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Origine http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=1062
"Techniques de désinformation, manuel pour une lecture
critique des médias", est un texte élaboré
par le Groupe d’Apprentissage Collectif de communication populaire,
de l’Ecole populaire de Madrid, un centre de culture pour
personnes adultes. Ecrit de façon directe et facilement compréhensible,
il aide à comprendre comment est manipulée l’information
dans les médias dominants.
Nous vous donnons à lire l’introduction ; le texte
complet est téléchargeable en bas de page.
L’opinion publique constitue un élément fondamental
pour la stabilité ou l’instabilité du système.
Et dans une société médiatique, l’opinion
publique se forme jour après jour par le biais du bombardement
continu des moyens de communication. La vérité est
ce qu’ils proposent comme vérité. Ce qui n’est
pas reporté par la presse n’existe pas, et ce qui existe
n’est que dans la forme selon laquelle elle apparaît.
L’importance des médias donne lieu d’une part,
à un fort contrôle de ceux-ci de la part de qui a le
pouvoir, et d’autre part, à la nécessité
que ce contrôle passe inaperçu pour préserver
l’apparence de liberté d’information, préalable
indispensable à la définition d’une société
qui s’affiche comme étant démocratique. Un troisième
aspect est que la plus grande partie des médias sont des
entreprises desquelles dérivent des impératifs commerciaux
qui influent eux-aussi sur la ligne d’information. Le résultat
de l’union de ces trois facteurs est la configuration d’un
système de manipulation ample et subtil, parfois contradictoire,
mais qui généralement, plutôt que d’informer,
prétend imposer une réalité par le moyen d’opinions
et valorisations présentées comme vérités
indiscutables.
La récolte de ces techniques de désinformation est
le fruit de trois années de travail du Groupe d’Apprentissage
Collectif (GAC) de Communication Populaire, dans le cadre du projet
éducatif et social de l’école populaire de "Prosperidad".
Trois ans à analyser de manière critique de nombreux
articles de presse tirés des principaux quotidiens nationaux
espagnols de façon à, jour après jour, définir
et élaborer critères et conclusions que nous vous
présentons sous la forme de ces techniques.
Elles sont en effet toutes apparues de manière claire et
répétitive, isolées ou combinées entre
elles. Nombres d’entre elles peuvent être appliquées
à d’autres médias, télévision
ou radio, même si de façon différente car chaque
moyen de communication possède ses méthodes de désinformation
dues à ses propres caractéristiques.
La subjectivité est inévitable dans toute production
intellectuelle [culturelle], c’est pourquoi, même en
prétendant donner une vision neutre et impartiale de la réalité,
on ne pourra jamais être totalement objectif. La meilleure
manière de s’approcher de l’objectivité
est de montrer la réalité vue par différents
points de vue, recueillant ainsi des informations sur un même
thème à travers des sources distinctes et des positions
différentes.
Donc c’est justement sur ce point que réside un élément
fondamental de la manipulation des médias : sous prétexte
d’objectivité, l’illusion de nous offrir leur
vision de la réalité comme s’il s’agissait
de la réalité elle-même, en cachant toujours
les intérêts qu’ils défendent. Pour faire
une lecture critique de l’information, potentiellement objective,
il est fondamental de connaître les intérêts
auxquels répondent ceux qui t’offrent cette information.
La "réalité virtuelle" construite par les
médias est donc partielle et biaisée. En général,
ils donnent couverture et priorité aux points de vue de ceux
qui tiennent les pouvoirs politiques et économiques (groupes
commerciaux, grands partis politiques, gouvernements, grands syndicats...)
quand les valorisations des opinions et des intérêts
des jeunes, des personnes âgées, des travailleurs,
des malades, des étudiants, des immigrés, des employés,
des organisations populaires... sont presque toujours passées
sous silence, ou reléguées, ou déformées.
La désinformation n’est pas toujours systématique,
préparée et dessinée de manière consciente
et contrôlée. La complexité des processus d’élaboration
de l’information, et le vaste champ de recueil de celle-ci,
font que souvent la désinformation est le fruit de l’incompétence
du/de la journaliste qui ne connaît pas tel sujet, manque
de temps et d’espace, et de ses préjugés ou
de ceux du rédacteur en chef qui applique des schémas
de travail trop simplistes ou trop sensationnels, etc. Cependant,
il ne fait aucun doute que dans d’autres cas nombreux, il
existe des campagnes de désinformation qui répondent
à des intérêts économiques ou politiques
clairs, du moyen de communication ou des groupes entrepreneurs qui
le financent et le soutiennent.
La majeure partie des nouvelles est distribuée par les Agences
de Presse internationales. Celles-ci sélectionnent en principe
une petite part des informations parce que 90% d’entres elles
sont généralement refusées. Autrement dit,
ce qui vient à notre connaissance n’est qu’une
petite fraction de ce qui se passe dans le monde. Il est donc nécessaire
de connaître les critères de sélection utilisés
pour le choix des informations et à quels intérêts
elles peuvent répondre.
N’oublions pas que ces agences de presse sont le plus souvent
de grandes entreprises nord-américaines, européennes
et japonaises qui sont habituellement étroitement liées
à d’importants groupes financiers en contact direct
avec les gouvernements des pays auxquels ils appartiennent. Logiquement,
ils n’ont pas intérêt à ce que se vérifient
les échanges sociaux, ni certainement à faire connaître
des événements et des situations qui manifestent des
dangers et des aspects négatifs du système ou mettent
en question sa validité.
Seulement, il n’y a pas que ces agences qui influent sur
l’information (elles ne sont que le premier filtre), il y
a aussi les banques qui financent les moyens de communication, les
grands groupes ("corporations"), les entreprises qui ont
des actions et qui soutiennent l’édition (journal,
radio, TV) par le biais des publicités. Et il ne s’agit
pas seulement d’entreprises : par exemple, l’Etat espagnol
est celui qui apporte le plus d’argent aux médias nationaux
sous la forme de publicités (payées avec l’argent
public) ; de cette façon indirecte, on peut "punir"
ou "récompenser" les voix adverses et celles qui
sont favorables.
En plus, parler de la ligne éditoriale [idéologique]
des journalistes et des rédacteurs, cela revient à
dire aussi : leurs préjugés, leur corporatisme, spécialisation
excessive, fidélité à l’entreprise et
tendance à l’autocensure... qui influent sur l’orientation
de l’information.
La désinformation vient par conséquent de nombreux
filtres et biais, sans qu’aucun d’eux en particulier,
sinon l’ensemble du processus, soit la cause pour laquelle
l’information nous arrive manipulée et déformée,
et notamment altérée consciemment. Donc, la désinformation
se trouve tant dans ce qui est publié, que dans la façon
dont on le publie.
De temps en temps apparaissent des nouvelles critiques et discordantes
dans les médias. Mais en général, ce ne sont
que des "fissures contrôlées" qui donnent
crédibilité au média en le dotant de d’une
apparence de pluralité et d’indépendance, et
qui sont abondamment contrastées par un bombardement d’informations
de signe contraire (qui répondent aux divers intérêts
du pouvoir) ou par une présentation qui suggèrent
un caractère lointain et anecdotique. En outre, la majorité
de ces informations discordantes, réellement critiques, apparaissent
souvent sous la forme d’opinion (colonnes, "lettres au
directeur", "point de vue") qui relativisent leur
importance.
Ce dossier n’est pas centré sur les causes et les
origines de la désinformation (structure du processus médiatique,
intérêts politico-économiques...) mais sur les
formes avec lesquelles se met en oeuvre cette désinformation
dans la presse, sous l’apparence d’objectivité
et d’exhaustivité du périodique. C’est
la raison pour laquelle nous l’avons sous-titré «
Manuale per una lettura critica della stampa ». Parce que
au-delà des inquiétudes théoriques, ce travail
est guidé par un désir pratique de fournir des instruments
pour l’analyse critique.
Les techniques de manipulation qui sont ici récoltées
ne sont qu’une goutte d’eau du courant qui travestit
la réalité. Cependant, il apparaît important
d’apprendre à se défendre des médias,
à voir ce qu’il y a derrière la façade
(lire les articles "à l’envers") pour, à
l’arrivée, pouvoir planifier et défendre l’exigence
et la nécessité d’avoir une information au service
de nos intérêts, et non contre ceux-ci.
Le dossier présent est structuré en trois parties.
Dans la première, on voit comment est organisée et
hiérarchisée l’information dans un journal (sections,
extensions...), le contexte dans lequel est présenté
un article et comment sont agencés ces derniers. Dans la
deuxième partie, on analyse le langage écrit, photographique
et statistique, c’est-à-dire la forme dans laquelle
les infos nous sont présentées, le style narratif,
l’usage des guillemets, adjectifs... Dans la troisième
et dernière partie du travail, on étudie le contenu
des articles : leur précédent, leur falsification,
les sujets traités, ce qui sont omis et ceux qui sont exagérés.
Suit une annexe avec des articles concrets qui fournissent exemples
et les points et idées exposées (se reporter à
la publication en espagnol pour les annexes, illustrations, références
du texte...).
P.S.
Sources en espagnol : nodo50.org
Pour lire la totalité du document en français, cliquez
ici . Attention, l’ouverture de la page risque deprendre un
peu de temps !
A lire aussi : Techniques de manipulation des masses.
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TECHNIQUES DE DÉSINFORMATION : Techniques de désinformation,
manuel pour une lecture critique des médias
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