"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
Dossier Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne…

Dossier republié par l’Infokiosk de B17 suite au débat à Bellamy 17 à Nantes sur les Maquiladoras du 20 Juin 2008

Ce dossier a été publié en Février 2008 dans la revue No Pasaran n° 66

Origine : http://nopasaran.samizdat.net/rubrique.php3?id_rubrique=155

No Pasaran 21ter rue Voltaire 75011 Paris - Tél. 06 11 29 02 15 - nopasaran (at) samizdat.net



Vive la vie...

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1580

La connaissance de ces informations nous a fait poser de nombreuses questions, c’est pour cela que nous tenions à vous informer pour venir échanger, réfléchir, agir par rapport à ces projets. Il nous semble évident qu’il y a une belle occasion de lier de nombreuses luttes et finalement de mettre le doigt, là où ça peut faire mal. Nous luttons souvent face à ce que l’on nous impose. Ces projets sont aussi une imposition.

Mais en l’occurrence, il s’agit d’une globalité, et non de l’un de ses effets. Nous pouvons y opposer le monde auquel nous tendons : profitons de cette occasion pour mettre les choses à plat, pour mettre en avant des pratiques qui nous permettront d’avancer dans un sens qui participera à notre joie de vivre...

Charlie



Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

http://nopasaran.samizdat.net/rubrique.php3?id_rubrique=155

L’idée de ce dossier a germé lors des rencontres européennes éco-libertaires de Barcelone en septembre 2007. La puce nous a été mise à l’oreille par nos camarades espagnol-e-s : répondant à nos interrogations concernant des travaux conséquents (ligne THT notamment) dans la Costa brava, ils nous ont parlé du projet Émergence, un projet de maquiladoras au Maroc. C’est en fait le début d’un autre plus global : le projet d’Union Méditerranéenne.

Nous avons à travers ce projet une idée de la stratégie géopolitique de l’Europe des prochaines années : délocaliser les productions à fort coût de main d’œuvre sur tout le pourtour méditerranéen, dans des conditions d’exploitation particulièrement dures, pour permettre aux riches de l’être encore plus.

Ce dossier est une patate chaude. En France, personne ne parle de ce projet. Des gens et/ou groupe le savent, on ne sait pas jusqu’à quel niveau, on en a parlé à certains, et depuis rien. En Espagne, des militants sont hésitants pour avancer contre ce projet. Et pourtant, il y a là une occasion réelle de mettre en place une campagne européenne de convergence des luttes mêlant écologie et question sociale : nature des rapports Nord / Sud, conditions de travail, immigration et question sécuritaire, consommation énergétique, impact sur la santé, destruction de l’environnement... Ce projet avance et il n’y a pas de lutte globale sur le sujet. (juste une lutte sur la THT Perpignan / Barcelone). L’actualité nous confirme la nécessité de ce dossier :

- visites récentes de Sarko et ventes et / ou accords de centrales nucléaires au Maroc, à la Libye, à l’ Algérie et l’Egypte ;

- élections au Maroc remportées par les conservateurs, qui ne sont que un conglomérat des grands industriels et des fortunés de ce pays ;

- annonce en janvier 2008 de la mise en place de la ligne THT Perpignan / Barcelone.

Ce dossier est une première étape, une présentation du projet d’Union Méditerranéenne et du projet Emergence, ainsi qu’un rappel de ce que sont des maquiladoras et autres zones franches. Nous avons ainsi privilégié l’information à la critique en utilisant une partie du vocabulaire utilisé par les « dominants », qui sera restitué aux populations européennes et méditerranéennes. Votre critique viendra d’elle-même. Mais pour cela, il faut bien comprendre les liaisons et autres accords concernant la Méditerranée. En espérant que ces lectures vous fassent réagir, car c’est à partir de maintenant qu’il faut se mobiliser sur ces projets et imposer un arrêt du nucléaire, stopper l’exploitation des ouvrier-e-s des pays du Sud, la néo colonisation de ces pays, relocaliser l’économie dans une consommation sobre et écologique, etc.

Bref, de vivre dans un monde viable, égalitaire, jovial !


Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

Une maquiladora, qu’est-ce que c’est ?

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1561

Une maquiladora, ou son abréviation maquila, est l’équivalent latino-américain des zones de traitement pour l’exportation. Ce terme désigne une usine qui bénéficie d’une exonération des droits de douane pour pouvoir produire à un moindre coût des marchandises assemblées, transformées, réparées ou élaborées à partir de composants importés. La majeure partie de ces marchandises est ensuite exportée (sauf dans le cas des maquiladoras orientées vers la production nationale).

Les maquiladoras ont vu le jour en 1965 au Mexique, dans les zones frontalières avec les États-Unis d’Amérique. Mises en place par le gouvernement mexicain de Gustavo Díaz Ordaz par l’entremise d’un programme d’industrialisation de la frontière, on en trouve de nos jours également au Guatemala, au Salvador, au Honduras et au Panamá. Elles fabriquent entre autres des vêtements, de l’électronique, des pièces automobiles... La création des maquiladoras est en partie due à la fin du programme bracero des États-Unis, qui autorisait les Mexicains à faire des travaux agricoles saisonniers.

Cette stratégie économique prit place dans le but de contrer la crise de l’emploi qui subsistait au Mexique suite à l’échec d’un accord établi pour les travailleurs migrants mexicains, mais également suite à un exode rural qui n’avait fait qu’augmenter la population des villes telle que Mexico et Cancun, donc une augmentation des bidonvilles.

Par cette nouvelle idée, Díaz voulut augmenter l’investissement étranger dans l’économie en exportant le plus de produits possibles. Cette mesure devait améliorer l’emploi ainsi que le niveau de vie des mexicains. Le gouvernement établit donc ces zones franches, mais fixa une condition qui faisait en sorte que le PNB mexicain augmentait, d’où une croissance économique et par ce fait même le niveau de vie, théoriquement. Et l’écologie, compatible avec l’accroissement de la consommation ?

Suivant le décret mexicain Maquila du 22 décembre 1989, ces usines peuvent être entièrement propriété d’entreprises étrangères. Les multinationales eurent « l’exemption du droit tarifaire sur les intrants et les extrants, à condition que leurs produits finaux soient réexportés ».

Elles attirent les investisseurs pour leur main d’œuvre bon marché (la quasi totalité des employés sont des femmes sous-payées), le peu de régulation du travail (les employées perdent leur emploi si elles tombent enceintes), les normes environnementales peu exigeantes et bien sûr la faible taxation dont elles bénéficient.

En 2000, près de quatre mille de ces usines fonctionnaient dans ce cadre, employant plus d’un million trois cent mille personnes et représentant le tiers des importations.

Selon Juan Antonio Mateos, ambassadeur du Mexique au Maroc, malgré l’espérance du Mexique, les maquiladoras n’ont pas été suffisantes pour résoudre le problème social qui persistait dans le pays, puisque à ce jour cinquante-quatre-millions de mexicains survivent toujours dans la pauvreté bien que l’ampleur du PIB mexicain soit quatre fois plus élevé qu’un pays tel que le Maroc.


Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

Mexique : des femmes dans l’enfer des maquiladoras

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1563

Une fois que l’on franchit les portes de la fabrique, on entre dans un monde parallèle, dans lequel l’intense exploitation, le harcèlement sexuel comme manière de discipliner et l’interdiction de se syndiquer se combinent librement pour qu’au nord du Mexique, autour de dix mille femmes assemblent des jeans, des lecteurs de cassettes ou des montres-bracelets. « Cela semble de la fiction, mais non ce n’en est pas, c’est la réalité et c’est l’enfer », condamne Martha Ojeda, travailleuse et activiste des fabriques « maquiladoras ».

Les maquilas ne sont pas des fabriques. Là, rien ne se produit, s’assemblent seulement les parties des produits et ils sont réexportés vers les États-Unis. Les syndicats « néolibéraux » qui ne laissent pas les femmes se syndiquer, l’État mexicain et sa police et les grandes entreprises transnationales, tous sont des acteurs avec nom et prénom, ils ont été et continuent à être responsables de cette situation. Martha est passé par Buenos Aires pour, avec trente autres travailleurs de différents pays d’Amérique latine, transmettre et partager des expériences dans le Séminaire International Conditions de Travail et Santé, organisé par l’Atelier d’Études du Travail. « Quand les maquilas arrivent, les gouvernements disent qu’il ne faut pas les gêner parce qu’elles te génèrent des emplois et ils leur assurent stabilité et tous ceux qui veulent faire du tapage, créer des problèmes, sont licenciés, réprimés ou inscrits sur des listes noires qui circulent parmi l’association de maquiladoras et tu ne peux travailler dans aucun endroit », a-t-elle raconté après son intense journée.

Pourquoi embauchent-ils plus de femmes que d’hommes ?

Ils disent que nous sommes plus prolixes, mais en réalité ce qu’ils croient c’est que nous sommes plus soumises. Ce que j’ai vécu, la majorité était des femmes. Maintenant, avec la technologie, ils te font un examen d’urine dans un laboratoire, mais avant tu devais montrer ta serviette hygiénique pour démontrer que tu n’étais pas enceinte, dans le cas contraire, ils ne t’embauchaient pas. Maintenant non plus, parce que conformément à notre loi, tu as droit à 45 jours avant et 45 jours après, et pour eux, ce serait te payer pour rien et avant la période de maternité tu ne produis pas la même chose que n’importe quelle autre personne. Il y a beaucoup de harcèlement sexuel par les superviseurs et les chefs de ligne et si tu n’acceptes pas, ils te jettent, si tu acceptes, ils te mettent enceinte et te licencient. Tu n’as pas beaucoup d’alternative au fait d’être une femme. Un autre des grands problèmes est la santé reproductive.

Dans le département de peinture, nous peignions avec une plaque les cassettes de 60 ou 90 minutes, et la peinture débordait, nous devions alors nettoyer la cassette avec de l’alcool pour qu’elle reste jolie, mais là beaucoup d’enfants ont commencé à naître avec des défauts de naissance, sans le cuir chevelu. Ils nous disaient qu’ils avaient une tumeur. J’en ai vu un avec le dos ouvert, les docteurs nous disaient que c’était un problème héréditaire, génétique des parents, mais quand beaucoup d’enfants ont commencé à naître ainsi, tu t’attends à ce qu’ils ne soient pas tous de la même personne : non ? Et les entreprises n’ont voulu reconnaître aucune responsabilité.

Comment est un jour de ton travail ?

Au départ tout était manuel, nous assemblions les lecteurs de cassettes, tu attrapais la feuille, la coquille, le cylindre et tu le vissais, avec un format différent s’il était américain, s’il était français, s’il était japonais. Après nous avons commencé à faire la cassette Beta, ensuite la VHS, ensuite le Floppy disk, après qui sait ce que nous faisions mais nous devions nous habiller comme des astronautes et ils nous faisaient prendre des douches d’air dans des départements. Nous avions seulement 10 minutes de repos par jour. Avant, nous travaillions 9 heures et demie, maintenant nous en travaillons 12, c’est ce qui s’appelle la flexibilisation du modèle. Le salaire est de 50 dollars par semaine. Tu assembles des bombes, des parties d’hélicoptères, des vêtements, des parties d’autos, d’ordinateurs, de télévisions, d’appareils électroménagers. Nous ne pro- duisons aucune des parties, nous ne faisons que de l’assemblage.

Comment es-tu entré dans les maquilas ?

Ma maman a été la première génération de la maquila, je travaillais avec elle. Ils sont venus nous recruter à l’école, j’étais au lycée quand le gérant est arrivé et ils nous ont toutes, nous sommes toutes allées à la maquila. A 15 ans, je travaillais avec ma mère, soudant avec du plomb des parties de télévision, nous ne savions même pas ce que c’était, mais bon, ils disaient que c’était une télévision. Un jour nous arrivons au travail avec la camionnette qui nous transportait et la maquila était fermée par une affiche qui disait « nous sommes partis », ils avaient emporté salaires, épargnes, gains, et tout à coup des milliers de femmes, nous étions trois mille, avons commencé à faire des gardes pour racheter les machines, et voir s’ils pouvaient nous payer quelque chose. C’était en 1975, quand a commencé tout ce modèle économique. Après, j’ai commencé à travailler dans la couture. Tu travailles depuis l’aube, tu dois prendre deux ou trois camions pour y arriver. Les parcs industriels sont promus par le gouvernement, ils leur donnent de terribles étendues avec électricité, citernes d’eau, mais tous les gens qui travaillent dans les maquilas sont des immigrés de Mexico ou de l’Amérique centrale, et arri- vent avec l’espérance de passer la frontière (des Etats-Unis) et alors leur arrêt est la maquila, et ils commencent à vivre dans des cordons de pau- vreté comme les fiefs du moyen âge, les châteaux et tout les pauvres gens autour. Ils vivent dans des maisons en carton, sans électricité, sans égout, sans rien, les températures sont extrêmes, il y a des problèmes de extrêmes, il y a des problèmes de déshydratation, des problèmes gastro-intestinaux des enfants et beaucoup de pollution.

Comment a eu lieu l’implantation de ces fabriques dans la zone limitrophe avec les États-Unis ?

Ceci a été un modèle de laboratoire. Ils l’ont nommé Programme d’Industrialisation de la Zone Nord, et les États-Unis avec cela ont essayé d’arrêter l’immigration, qui a toujours été la pierre dans leur chaussure. Tout a commencé quand le programme Bracero, permis de travailler à la campagne, se termine en 1965, juste quand il commence à y avoir toute la résistance et les mouvements étudiants. Vient ensuite la répression étudiante de 1968 et il y a un accord entre le gouvernement du Mexique et la Banque mondiale, le pays est gracié par les autres banques et obtient des crédits de la BM et du FMI, et en échange ils doivent poursuivre la gauche radicale et c’est quand ils commencent à former les « bataillons Olimpo » et à tuer tous les étudiants. Pendant ce contexte de persécution, au nord, ils commencent ce processus d’industrialisation. Ils ont créé une fabrique du côté nord-américain et une du côté mexicain. Ici ils n’apportaient pas plus que les composants, nous les assemblions et le tout était renvoyé de l’autre côté de la frontière. Ils croyaient qu’en donnant ces emplois, ils allaient arrêter l’immigration, particulièrement en raison du fait que la majorité était des femmes.

Comment commence la résistance des travailleuses ?

En 1994, quand presque 2 000 femmes décident de s’organiser. Juste quand le Mexique signe le Traité de Libre Echange avec les Etats-Unis et le Canada, l’Alena. Nous faisons un soulèvement et paralysons sept maquilas de Sony et j’étais l’une des dirigeantes. Nous voulions le syndicat pour les problèmes de santé que nous vivions. Le déclencheur a été quand ils décident de nous augmenter la journée à 12 heures. La loi disait que nous devions en travailler 8 ; ils nous baisaient déjà parce que nous en travaillions 9 et maintenant ils nous disent 12. Leur argument est que maintenant nous allions produire ici la coquille, le plastique, le moule, que ces machines ne pouvaient pas s’arrêter et devaient fonctionner 24 heures sur 24, et que nous allions travailler 4 jours par semaine et non cinq, et que la somme faisaient 48 heures par semaine comme le marque la loi. Mais la loi dit 48 heures hebdomadaires et 8 heures quotidiennes rien de plus ; même si tu veux tu ne peux pas les travailler parce que tu as besoin de te reposer. C’est à ce moment que nous avons commencé à nous organiser, nous devions faire quelque chose, ce n’est rien de moins que tes enfants, ta santé, ta vie qui est en jeu. J’ai été 20 ans chez Johnson et Johnson, la Géneral Motors, la General Electric. Ca Suffit ! C’est à ce moment là que les 2 000 femmes de la Sony avons décidé de nous organiser. Le Traité de Commerce Echange ou Alena est signé en janvier, les zapatistes se soulèvent en janvier et nous en avril, nous avons fait un campement et avons exigé avoir un syndicat. Mais nous étions toutes les premières femmes audacieuses, tout le leadership était aux hommes et ils nous disaient que comment allions-nous avoir un syndicat, que les syndicats étaient aux hommes. Ils disaient que c’était une folie d’entrer dans le syndicat, ils ont commencés à nous dire que nous n’allions plus entrer à la maquila, qu’ils allaient parler aux chefs. Le premier jour, ils envoient les pompiers qui nous arrosent en pensant que toutes les jeunettes, nous avions de 15 à 25 ans, allions avoir peur. Mais non, tout le monde est resté là, dans la rue. Au jour suivant, ils rentrent sur les parkings et toutes les travailleuses nous nous jetons au sol pour montrer que, pour sortir la production, ils devaient nous passer sur le corps, et que la maquila allait continuer stoppée. Le leader du syndicat était avec le gouvernement, ils nous envoient la police et ils arrêtent 20 compagnes et moi même qui étions les leaders des sept maquilas. Déjà quand ils nous arrêtent, les gens vont à la police et leur disent que soit ils nous libèrent soit qu’ils doivent arrêter tout le monde. Après que les compagnes aient dormi une semaine dans la rue, ils nous libèrent. Peu après, toutes les fabriques se sont arrêtées et nous étions environ 10 mille à ce moment. Mais le gouverneur a dit que nous déstabilisions parce que les entreprises nous garantissaient les emplois et a donné l’ordre de m’arrêter en envoyant les soldats. Ils sont entrés avec mitraillettes, ils ont frappé tout le monde. Un des compagnons m’a fait monter dans une auto et ils m’ont emmené aux Etats-Unis pour pouvoir me sauver. J’ai été deux ans sans pouvoir revenir au Mexique, le délit avait été d’essayer de créer un syndicat qui défendait la santé des travailleuses. Quand finalement je peux retourner au Mexique, toutes travaillaient déjà 12 heures.

Martha ne veut pas dire son âge. Elle n’est pas mariée et n’a pas d’enfant. Sa vie est sa lutte. « En plus de travailler, je voyage beaucoup à différents endroits pour me connecter avec d’autres travailleurs, un jour je suis ici, un autre là. Quand tu entres aux maquilas, tu t’oublies. J’ai des frères, mais je ne les vois pas. Heureusement, j’ai mes compagnes. Depuis ici, depuis Buenos Aires ou un autre lieu éloigné du nord mexi- cain, les histoires qui s’écoutent sur les maquilas peuvent sembler à de la science-fiction, mais ne le sont pas, c’est la réalité et c’est l’enfer.


Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

Situation des zones franches au sud et à l’est de la Méditerranée

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1564

La zone franche [1] est une zone géographique limitée bénéficiant d’incitations à investir, dont l’exonération des droits de douanes, et d’un traitement fiscal et social préférentiel. Les buts recherchés sont inscrits comme priorités nationales :

- renforcer la balance commerciale par un apport de devises et une aug- mentation des exportations ;

- contribuer à une plus grande intégration interindustrielle (pays développé - pays en développement) et élever la compétitivité internationale de l’industrie nationale ;

- élever la compétence des travailleurs et impulser le développement et le transfert de technologies ;

- maintenir la main d’œuvre sur place et donc freiner l’immigration ;

- créer des emplois.

De plus les pays d’accueil prennent en charge tous les coûts d’infrastructures : routes, installations portuaires, téléphone, eau, énergie etc. Ces derniers pouvant même être offerts à bas prix ou gratuits les premières années. D’autre part, pour les entreprises asiatiques qui, dans leurs pays d’origine, ont rempli leurs quotas textiles à destination des EU, les ZF de l’Amérique centrale, qui bénéficient d’accords préférentiels, sont une plate-forme pour accroître leurs exportations. Chaque pays du Sud et de l’Est méditerranéen propose déjà, et à des degrés divers, toute l’infrastructure des mesures propres aux ZF.

Quelques-unes d’entre elles sont citées ci-dessous :

Chypre : Impôt sur les sociétés relativement bas (20% pour les compagnies autochtones, de 4,5 % à 0 % pour les étrangères), exonération de droits de douanes et d’impôts sur les charges pour la ZF de Larnaca etc.

Maroc : Exonération totale d’impôts sur les sociétés et sur le revenu les 5 premières années et de 50 % les années suivantes. Transfert total des profits après impôts sans limitation, exonération complète de la TVA sur tous les équipements, matières premières, outils, etc (Charte pour l’investissement dans le royaume du Maroc).
Algérie : Exonération de TVA sur les biens et services importés ou acquis localement pour une durée de 3 ans, exonération des taxes sur la propriété, de l’impôt sur les bénéfices des sociétés pour 2 à 5 ans ; droits de douanes limités à 3% sur 30 produits (au lieu de 25-45%) ; charges de sécurité sociales de l’employeur limitées à 7% du salaire brut (au lieu de 24,5 %).

Tunisie : Loi d’incitation à l’investissement de janvier 1994. Les entreprises exportant au moins 80 % de leurs produits bénéficient d’une exonération totale de l’impôt sur les sociétés pendant 10 ans et d’un impôt réduit de 50% au delà. Les profits réinvestis sont totalement défiscalisés. Des incitations supplémentaires sont disponibles pour promouvoir les investissements dans la santé, l’éducation, les transports, la protection de l’environnement, le traitement des déchets, la recherche et le développement technologique.
Egypte : Alexandria (El-Amreya), Damietta, Ismailia, Nasser City, Port Said, Suez. La loi 8 de 1997 prévoit une exonération générale d’impôts pendant 5 ans pour une entreprise travaillant dans l’un des 16 domaines couverts par celle-ci. Des incitations spécifiques sur 10 ans sont concédées aux projets dans des zones industrielles nouvelles, des communautés urbaines, des zones reculées.

Jordanie : Ad-Dulayl, Al-Tujamuat, Aqaba (39 usines), Irbid, Kerak, Queen Alia Airport, Zarka (84 usines, 662 sociétés commerciales !). Les capitaux nécessaires à l’expansion, le développement et la modernisation d’un projet sont exonérés de droits et de taxes si cette augmentation a pour effet d’augmenter sa taille initiale de 25 %.
Syrie : Adra, Alep, Damas : Aéroport et ZF, Dar’a, Latakié, Tartus. Pas de license d’importation requise pour les intrants et les marchandises qui entrent dans les ZF. En sont exclus les matériels militaires et les marchandises interdites. Pas de règlements ni de restrictions pour la réexportation, excepté pour les matériels militaires et les marchandises inter- dites internationalement.

Turquie : Adana Yumurtalik, ZF de l’Egée, Antalya, ZF d’Europa, Erzu- rum Eastern Anatolia, Gaziantep, Aéroport Ataturk d’Istanbul, Istanbul International Stock Exchange, ZF du cuir d’Istanbul, ZF d’Istanbul, Izmir Menemem-Leather, Mardin, Mersin, Kayseri, Rize, Trabzon, Samsun. Exonération d’impôts sur les sociétés, de la TVA, des droits de douanes, des taxes, ainsi que des prêts avantageux pour les investissements en recherche et développement. Le gouvernement a introduit des incitations spéciales pour l’investissement dans l’est et le Sud-est du pays.

Malte : Exonération de taxes pour toute nouvelle industrie exportant 95 % de sa production. La loi de 1989 sur le port libre de Malte exonère les compagnies autorisées à y exercer leurs activités du paiement des droits de douanes, de l’impôt sur les bénéfices et des droits d’enregistrement. Ces incitations sont valables à la fois pour les compagnies nationales comme pour les étrangères.

Liban : Zones franches de Beyrouth Port, Tripoli Port, Selaata. Secret bancaire, régime des échanges libre sans contrôle sur le flux des capitaux. Toutes les ZF offrent des incitations industrielles et financières, dont la possibilité pour les étrangers de posséder les entreprises à 100 %, 10 années d’exonération d’impôt sur les sociétés, des droits de douane pour les marchandises entrant et sortant des ZF etc.
Palestine : 6 zones franches dénombrées, exonération d’impôts sur les bénéfices des sociétés 100%, sur 10 ans ; exonération des droits de douanes sur les matières premières, la taxe foncière et sur les actifs immobilisés.

Les zones de libre échange (ZLE)
Les ZLE s’inscrivent dans le processus de libéralisation des échanges de marchandises et de capitaux à l’échelle mondiale. Elles prévoient l’élimination des barrières douanières et de toute entrave à la circulation des marchandises. Elles organisent le développement de l’économie de marché dans le cadre de la poursuite et de l’approfondissement des plans d’ajustement structurel imposés par le FMI et la BM aux pays endettés.

Source : BIT multi, Export processing zones

[1] Différents noms pour une même réalité : Selon les pays, les zones franches ont différentes appellations : Free zones : Irlande, Trinidad et Tobago, Turquie, Emirats Arabes Unis, Uruguay, Venezuela. Maquiladoras/maquiladora : Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique, Panama. Special economic zones : Chine Industrial free zones : Colombie, Ghana, Madagascar, Syrie et Jordanie. Free trade zones : Bulgarie, Chili Export free zones : Jamaïque Free trade and industrial zones : Iran Special export processing zones : Phi- lippines Export processing free zones : Togo Tax free factories : Fidji Bonded zone Indonésie Free zones and special processing zones : Perou Free economic zones : Russie Industrial estates : Thailande « Points francs » : Cameroun


Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

Le projet d’union Méditerranéenne

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1574

Certains passages de cet article sont issus de la presse capitaliste (ils sont entre crochets). Explication : il y a peu d’informations dans les milieux alternatifs, et il semblait intéressant d’utiliser une partie de leurs discours pour permettre à chacun de faire sa propre critique, et de permettre la confrontation de nos positions aux leurs avec « leurs mots ». Pour bien suivre ce sujet, il convient avant de comprendre la stratégie euro méditerranéenne : l’Euromed et le processus de Barcelone.

L’Euromed est le partenariat lancé par l’Union européenne avec les pays sud-méditerranéens lors de la Conférence de Barcelone de 1995. Douze ans après, le bilan est mitigé. La paix n’a pas été instaurée dans la région. Aux conflits régionaux se sont ajoutés les actes de terrorisme et le développement de l’immigration clandestine. La démocratisation des pays sud-méditerranéens a peu progressé, et la pauvreté, le chômage et l’analphabétisme sont toujours très présents. L’élargissement en 2004 de l’Union européenne aux pays de l’Europe de l’Est a été considéré également comme une preuve de désintérêt vis-à- vis des pays du sud de la Méditerranée. Afin de pallier à ce bilan mitigé, une deuxième conférence a été convoquée à Barcelone en 2005. Boycottée par la plupart des chefs d’État des pays du sud de la Méditerranée, elle a été axée principalement sur la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine. Parallèlement au Processus de Barcelone, a été instaurée à partir de 2004 la Politique européenne de voisinage (PEV), qui regroupe un certain nombre de pays de l’Europe de l’Est et du sud de la Méditerranée. Seuls cinq pays méditerranéens ont adhéré à cette PEV : le Maroc, la Tunisie, l’Autorité palestinienne, la Jordanie et Israël. Nicolas Sarkozy a critiqué le Processus de Barcelone, et a lancé le projet d’Union Méditerranéenne. Cette Union devrait à la fois être diplomatique et stratégique, mais également culturelle et civilisationnelle. Sarkozy a précisé que cette Union ne devrait pas se substituer au Processus de Barcelone, mais l’accompagner.

Dans un discours prononcé à Tanger le 23 octobre, Nicolas Sarkozy a officiellement lancé son projet d’Union de la Méditerranée. Il a de nouveau affirmé sa conviction que ce qui se joue dans cette région est décisif, non seulement pour l’avenir des peuples riverains, mais pour celui de l’humanité. C’est, selon lui, là où se décidera si oui ou non les « civilisations et les religions se feront la plus terrible des guerres, si oui ou non le Nord et le Sud s’affronteront, si oui ou non le terrorisme, l’intégrisme et le fondamentalisme réussiront à imposer au monde leur registre de violence et d’intolérance ». On ne peut pas plus nettement affirmer le caractère stratégiquement central de la zone.

Nicolas Sarkozy fait donc de la Méditerranée l’épicentre de l’avenir des relations Nord-Sud et de celles entre le Monde musulman et le Monde occidental. S’inspirant de ce qu’a été la construction européenne, il propose de partir de solidarités concrètes, de projets réels afin de progresser. On se rappelle en effet que la construction européenne est partie de l’idée de mettre en commun la production de charbon et d’acier de la France et de l’Allemagne, à l’époque matières stratégiques, afin selon l’expression de Jean Monnet, de rendre la guerre « impossible parce que impensable » entre des pays européens pourtant habitués à se déchirer dans la guerre.

La construction européenne n’est pas partie d’une architecture globale, elle s’est faite progressivement à partir de projets empiriques pour devenir quelque chose qui a largement dépassé les espoirs initiaux. Le Président français ne veut pas imiter le modèle institutionnel européen, mais la démarche pragmatique qui a conduit à sa création. Il propose une Méditerranée à géométrie variable, avec des projets qui ne portent bien sûr pas sur le charbon et l’acier mais sur le développement durable, l’énergie, les transports, l’eau. Il s’agit selon son expression de faire une union de projets. Il a proposé de tenir un sommet des chefs d’Etats des pays riverains en juin 2008 où seraient invités les pays qui ne sont pas riverains de la Méditerranée, mais qui se sentent concernés. Le projet de Nicolas Sarkozy apparaît comme visionnaire pour certains, comme encore trop vague pour d’autres.

L’approche suscite plusieurs interrogations.

Quelle différence par rapport au Processus de Barcelone, lui-même bloqué par la prolongation du conflit israélo-palestinien ? Dans sa comparaison avec le système européen, Nicolas Sarkozy indique que l’Europe ne s’est pas construite sur l’expiation des Allemands, que les peuples européens se sont immédiatement projetés dans l’avenir. Mais si l’Europe a pu se réconcilier, contrairement à l’Asie, après la Seconde Guerre mondiale, c’est bel et bien parce que l’Allemagne a reconnu ses crimes de l’ère hitlérienne, alors que le Japon a toujours reconnu trop peu ou trop tard ses crimes de guerre.

Mais surtout si l’Europe a avancé, c’est parce qu’elle était en paix. Les projets communs ont consolidé la paix, ils ne l’ont pas précédée. Dans quel projet commun par exemple, Israéliens et Palestiniens pourraient- ils s’engager aujourd’hui ? En l’absence d’un règlement de ce conflit qui empoisonne l’atmosphère internationale, est-il possible d’avancer même sur des projets concrets entre pays arabes et Israël ? On peut penser par exemple qu’avoir une Méditerranée propre, débarrassée de toute pollution, est de l’intérêt commun de tous. Mais peut-on avancer sur ce sujet, alors que les Palestiniens n’ont pas accès à la mer, sans parler des dégâts écologiques subis par le Liban au cours de la guerre que lui a faite Israël ? Si la Méditerranée a une place stratégique cen- trale, c’est justement à cause du conflit israélo-palestinien, dont on sait qu’il est très important dans la problématique des relations Monde musulman/Monde occidental. Tant qu’il ne sera pas résolu, les ambitieux projets de Nicolas Sarkozy auront du mal à prendre corps. C’est certainement là la principale faille. Il veut faire avancer les choses pour ne pas être bloqué par le dossier israélo-palestinien, mais tant que celui-ci ne sera pas résolu, il sera difficile d’avancer concrètement. Nicolas Sarkozy l’avait annoncé lors de sa campagne présidentielle : il souhaite la mise en place d’une « Union méditerranéenne », véritable interlocuteur de l’Union européenne, garant du libre-échange et du contrôle des flux migratoires.

À Toulon, le 7 février 2007, alors qu’il était encore candidat à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy a publiquement proposé l’idée d’une « Union méditerranéenne ». Celle-ci devrait, selon lui, réunir dans un cadre institutionnel commun l’ensemble des pays et territoires du sud et de l’est de la Méditerranée (du Maroc à la Turquie, en passant par l’Algérie, l’Égypte, Israël et les territoires palestiniens occupés, le Liban) avec l’Union européenne. À Dakar, le 26 juillet 2007, alors président de la République, Sarkozy a repris cette idée, en l’élargissant au projet de création d’une « Eurafrique », aux forts relents coloniaux. Ce dernier discours a été durement critiqué dans de nombreux pays africains, surtout en raison des sous-entendus culturalistes lourds - sur les Africains retardés, immobiles et attachés à un ordre fondé sur l’« éternel recommencement », au lieu d’entrer « dans l’histoire », selon la formule du président français - qu’il comporte. Sarkozy s’était montré donneur de leçons, tout en prétendant « tendre la main » à l’Afrique, si elle accepte d’entretenir des relations fortes avec l’Europe. Cependant, le discours de Toulon et ceux qui l’ont suivi, développant le concept d’« Union méditerranéenne » (désormais bombardée noyau de la future « Eurafrique »), ont suscité moins de réac- tions. Le concept lancé, à entre-temps, connu un premier début de réalisation sur le plan politique. Ainsi, le 28 mai 2007, le président du Conseil italien, Romano Prodi, et le président français, à l’issue d’une rencontre à Paris, ont annoncé une initiative commune. Lors d’une conférence de presse, les deux hommes annoncèrent la tenue d’une conférence commune de sept « pays euro méditerranéens » : la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal (quoique ce dernier ne soit pas un pays riverain de la Méditerranée), Malte, la Grèce et Chypre. La future conférence devrait donner lieu au lancement d’une initiative qui s’adresse aux États des rives sud et est de la Méditerranée. Pour l’instant, ce projet n’en est qu’au stade embryonnaire.

Au cœur du projet de l’« Union méditerranéenne » à la sauce Sarkozy, se trouve l’idée d’une future organisation régionale, fortement arrimée à l’Union européenne, avec qui elle entretiendrait un lien organique, comme le définissait Sarkozy à Toulon : « C’est à la France, européenne et méditerranéenne à la fois, de prendre l’initiative [...] d’une Union méditerranéenne, comme elle prit jadis l’initiative de construire l’Union européenne. Cette Union méditerranéenne aura vocation à travailler étroitement avec l’Union européenne. Elle aura vocation, un jour, à avoir avec elle des institutions communes, parce que la Méditerranée et l’Europe auront pris conscience que leurs destins sont liés. »

L’objectif principal est de donner un encadrement institutionnel, politicojuridique, au projet d’une zone de libre-échange régionale que les industries européennes appellent de leurs vœux. Avec cette idée, Sarkozy, à Toulon puis avec Romano Prodi, a tiré les leçons du relatif échec du « dialogue euroméditerranéen », lancé lors d’une conférence tenue à Barcelone, en novembre 1995, qui réunissait un nombre important d’États du bassin méditerranéen. Ce processus d’intégration régionale (principalement économique et fondée sur le libre-échange) se trouve actuellement en panne, pour plusieurs raisons.

Le processus de Barcelone, qui devait avancer grâce aux relations bilatérales entre l’Union européenne (UE) et chaque pays du sud ou de l’est de la Méditerranée, à travers des « accords d’association » avec l’UE conclus pays par pays, a butté sur certaines contradictions internes. Ainsi, l’Union européenne se montre-t-elle adepte du libre-échange vers l’extérieur, pour imposer aux autres l’ouverture de leurs marchés, mais, souvent encore, protectionniste lorsqu’il s’agit de contrôler l’accès à ses propres marchés intérieurs. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne le marché agricole, l’Espagne se trouvant en situation de concurrence directe avec les produits agricoles proposés par le Maroc ou la Tunisie, et la politique agricole constituant par ailleurs un nœud épineux des politiques communautaires européennes. Aussi, la conclusion d’accords de libre-échange, notamment avec le Maroc et la Tunisie (dès 1996), prévoyant une ouverture totale des marchés de ces deux pays à l’horizon 2010, n’a pas drainé autant de capitaux que certains l’espéraient. Au lieu de créer un « choc de développement », les capitaux investis ont eu tendance à occuper des « niches » spécifiques, comme par exemple le transfert de nombreux centres d’appels d’entreprises françaises vers la Tunisie ou le Maroc. Très récemment, les capitaux européens investis ont été concurrencés par l’arrivée de nouveaux investisseurs, notamment venus du Golfe (où les États et la bourgeoisie disposent de beaucoup de liquidités en raison du cours du pétrole) ou de Chine. Les pays européens ayant le plus d’intérêts dans la région se devaient donc de réagir pour passer à l’offensive. Le processus de Barcelone a aussi quelque peu souffert de l’absence d’ini- tiative politique forte, ce terrain étant abandonné au profit des relations éco- nomiques et des accords bilatéraux, en l’absence de tout débat politique au niveau central. Derrière les grands dis- cours sur les vertus du « dialogue entre les cultures », qui avaient accompagné le lancement du processus de Barcelone, se dissimulait l’absence de tout progrès dans les relations entre les peuples et l’absence de toute solution acceptable du conflit israélo-palestinien. Le durcissement du conflit, après 2000, et l’aggravation radicale des conditions de vie des Palestiniens dans les territoires occupés focalisent aussi l’attention d’une partie des élites politiques dans les pays du sud de la Méditerranée. Leur croyance en un « dialogue », animé par le Nord et qui résoudrait les problèmes de la région, dans l’harmonie et l’échange, en a pris un sérieux coup.

Le projet stratégique de Nicolas Sarkozy pour le bassin méditerranéen développe donc une nouvelle conception : les relations multilatérales doivent être encadrées par une construction institutionnelle, avec un certain niveau de centralisation. Une telle structure régionale d’intégration, adossée à l’Union européenne, permettrait aussi à Nicolas Sarkozy de justifier la tenue à l’écart de la Turquie, qu’il ne souhaite pas voir intégrer l’UE, flattant par là même les préjugés racistes d’une partie de l’opinion publique. Et Sarkozy d’expliquer : « C’est dans la perspective de cette “Union méditerranéenne” qu’il nous faut envisager les relations de l’Europe et de la Turquie. La Turquie est un grand pays méditerranéen avec lequel l’Europe méditerranéenne peut faire avancer l’unité de la Méditerranée. »

Le projet de Sarkozy comporte aussi une dimension relevant de la politique intérieure française. Il constitue l’occasion de faire revivre un certain état d’esprit colonial, en établissant un lien entre son projet pour l’avenir et le passé de ceux qui étaient jadis partis, en tant que colonisateurs, dans le bassin méditerranéen. Ce n’est point un hasard si le discours fondateur de la politique de Sarkozy sur l’« Union méditerranéenne » a précisément été tenu à Toulon, ville à forte concentration de pieds- noirs, ancien fief politique de l’extrême droite repassé - au niveau municipal - à l’UMP en 2001, et où le candidat Nicolas Sarkozy a pu récupérer, aux élections de 2007, un nombre important d’anciens électeurs du Front national.

Ce jour-là, Sarkozy a symboliquement renoué avec la tradition des conquérants militaires et des colonisateurs : « Le drame algérien, l’occultation du passé colonial, la mode de la repentance ont contribué à nous rendre étrangers à ce qui avait été si longtemps et si naturellement un prolongement de nous-mêmes. [...] On peut désapprouver la colonisation avec les valeurs qui sont les nôtres aujourd’hui. Mais on doit respecter les hommes et les femmes de bonne volonté qui ont pensé de bonne foi œuvrer utilement pour un idéal de civilisation auquel ils croyaient. Je veux le dire à tous les adeptes de la repentance, qui refont l’histoire et qui jugent les hommes d’hier sans se soucier des conditions dans lesquelles ils vivaient, ni de ce qu’ils éprouvaient. [...] Tous ceux d’entre vous qui sont revenus des colonies en ayant tout abandonné, n’emportant avec eux que leurs souvenirs de jeunesse et cette nostalgie qui ne les quittera plus jamais, je veux dire que si la France a une dette morale, c’est d’abord envers eux. » Parions, tout de même, que ces ten- tatives de flatter à la fois les esprits les plus colonialistes et les plus rétro- grades de la société française comme les élites des pays du sud et de l’est de la Méditerranée seront également sources de contradictions. « Trier » les immigrés.

Au-delà des promesses sur le « dialogue entre les cultures », le projet sarkozyen renferme une importante dimension sécuritaire, dirigée contre les flux migratoires « non désirés ». Ainsi, Nicolas Sarkozy développe-t-il, dans son discours de Toulon : « Je souhaite qu’une convention soit élaborée entre tous les pays méditerranéens pour faciliter les reconduites à la frontière, et je souhaite que celui qui a été reconduit dans son pays ne puisse pas obtenir un titre de séjour en France pendant les cinq ans qui suivent. Je souhaite que les étrangers en situation irrégulière soient exclus du droit au logement opposable. [...] Je souhaite que soit mise en place, avec tous les pays qui l’entourent, une politique commune d’immigration choisie, c’est-à-dire décidée ensemble, organisée ensemble, maîtrisée ensemble, et que dans ce cadre chaque pays fixe chaque année le nombre des étrangers qu’il peut accueillir. »

 


Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

Le projet Émergence au Maroc

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1575

Ce texte est en partie repris de la Gazette du Maroc. Comme pour l’article précédent, les citations sont entre crochets. Ce sont des données brutes. Je n’ai pas pu aller voir de mes propres yeux, donc je reprends une source locale. Toujours la même volonté de donner de l’info brute afin que vous puissiez faire votre propre vision. Et ainsi approfondir le sujet.

L’offshoring

[Concrètement, l’offshoring consiste en la mise en place de structures d’accueil pour attirer les marchés de la sous-traitance dans le domaine des services. Il s’agit de capter une bonne partie des mouvements d’externalisation dans les banques, les assurances et les sociétés spécialisées dans l’informatique. Pour des raisons de coûts, ces secteurs se débarrassent, par exemple, de tout ce qui est administratif en le transmettant à des plates-formes équipées en hot line et disposant de ressources humaines qualifiées. La stratégie Emergence promet, grâce à cette filière, de créer 91 000 nouveaux emplois directs à l’horizon 2013. Les objectifs sont étalés sur 10 ans (2003-2013). il faut créer des “zones intelligentes”, former les ressources humaines et mettre en place un package capable d’attirer les donneurs d’ordre et investisseurs.] En gros, ils vont former directement sur place les futurs travailleurs et travailleuses directement sur place. C’est tout bénéfice pour les industriels car c’est le pays d’accueil qui, bien sûr, paiera les coûts de ces structures de formation.

Cela va se passer du coté de Casablanca ou le projet est déjà démarré. La machine est déjà en route. Donc il va falloir réagir vite.

Côté formation, la zone disposera d’un grand établissement dédié aux nouveaux métiers des technologies de l’information et à ceux de l’offshoring, dont les travaux ont été lancés le 22 décembre 2005. Il sera édifié sur 12 000 m2 et relèvera de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT). Sa capacité d’accueil sera de 3.000 étudiants. Parallèlement à cela, les promoteurs du projet planchent actuellement sur la définition du package qui sera à la base de la stratégie commerciale de CasaShore. Il s’agit de l’étude des coûts, notamment de la location d’espaces et des ressources humaines, des avantages inclus dans l’offre de CasaShore.

Zones industrielles.

Dans le segment industriel, “Emergence” table sur la création de grandes zones spécialisées et gérées de manière autonome sous forme de sociétés, associations ou groupements d’intérêt économique (GIE). Trois secteurs ont été identifiés et peuvent donc disposer de ces maquiladoras : l’aéronautique, l’automobile et l’électronique. Une précision s’impose d’ores et déjà. Le plan Emergence ne comptait que l’automobile et l’électronique parmi les secteurs-phares pour le positionnement du Maroc.

Mais le boom que connaît le secteur aéronautique et la vague de délocalisations vers le Maroc, ont encouragé les instigateurs d’ Emergence à l’intégrer dans la stratégie industrielle du pays. D’ailleurs, la technopole de Nouaceur, dédiée exclusivement à l’aéronautique sera la première maquiladora du pays. Le projet est piloté par l’ONDA (Office national des aéroports) qui s’active actuellement à développer des services pour les entreprises (restauration, formation, hôtellerie...) qui souhaitent s’y installer.

Ce « pari » se met en place, preuve en est l’installation récente d’une nouvelle unité de fabrication de pièces en matériaux composites et d’assemblage de composants pour les réacteurs d’avions d’Airbus, du Brésilien, Embraer et du Canadien, Bombardier. Les géants mondiaux Safran et EADS sont derrières cet investissement étalé sur la période 2006-2009. Si la demande suit, ce dernier opérera une extension et incitera, pour des raisons de coûts et de savoir-faire, ses partenaires à s’installer à Nouaceur.

Les secteurs de l’automobile et de l’électronique suivront le même schéma et auront leur propre maquiladora. Il s’agit de capter, pour les cinq années à venir, les délocalisations vers le sud en mettant en place des zones industrielles de nouvelle génération. Le site du futur port Tanger-Med verra incessamment l’officialisation des toutes premières maquiladoras. La seule inconnue est l’organisme gestionnaire. Jusqu’à maintenant, on ne sait pas encore qui prendra en charge l’investissement pour l’aménagement de ces sites ni leur futur gestionnaire. A vous de deviner.

L’artisanat.

[Le chantier de l’artisanat suit une cadence forcée. Dès l’annonce de la stratégie “Emergence” en mars 2005, s’est mis en place un travail pour l’élaboration d’une stratégie sectorielle. Octobre de la même année, le plan d’action était prêt. Le chantier est actuellement dans sa phase de concrétisation.

La stratégie repose sur l’émergence d’opérateurs de taille critique, c’est ce que la Vision 2015 (le nom que porte la stratégie de l’artisanat) appelle les “acteurs-producteurs de référence”. Ces derniers seront sélectionnés par appel d’offres et seront tenus de présenter des offres industrielles et commerciales en conformité avec la vision 2015. Une fois la sélection effectuée, un contrat liant l’Etat, l’opérateur et le réseau de distribution sera signé, précisant ainsi les obligations de résultats chiffrés, le soutien à la production et à la commercialisation par l’Etat. La force de frappe de ces opérateurs et de l’Etat, se focalisera sur deux filières jugées porteuses : les produits de décoration et la joaillerie. Les petites structures ne seront pas en reste. Grâce aux donneurs d’ordre nationaux, notamment les acteurs-producteurs de référence, les PME du secteur seront appelées à suivre la demande.]

En résumé, ce projet Emergence est déjà en cours et concerne donc 6 secteur en particulier : la recherche, le développement de logiciels, su l’audiovisuel et le multimédia ; l’automobile (concentration sur la fabrication de 300 pièces de voitures), l’aéronautique, les nano, micro et bio technologies ; l’agroalimentaire : fruits et légumes, les corps gras, les produits de la mer, les plats cuisinés (il y aura même une filière issue de l’agriculture biologique !) ; le textile ; l’offshoring.


Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

Critiques des politiques

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1576

Certains délégués des pays arabes doutent sérieusement quant aux bonnes intentions de Nicolas Sarkozy. Ce sera donc non. A Lisbonne, où se sont réunis les pays de l’Euromed, le projet de Nicolas Sarkozy dit d’Union méditerranéenne a été rejeté en bloc et n’a guère soulevé d’enthousiasme de la part des partenaires de la France au sein de l’Euromed. Un message clair et simple : « Ce projet ne doit pas abolir ce que nous construisons avec le projet Euromed. » La commissaire européenne aux Affaires extérieures, Benita Ferrero-Waldner, était la première à désavouer le président français. Les délégués des pays de l’Euromed se sont portés partisans de son avis et ont préféré évoquer une « coopération renforcée » entre les deux rives de la Méditerranée sur la base des mécanismes déjà existants. En d’autres termes, nul ne risque de reconstruire à zéro sur des bases si fragiles. Benita Ferrero-Waldner a estimé que l’idée d’une Union méditerranéenne « est intéressante si elle apporte une valeur ajoutée, si elle vient renforcer le processus Euromed ». Et d’avertir, sur sa lancée, que « nous avons déjà deux processus auxquels il ne faut pas toucher, car ils ont fait la preuve de leur vitalité ».

C’est ainsi que la commissaire européenne a rendu sa position plus lisible aux yeux du président français, initiateur du projet controversé de l’Union méditerranéenne. Elle s’agrippe, comme plusieurs autres délégués présents, au partenariat euro-méditerranéen (Euromed), lancé en 1995 à Barcelone, regroupant les 27 membres de l’Union européenne et ses 10 partenaires méditerranéens (Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Autorité palestinienne et Turquie), auxquels se sont jointes l’Albanie et la Mauritanie. Pour rappel, l’idée d’une Union méditerranéenne a germé en octobre dernier. Nicolas Sarkozy, alors fraîchement élu à la tête de l’Etat français, avait lancé une invitation aux chefs d’Etat de la Méditerranée, les conviant à une réunion en France, en juin 2008, pour jeter les bases « d’une Union économique, politique et culturelle ». Contrairement à Benita Ferrero-Waldner qui n’a pas osé « s’en prendre » directement à Nicolas Sarkozy, les délégués des pays de la rive Sud de la Méditerranée ont, quant à eux, sévèrement critiqué le président français. Ils ont surtout regretté le « flou » de la proposition française. Certains délégués de pays arabes doutent sérieusement quant aux bonnes intentions de Nicolas Sarkozy. « C’est une bonne idée. Mais qu’y a-t-il dedans ? », a ainsi déclaré le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Abou El Gheit, a, quant à lui, déploré carrément que ce projet ait été « lancé sans consulter personne ». Et d’ouvrir le feu ensuite à l’adresse du président français en qualifiant son idée de « simple vue de l’esprit ». Outre le risque de concurrence avec l’Euromed, plusieurs pays se sont inquiétés de l’éventuelle création d’une structure en dehors de l’UE.

Le « gros problème » de l’initiative française serait son financement, a ainsi estimé aussi le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn. « Si l’UE finance, il faut que tous les Etats de l’UE soient associés », a-t-il noté. Lors de l’adoption des conclusions finales de la nouvelle session de l’Euromed, le projet de Nicolas Sarkozy a été complètement écarté de la mise. Les ministres des Affaires étrangères des pays participants ont réaffirmé, comme d’une seule voix, leur « fort attachement » à l’Euromed, qui joue un « rôle central » dans les relations de l’Union européenne avec les pays de la Méditerranée, tout en reconnaissant la nécessité de « consolider le processus ». Benita Ferreiro-Waldner a reconnu qu’en dépit des progrès, « le partenariat euro-méditerranéen n’avait pas encore réalisé tout son potentiel, en grande partie en raison du conflit au Proche-Orient ».

Le chef de la diplomatie algérienne a d’ailleurs développé les mêmes idées qui tournent autour de la nécessité « d’approfondir et d’enrichir » le partenariat euro-méditerranéen en raison des « multiples pesanteurs » auxquelles il fait face. Incompatible donc le « fantasme » de Nicolas Sarkozy avec les avis de ses partenaires méditerranéens ? Affaire à suivre.


Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

Maroc, le gendarme de l’Europe

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1578

Pendant des années, le Maroc a constitué le point de passage privilégié pour les migrants en transit vers l’Espagne puis le reste de l’Union européenne. Le système intégré de vigilance extérieure (SIVE) mis en place le long des côtes espagnoles, incluant des patrouilles mixtes hispano-marocaines, et le renforcement des protections autour des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au nord du Maroc (avec des murs de six mètres), qui rendent plus difficile l’accès à l’Europe, ont depuis 2003-2004 arrêté provisoirement une population de migrants principalement subsahariens en attente de l’opportunité de passer. Entre le mois d’août et octobre 2005, près d’une vingtaine de personnes ont trouvé la mort, à la suite de la répression exercée par les policiers marocains qui tentaient d’empêcher un groupe de plusieurs centaines de migrants de franchir les murs. Dans les jours qui ont suivi, rafles et déportations de centaines de personnes ont été organisées, soit vers leurs pays d’origine, soit vers la frontière sud du pays.

L’Union Européenne n’attendait que ça pour justifier un plan que depuis beaucoup des année était en chantier : sous-traiter le contrôle de l’immigration au voisin Maroc, partenaire privilège pour sa position géographique et pour sa collaboration à l’espace Méditerranée.

Concrètement ce qui était demandé au Maroc a été la participation à la sécurisation des frontières, pour empêcher leur franchissement illégal, de la part migrants qui depuis des mois se cachaient dans les forets au tour des enclaves espagnoles au Maroc en attente de joindre l’Europe, dont beaucoup de potentiels demandeurs d’asile.Le Maroc devient donc le premier réel laboratoire de l’externalisation imposée par l’Union Euro- péenne [1].

Même si semblait sorti ad hoc pour la situation d’émergence des enclaves celui de l’externalisation est un projet que l’Union Européenne essaye de faire passer depuis des années et les événements d’octobre 2005 ont été que l’occasion pour, enfin, plier le Maroc à l’acceptation. L’idée est donc celle de bloquer les migrants et les demandeurs d’asile avant qu’ils rejoignent le territoire européen et de donner en gestion soit l’analyse des demandes d’asile que les procédures d’accueil ou expulsions aux pays de première frontière extérieure de l’Europe. Peu importe si ce pays, comme la Libye, pratiquent la torture, ou, comme dans le cas du Maroc et l’Ukraine, ne respectent pas les droits humains, ce qui s’est fondamental est le fait qu’ils se trouvent en une position géographique stratégique.

La méthode que l’Union Européenne adopte pour faire passer la pilule de l’externalisation est celle du cadre de relation de la PEV (politique européenne de voisinage), et, pour les pays de la rive sud, le processus de Barcelone est le passage obligé pour intégrer la politique de voisinage. Dans la pratique la PEV permet de mettre en place un système de co-gestion des fron- tières La PEV est mise en oeuvre de manière différenciée selon le pays voisin concerné, à travers des « plans d’action » qui prévoient les actions à accomplir à court et à moyen terme en fonction des priorités définies pour chaque Etat partenaire.

Le Maroc signe le Plan Action avec l’UE dans le cadre de la PEV en décembre 2004, bien avant que des corps de migrants soient retrouvés à la frontière, ce que nous fait comprendre que ce corps ont été seule l’excuse pour l’application effective et réelle de ce Plan. Plus de la moitié des mesures arrêtées par le plan d’action « Maroc » sont concentrés sur la répression ou sur la simple prévention de l’immigration clandestine, montrant ainsi une orientation sécuritaire manifeste.Ce Plan Action met en joue le système de la carotte et du bâton, en échange du verrouillage des frontières, l’UE essaye d’acheter le Maroc à travers des propositions économiques, d’implantation d’entreprises capables d’être hautement compétitives, notamment en perspective de la libéralisation des marchés dans l’espace méditerranéen. En échange de la répression des migrants, l’Union Européenne promet au Maroc d’être son partenaire et interlocu- toire privilégié au Maghreb.

Mais comme prévisible, l’UE, ne se limite pas à des promesses théo- riques de collaboration et pour aller jusqu’au fond de son joue et dans le cadre des fonds MEDA promet au Maroc une participation financière en vue du développement économique du pays en échange d’une pro- mise de devenir le gendarme de l’Europe.

L’Union Européenne n’ont pas eu honte d’échanger les vies et les des- tins des migrants en route avec l’Europe avec de l’argent : la gestion de l’immigration, à travers trois projets, a été estimée à une enveloppe globale de 115 millions d’euros, se décomposant comme suivent : pro- vinces du nord (70 Millions), circulation des personnes (5 Millions), contrôle frontalier (40 Millions).

Mais qu’est il est concrètement demandé en échange de ces faveurs au Maroc ???

La première preuve est celle de la signature des Accords de Réadmis- sion, qui font l’objet de longues négociations qui voient un Maroc déter- miné à faire peser sa voix et à ne pas tout accepter de suite. Il ne faut pas oublier que dans cette dynamique de répression des migrants en transit sur son territoire, le Maroc tourne le dos à ses alliés historiques, les pays africains, pour devenir le Gendarme de l’Europe Forteresse.La signature des accords de réadmissions a pour but « d’établir des procé- dures rapides et efficaces d’identification et de renvoi des personnes qui ne remplissent pas, ou ne remplissent plus les conditions d’entrée, de présence ou de séjour sur les territoires du Maroc ou l’un des Etats membres de l’Union européenne et faciliter le transit de ces personnes dans un esprit de coopération » Ce qui est recherché, c’est la célérité et l’efficacité de la réadmission des nationaux marocains aussi bien pour ceux entrés illégalement, que pour les personnes qui ne répondent plus aux critères fixés par la législation en cours concernant le séjour dans les pays européens d’immigration.

Par ailleurs, le renforcement des contrôles déjà effectués par l’Europe voisine et l’ouverture de négociations pour la signature de l’accord de réadmission UE/Maroc laissent présager une augmentation du nombre de migrants présents sur le territoire marocain, soit du fait de la difficulté à rejoindre l’Europe, soit du fait de l’augmentation des réadmissions. Face à cette éventualité, le Maroc a été “invité” à adopter, ce qu’il semble avoir fait d’ailleurs, une stratégie de militarisation pure et simple des frontières et de renforcement des instruments, et des pratiques d’éloignement. S’il est donc exact que la nouvelle législation réponde à des nécessités d’origine européen, il est également vrai que ces nécessités sont toujours plus partagées - de force - par le Maroc. Le renforcement des contrôles aux frontières exigé des pays du Maghreb, facilité par des instruments appropriés de coopération technique et financière, se traduit par une augmentation du pouvoir discrétionnaire et décisionnel des forces de police, et en général, de l’appareil répressif de ces pays, auquel les nouvelles législations confient un rôle de premier ordre.

La dernière étape du système de militarisation a été finalisée en mars 2006 quand la subdélégation du gouvernement espagnol à Melilla a officiellement présenté le projet de construction de la nouvelle frontière qui sépare l’Espagne du Maroc et qui empêche aux migrants de fran- chir la limite des deux états.

Le nouveau system de contrôle permet, selon les mots de José Fernandez Chacon, subdélégué au Gouvernement, de retardé d’au moins 15 minutes l’entrés des migrants. Cette nouvelle barrière entre les deux frontières suivra le 9, 9 Km de périmètre de la frontière et se développera de Aguadù jusqu’à la zone sud de la ville. La trame de câbles qui intégrera la frontière aura une longueur de 1.200 km et serait prête pour le mois de juin prochain. Mais les câbles sont seulement un des éléments desquels sera douée cette frontière. Avec le nouveau system mis en marche les migrantes qui essayent sauter la frontière se trouveront en face à un réseau de câbles incliné de 10 degré vers le Maroc qui leurs empêchera d’appuyer les escaliers de bois, qui ont toujours utilisé pour leurs « escalades ».

Si le migrant arrive à passer ce premier obstacle tombera directement en le réseau de câbles qui se tendront avec le pois de la personne pour l’immobiliser. A ça s’ajoute un system d’alarme qui s’active quand quelqu’un touche la frontière et un system d’eau à pression avec du piment pour empêcher la vue de qui tombe en ce piége. Au moment qui parte l’alarme, très sensible à tout type de contact, s’allument de lumières très puissant qui sont positionnées chaque 125 mètres du périmètres pour rendre aveugles les migrantes qui ont déjà les pupilles dilatés par l’obscurité de la nuit. A tous ces systèmes s’ajouteront des radars positionnés sur les tours de contrôle présents en tout le périmètre et qui permettront à la Guardia Civile de détecter des possibles approchements jusqu’à deux kilomètres de distance à l’intérieur du territoire marocaine.

Les effets de ces longues négociations entre l’UE et le Maroc tombent directement sur la vie des migrants, bloqués pendant des années en conditions d’extrême précarité et violence aux portes de l’Europe. Le système de militarisation et contrôle bloque l’accès en Europe via les enclaves et rouvre des autres vies, beaucoup plus longues et dangereuses, comme celle qui du Sénégal mène aux Canaries.Les effets des négocia- tions se lisent dans les yeux des réfugiés au Maroc, victimes des rafles continues dans les quartiers de Rabat et prive de tout type de protection dans un pays où l’HCR n’a aucun pouvoir vis-à-vis de l’Etat.

Les mêmes effets se lisent aussi dans le bulletin de guerre des morts aux frontières de l’Europe, qui seulement en 2007 ont été 1861 ceux dont les corps ont été retrouvés et des centaines les dispersés.

(source : http://fortresseurope.blogspot.com/...)

[1] L’externalisation c’est d’une part le fait, pour l’UE, soit de reporter hors de son territoire certaines procédures relatives au contrôle de ses frontières, soit de chercher à faire endosser par des pays tiers tout ou partie de la responsabilité qui est a sienne, en application des engagements internationaux qu’elle a souscrits ou des choix qu’elle a fait en matière de gestion des flux migratoires.


Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

Communiqué final de l’Assemblée des Migrants

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1579

Nous, Réfugiés, Demandeurs d’asile, migrants et les acteurs des organisations de soutient aux migrants venant de l’Europe, de l’Amérique et de l’Afrique ; avons tenu une Assemblée des migrants en marge du Forum social Marocain le 27 janvier 2008 à Bouzinika. Après des échanges, des analyses et de partage d’expériences, Nous participants de cette Assemblée ;
Considérant l’incrimination, les violations massives de droits et libertés fondamentaux et les atteintes à la dignité humaine, dont sont victimes les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile, tant dans les pays d’accueil et dans les pays de transit,

Considérant les arrestations des migrants le 25 janvier 2008 à Rabat, alors que se déroule le Forum Social Marocain à Bouzinika ;

1. Dénonçons les pratiques d’arrestation, de rétention, d’enfermement, de refoulement et d’exploitation des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile.

2. Rejetons les politiques et accords entre les pays du Nord et du Sud sur les migrations.

3. Exigeons :

- la liberté de circulation et d’établissement partout et pour tous.

- Le respect et l’application des conventions et traités internationaux et régionaux sur les migrations.

- La régularisation de tous les sans papiers.

4. Décidons :

- La mise en place d’une plate - forme internationale des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile.

- L’appropriation par les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile des journées internationales ; notamment le 08 Mars, le 20 juin, le 10 décembre et le 18 décembre pour les grandes mobilisations sur les questions des migrations et des droits d’asile.

- La mise en synergie des actions communes et concertées entre les acteurs du Nord et du Sud.

Fait à Bouzinika, le 27 janvier 2008


Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

Dernières nouvelles

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1581

Le deuxième sommet franco-espagnol s’est déroulé le 10 janvier 2008 à l’Elysée. Pour Nicolas Sarkozy et José-Luis Zapatero, trois thèmes prioritaires ont été abordés, à commencer par les inter- connexions entre la France et l’Espagne, principalement dans le secteur de l’énergie et celui des transports. Très haute tension et TGV vont occuper les esprits : en effet, l’excuse pour faire passer la THT, c’est le passage du TGV. Le sommet va aussi permettre d’aborder la coopération dans le domaine de la sécurité et l’immigration.
Le renforcement des échanges électriques entre la France et l’Espagne, par les Pyrénées- Orientales, fait la « une » des sommets entre les deux états depuis 2001. Cette année-là, Jacques Chirac et José-Maria Aznar avaient abordé le sujet - une nouvelle ligne aérienne à très haute tension entre Baixas et Gérone - au sommet de Perpignan. Six ans après, face à une mobilisation de chaque côté des Pyrénées, l’affaire est toujours au point mort.

Ce sommet de Paris fera-t-il avancer le projet ? Du côté de l’Elysée, David Martinon, le porte-parole, explique : « Il s’agira de voir comment la construction d’une nouvelle ligne à très haute tension entre nos deux pays, particulièrement nécessaire dans le cadre de l’unification du marché énergétique européen, pourra s’effectuer dans le respect des exi- gences environnementales ». Selon le secrétaire général espagnol de l’Energie, Ignasi Nieto, « on est plus proche que jamais d’un accord ». Il salue « un changement très important dans la volonté française d’aboutir sur ce dossier ». Il a aussi indiqué que l’Espagne souhaite que le tracé international de la ligne passe par la Jonquera-Le Perthus. La perspective est présentée par certaines sources fiables en Espagne comme « un accord ferme ». Selon une autre source espagnole, le sommet pourrait même décider d’une date butoir pour le lancement du projet, qui suscite donc toujours une vive opposition, en particulier du côté français.

Récemment, l’affaire a connu un certain rebondissement à la suite d’une fuite du rapport du coordinateur européen, Mario Monti. Ce dernier préconise l’enfouissement de la ligne. Une solution techniquement possible, mais très onéreuse et guère plus acceptable au plan écologique. Enterrer des bobines de câbles de 4,50 m de diamètre peut nécessiter le creusement d’une tranchée d’une dizaine de mètres de large. A RTE, le gestionnaire français du réseau de transport d’électricité, on ne cache pas une certaine perplexité face à ce type de perspective.

Cette ligne THT est très certainement le début d’une autoroute électrique qui va aller alimenter le pourtour méditerranéen. Souvenez vous les pays ou des accords nucléaires ont été conclu : Maroc, Algérie, Libye et Egypte. Regarder maintenant sur une carte…


Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...

Des opposants à la ligne THT France-Espagne interpellés

http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=1582

Le collectif « Non à la THT », opposé à la mise en place d’une ligne transpyrénéenne à très haute tension entre la France et l’Espagne, a dénoncé l’interpellation jeudi à Paris de plusieurs de ses militants en marge du sommet franco-espagnol de Paris. Ces militants, qui souhaitaient remettre lors du sommet un manifeste contre ce projet de ligne d’interconnexion de 400.000 volts, examiné par le président Nicolas Sarkozy et le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, ont été « embarqués au commissariat pour contrôle d’identité », a précisé le collectif dans un communiqué.

Selon une source policière à Paris, sept personnes ont été interpellées à proximité de l’Elysée et conduits dans un commissariat parisien pour vérification d’identité et ont été remis en liberté vers 12H30. « Ils étaient armés d’une banderole subversive portant l’inscription « No a la MAT » (sigle espagnol pour THT), précise le texte, soulignant ironiquement qu’aucun des membres de l’opposition à la THT, français ou espagnols, « n’ont été contactés pour se joindre à Al-Qaïda ».

Le président de « Non à la THT », Laurent Belmas, a déclaré que la décision du sommet de concrétiser avant le 30 juin l’interconnexion électrique entre Figueras (Espagne) et Perpignan (France), « constitue un passage en force, sans justification de la ligne sur le flanc méditerranéen des Pyrénées ». « Nous allons activer une cellule de crise composée de « Non à la THT », du « Sydeco » (regroupant les maires des Pyrénées-Orientales opposés à la THT), de parlementaires du département et de conseillers généraux pour décider de la marche à suivre pour s’opposer à ce passage en force », a-t-il ajouté.

Les réseaux français et espagnols de transport d’électricité, RTE et REE, ont annoncé à l’occasion du sommet franco-espagnol, qu’ils proposeront un tracé de ligne à très haute tension entre les deux pays avant le 30 juin.

Communiqué du collectif d’opposition à la THT

Collectif non à la THT - Résidence les thermes 38 rue des thermes 66110 Amelie les bains 04 68 54 31 84