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Origine : http://malgretout.collectifs.net/spip.php?article51
En France, comme un peu partout dans le monde, il existe des gens
de bonne volonté, des ”belles-âmes”, qui
voudraient être, ne serait-ce qu’un peu, solidaires
de ceux qui sont en difficulté comme ce fut le cas pour les
”sans-papiers” de l’église St- Ambroise
et St-Bernard : et ceux qui ne font pas partie des salauds qui se
sont réjoui des expulsions pensent qu’il est quand
même bien hardi et compliqué d’accepter concrètement
que les immigrés restent là où ils sont.
C’est ainsi qu’ils pensent (les gens ”sérieux”)
que nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde
en se justifiant par des propos fantaisistes. Ils se comportent
ainsi de manière hyper-idéaliste en évoquant
toute la misère du monde là où il s’agit
de réagir et de s’engager dans une situation concrète.
Bien entendu, vouloir préserver l’ordre établi
en traitant les choses ”au cas par cas” revient à
dépolitiser l’action des ”sans-papiers”.
Ceux-ci proposent une solution collective et solidaire qui, loin
de se centrer sur chaque cas particulier, est et reste un défi
pour tous les habitants de ce pays. Penser le monde en termes de
gestion individualiste tout comme son envers qui est de prétendre
penser le monde dans sa totalité sont les figures mêmes
de l’impuissance.
Il faut refuser ce faux sérieux qui nous condamne à
l’impuissance la plus absolue et cesser ce petit jeu qui nous
met dans la position d’une prétendue géo-politique
et qui au nom d’une hyper-complexité du monde, nous
plonge dans un pessimisme paralysant. Car penser le monde en terme
de totalité empêche la pensée. En revanche,
aborder les enjeux de notre situation et de chaque situation concrète
est ce qui nous permet d’agir ici et maintenant et de modifier
effectivement le monde.
Il ne s’agit pas d’être réformiste ou
maximaliste mais d’abandonner cette chimère selon laquelle
nos actes concrets devraient obligatoirement s’inscrire dans
une pensée qui rende compte de la globalité du monde.
Puisque ces belles âmes craignent d’introduire un désordre
quelconque par leurs actes ou par leur engagement, nous leur rappelons
que c’est cet ordre mondial qui relève du désordre
le plus féroce, lui qui n’a pour seule étoile
polaire que le profit. Alors, ayant abandonné la chimère
de pouvoir ordonner le monde à notre gré, soyons capables
de favoriser des désordres grâce à une myriade
d’actes de solidarité libertaire. Il existe, par rapport
aux sans-papiers, une loi au dessus de toutes les lois à
laquelle il semble juste d’obéir, celle qui nous dit
que la survie de l’humanité dépend du développement
de la solidarité et du partage : tous ceux qui sont ici sont
d’ici. La détermination des ”sans-papiers”
et de leurs amis a montré que contrairement au pessimisme
ambiant, des pratiques de solidarité concrètes sont
possibles ici et maintenant pour peu qu’on abandonne l’attente
d’un espoir toujours ajourné et qu’on assume
la construction d’un espoir au quotidien.<
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