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Origine : http://malgretout.collectifs.net/article.php3?id_article=49
"Les hommes se croient libres pour la seule raison qu’il
sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles
ils sont déterminés"
Spinoza
1. Le grain de sable
Tout le monde connaît la polémique déclenchée
en France depuis quelque temps autour du port du foulard dans les
écoles publiques. Les arguments développés
vis-à-vis de cette habitude, mis à part ceux de ses
défenseurs musulmans, peuvent se réduire à
quatre positions.
Il y a, pour commencer, ceux qui cherchent à préserver
la laïcité des institutions publiques. Le foulard serait
selon eux un symbole religieux ostensible qui attente à I’esprit
laïc de ces espaces-là. Leur problème n’est
donc pas le foulard en particulier, mais la religion en général.
La deuxième position, nous la rencontrons dans la bouche
de certains secteurs progressistes pour lesquels le foulard serait
un symbole de soumission de la femme musulmane, ou, plus précisément,
un symbole du caractère phallocrate de cette religion.
Selon eux, il faut le combattre de la même façon que
l’on combat n’importe quelle autre servitude de I’individu,
religieuse ou non. Leur problème est donc moins la religion
que la soumission. La troisième position - plus paranoïaque
- interprète le foulard comme une conjuration de I’intégrisme
islamique contre le monde occidental. Ainsi, "L’express"
du jeudi 15 novembre 1994 titrait : " Foulard : le complot,
comment les islamistes nous infiltrent." Leur problème
n’est pas la religion, ni la soumission, mais plutôt
l"’autre" envisagé comme la figure menaçante
de la barbarie ou du mal.
Selon eux, il faut qu’un certain état des choses,
à savoir l’ordre occidental identifié au bien,
soit conservé. Cette phobie de I"’autre"
s’articule d’ailleurs parfaitement au discours qui voit
dans les flux migratoires un problème qui arrive aux Français
de l’extérieur, l’idée étant que
sans cette "misère" qui lui vient du Tiers-Monde,
la société française serait saine, riche et
prospère. En outre, nous le verrons plus loin, même
si elles en semblent bien éloignées, les deux premières
positions invoquent, directement ou indirectement, la troisième.
Il nous faut enfin signaler la position qui s’oppose à
l’interdiction du foulard dans les écoles publiques
au nom du droit individuel de choisir sa façon de vivre,
de s’habiller, de pratiquer une religion et même, de
se soumettre. Pour notre part, il ne s’agit pas de prendre
parti pour ou contre I’une de ces positions, ni d’en
ajouter une autre à la liste. Nous essaierons plutôt
d’analyser la logique qui sous-tend tous ces arguments. Nous
ne nous occuperons donc pas de la question du foulard telle qu’elle
se présente dans les pays islamiques, mais bien telle qu’elle
apparaît aujourd’hui en France, dans la mesure où
cet élément problématique semble être
un grain de sable autour duquel se cristallisent certaines structures
de pensée propres à la société française
en particulier, et à l’Occident en général.
En premier lieu, les dits "pays musulmans" ou "monde
arabe" sont une construction faite par I’Occident qui
unifie sous une même identité supposée une multiplicité
de peuples, sédentaires et nomades, avec ou sans Etat, etc.
Cette pensée duale, de guerre, transforme l’autre en
une projection paranoïde, l’Islam devenant ainsi l’ombre
de l’Occident. Dans une curieuse inversion, les occidentaux
accusent les cultures islamiques de ne pas respecter la "différence",
tandis qu’eux-mêmes sont les premiers à réduire
les différences à l’homogénéïté
(Hegel par exemple, accusait les philosophies orientales de banalité,
après les avoir lui-même banalisées dans sa
lecture). Alain montrait déjà que la guerre est un
mythe provoqué qui naît de sa propre crainte ; elle
n’est pas la menace réelle de l’autre : c’est
la peur imaginaire de l’autre qui déclenche la première
bataille. La guerre est une lutte entre des adversaires fantastiques
dont les morts sont réels.
Tous les arguments que nous avons évoqués précédemment
partent, en effet, d’un présupposé commun :
l’individu est un noyau inaliénable de liberté,
ou, pour le dire autrement, la liberté existe, parce que
l’individu existe et qu’il est capable de choisir selon
ce qu’il considère être son propre bien, son
intérêt. Mais comment l’individu pourrait-il
discerner ce qui est bon pour lui ? Par la raison et non par la
croyance : si celle-ci est concernée par la question du bien
extra-terrestre, celle-là réserve son autorité
pour les biens de ce monde, tant dans le domaine privé que
dans le domaine public. En ce sens, I’Etat n’impose
pas son autorité au nom de la foi, mais au nom de la raison
dont le but est le bien commun et non le salut éternel.
La séparation de la religion et de l’Etat dans les
sociétés modernes répond aussi à ce
principe laïc : débarrassé du prêtre, l’Etat
détient une autorité non autoritaire puisqu’elle
est fondée sur une raison commune à tous les individus
et qu’elle n’agit que pour le bien de ceux-ci. L’Etat
se donne donc pour tâche de concilier les intérêts
publics et privés. Cet Etat "neutre", séparé
des intérêts et de l’idéologie d’une
classe sociale quelle qu’elle soit, a toujours été
le mythe du libéralisme, doctrine qui pense que le politique
(public) peut se ramener à la discussion et à la négociation
entre divers intérêts privés (marché).
Mais la figure de l’individu ne supporte pas la question du
pouvoir car elle est elle-même le résultat d’un
dispositif de pouvoir déterminé. Essayer de penser
les droits de l’individu dans les autres cultures suppose,
inévitablement, de le faire à partir d’une figure
inventée dans la nôtre.
Cependant, l’idée que nul ne peut interdire à
un individu de faire ou de dire ce qui ne nuit pas à autrui,
(position soutenue par ceux qui s’opposent à I’interdiction
du foulard), et que l’on considérait comme un liberté
civile et formelle a été substantialisée, devenant
une vérité essentielle de l’individu : il est
libre non seulement sur le plan juridique mais aussi ontologique.
Cette transposition d’un plan à un autre ne peut pas
manquer de susciter l’observation suivante : il arrive parfois
qu’un individu obéisse apparemment à une autorité
qui n’est pas celle de sa propre conscience.
C’est vrai, répondent certaines voix, pourtant, en
dernière instance, c’est lui qui choisit, même
si les options sont la mort ou la soumission. C’est le cas
des tyrannies. Il peut arriver aussi que cette menace s’érige
sur le salut éternel : c’est le cas des religions.
Dans l’une ou l’autre de ces situations, c’est
dans I’individu que se joue le drame entre la liberté
et la peur, entre l’autodétermination et l’angoisse.
Ainsi, certains secteurs progressistes qui militent en France contre
le foulard tombent dans la contradiction suivante : lutter pour
la liberté individuelle contre les individus (les femmes
dans le cas qui nous occupe). En effet, soit l’individu a
choisi librement de porter le foulard, et par conséquent,
en le contredisant on lui impose le choix d’un autre, soit
l’individu n’a pas choisi librement de porter le foulard
et on accepte alors qu’il ne soit pas nécessairement
un noyau de liberté. Dans l’un ou l’autre cas,
on reconnaît le mode de vie laïc et occidental comme
le seul valide.
Si on reconnaît que I’individu choisit librement, lorsqu’il
opte pour le foulard, il choisit mal ; mais si ces individus ne
choisissent pas librement, on reconnaît alors que les seuls
individus libres sont les occidentaux laïcs, ou pire encore,
qu’ils sont les seuls capables de guider les autres civilisations
vers le chemin de la liberté. Cet évolutionnisme culturel
considère que la liberté individuelle, son autonomie
par rapport aux coutumes de la communauté et la sérialité
qui en découle, sont les fruits du progrès historique
de la culture humaine. C’est pourquoi on entend dire que "les
Musulmans en sont encore au Moyen Age".
Et c’est ainsi que ces secteurs progressistes s’approchent
dangereusement de l’argument paranoïaque des défenseurs
du "monde libre" qui voient dans les autres cultures non
seulement un ensemble de barbares qui, pour leur bien, doivent être
gouvernés par l’Occident, mais aussi une menace latente
contre les principes qui régissent notre civilisation. Cette
position ne nous laisse donc qu’une alternative : la domination
ou la guerre. Si plusieurs secteurs progressistes et réactionnaires
se retrouvent aujourd’hui en faisant semblant de ne pas voir
les abus de pouvoir, les meurtres, les tortures et autres violations
des droits de l’homme de la part du F.L.N. en Algérie,
cela est dû au fait qu’ils voient dans ce parti un défenseur
des valeurs de la modernité, un bastion dur mais nécessaire
dans la lutte contre l’intégrisme du F.l.S., un libérateur,
malgré elles, des femmes musulmanes.
Ce qui peut paraître étonnant, c’est qu’en
France, les femmes musulmanes portent le foulard depuis longtemps,
et que c’est seulement maintenant, lorsqu’une poignée
de jeunes filles le revendiquent, que les secteurs anti-foulard
réagissent. Le foulard qui gêne c’est le foulard
choisi. Alors qu’il était le symbole de la soumission
traditionnelle de la femme musulmane, il ne posait aucun problème.
Il faut en effet se rappeler que ces jeunes filles se révoltent
non seulement contre la circulaire Bayrou, mais aussi contre l’autorité
de leurs propres parents, voire même contre celle de leur
communauté qui, dans une attitude conciliatrice envers l’État
français, leur conseillent de ne pas porter leur foulard
pour assister aux cours. ll semble donc que ce qui fasse scandale
ne soit pas la soumission de l’individu, mais le fait qu’il
choisisse "mal", et n’opte pas pour ce qui est son
bien, à savoir : le style de vie occidental, celui de l’individu
supposé autonome par rapport aux impératifs religieux
ou traditionnels de la communauté.
2. La transparence de l’individu
Contrairement à ce que pensent et pensaient d’autres
cultures, pour la modernité, l’individu n’a aucun
destin fixé par avance. Il est I’auteur de son propre
destin, c’est lui qui choisit le rôle qu’il veut
jouer et qui adhère volontairement aux valeurs de sa communauté.
L’individu moderne est en principe auto-transparent, c’est
un self-made man : sur cette feuille blanche qui est sa conscience,
sur ce degré zéro de croyance, il écrit sa
propre biographie. Pour l’homme moderne, il est inadmissible
que, pour des raisons religieuses ou traditionnelles, une culture
assigne un rôle préétabli à certains
individus, les femmes en l’occurrence. Le fatalisme d’une
religion comme l’lslam pour qui tout ce qui arrive "était
déjà écrit", s’avère tout
aussi intolérable. Comment admettre qu’il existe une
pièce sacrée, un ordre auquel l’individu ne
peut pas accéder, une opacité qui échappe à
son libre arbitre ?
L’église romaine avait déjà entrepris
au Xlll° siècle une féroce croisade contre les
hérétiques cathares qui, influencés par certaines
croyances orientales, avaient osé postuler le fatalisme de
la vie individuelle. L’lnquisition est née, en effet,
pour défendre le libre arbitre. Parce que si les actions
des individus ne dépendent pas de lui, qui rendre coupable
? La foi est un choix individuel et si l’individu ne choisit
pas celle qui est "évidemment" la "bonne"
foi, la
La version laïque de l’inquisition est l’intégrisme
de la normalité : si l’individu ne choisit pas bien,
son propre bien en fin de compte (l’individu s’aime
apparemment avant d’aimer n’importe quelle autre chose),
c’est parce qu’un certain reste obscur, pathologique,
le pousse à l’erreur, à la folie. C’est
seulement ainsi que l’on comprend que les individus puissent
opter pour leur propre soumission. De cette façon, le fanatisme
religieux qui effraie tellement l’occident, est considéré,
de par le savant diagnostic des spécialistes, comme une sorte
de psychose collective (on voit ainsi inversée la figure
de l’individu anormal : anciennement le fou était considéré
comme une sorte de fanatique religieux individuel). Comme on peut
le vérifier aussi aujourd’hui à propos de l’apparition
de certaines sectes religieuses, toute re-sacralisation du monde
est considérée comme un cas pathologique : les individus
cessent d’être les sujets de leurs croyances et de leurs
actes pour devenir les objets des disciplines "scientifiques".
N’en soyons pas soulagés : les enfants dans les écoles,
les hommes et les femmes à leur travail, nous sommes tous
d’une façon ou d’une autre surveillés
par ce panoptique. Pour être des sujets, des individus censés
être libres, nous devons tous être l’objet de
son regard.
3 Maître de soi
La modernité a énoncé un postulat qui, à
l’époque, avait incontestablement une valeur libertaire
: "mon corps m’appartient". H s’agissait,
en effet d’empêcher tout martre de nous dire ce que
nous devions faire de notre corps. Mais ce postulat trouva vite
certaines limites : si quelqu’un fait avec son corps ce que
la communauté considère comme anormal - suicide, autoflagellation,
prostitution, etc. - on considère que l’individu en
question n’est pas maître de lui et il devient en conséquence
l’objet des soins d’un autre (prison, hôpital,
école, etc.) D’un autre côté, la biotechnique
introduit de plus en plus l’idée de la toute-puissance
que l’individu peut exercer sur son propre corps : il peut
choisir d’être gros ou mince, sourd ou entendant, stérile
ou fertile. L’ingénierie génétique nous
promet aussi d’autres prodiges : choisir, par exemple, notre
couleur de peau ou notre taille. Bien que pour l’instant on
ne puisse pas empêcher le vieillissement ni la mort, l’immortalité
du corps, le fait que pour lui rien n’est écrit non
plus, est le fantasme qui parcourt toute la biotechnologie.
Au contraire, certaines religions, dont la musulmane, soutiennent
que nos corps ne nous appartiennent pas, que nous les habitons comme
des véhicules étrangers et que, dans ce cas, ce n’est
pas à nous de décider comment les habiller. Le port
du foulard est en ce sens l’une des conditions pour habiter
ce corps "prêté". C’est la communauté,
de par ses coutumes et ses valeurs, qui décide quoi faire
de ce corps. C’est pourquoi les porteuses de foulard peuvent
dire aux Français : "vous transformez le corps des femmes
en marchandises quand il est utilisé pour vendre un yaourt
; pour nous le corps est quelque chose de sacré que l’on
ne peut transformer en marchandise". Derrière la nudité
du mannequin il peut y avoir la liberté de comme des véhicules
étrangers et que, par conséquent, ce n’est pas
à nous de décider comment les habiller. Le port du
foulard est, en ce sens, l’une des conditions pour habiter
ce corps "prêté". C’est la communauté,
par ses coutumes et ses valeurs, qui décide ce que l’on
peut faire de ce corps. C’est pourquoi les porteuses de foulard
peuvent dire aux Français : "vous transformez le corps
des femmes en marchandises quand il est utilisé pour vendre
un yaourt ; pour nous le corps est quelque chose de sacré
que l’on ne peut transformer en marchandise". Derrière
la nudité du mannequin, il peut y avoir la liberté
de jouir de son propre corps mais aussi l’obscurantisme de
la marchandise. De même que derrière le foulard il
peut y avoir la soumission de la femme mais aussi la résistance
à la marchandisation du corps.
Or, l’opposition entre le fétichisme de la communauté
et celui de l’individu, entre la fusion et la sérialité,
est une fausse alternative qui ne peut que nous conduire vers une
logique de guerre. En fait, l’Occident, tellement fier de
son individualisme, n’a cessé d’introduire un
fétichisme de groupe sous la forme du nationalisme ou de
"l’esprit d’un peuple", ou sous la forme de
micro-identités de race, de sexe, d’habitudes de consommation,
etc.
Des philosophes tels Spinoza ou Schelling dont on ne peut pas dire
qu’ils étaient au service d’un intégrisme
quelconque, ont dénoncé la liberté de choix
de l’individu comme une fausse liberté : croire que,
puisque quelqu’un s’incline pour ceci plutôt que
pour cela, il est en train de choisir librement, équivaut
à croire qu’une plante cherche la lumière au
lieu de I’ombre de par sa propre décision. (Plus tard,
la psychanalyse fera de l’association libre la meilleure démonstration
des mécanismes qui déterminent la conduite d’un
individu).
L’âne de Buridan restait perplexe face à deux
bottes de foin de quantité et de qualité identiques,
et il mourait de faim entre eux parce que tous deux l’attiraient
avec la même intensité. La liberté de choix
suppose que ce qui est le meilleur soit décidé par
avance. Face à l’indiscernable, elle disparaît.
Et cependant, ni Spinoza, ni Schelling n’a opté pour
la soumission fasciste à la communauté. ll s’agit
pour nous à présent de déplacer la liberté
de la figure de l’individu qui choisit, de cette monade consumériste
ou "démocratique" capable de choisir entre deux
ou plusieurs produits, entre deux ou plusieurs candidats.
Les nihilistes post-modernes savent certainement que dans l’individu
il n’y a aucune liberté ontologique, aucune vérité,
et qu’il ne joue qu’un rôle dans une pièce
déjà écrite. Ce sont les ex-progressistes qui
disent : s’il n’y a pas de liberté dans l’individu,
il n’y a aucune liberté. C’est pourquoi pour
eux, le capitalisme est ontologique : il a désacralisé
le monde et démontré que toute sacralisation est un
simulacre. Ce qui les effraie dans l’lslam, c’est donc
la même chose que ce qui les effraie dans n’importe
quelle autre pensée non nihiliste : l’idée selon
laquelle quelque chose existe dans ce qui existe, que tout n’est
pas que simulacre. Pour eux, toute vérité qui tente
d’aller au-delà du simple jeu de la multiplicité
d’opinions, entraîne le danger du fascisme. Mais le
post-modernisme nihiliste reste pris à son propre piège
: s’il y a une pièce qui distribue les rôles,
si les opinions dans un moment historique s’ordonnent selon
une logique, alors cet Autre institue une vérité de
structure, religieuse en fin de compte, quoique inconsciente. Même
renoncé : "il n’y a pas de vérité"
trouve sa valeur de vérité dans cette structure.
Tout essai pour penser la question de l’lslam et de la religion
en général, implique d’emblée de refuser
la position de celui qui parle depuis la transparence vers l’opacité,
depuis l’absence de préjugés vers la superstition,
depuis la raison vers l’irrationnel, ou encore, depuis le
nihilisme vers la sacralisation. Nous ne cesserons jamais d’ignorer
nos déterminations, comme l’écrivait Spinoza,
mais nous pouvons être conscients que nous les ignorons.
Toute tentative pour éviter la guerre ou ce jeu quotidien
de soupçons mutuels, devrait passer par l’acte de reconnaître
jusqu’à quel point nous obéissons à des
cérémonies et rituels que nous ne reconnaissons pas
comme tels, c’est-à-dire jusqu’à quel
point nous sommes pieux, malgré nous, mais aussi jusqu’à
quel point il y a dans la religion , et même dans I’intégrisme,
une vérité de perspective sur l’homme qui peut
nous aider à penser notre société comme dominée
par l’obscurantisme de la marchandise, par son fétichisme
et par la transparence de l’individu. Car, même si dans
nos sociétés beaucoup se tournent vers la recherche
du sacré, ce n’est pas - comme peuvent le croire les
secteurs laïcs et progressistes - par simple mouvement réactionnaire,
mais parce que, d’une façon ou d’une autre, on
cherche quelque chose qui puisse mettre une limite à l’égarement
actuel, à cette autre religion nihiliste dont le principal
acte de foi est son arrogante incrédulité.
Collectif Malgré tout
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