient dormi une semaine dans la rue, ils nous libèrent. Peu
après, toutes les fabriques se sont arrêtées
et nous étions environ 10 mille à ce moment. Mais
le gouverneur a dit que nous déstabilisions parce que les
entreprises nous garantissaient les emplois et a donné l’ordre
de m’arrêter en envoyant les soldats. Ils sont entrés
avec mitraillettes, ils ont frappé tout le monde. Un des
compagnons m’a fait monter dans une auto et ils m’ont
emmené aux Etats-Unis pour pouvoir me sauver. J’ai
été deux ans sans pouvoir revenir au Mexique, le délit
avait été d’essayer de créer un syndicat
qui défendait la santé des travailleuses. Quand finalement
je peux retourner au Mexique, toutes travaillaient déjà
12 heures.
Martha ne veut pas dire son âge. Elle n’est pas mariée
et n’a pas d’enfant. Sa vie est sa lutte. « En
plus de travailler, je voyage beaucoup à différents
endroits pour me connecter avec d’autres travailleurs, un
jour je suis ici, un autre là. Quand tu entres aux maquilas,
tu t’oublies. J’ai des frères, mais je ne les
vois pas. Heureusement, j’ai mes compagnes. Depuis ici, depuis
Buenos Aires ou un autre lieu éloigné du nord mexi-
cain, les histoires qui s’écoutent sur les maquilas
peuvent sembler à de la science-fiction, mais ne le sont
pas, c’est la réalité et c’est l’enfer.
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
Situation des zones franches au sud et à l’est de la
Méditerranée
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1564
La zone franche [1] est une zone géographique limitée
bénéficiant d’incitations à investir,
dont l’exonération des droits de douanes, et d’un
traitement fiscal et social préférentiel. Les buts
recherchés sont inscrits comme priorités nationales
:
- renforcer la balance commerciale par un apport de devises et
une aug- mentation des exportations ;
- contribuer à une plus grande intégration interindustrielle
(pays développé - pays en développement) et
élever la compétitivité internationale de l’industrie
nationale ;
- élever la compétence des travailleurs et impulser
le développement et le transfert de technologies ;
- maintenir la main d’œuvre sur place et donc freiner
l’immigration ;
- créer des emplois.
De plus les pays d’accueil prennent en charge tous les coûts
d’infrastructures : routes, installations portuaires, téléphone,
eau, énergie etc. Ces derniers pouvant même être
offerts à bas prix ou gratuits les premières années.
D’autre part, pour les entreprises asiatiques qui, dans leurs
pays d’origine, ont rempli leurs quotas textiles à
destination des EU, les ZF de l’Amérique centrale,
qui bénéficient d’accords préférentiels,
sont une plate-forme pour accroître leurs exportations. Chaque
pays du Sud et de l’Est méditerranéen propose
déjà, et à des degrés divers, toute
l’infrastructure des mesures propres aux ZF.
Quelques-unes d’entre elles sont citées ci-dessous
:
Chypre : Impôt sur les sociétés relativement
bas (20% pour les compagnies autochtones, de 4,5 % à 0 %
pour les étrangères), exonération de droits
de douanes et d’impôts sur les charges pour la ZF de
Larnaca etc.
Maroc : Exonération totale d’impôts sur les sociétés
et sur le revenu les 5 premières années et de 50 %
les années suivantes. Transfert total des profits après
impôts sans limitation, exonération complète
de la TVA sur tous les équipements, matières premières,
outils, etc (Charte pour l’investissement dans le royaume
du Maroc).
Algérie : Exonération de TVA sur les biens et services
importés ou acquis localement pour une durée de 3
ans, exonération des taxes sur la propriété,
de l’impôt sur les bénéfices des sociétés
pour 2 à 5 ans ; droits de douanes limités à
3% sur 30 produits (au lieu de 25-45%) ; charges de sécurité
sociales de l’employeur limitées à 7% du salaire
brut (au lieu de 24,5 %).
Tunisie : Loi d’incitation à l’investissement
de janvier 1994. Les entreprises exportant au moins 80 % de leurs
produits bénéficient d’une exonération
totale de l’impôt sur les sociétés pendant
10 ans et d’un impôt réduit de 50% au delà.
Les profits réinvestis sont totalement défiscalisés.
Des incitations supplémentaires sont disponibles pour promouvoir
les investissements dans la santé, l’éducation,
les transports, la protection de l’environnement, le traitement
des déchets, la recherche et le développement technologique.
Egypte : Alexandria (El-Amreya), Damietta, Ismailia, Nasser City,
Port Said, Suez. La loi 8 de 1997 prévoit une exonération
générale d’impôts pendant 5 ans pour une
entreprise travaillant dans l’un des 16 domaines couverts
par celle-ci. Des incitations spécifiques sur 10 ans sont
concédées aux projets dans des zones industrielles
nouvelles, des communautés urbaines, des zones reculées.
Jordanie : Ad-Dulayl, Al-Tujamuat, Aqaba (39 usines), Irbid, Kerak,
Queen Alia Airport, Zarka (84 usines, 662 sociétés
commerciales !). Les capitaux nécessaires à l’expansion,
le développement et la modernisation d’un projet sont
exonérés de droits et de taxes si cette augmentation
a pour effet d’augmenter sa taille initiale de 25 %.
Syrie : Adra, Alep, Damas : Aéroport et ZF, Dar’a,
Latakié, Tartus. Pas de license d’importation requise
pour les intrants et les marchandises qui entrent dans les ZF. En
sont exclus les matériels militaires et les marchandises
interdites. Pas de règlements ni de restrictions pour la
réexportation, excepté pour les matériels militaires
et les marchandises inter- dites internationalement.
Turquie : Adana Yumurtalik, ZF de l’Egée, Antalya,
ZF d’Europa, Erzu- rum Eastern Anatolia, Gaziantep, Aéroport
Ataturk d’Istanbul, Istanbul International Stock Exchange,
ZF du cuir d’Istanbul, ZF d’Istanbul, Izmir Menemem-Leather,
Mardin, Mersin, Kayseri, Rize, Trabzon, Samsun. Exonération
d’impôts sur les sociétés, de la TVA,
des droits de douanes, des taxes, ainsi que des prêts avantageux
pour les investissements en recherche et développement. Le
gouvernement a introduit des incitations spéciales pour l’investissement
dans l’est et le Sud-est du pays.
Malte : Exonération de taxes pour toute nouvelle industrie
exportant 95 % de sa production. La loi de 1989 sur le port libre
de Malte exonère les compagnies autorisées à
y exercer leurs activités du paiement des droits de douanes,
de l’impôt sur les bénéfices et des droits
d’enregistrement. Ces incitations sont valables à la
fois pour les compagnies nationales comme pour les étrangères.
Liban : Zones franches de Beyrouth Port, Tripoli Port, Selaata.
Secret bancaire, régime des échanges libre sans contrôle
sur le flux des capitaux. Toutes les ZF offrent des incitations
industrielles et financières, dont la possibilité
pour les étrangers de posséder les entreprises à
100 %, 10 années d’exonération d’impôt
sur les sociétés, des droits de douane pour les marchandises
entrant et sortant des ZF etc.
Palestine : 6 zones franches dénombrées, exonération
d’impôts sur les bénéfices des sociétés
100%, sur 10 ans ; exonération des droits de douanes sur
les matières premières, la taxe foncière et
sur les actifs immobilisés.
Les zones de libre échange (ZLE)
Les ZLE s’inscrivent dans le processus de libéralisation
des échanges de marchandises et de capitaux à l’échelle
mondiale. Elles prévoient l’élimination des
barrières douanières et de toute entrave à
la circulation des marchandises. Elles organisent le développement
de l’économie de marché dans le cadre de la
poursuite et de l’approfondissement des plans d’ajustement
structurel imposés par le FMI et la BM aux pays endettés.
Source : BIT multi, Export processing zones
[1] Différents noms pour une même réalité
: Selon les pays, les zones franches ont différentes appellations
: Free zones : Irlande, Trinidad et Tobago, Turquie, Emirats Arabes
Unis, Uruguay, Venezuela. Maquiladoras/maquiladora : Costa Rica,
El Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama. Special economic
zones : Chine Industrial free zones : Colombie, Ghana, Madagascar,
Syrie et Jordanie. Free trade zones : Bulgarie, Chili Export free
zones : Jamaïque Free trade and industrial zones : Iran Special
export processing zones : Phi- lippines Export processing free zones
: Togo Tax free factories : Fidji Bonded zone Indonésie Free
zones and special processing zones : Perou Free economic zones :
Russie Industrial estates : Thailande « Points francs »
: Cameroun
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
Le projet d’union Méditerranéenne
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1574
Certains passages de cet article sont issus de la presse capitaliste
(ils sont entre crochets). Explication : il y a peu d’informations
dans les milieux alternatifs, et il semblait intéressant
d’utiliser une partie de leurs discours pour permettre à
chacun de faire sa propre critique, et de permettre la confrontation
de nos positions aux leurs avec « leurs mots ». Pour
bien suivre ce sujet, il convient avant de comprendre la stratégie
euro méditerranéenne : l’Euromed et le processus
de Barcelone.
L’Euromed est le partenariat lancé par l’Union
européenne avec les pays sud-méditerranéens
lors de la Conférence de Barcelone de 1995. Douze ans après,
le bilan est mitigé. La paix n’a pas été
instaurée dans la région. Aux conflits régionaux
se sont ajoutés les actes de terrorisme et le développement
de l’immigration clandestine. La démocratisation des
pays sud-méditerranéens a peu progressé, et
la pauvreté, le chômage et l’analphabétisme
sont toujours très présents. L’élargissement
en 2004 de l’Union européenne aux pays de l’Europe
de l’Est a été considéré également
comme une preuve de désintérêt vis-à-
vis des pays du sud de la Méditerranée. Afin de pallier
à ce bilan mitigé, une deuxième conférence
a été convoquée à Barcelone en 2005.
Boycottée par la plupart des chefs d’État des
pays du sud de la Méditerranée, elle a été
axée principalement sur la lutte contre le terrorisme et
l’immigration clandestine. Parallèlement au Processus
de Barcelone, a été instaurée à partir
de 2004 la Politique européenne de voisinage (PEV), qui regroupe
un certain nombre de pays de l’Europe de l’Est et du
sud de la Méditerranée. Seuls cinq pays méditerranéens
ont adhéré à cette PEV : le Maroc, la Tunisie,
l’Autorité palestinienne, la Jordanie et Israël.
Nicolas Sarkozy a critiqué le Processus de Barcelone, et
a lancé le projet d’Union Méditerranéenne.
Cette Union devrait à la fois être diplomatique et
stratégique, mais également culturelle et civilisationnelle.
Sarkozy a précisé que cette Union ne devrait pas se
substituer au Processus de Barcelone, mais l’accompagner.
Dans un discours prononcé à Tanger le 23 octobre,
Nicolas Sarkozy a officiellement lancé son projet d’Union
de la Méditerranée. Il a de nouveau affirmé
sa conviction que ce qui se joue dans cette région est décisif,
non seulement pour l’avenir des peuples riverains, mais pour
celui de l’humanité. C’est, selon lui, là
où se décidera si oui ou non les « civilisations
et les religions se feront la plus terrible des guerres, si oui
ou non le Nord et le Sud s’affronteront, si oui ou non le
terrorisme, l’intégrisme et le fondamentalisme réussiront
à imposer au monde leur registre de violence et d’intolérance
». On ne peut pas plus nettement affirmer le caractère
stratégiquement central de la zone.
Nicolas Sarkozy fait donc de la Méditerranée l’épicentre
de l’avenir des relations Nord-Sud et de celles entre le Monde
musulman et le Monde occidental. S’inspirant de ce qu’a
été la construction européenne, il propose
de partir de solidarités concrètes, de projets réels
afin de progresser. On se rappelle en effet que la construction
européenne est partie de l’idée de mettre en
commun la production de charbon et d’acier de la France et
de l’Allemagne, à l’époque matières
stratégiques, afin selon l’expression de Jean Monnet,
de rendre la guerre « impossible parce que impensable »
entre des pays européens pourtant habitués à
se déchirer dans la guerre.
La construction européenne n’est pas partie d’une
architecture globale, elle s’est faite progressivement à
partir de projets empiriques pour devenir quelque chose qui a largement
dépassé les espoirs initiaux. Le Président
français ne veut pas imiter le modèle institutionnel
européen, mais la démarche pragmatique qui a conduit
à sa création. Il propose une Méditerranée
à géométrie variable, avec des projets qui
ne portent bien sûr pas sur le charbon et l’acier mais
sur le développement durable, l’énergie, les
transports, l’eau. Il s’agit selon son expression de
faire une union de projets. Il a proposé de tenir un sommet
des chefs d’Etats des pays riverains en juin 2008 où
seraient invités les pays qui ne sont pas riverains de la
Méditerranée, mais qui se sentent concernés.
Le projet de Nicolas Sarkozy apparaît comme visionnaire pour
certains, comme encore trop vague pour d’autres.
L’approche suscite plusieurs interrogations.
Quelle différence par rapport au Processus de Barcelone,
lui-même bloqué par la prolongation du conflit israélo-palestinien
? Dans sa comparaison avec le système européen, Nicolas
Sarkozy indique que l’Europe ne s’est pas construite
sur l’expiation des Allemands, que les peuples européens
se sont immédiatement projetés dans l’avenir.
Mais si l’Europe a pu se réconcilier, contrairement
à l’Asie, après la Seconde Guerre mondiale,
c’est bel et bien parce que l’Allemagne a reconnu ses
crimes de l’ère hitlérienne, alors que le Japon
a toujours reconnu trop peu ou trop tard ses crimes de guerre.
Mais surtout si l’Europe a avancé, c’est parce
qu’elle était en paix. Les projets communs ont consolidé
la paix, ils ne l’ont pas précédée. Dans
quel projet commun par exemple, Israéliens et Palestiniens
pourraient- ils s’engager aujourd’hui ? En l’absence
d’un règlement de ce conflit qui empoisonne l’atmosphère
internationale, est-il possible d’avancer même sur des
projets concrets entre pays arabes et Israël ? On peut penser
par exemple qu’avoir une Méditerranée propre,
débarrassée de toute pollution, est de l’intérêt
commun de tous. Mais peut-on avancer sur ce sujet, alors que les
Palestiniens n’ont pas accès à la mer, sans
parler des dégâts écologiques subis par le Liban
au cours de la guerre que lui a faite Israël ? Si la Méditerranée
a une place stratégique cen- trale, c’est justement
à cause du conflit israélo-palestinien, dont on sait
qu’il est très important dans la problématique
des relations Monde musulman/Monde occidental. Tant qu’il
ne sera pas résolu, les ambitieux projets de Nicolas Sarkozy
auront du mal à prendre corps. C’est certainement là
la principale faille. Il veut faire avancer les choses pour ne pas
être bloqué par le dossier israélo-palestinien,
mais tant que celui-ci ne sera pas résolu, il sera difficile
d’avancer concrètement. Nicolas Sarkozy l’avait
annoncé lors de sa campagne présidentielle : il souhaite
la mise en place d’une « Union méditerranéenne
», véritable interlocuteur de l’Union européenne,
garant du libre-échange et du contrôle des flux migratoires.
À Toulon, le 7 février 2007, alors qu’il était
encore candidat à la présidence de la République,
Nicolas Sarkozy a publiquement proposé l’idée
d’une « Union méditerranéenne ».
Celle-ci devrait, selon lui, réunir dans un cadre institutionnel
commun l’ensemble des pays et territoires du sud et de l’est
de la Méditerranée (du Maroc à la Turquie,
en passant par l’Algérie, l’Égypte, Israël
et les territoires palestiniens occupés, le Liban) avec l’Union
européenne. À Dakar, le 26 juillet 2007, alors président
de la République, Sarkozy a repris cette idée, en
l’élargissant au projet de création d’une
« Eurafrique », aux forts relents coloniaux. Ce dernier
discours a été durement critiqué dans de nombreux
pays africains, surtout en raison des sous-entendus culturalistes
lourds - sur les Africains retardés, immobiles et attachés
à un ordre fondé sur l’« éternel
recommencement », au lieu d’entrer « dans l’histoire
», selon la formule du président français -
qu’il comporte. Sarkozy s’était montré
donneur de leçons, tout en prétendant « tendre
la main » à l’Afrique, si elle accepte d’entretenir
des relations fortes avec l’Europe. Cependant, le discours
de Toulon et ceux qui l’ont suivi, développant le concept
d’« Union méditerranéenne » (désormais
bombardée noyau de la future « Eurafrique »),
ont suscité moins de réac- tions. Le concept lancé,
à entre-temps, connu un premier début de réalisation
sur le plan politique. Ainsi, le 28 mai 2007, le président
du Conseil italien, Romano Prodi, et le président français,
à l’issue d’une rencontre à Paris, ont
annoncé une initiative commune. Lors d’une conférence
de presse, les deux hommes annoncèrent la tenue d’une
conférence commune de sept « pays euro méditerranéens
» : la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal
(quoique ce dernier ne soit pas un pays riverain de la Méditerranée),
Malte, la Grèce et Chypre. La future conférence devrait
donner lieu au lancement d’une initiative qui s’adresse
aux États des rives sud et est de la Méditerranée.
Pour l’instant, ce projet n’en est qu’au stade
embryonnaire.
Au cœur du projet de l’« Union méditerranéenne
» à la sauce Sarkozy, se trouve l’idée
d’une future organisation régionale, fortement arrimée
à l’Union européenne, avec qui elle entretiendrait
un lien organique, comme le définissait Sarkozy à
Toulon : « C’est à la France, européenne
et méditerranéenne à la fois, de prendre l’initiative
[...] d’une Union méditerranéenne, comme elle
prit jadis l’initiative de construire l’Union européenne.
Cette Union méditerranéenne aura vocation à
travailler étroitement avec l’Union européenne.
Elle aura vocation, un jour, à avoir avec elle des institutions
communes, parce que la Méditerranée et l’Europe
auront pris conscience que leurs destins sont liés. »
L’objectif principal est de donner un encadrement institutionnel,
politicojuridique, au projet d’une zone de libre-échange
régionale que les industries européennes appellent
de leurs vœux. Avec cette idée, Sarkozy, à Toulon
puis avec Romano Prodi, a tiré les leçons du relatif
échec du « dialogue euroméditerranéen
», lancé lors d’une conférence tenue à
Barcelone, en novembre 1995, qui réunissait un nombre important
d’États du bassin méditerranéen. Ce processus
d’intégration régionale (principalement économique
et fondée sur le libre-échange) se trouve actuellement
en panne, pour plusieurs raisons.
Le processus de Barcelone, qui devait avancer grâce aux relations
bilatérales entre l’Union européenne (UE) et
chaque pays du sud ou de l’est de la Méditerranée,
à travers des « accords d’association »
avec l’UE conclus pays par pays, a butté sur certaines
contradictions internes. Ainsi, l’Union européenne
se montre-t-elle adepte du libre-échange vers l’extérieur,
pour imposer aux autres l’ouverture de leurs marchés,
mais, souvent encore, protectionniste lorsqu’il s’agit
de contrôler l’accès à ses propres marchés
intérieurs. Ceci est particulièrement vrai en ce qui
concerne le marché agricole, l’Espagne se trouvant
en situation de concurrence directe avec les produits agricoles
proposés par le Maroc ou la Tunisie, et la politique agricole
constituant par ailleurs un nœud épineux des politiques
communautaires européennes. Aussi, la conclusion d’accords
de libre-échange, notamment avec le Maroc et la Tunisie (dès
1996), prévoyant une ouverture totale des marchés
de ces deux pays à l’horizon 2010, n’a pas drainé
autant de capitaux que certains l’espéraient. Au lieu
de créer un « choc de développement »,
les capitaux investis ont eu tendance à occuper des «
niches » spécifiques, comme par exemple le transfert
de nombreux centres d’appels d’entreprises françaises
vers la Tunisie ou le Maroc. Très récemment, les capitaux
européens investis ont été concurrencés
par l’arrivée de nouveaux investisseurs, notamment
venus du Golfe (où les États et la bourgeoisie disposent
de beaucoup de liquidités en raison du cours du pétrole)
ou de Chine. Les pays européens ayant le plus d’intérêts
dans la région se devaient donc de réagir pour passer
à l’offensive. Le processus de Barcelone a aussi quelque
peu souffert de l’absence d’ini- tiative politique forte,
ce terrain étant abandonné au profit des relations
éco- nomiques et des accords bilatéraux, en l’absence
de tout débat politique au niveau central. Derrière
les grands dis- cours sur les vertus du « dialogue entre les
cultures », qui avaient accompagné le lancement du
processus de Barcelone, se dissimulait l’absence de tout progrès
dans les relations entre les peuples et l’absence de toute
solution acceptable du conflit israélo-palestinien. Le durcissement
du conflit, après 2000, et l’aggravation radicale des
conditions de vie des Palestiniens dans les territoires occupés
focalisent aussi l’attention d’une partie des élites
politiques dans les pays du sud de la Méditerranée.
Leur croyance en un « dialogue », animé par le
Nord et qui résoudrait les problèmes de la région,
dans l’harmonie et l’échange, en a pris un sérieux
coup.
Le projet stratégique de Nicolas Sarkozy pour le bassin méditerranéen
développe donc une nouvelle conception : les relations multilatérales
doivent être encadrées par une construction institutionnelle,
avec un certain niveau de centralisation. Une telle structure régionale
d’intégration, adossée à l’Union
européenne, permettrait aussi à Nicolas Sarkozy de
justifier la tenue à l’écart de la Turquie,
qu’il ne souhaite pas voir intégrer l’UE, flattant
par là même les préjugés racistes d’une
partie de l’opinion publique. Et Sarkozy d’expliquer
: « C’est dans la perspective de cette “Union
méditerranéenne” qu’il nous faut envisager
les relations de l’Europe et de la Turquie. La Turquie est
un grand pays méditerranéen avec lequel l’Europe
méditerranéenne peut faire avancer l’unité
de la Méditerranée. »
Le projet de Sarkozy comporte aussi une dimension relevant de la
politique intérieure française. Il constitue l’occasion
de faire revivre un certain état d’esprit colonial,
en établissant un lien entre son projet pour l’avenir
et le passé de ceux qui étaient jadis partis, en tant
que colonisateurs, dans le bassin méditerranéen. Ce
n’est point un hasard si le discours fondateur de la politique
de Sarkozy sur l’« Union méditerranéenne
» a précisément été tenu à
Toulon, ville à forte concentration de pieds- noirs, ancien
fief politique de l’extrême droite repassé -
au niveau municipal - à l’UMP en 2001, et où
le candidat Nicolas Sarkozy a pu récupérer, aux élections
de 2007, un nombre important d’anciens électeurs du
Front national.
Ce jour-là, Sarkozy a symboliquement renoué avec la
tradition des conquérants militaires et des colonisateurs
: « Le drame algérien, l’occultation du passé
colonial, la mode de la repentance ont contribué à
nous rendre étrangers à ce qui avait été
si longtemps et si naturellement un prolongement de nous-mêmes.
[...] On peut désapprouver la colonisation avec les valeurs
qui sont les nôtres aujourd’hui. Mais on doit respecter
les hommes et les femmes de bonne volonté qui ont pensé
de bonne foi œuvrer utilement pour un idéal de civilisation
auquel ils croyaient. Je veux le dire à tous les adeptes
de la repentance, qui refont l’histoire et qui jugent les
hommes d’hier sans se soucier des conditions dans lesquelles
ils vivaient, ni de ce qu’ils éprouvaient. [...] Tous
ceux d’entre vous qui sont revenus des colonies en ayant tout
abandonné, n’emportant avec eux que leurs souvenirs
de jeunesse et cette nostalgie qui ne les quittera plus jamais,
je veux dire que si la France a une dette morale, c’est d’abord
envers eux. » Parions, tout de même, que ces ten- tatives
de flatter à la fois les esprits les plus colonialistes et
les plus rétro- grades de la société française
comme les élites des pays du sud et de l’est de la
Méditerranée seront également sources de contradictions.
« Trier » les immigrés.
Au-delà des promesses sur le « dialogue entre les cultures
», le projet sarkozyen renferme une importante dimension sécuritaire,
dirigée contre les flux migratoires « non désirés
». Ainsi, Nicolas Sarkozy développe-t-il, dans son
discours de Toulon : « Je souhaite qu’une convention
soit élaborée entre tous les pays méditerranéens
pour faciliter les reconduites à la frontière, et
je souhaite que celui qui a été reconduit dans son
pays ne puisse pas obtenir un titre de séjour en France pendant
les cinq ans qui suivent. Je souhaite que les étrangers en
situation irrégulière soient exclus du droit au logement
opposable. [...] Je souhaite que soit mise en place, avec tous les
pays qui l’entourent, une politique commune d’immigration
choisie, c’est-à-dire décidée ensemble,
organisée ensemble, maîtrisée ensemble, et que
dans ce cadre chaque pays fixe chaque année le nombre des
étrangers qu’il peut accueillir. »
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
Le projet Émergence au Maroc
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1575
Ce texte est en partie repris de la Gazette du Maroc. Comme pour
l’article précédent, les citations sont entre
crochets. Ce sont des données brutes. Je n’ai pas pu
aller voir de mes propres yeux, donc je reprends une source locale.
Toujours la même volonté de donner de l’info
brute afin que vous puissiez faire votre propre vision. Et ainsi
approfondir le sujet.
L’offshoring
[Concrètement, l’offshoring consiste en la mise en
place de structures d’accueil pour attirer les marchés
de la sous-traitance dans le domaine des services. Il s’agit
de capter une bonne partie des mouvements d’externalisation
dans les banques, les assurances et les sociétés spécialisées
dans l’informatique. Pour des raisons de coûts, ces
secteurs se débarrassent, par exemple, de tout ce qui est
administratif en le transmettant à des plates-formes équipées
en hot line et disposant de ressources humaines qualifiées.
La stratégie Emergence promet, grâce à cette
filière, de créer 91 000 nouveaux emplois directs
à l’horizon 2013. Les objectifs sont étalés
sur 10 ans (2003-2013). il faut créer des “zones intelligentes”,
former les ressources humaines et mettre en place un package capable
d’attirer les donneurs d’ordre et investisseurs.] En
gros, ils vont former directement sur place les futurs travailleurs
et travailleuses directement sur place. C’est tout bénéfice
pour les industriels car c’est le pays d’accueil qui,
bien sûr, paiera les coûts de ces structures de formation.
Cela va se passer du coté de Casablanca ou le projet est
déjà démarré. La machine est déjà
en route. Donc il va falloir réagir vite.
Côté formation, la zone disposera d’un grand
établissement dédié aux nouveaux métiers
des technologies de l’information et à ceux de l’offshoring,
dont les travaux ont été lancés le 22 décembre
2005. Il sera édifié sur 12 000 m2 et relèvera
de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion
du travail (OFPPT). Sa capacité d’accueil sera de 3.000
étudiants. Parallèlement à cela, les promoteurs
du projet planchent actuellement sur la définition du package
qui sera à la base de la stratégie commerciale de
CasaShore. Il s’agit de l’étude des coûts,
notamment de la location d’espaces et des ressources humaines,
des avantages inclus dans l’offre de CasaShore.
Zones industrielles.
Dans le segment industriel, “Emergence” table sur la
création de grandes zones spécialisées et gérées
de manière autonome sous forme de sociétés,
associations ou groupements d’intérêt économique
(GIE). Trois secteurs ont été identifiés et
peuvent donc disposer de ces maquiladoras : l’aéronautique,
l’automobile et l’électronique. Une précision
s’impose d’ores et déjà. Le plan Emergence
ne comptait que l’automobile et l’électronique
parmi les secteurs-phares pour le positionnement du Maroc.
Mais le boom que connaît le secteur aéronautique et
la vague de délocalisations vers le Maroc, ont encouragé
les instigateurs d’ Emergence à l’intégrer
dans la stratégie industrielle du pays. D’ailleurs,
la technopole de Nouaceur, dédiée exclusivement à
l’aéronautique sera la première maquiladora
du pays. Le projet est piloté par l’ONDA (Office national
des aéroports) qui s’active actuellement à développer
des services pour les entreprises (restauration, formation, hôtellerie...)
qui souhaitent s’y installer.
Ce « pari » se met en place, preuve en est l’installation
récente d’une nouvelle unité de fabrication
de pièces en matériaux composites et d’assemblage
de composants pour les réacteurs d’avions d’Airbus,
du Brésilien, Embraer et du Canadien, Bombardier. Les géants
mondiaux Safran et EADS sont derrières cet investissement
étalé sur la période 2006-2009. Si la demande
suit, ce dernier opérera une extension et incitera, pour
des raisons de coûts et de savoir-faire, ses partenaires à
s’installer à Nouaceur.
Les secteurs de l’automobile et de l’électronique
suivront le même schéma et auront leur propre maquiladora.
Il s’agit de capter, pour les cinq années à
venir, les délocalisations vers le sud en mettant en place
des zones industrielles de nouvelle génération. Le
site du futur port Tanger-Med verra incessamment l’officialisation
des toutes premières maquiladoras. La seule inconnue est
l’organisme gestionnaire. Jusqu’à maintenant,
on ne sait pas encore qui prendra en charge l’investissement
pour l’aménagement de ces sites ni leur futur gestionnaire.
A vous de deviner.
L’artisanat.
[Le chantier de l’artisanat suit une cadence forcée.
Dès l’annonce de la stratégie “Emergence”
en mars 2005, s’est mis en place un travail pour l’élaboration
d’une stratégie sectorielle. Octobre de la même
année, le plan d’action était prêt. Le
chantier est actuellement dans sa phase de concrétisation.
La stratégie repose sur l’émergence d’opérateurs
de taille critique, c’est ce que la Vision 2015 (le nom que
porte la stratégie de l’artisanat) appelle les “acteurs-producteurs
de référence”. Ces derniers seront sélectionnés
par appel d’offres et seront tenus de présenter des
offres industrielles et commerciales en conformité avec la
vision 2015. Une fois la sélection effectuée, un contrat
liant l’Etat, l’opérateur et le réseau
de distribution sera signé, précisant ainsi les obligations
de résultats chiffrés, le soutien à la production
et à la commercialisation par l’Etat. La force de frappe
de ces opérateurs et de l’Etat, se focalisera sur deux
filières jugées porteuses : les produits de décoration
et la joaillerie. Les petites structures ne seront pas en reste.
Grâce aux donneurs d’ordre nationaux, notamment les
acteurs-producteurs de référence, les PME du secteur
seront appelées à suivre la demande.]
En résumé, ce projet Emergence est déjà
en cours et concerne donc 6 secteur en particulier : la recherche,
le développement de logiciels, su l’audiovisuel et
le multimédia ; l’automobile (concentration sur la
fabrication de 300 pièces de voitures), l’aéronautique,
les nano, micro et bio technologies ; l’agroalimentaire :
fruits et légumes, les corps gras, les produits de la mer,
les plats cuisinés (il y aura même une filière
issue de l’agriculture biologique !) ; le textile ; l’offshoring.
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
Critiques des politiques
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1576
Certains délégués des pays arabes doutent
sérieusement quant aux bonnes intentions de Nicolas Sarkozy.
Ce sera donc non. A Lisbonne, où se sont réunis les
pays de l’Euromed, le projet de Nicolas Sarkozy dit d’Union
méditerranéenne a été rejeté
en bloc et n’a guère soulevé d’enthousiasme
de la part des partenaires de la France au sein de l’Euromed.
Un message clair et simple : « Ce projet ne doit pas abolir
ce que nous construisons avec le projet Euromed. » La commissaire
européenne aux Affaires extérieures, Benita Ferrero-Waldner,
était la première à désavouer le président
français. Les délégués des pays de l’Euromed
se sont portés partisans de son avis et ont préféré
évoquer une « coopération renforcée »
entre les deux rives de la Méditerranée sur la base
des mécanismes déjà existants. En d’autres
termes, nul ne risque de reconstruire à zéro sur des
bases si fragiles. Benita Ferrero-Waldner a estimé que l’idée
d’une Union méditerranéenne « est intéressante
si elle apporte une valeur ajoutée, si elle vient renforcer
le processus Euromed ». Et d’avertir, sur sa lancée,
que « nous avons déjà deux processus auxquels
il ne faut pas toucher, car ils ont fait la preuve de leur vitalité
».
C’est ainsi que la commissaire européenne a rendu sa
position plus lisible aux yeux du président français,
initiateur du projet controversé de l’Union méditerranéenne.
Elle s’agrippe, comme plusieurs autres délégués
présents, au partenariat euro-méditerranéen
(Euromed), lancé en 1995 à Barcelone, regroupant les
27 membres de l’Union européenne et ses 10 partenaires
méditerranéens (Algérie, Egypte, Israël,
Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Autorité palestinienne
et Turquie), auxquels se sont jointes l’Albanie et la Mauritanie.
Pour rappel, l’idée d’une Union méditerranéenne
a germé en octobre dernier. Nicolas Sarkozy, alors fraîchement
élu à la tête de l’Etat français,
avait lancé une invitation aux chefs d’Etat de la Méditerranée,
les conviant à une réunion en France, en juin 2008,
pour jeter les bases « d’une Union économique,
politique et culturelle ». Contrairement à Benita Ferrero-Waldner
qui n’a pas osé « s’en prendre »
directement à Nicolas Sarkozy, les délégués
des pays de la rive Sud de la Méditerranée ont, quant
à eux, sévèrement critiqué le président
français. Ils ont surtout regretté le « flou
» de la proposition française. Certains délégués
de pays arabes doutent sérieusement quant aux bonnes intentions
de Nicolas Sarkozy. « C’est une bonne idée. Mais
qu’y a-t-il dedans ? », a ainsi déclaré
le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr
Moussa.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères,
Ahmed Abou El Gheit, a, quant à lui, déploré
carrément que ce projet ait été « lancé
sans consulter personne ». Et d’ouvrir le feu ensuite
à l’adresse du président français en
qualifiant son idée de « simple vue de l’esprit
». Outre le risque de concurrence avec l’Euromed, plusieurs
pays se sont inquiétés de l’éventuelle
création d’une structure en dehors de l’UE.
Le « gros problème » de l’initiative française
serait son financement, a ainsi estimé aussi le ministre
luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn.
« Si l’UE finance, il faut que tous les Etats de l’UE
soient associés », a-t-il noté. Lors de l’adoption
des conclusions finales de la nouvelle session de l’Euromed,
le projet de Nicolas Sarkozy a été complètement
écarté de la mise. Les ministres des Affaires étrangères
des pays participants ont réaffirmé, comme d’une
seule voix, leur « fort attachement » à l’Euromed,
qui joue un « rôle central » dans les relations
de l’Union européenne avec les pays de la Méditerranée,
tout en reconnaissant la nécessité de « consolider
le processus ». Benita Ferreiro-Waldner a reconnu qu’en
dépit des progrès, « le partenariat euro-méditerranéen
n’avait pas encore réalisé tout son potentiel,
en grande partie en raison du conflit au Proche-Orient ».
Le chef de la diplomatie algérienne a d’ailleurs développé
les mêmes idées qui tournent autour de la nécessité
« d’approfondir et d’enrichir » le partenariat
euro-méditerranéen en raison des « multiples
pesanteurs » auxquelles il fait face. Incompatible donc le
« fantasme » de Nicolas Sarkozy avec les avis de ses
partenaires méditerranéens ? Affaire à suivre.
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
Maroc, le gendarme de l’Europe
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1578
Pendant des années, le Maroc a constitué le point
de passage privilégié pour les migrants en transit
vers l’Espagne puis le reste de l’Union européenne.
Le système intégré de vigilance extérieure
(SIVE) mis en place le long des côtes espagnoles, incluant
des patrouilles mixtes hispano-marocaines, et le renforcement des
protections autour des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au
nord du Maroc (avec des murs de six mètres), qui rendent
plus difficile l’accès à l’Europe, ont
depuis 2003-2004 arrêté provisoirement une population
de migrants principalement subsahariens en attente de l’opportunité
de passer. Entre le mois d’août et octobre 2005, près
d’une vingtaine de personnes ont trouvé la mort, à
la suite de la répression exercée par les policiers
marocains qui tentaient d’empêcher un groupe de plusieurs
centaines de migrants de franchir les murs. Dans les jours qui ont
suivi, rafles et déportations de centaines de personnes ont
été organisées, soit vers leurs pays d’origine,
soit vers la frontière sud du pays.
L’Union Européenne n’attendait que ça
pour justifier un plan que depuis beaucoup des année était
en chantier : sous-traiter le contrôle de l’immigration
au voisin Maroc, partenaire privilège pour sa position géographique
et pour sa collaboration à l’espace Méditerranée.
Concrètement ce qui était demandé au Maroc
a été la participation à la sécurisation
des frontières, pour empêcher leur franchissement illégal,
de la part migrants qui depuis des mois se cachaient dans les forets
au tour des enclaves espagnoles au Maroc en attente de joindre l’Europe,
dont beaucoup de potentiels demandeurs d’asile.Le Maroc devient
donc le premier réel laboratoire de l’externalisation
imposée par l’Union Euro- péenne [1].
Même si semblait sorti ad hoc pour la situation d’émergence
des enclaves celui de l’externalisation est un projet que
l’Union Européenne essaye de faire passer depuis des
années et les événements d’octobre 2005
ont été que l’occasion pour, enfin, plier le
Maroc à l’acceptation. L’idée est donc
celle de bloquer les migrants et les demandeurs d’asile avant
qu’ils rejoignent le territoire européen et de donner
en gestion soit l’analyse des demandes d’asile que les
procédures d’accueil ou expulsions aux pays de première
frontière extérieure de l’Europe. Peu importe
si ce pays, comme la Libye, pratiquent la torture, ou, comme dans
le cas du Maroc et l’Ukraine, ne respectent pas les droits
humains, ce qui s’est fondamental est le fait qu’ils
se trouvent en une position géographique stratégique.
La méthode que l’Union Européenne adopte pour
faire passer la pilule de l’externalisation est celle du cadre
de relation de la PEV (politique européenne de voisinage),
et, pour les pays de la rive sud, le processus de Barcelone est
le passage obligé pour intégrer la politique de voisinage.
Dans la pratique la PEV permet de mettre en place un système
de co-gestion des fron- tières La PEV est mise en oeuvre
de manière différenciée selon le pays voisin
concerné, à travers des « plans d’action
» qui prévoient les actions à accomplir à
court et à moyen terme en fonction des priorités définies
pour chaque Etat partenaire.
Le Maroc signe le Plan Action avec l’UE dans le cadre de la
PEV en décembre 2004, bien avant que des corps de migrants
soient retrouvés à la frontière, ce que nous
fait comprendre que ce corps ont été seule l’excuse
pour l’application effective et réelle de ce Plan.
Plus de la moitié des mesures arrêtées par le
plan d’action « Maroc » sont concentrés
sur la répression ou sur la simple prévention de l’immigration
clandestine, montrant ainsi une orientation sécuritaire manifeste.Ce
Plan Action met en joue le système de la carotte et du bâton,
en échange du verrouillage des frontières, l’UE
essaye d’acheter le Maroc à travers des propositions
économiques, d’implantation d’entreprises capables
d’être hautement compétitives, notamment en perspective
de la libéralisation des marchés dans l’espace
méditerranéen. En échange de la répression
des migrants, l’Union Européenne promet au Maroc d’être
son partenaire et interlocu- toire privilégié au Maghreb.
Mais comme prévisible, l’UE, ne se limite pas à
des promesses théo- riques de collaboration et pour aller
jusqu’au fond de son joue et dans le cadre des fonds MEDA
promet au Maroc une participation financière en vue du développement
économique du pays en échange d’une pro- mise
de devenir le gendarme de l’Europe.
L’Union Européenne n’ont pas eu honte d’échanger
les vies et les des- tins des migrants en route avec l’Europe
avec de l’argent : la gestion de l’immigration, à
travers trois projets, a été estimée à
une enveloppe globale de 115 millions d’euros, se décomposant
comme suivent : pro- vinces du nord (70 Millions), circulation des
personnes (5 Millions), contrôle frontalier (40 Millions).
Mais qu’est il est concrètement demandé en
échange de ces faveurs au Maroc ???
La première preuve est celle de la signature des Accords
de Réadmis- sion, qui font l’objet de longues négociations
qui voient un Maroc déter- miné à faire peser
sa voix et à ne pas tout accepter de suite. Il ne faut pas
oublier que dans cette dynamique de répression des migrants
en transit sur son territoire, le Maroc tourne le dos à ses
alliés historiques, les pays africains, pour devenir le Gendarme
de l’Europe Forteresse.La signature des accords de réadmissions
a pour but « d’établir des procé- dures
rapides et efficaces d’identification et de renvoi des personnes
qui ne remplissent pas, ou ne remplissent plus les conditions d’entrée,
de présence ou de séjour sur les territoires du Maroc
ou l’un des Etats membres de l’Union européenne
et faciliter le transit de ces personnes dans un esprit de coopération
» Ce qui est recherché, c’est la célérité
et l’efficacité de la réadmission des nationaux
marocains aussi bien pour ceux entrés illégalement,
que pour les personnes qui ne répondent plus aux critères
fixés par la législation en cours concernant le séjour
dans les pays européens d’immigration.
Par ailleurs, le renforcement des contrôles déjà
effectués par l’Europe voisine et l’ouverture
de négociations pour la signature de l’accord de réadmission
UE/Maroc laissent présager une augmentation du nombre de
migrants présents sur le territoire marocain, soit du fait
de la difficulté à rejoindre l’Europe, soit
du fait de l’augmentation des réadmissions. Face à
cette éventualité, le Maroc a été “invité”
à adopter, ce qu’il semble avoir fait d’ailleurs,
une stratégie de militarisation pure et simple des frontières
et de renforcement des instruments, et des pratiques d’éloignement.
S’il est donc exact que la nouvelle législation réponde
à des nécessités d’origine européen,
il est également vrai que ces nécessités sont
toujours plus partagées - de force - par le Maroc. Le renforcement
des contrôles aux frontières exigé des pays
du Maghreb, facilité par des instruments appropriés
de coopération technique et financière, se traduit
par une augmentation du pouvoir discrétionnaire et décisionnel
des forces de police, et en général, de l’appareil
répressif de ces pays, auquel les nouvelles législations
confient un rôle de premier ordre.
La dernière étape du système de militarisation
a été finalisée en mars 2006 quand la subdélégation
du gouvernement espagnol à Melilla a officiellement présenté
le projet de construction de la nouvelle frontière qui sépare
l’Espagne du Maroc et qui empêche aux migrants de fran-
chir la limite des deux états.
Le nouveau system de contrôle permet, selon les mots de José
Fernandez Chacon, subdélégué au Gouvernement,
de retardé d’au moins 15 minutes l’entrés
des migrants. Cette nouvelle barrière entre les deux frontières
suivra le 9, 9 Km de périmètre de la frontière
et se développera de Aguadù jusqu’à la
zone sud de la ville. La trame de câbles qui intégrera
la frontière aura une longueur de 1.200 km et serait prête
pour le mois de juin prochain. Mais les câbles sont seulement
un des éléments desquels sera douée cette frontière.
Avec le nouveau system mis en marche les migrantes qui essayent
sauter la frontière se trouveront en face à un réseau
de câbles incliné de 10 degré vers le Maroc
qui leurs empêchera d’appuyer les escaliers de bois,
qui ont toujours utilisé pour leurs « escalades ».
Si le migrant arrive à passer ce premier obstacle tombera
directement en le réseau de câbles qui se tendront
avec le pois de la personne pour l’immobiliser. A ça
s’ajoute un system d’alarme qui s’active quand
quelqu’un touche la frontière et un system d’eau
à pression avec du piment pour empêcher la vue de qui
tombe en ce piége. Au moment qui parte l’alarme, très
sensible à tout type de contact, s’allument de lumières
très puissant qui sont positionnées chaque 125 mètres
du périmètres pour rendre aveugles les migrantes qui
ont déjà les pupilles dilatés par l’obscurité
de la nuit. A tous ces systèmes s’ajouteront des radars
positionnés sur les tours de contrôle présents
en tout le périmètre et qui permettront à la
Guardia Civile de détecter des possibles approchements jusqu’à
deux kilomètres de distance à l’intérieur
du territoire marocaine.
Les effets de ces longues négociations entre l’UE
et le Maroc tombent directement sur la vie des migrants, bloqués
pendant des années en conditions d’extrême précarité
et violence aux portes de l’Europe. Le système de militarisation
et contrôle bloque l’accès en Europe via les
enclaves et rouvre des autres vies, beaucoup plus longues et dangereuses,
comme celle qui du Sénégal mène aux Canaries.Les
effets des négocia- tions se lisent dans les yeux des réfugiés
au Maroc, victimes des rafles continues dans les quartiers de Rabat
et prive de tout type de protection dans un pays où l’HCR
n’a aucun pouvoir vis-à-vis de l’Etat.
Les mêmes effets se lisent aussi dans le bulletin de guerre
des morts aux frontières de l’Europe, qui seulement
en 2007 ont été 1861 ceux dont les corps ont été
retrouvés et des centaines les dispersés.
(source : http://fortresseurope.blogspot.com/...)
[1] L’externalisation c’est d’une part le fait,
pour l’UE, soit de reporter hors de son territoire certaines
procédures relatives au contrôle de ses frontières,
soit de chercher à faire endosser par des pays tiers tout
ou partie de la responsabilité qui est a sienne, en application
des engagements internationaux qu’elle a souscrits ou des
choix qu’elle a fait en matière de gestion des flux
migratoires.
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
Communiqué final de l’Assemblée des Migrants
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1579
Nous, Réfugiés, Demandeurs d’asile, migrants
et les acteurs des organisations de soutient aux migrants venant
de l’Europe, de l’Amérique et de l’Afrique
; avons tenu une Assemblée des migrants en marge du Forum
social Marocain le 27 janvier 2008 à Bouzinika. Après
des échanges, des analyses et de partage d’expériences,
Nous participants de cette Assemblée ;
Considérant l’incrimination, les violations massives
de droits et libertés fondamentaux et les atteintes à
la dignité humaine, dont sont victimes les migrants, les
réfugiés et les demandeurs d’asile, tant dans
les pays d’accueil et dans les pays de transit,
Considérant les arrestations des migrants le 25 janvier 2008
à Rabat, alors que se déroule le Forum Social Marocain
à Bouzinika ;
1. Dénonçons les pratiques d’arrestation, de
rétention, d’enfermement, de refoulement et d’exploitation
des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile.
2. Rejetons les politiques et accords entre les pays du Nord et
du Sud sur les migrations.
3. Exigeons :
- la liberté de circulation et d’établissement
partout et pour tous.
- Le respect et l’application des conventions et traités
internationaux et régionaux sur les migrations.
- La régularisation de tous les sans papiers.
4. Décidons :
- La mise en place d’une plate - forme internationale des
migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile.
- L’appropriation par les migrants, les réfugiés
et les demandeurs d’asile des journées internationales
; notamment le 08 Mars, le 20 juin, le 10 décembre et le
18 décembre pour les grandes mobilisations sur les questions
des migrations et des droits d’asile.
- La mise en synergie des actions communes et concertées
entre les acteurs du Nord et du Sud.
Fait à Bouzinika, le 27 janvier 2008
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
Dernières nouvelles
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1581
Le deuxième sommet franco-espagnol s’est déroulé
le 10 janvier 2008 à l’Elysée. Pour Nicolas
Sarkozy et José-Luis Zapatero, trois thèmes prioritaires
ont été abordés, à commencer par les
inter- connexions entre la France et l’Espagne, principalement
dans le secteur de l’énergie et celui des transports.
Très haute tension et TGV vont occuper les esprits : en effet,
l’excuse pour faire passer la THT, c’est le passage
du TGV. Le sommet va aussi permettre d’aborder la coopération
dans le domaine de la sécurité et l’immigration.
Le renforcement des échanges électriques entre la
France et l’Espagne, par les Pyrénées- Orientales,
fait la « une » des sommets entre les deux états
depuis 2001. Cette année-là, Jacques Chirac et José-Maria
Aznar avaient abordé le sujet - une nouvelle ligne aérienne
à très haute tension entre Baixas et Gérone
- au sommet de Perpignan. Six ans après, face à une
mobilisation de chaque côté des Pyrénées,
l’affaire est toujours au point mort.
Ce sommet de Paris fera-t-il avancer le projet ? Du côté
de l’Elysée, David Martinon, le porte-parole, explique
: « Il s’agira de voir comment la construction d’une
nouvelle ligne à très haute tension entre nos deux
pays, particulièrement nécessaire dans le cadre de
l’unification du marché énergétique européen,
pourra s’effectuer dans le respect des exi- gences environnementales
». Selon le secrétaire général espagnol
de l’Energie, Ignasi Nieto, « on est plus proche que
jamais d’un accord ». Il salue « un changement
très important dans la volonté française d’aboutir
sur ce dossier ». Il a aussi indiqué que l’Espagne
souhaite que le tracé international de la ligne passe par
la Jonquera-Le Perthus. La perspective est présentée
par certaines sources fiables en Espagne comme « un accord
ferme ». Selon une autre source espagnole, le sommet pourrait
même décider d’une date butoir pour le lancement
du projet, qui suscite donc toujours une vive opposition, en particulier
du côté français.
Récemment, l’affaire a connu un certain rebondissement
à la suite d’une fuite du rapport du coordinateur européen,
Mario Monti. Ce dernier préconise l’enfouissement de
la ligne. Une solution techniquement possible, mais très
onéreuse et guère plus acceptable au plan écologique.
Enterrer des bobines de câbles de 4,50 m de diamètre
peut nécessiter le creusement d’une tranchée
d’une dizaine de mètres de large. A RTE, le gestionnaire
français du réseau de transport d’électricité,
on ne cache pas une certaine perplexité face à ce
type de perspective.
Cette ligne THT est très certainement le début d’une
autoroute électrique qui va aller alimenter le pourtour méditerranéen.
Souvenez vous les pays ou des accords nucléaires ont été
conclu : Maroc, Algérie, Libye et Egypte. Regarder maintenant
sur une carte…
Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
Des opposants à la ligne THT France-Espagne interpellés
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1582
Le collectif « Non à la THT », opposé
à la mise en place d’une ligne transpyrénéenne
à très haute tension entre la France et l’Espagne,
a dénoncé l’interpellation jeudi à Paris
de plusieurs de ses militants en marge du sommet franco-espagnol
de Paris. Ces militants, qui souhaitaient remettre lors du sommet
un manifeste contre ce projet de ligne d’interconnexion de
400.000 volts, examiné par le président Nicolas Sarkozy
et le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero,
ont été « embarqués au commissariat pour
contrôle d’identité », a précisé
le collectif dans un communiqué.
Selon une source policière à Paris, sept personnes
ont été interpellées à proximité
de l’Elysée et conduits dans un commissariat parisien
pour vérification d’identité et ont été
remis en liberté vers 12H30. « Ils étaient armés
d’une banderole subversive portant l’inscription «
No a la MAT » (sigle espagnol pour THT), précise le
texte, soulignant ironiquement qu’aucun des membres de l’opposition
à la THT, français ou espagnols, « n’ont
été contactés pour se joindre à Al-Qaïda
».
Le président de « Non à la THT », Laurent
Belmas, a déclaré que la décision du sommet
de concrétiser avant le 30 juin l’interconnexion électrique
entre Figueras (Espagne) et Perpignan (France), « constitue
un passage en force, sans justification de la ligne sur le flanc
méditerranéen des Pyrénées ».
« Nous allons activer une cellule de crise composée
de « Non à la THT », du « Sydeco »
(regroupant les maires des Pyrénées-Orientales opposés
à la THT), de parlementaires du département et de
conseillers généraux pour décider de la marche
à suivre pour s’opposer à ce passage en force
», a-t-il ajouté.
Les réseaux français et espagnols de transport d’électricité,
RTE et REE, ont annoncé à l’occasion du sommet
franco-espagnol, qu’ils proposeront un tracé de ligne
à très haute tension entre les deux pays avant le
30 juin.
Communiqué du collectif d’opposition à la THT
Collectif non à la THT - Résidence les thermes 38
rue des thermes 66110 Amelie les bains 04 68 54 31 84
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