|
Origine : http://www.acrimed.org/article1865.html
Acrimed | action critique médias http://www.acrimed.org
Le magot des télévisions locales nantaises et
ses enjeux
Publié le 3 janvier 2005
Depuis le 10 décembre 2004, 750 000 téléspectateurs
de l’agglomération nantaise peuvent apprécier,
dans l’attente de la Télévision numérique
terrestre, les premiers effets de l’explosion de l’offre
télévisuelle en recevant gratuitement, sur le canal
47 de leur téléviseur, les programmes des deux nouvelles
chaînes locales : « Nantes 7 » et « Télénantes
». Cette apparente profusion médiatique est le résultat
du choix opéré par le Conseil Supérieur de
l’Audiovisuel de partager, pour la première fois, le
gâteau d’une fréquence locale hertzienne et d’en
attribuer un modeste morceau, en application de la loi du 1er Août
2000 [1], à un candidat qui se présente depuis comme
« la plus grande télévision locale associative
hertzienne de France » [2].
De quoi susciter espoirs mais aussi grandes manœuvres et appétits
féroces : à Nantes, ainsi que dans les villes où
ont été lancés des appels à candidature
pour l’obtention de canaux hertziens locaux. De quoi attiser
regrets et colère à Marseille où l’insolente
et symbolique victoire de TV7 Marseille, c’est-à-dire
du quotidien La Provence, filiale du groupe Lagardère, de
la Caisse d’Epargne et du groupe AB Production, nie le principe
même de TVasso, télévision des quartiers portée
par une vingtaine d’associations [3].
Raison de plus pour observer et décortiquer la formule nantaise.
Stratégies d’accaparement, positionnements et profitabilité
publicitaire
Par décision du 15 juillet 2003, le CSA a attribué,
pour une durée de 10 ans, la fréquence du canal 47
nantais à deux éditeurs au positionnement éditorial
distinct. L’un, commercial et privé, est baptisé
Nantes 7 : nom de télévision de la société
TV Nantes Atlantique dont l’actionnaire principal, allié
pour l’occasion au Télégramme de Brest, est
la Socpresse, propriétaire entre autres du Figaro, du quotidien
nantais Presse-Océan et du Football Club Nantes-Atlantique
[4]. L’autre, Télénantes, s’est donné,
pour rentrer dans le cadre de la loi du 1er Août 2000, une
structure associative, mais a regroupé ses membres autour
de l’agence nantaise Double Mixte spécialisée
dans la communication des collectivités locales dont la ville
de Nantes [5].
Financée essentiellement par les recettes d’Inter-Régie,
sa régie publicitaire, Nantes 7 occupe 19 heures quotidiennes
d’antenne sous la houlette de Frédéric Hertz,
venu de la direction de TV 10 Angers, et de Noël Couëdel,
directeur du pôle Ouest de la Socpresse, ancien directeur
de l’Equipe, des rédactions du Parisien, d’iTélévision
et de RTL.
Rythmés et organisés par les retours des tunnels
publicitaires, à la profitabilité annoncée
- ils devront assurer la couverture des 3 millions d’euros
du budget de fonctionnement annuel [6] - , les rendez-vous multi-diffusés
de la grille de programmes sont un journal télévisé
de 26 minutes, sept jours sur sept, un 13 minutes quotidien dédié
au Football Club Nantes-Atlantique [7], un plateau quotidien centré
sur un ou plusieurs invités dans un décor d’
« appartement », et des magazines thématiques.
L’homogénéisation du tout est réalisée
à l’antenne par l’usage d’une rhétorique
marketing déclinée sur le ton de l’autocongratulation
permanente - on dit maintenant valorisation - et du consensus enjoué.
Ce tout est habillé par une identité visuelle et une
charte graphique cohérentes, un peu tapageuses mais efficaces
sans être ordinaires, en tout cas suffisantes pour faire valoir
l’existence de la chaîne face aux poids lourds de la
diffusion hertzienne [8]. Le colocataire des dépendances
de la fréquence, Télénantes, a plus de souci
à se faire. Avec un partage de l’antenne inégalitaire,
qui tient du marché de dupes, et des horaires de diffusion
pénalisants, il n’aura pas trop de sa « différence
» éditoriale pour affirmer sa présence sur le
canal 47 et faire valoir son identité.
L’actualité nantaise et celle du FCNA, traitées
donc, au jour le jour, par Nantes 7, autour de la grand-messe emblématique,
très française, d’un journal télévisé.
Ce choix a une logique en direction les annonceurs : « maintenir
le plus fort taux de présence -ce qui ne veut pas dire d’intérêt
actif- des téléspectateurs » devant leur téléviseur
et transformer, de manière indirecte, ce journal - un de
plus -, indispensable à l’image de marque de la chaîne,
« en produit d’appel chargé de conduire les téléspectateurs
d’un écran publicitaire à un autre ».
Ce faisant, il consacre « le règne de l’audience
instantanée, évaluée essentiellement en termes
quantitatifs, comme critère autonome, indépendant
du contenu [9].
Les importants moyens humains et techniques, qu’implique
ce type de choix, devront cependant aussi permettre de produire
les 9 à 10 heures de programmes frais hebdomadaires, imposés
à Nantes 7 par le cahier des charges du CSA.
Avant de devenir financier, l’enjeu paraît, et pour
quelques années encore, plutôt stratégique.
Il est celui auquel sont confrontés les principaux titres
de la presse quotidienne régionale (PQR) : prendre pied,
par le biais des télévisions locales privées
et par des alliances avec les nouveaux entrants du PAF (les groupes
Lagardère, Dassault, NRJ, AB, France Antille-Comareg...),
« dans la constitution d’un septième réseau
de télévision analogique hertzien à côté
de l’existant (TF1, France 2, France 3, Arte-France5, M6 et
Canal+ [10], pour espérer à terme améliorer
sensiblement les résultats en recul de leurs régies
publicitaires et de leurs ventes. Pierre Musso, interviewé
dans l’Humanité, fait remarquer que « tous titres
confondus, la presse quotidienne attire 16% des recettes publicitaires
globales...(que) le marché publicitaire local est très
limité. La Presse Quotidienne Régionale, ajoute-t-il,
n’a que 6% des recettes publicitaires et va être grignotée
par les gratuits et la télévision locale hertzienne
qui arrive. C’est une situation atypique en Europe »
[11].
Le positionnement de Télénantes se veut différent.
« Dans l’univers concurrentiel et marchand de la télévision,
Télénantes lance le pari de créer une télévision
locale de service public. Une télévision gratuite,
au service de la société civile, avec pour thématique
la vie locale, sociale, économique et culturelle »
lisait-on dans le numéro de juin 2002 du journal de l’association.
On y précise : « les gens passent 3h15 par jour devant
leur poste de télé. Ils connaissent mieux les rues
de San Francisco que les rues de leur propre ville. On admet aujourd’hui
que les images participent à la formation de l’opinion
et à l’acquisition du savoir. Si le local n’existe
pas dans ce schéma concurrentiel, il disparaît ».
Le ton est donné et l’argumentaire fait mouche. Le
médium télévisuel, nouveau vecteur du débat
démocratique, prenant la place de l’écrit inaccessible
à beaucoup et la défense du local sont des accroches
qui méritent qu’on s’y arrête. Le discours
doit étonner, renouveler les « idées »
sur la télévision, re-crédibiliser par ses
formules un média décrié, notamment auprès
des étudiants, des quadra branchés ou des «
dircoms » des communes de l’agglomération nantaise.
Télénantes sait donc faire parler d’elle. Appuyée
sur les subventions de la ville, de la communauté urbaine
Nantes-Métropole, du département de Loire-Atlantique,
Télénantes, « espace d’information, d’expression,
d’intégration, de création », sera «
une télévision qui répond à des missions
de service public » qui valorise « les habitants, les
initiatives, le patrimoine et l’estuaire ». «
Média participatif », de « lien social »,
« citoyen », la télévision favorisera
« le pluralisme », « l’échange, le
débat, la compréhension des enjeux locaux ».
Elle « séduira et étonnera » en refusant
le formatage télévisuel des cerveaux, en proposant
« une pluralité de formes et d’écriture
télévisuelles » [12].
Pour autant, le projet, porté par l’association Télénantes,
ne milite pas pour un projet de télévision d’associations.
Il développe sa conception d’un service public local,
appuyé sur les collectivités et se positionne à
l’intérieur du réseau des Télévisions
Locales de Service Public (UTLSP). Il a su et continue de confondre,
dans le discours, une structure, un réseau, une marque, mais
aussi une sorte de groupe de pression : l’Union des Télévisions
Locales de Service public, avec la notion même de service
public d’information pluraliste.
Service public local, indépendance éditoriale, lien
social : le prix du discours
L’équation financière d’une télévision
locale et « de service public » donc suppose, cependant,
une conviction et une volonté politiques fortes. Même
à l’échelle d’une agglomération,
elle reste un média et une industrie qui coûtent cher,
surtout s’il s’agit d’une chaîne d’information
qui prétend fonder son identité éditoriale
sur l’expression des habitants. Le budget annuel global annoncé,
d’environ 1,4 millions d’euros (80% de subventions des
collectivités locales et 20%, pour l’instant, de publicité
dès la première année) [13], paraît trop
serré, notamment en regard des ambitions éditoriales
et programmatiques affichées il y a un an [14]. Il a contraint
Télénantes à réduire la voilure dès
son ouverture d’antenne d’autant que la manne publicitaire
n’est pas assurée. La chaîne, conduite par Dominique
Luneau, journaliste- directeur de l’agence de presse économique
API, ne sera donc en mesure, pour l’instant, de produire que
deux heures et demie de programmes frais par semaine [15]. Il lui
faudra pourtant trouver les moyens de presque doubler, dans les
années qui viennent, cette autoproduction pour atteindre
le volume de « 40 minutes quotidiennes d’émissions
locales en première diffusion » fixé par convention
entre Télénantes et le CSA [16].
En attendant ce pari difficile, voir inenvisageable avec les moyens
actuels, les charges des emprunts contractés, en particulier
pour doter la chaîne des équipements nécessaires
à la fabrication des programmes, ne permettront pas davantage.
C’est au total, un peu plus d’une centaine d’heures
qui seront autoproduites ou coproduites en 2005. Parce que c’est
ce qui coûte le moins cher et sans doute aussi pour coller
à la standardisation actuelle du grand cirque de la causerie
et des conversations à la télévision [17],
on peut parier sans risque - c’est ce qu’annonce la
première grille des programmes - qu’elles prendront
souvent la forme de « plateaux » sur le terrain et de
débats construits autour d’invités sensés
représentés les fameuses composantes de la population
nantaise.
Pendant ses cinq heures d’antenne quotidiennes (20h 55-23h55,
13h-15h) Télénantes compte sur la multi-diffusion
de magazines hebdomadaires ou mensuels, à raison de deux
ou trois par semaine. Les thématiques traiteront les projets
territoriaux, les faits de société, le retour sur
l’actualité, la culture [18]. La chaîne souhaite,
par ailleurs, diversifier et enrichir sa grille de captations, de
collaborations, de partenariats par exemple avec l’Université
[19], de co-productions avec les producteurs locaux. Là encore
les moyens le permettront-ils ? Les partenaires de Télénantes
ou les étudiants bénévoles pourront-ils travailler
gratuitement, dans la durée, sans autre contrepartie que
la diffusion ? Quant aux co-productions : sur quels équilibres
seront-elles assises ? On connaît la composition du pâté
d’alouette proposé par TV Breizh aux producteurs bretons.
On sait maintenant qu’il a rendu malades et exsangues les
entreprises audiovisuelles qui y ont goûté [20].
L’enjeu, ici, avant même d’être financier,
relève de la responsabilité du politique, de son engagement
concernant la pratique citoyenne des médias. Les différentes
télévisions portées par des associations, qui
se situent, pour la plupart d’entre elles, dans le champ du
non-profit, qui sont ancrées dans le lien social et l’émergence
de la parole des habitants, peuvent obtenir des fréquences,
mais rien n’est prévu pour les financer. Le pouvoir
actuel a écarté toute discussion sur un fond de soutien
à l’expression audiovisuelle [21]. L’opposition
socialiste, dans sa lettre de réponse à l’Observatoire
français des médias (OFM), lors des dernières
élections européennes, affirme que : « Le développement
des télévisions locales ne doit pas, à terme,
se réduire à l’extension des groupes nationaux
ou du monopole de la presse écrite régionale »
et souhaite, entre autres, « la mise en place d’un tiers
secteur télévisuel indispensable au pluralisme de
l’expression locale et de la vie citoyenne » [22]. Encore
faut-il trouver et accorder, sur le terrain, là où
c’est possible, les moyens réels de figurer face aux
grosses cylindrées privées qui se lancent dans la
télévision locale hertzienne, de construire un véritable
média citoyen d’information, de ne pas l’instrumentaliser,
d’en garantir envers et contre tous l’indépendance
éditoriale.
Le lobbying fructueux d’Yves de Chaisemartin
Le CSA pensait, sans doute, avoir bien fait les choses le 15 juillet
2003 en partageant le canal 47 de l’agglomération nantaise.
Il accordait à la Socpresse ce que son patron de l’époque,
Yves de Chaisemartin, lui avait expressément demandé,
le 5 mars 2003, lors de son audition pour l’attribution du
canal : à savoir une large partie de la fréquence,
avec l’assurance de l’ouverture aux télévisions
locales de secteurs de publicité jusque-là interdits
dont celui de la grande distribution.
De Chaisemartin le 5 mars : « ...je ne crois pas que nous
sommes là pour parler la langue de bois. Je pense qu’il
y aurait une gigantesque incohérence à être
candidat à des fréquences de télévision
locale et hostile à l’ouverture à la publicité
des secteurs interdits. Au risque de fâcher un certain nombre
(il rompt là un accord passé avec la PQR donc avec
François Régis Hutin, le patron du 1er quotidien français
Ouest-France, présent dans la salle parce qu’il va
défendre sans succès, associé à TV Breizh
et à Patrick Le Lay, un projet concurrent pour la fréquence
nantaise)... je vous dit (au CSA) clairement aujourd’hui que
nous sommes favorables à l’ouverture des secteurs interdits.
Nous le sommes parce qu’il nous paraît que c’est
dans l’air du temps et dans la logique de l’histoire,
dans la comparaison avec d’autres pays du monde libéral...
» [23]. Ces secteurs interdits de publicité à
la télévision étaient jusque-là la chasse
gardée et une importante source de profitabilité de
la PQR.
Le CSA connaît la réponse le 15 juillet quand il attribue
la fréquence nantaise, mais ne répondra officiellement
et de manière positive à la demande de Chaisemartin
qu’après avoir été sollicité pour
avis par le gouvernement. Dans son rapport annuel 2003, il justifie
son avis : « L’année 2003 aura été
marquée par l’ouverture des écrans publicitaires
à plusieurs secteurs jusque-là interdits de publicité
télévisée. Pressé par la Commission
européenne qui considérait que le dispositif consistant
à proscrire l’accès de secteurs économiques
à la publicité pouvait constituer une restriction
au principe communautaire de libre prestation des services et qu’il
n’était pas proportionné aux objectifs poursuivis
de pluralisme de l’information et des médias, le gouvernement
français à modifié, le 7 octobre 2003, après
avoir sollicité l’avis du CSA, l’article 8 du
décret du 27 mars 1992... [24]. Les nouveaux décrets
paraîtront en décembre 2003.
En accordant à Télénantes la portion congrue
de la fréquence, le CSA voit là le moyen de faire
la timide démonstration, sur le terrain du droit, de son
ouverture vers les projets associatifs. Dans son rapport annuel,
il insiste, à propos de Télénantes, pour le
cas où les observateurs n’auraient rien vu ou compris.
[25] : « Il convient de souligner que pour la première
fois, le CSA a, au cours de l’année 2003, présélectionné
des personnes morales relevant de la loi du 29 juillet 1901 sur
les associations en vue de l’exploitation d’un service
local de télévision par voie hertzienne terrestre
analogique. L’autorisation de tels services est ouverte au
secteur associatif depuis la loi du 1er août 2000... [26]
».
C’est sans doute pour rassurer les collectivités locales
concernées, un peu bousculées par l’attribution
du canal 47, que le CSA fait un choix délibérément
nantais qui à l’avantage d’écarter le
projet d’une télévision plus régionale
que locale, à coloration bretonne : TVB Nantes, portée
par la télévision lorientaise TV Breizh, Patrick Le
Lay de TF1 et le quotidien rennais Ouest-France.
Le nouveau Paysage Audiovisuel Nantais (PAN)
Les sollicitudes feutrées du CSA vont toutefois rudement
secouer le PAN et la PQR Le taux de pénétration de
la PQR est important dans l’Ouest [27]. En Bretagne mais aussi
en Loire-Atlantique, dans le Maine et Loire, la Sarthe, la Vendée
où le pluralisme de la presse quotidienne est une réalité
[28]. L’arrivée des télévisions locales
hertziennes à Nantes mais aussi bientôt à Angers
et au Mans relance la concurrence et les grandes manœuvres
dans le champ télévisuel. Tous les titres de la PQR
de l’Ouest se retrouvent autour du panier des télévisions
locales.
Si Nantes 7 se positionne, avec son journal télévisé
quotidien, de manière frontale contre le service public,
« France 3 Ouest » et son décrochage nantais
« Estuaire », la chaîne espère bien aussi
mordre en fin de « prime time » sur le décrochage
d’informations « locales » de M6. Elle s’interroge
cependant déjà sur son devenir depuis le rachat sans
sommation (PAN, PAN), il y a quelques mois, de l’empire Hersant
par le Groupe Dassault. Avec près de 80% du capital de la
Socpresse, l’avionneur-marchand d’armes est à
la tête d’un empire de presse comptant quelque 70 titres
[29] dont Presse-Océan et Nantes 7, qui a commencé
à émettre le 10 décembre.
On sait, depuis ce rachat, que Serge Dassault a fait savoir qu’il
souhaitait se débarrasser des titres déficitaires
du groupe. Il est donc entré récemment en discussion
avec le groupe concurrent, Ouest-France, pour lui céder son
pôle de journaux régionaux de l’Ouest. «
Le périmètre de discussion », comme il a été
dit, porte sur les titres de la Socpresse [30] dont le chiffre d’affaires
global est de l’ordre de 75 millions d’euros, sur deux
imprimeries, la régie publicitaire Inter-régies et
Nantes 7. Si le FC Nantes Atlantique ne semble pas concerné
par les discussions en cours, Nantes 7 semble bien faire partie,
à la demande de Ouest-France, de la corbeille d’un
curieux mariage entre la démocratie chrétienne bretonne
et le chiraco-libéralisme le plus dur, surtout depuis la
mise sur la touche, par Serge Dassault, d’Yves de Chaisemartin,
qui avait affronté François Régis Hutin devant
le CSA. Ce serait sur ces terres de l’Ouest, où est
particulièrement actif et fédérateur l’institut
patronal de Locarn : cette « sorte de Davos breton »
[31], où plane parfois l’ombre de l’Opus Dei,
une version actualisée et médiatique de l’alliance
du sabre et du goupillon.
Sans préjuger de l’issue des négociations entre
les deux groupes - le chiffre de l’offre avancé de
65 millions d’euros serait jugée insuffisant -, on
peut cependant constater qu’ils viennent de répondre
conjointement le 15 décembre 2004 à l’appel
à candidature du CSA, concernant deux chaînes locales
hertziennes sur Angers et Le Mans [32]. En présence de Noël
Couëdel pour la Socpresse, François Régis Hutin
a tenu à exprimer son leadership dans le montage présenté
: « ... Nous devons par tous les moyens continuer la transmission
de l’information. La presse écrite est embarquée
dans le multimédia. Nous devons continuer le contact avec
nos lecteurs par ce moyen... » Puis il a défini les
contours d’un pluralisme d’un genre nouveau : «
...Avec la présence de Ouest-France et de la Socpresse, il
y aura un pluralisme interne aux chaînes. .. ». Il aurait
pu aussi commenter l’intéressante apparition, pour
la première fois, des Centres Leclerc à ses côtés
dans le capital du projet Le Mans 7 par le biais discret de Direct
Distribution.
L’offre de rachat faite par Ouest-France montre que la concentration
des médias est souvent l’œuvre des médias
eux-mêmes, qu’ils n’hésitent plus à
compromettre le droit à l’information, le pluralisme
et le droit d’informer. La réponse conjointe, faite
au CSA, par Ouest-France et la Socpresse, sur Angers et Le Mans,
après l’accord probable sur Nantes, pointe aussi l’intérêt
que cherchent à trouver les deux groupes dans la syndication
du marché de la communication publicitaire et de l’offre
de programmes par « blocs similaires de programmation ».
Comme l’expliquait Guy Pineau à la 2è Université
Européenne des Télévisions de proximité
à Albi en octobre 2003, il y a dans ces syndications «
...en germe le danger d’acclimatation du modèle américain
des networks, association de TV locales qui permet aux grands groupes
de communication de poursuivre une stratégie de glocalisation,
en investissant de façon coordonnée deux territoires,
deux dimensions : le local et le global [33].
C’est sans doute pour avoir du réévaluer, depuis,
sa stratégie, que Ouest-France, qui avait rallié au
dernier moment et à la va-vite le projet de TVB(reizh) Nantes
pour occuper la fréquence nantaise, ne pouvait rester sur
un échec dans la plus grande ville de l’Ouest, là
où les recettes de sa régie publicitaire sont les
plus importantes. Son offre de rachat de Presse-Océan, du
pôle Ouest de la Socpresse, son intérêt pour
Nantes 7, ses candidatures conjointes aux fréquences locales
hertziennes, lui permettraient de reprendre plus que le terrain
perdu dans les trois principales villes de la Région des
Pays de la Loire. Après avoir échoué à
expérimenter avec TV Breizh, c’est-à-dire avec
Patrick Le Lay, Sylvio Berlusconi, Rupert Murdock et François
Pinault, une « Europe des régions audiovisuelles »
appuyée sur de grands groupes internationaux de communication
spécialisés dans la télévision commerciale
[34], Ouest-France change de stratégie et de partenaires
en reprenant de justesse la main au niveau hexagonal et régional
par le biais de la PQR, avec la collaboration de Serge Dassault.
François Régis Hutin s’est d’ailleurs
manifesté deux fois récemment à Nantes, en
présence du maire Jean-Marc Ayrault, pour bien le faire comprendre
: sur les marches du théâtre Graslin, d’abord,
lors d’une manifestation de soutien aux deux journalistes
français détenus en Irak, puis sur le chantier du
futur siège départemental du quotidien. « Ouest-France,
le journal de Nantes, a-t-il déclaré pour l’occasion...
Être le journal de Nantes, c’est une fierté.
Mais cela donne aussi des obligations ; D’abord garantir la
qualité de l’information. Et c’est pourquoi nous
avons besoin d’un outil moderne que nous construisons. Nous
y implanterons tous les supports de diffusion : la rédaction
du journal, bien sûr, mais aussi la radio, le site Internet,
la télé Web et peut-être bien d’autres
choses, nous l’espérons [35] ». La dernière
allusion mériterait un développement de sa part. Puis
s’adressant directement à Jean-Marc Ayrault, il a cherché
à le conforter, devant l’opinion publique, sur le pluralisme
: « Vous connaissez la rigueur de notre engagement sur le
pluralisme et notre volonté de respecter ce principe, dont
nous pensons qu’il est un pilier de la démocratie.
Par le passé nous avons montré que nous avons su le
maintenir lorsque des mouvements de concentration dans la presse
nous ont concernés. C’est un point qui nous préoccupe.
Nos exigences en cette matière sont les mêmes. [36]
». L’allusion aux grandes manœuvres en cours n’est
là même plus voilée.
Télénantes : quel alibi ?
De quel poids va peser Télénantes, dans ce marigot
médiatique ? La chaîne trouvera t-elle les moyens d’exister
face à la puissance de frappe de l’autre éditeur
de la fréquence ? Quel qu’il soit. Saura t-elle être
davantage qu’une fenêtre concédée sur
le canal 47 par Nantes 7 ? Ou sera t-elle, à court ou moyen
terme, gobée d’un coup ?
Pourra t-elle affirmer, dans la durée, une identité
citoyenne correspondant aux ambitions de la ligne éditoriale
de départ ? Rencontrera t-elle les vrais acteurs du territoire
et des téléspectateurs pour la regarder ? Sera t-elle
capable de tisser, comme annoncé, du lien social à
travers la participation des habitants à qui elle doit son
financement et sa raison d’exister ?
Le rapport gouvernemental de la Direction des médias de
juillet 2003 [37] ne va pas faciliter le développement de
celle qui se prend pour « la plus grande télévision
locale associative de France ». Il ouvre plutôt un boulevard
aux télévisions locales commerciales, issues ou pas
de la PQR, en les aidant à conquérir leur nouveau
marché, l’infranational. En ce qui concerne les télévisions
dites « d’intérêt général
» , c’est un bricolage-prétexte pour ne pas affirmer
leur nécessité et leur liberté éditoriale.
Il est proposé l’accueil par France 3 de partenaires
locaux « à condition de prendre certaines précautions,
notamment en termes de cohérence de la grille » ou
d’offrir une fenêtre dans la programmation des télévisions
commerciales, sous réserve de la compatibilité des
contenus. Si, pour l’instant, l’indépendance
éditoriale de Télénantes est affirmée,
les questions de son financement et de sa pérennité,
qui conditionnent son volume de programmes autoproduits, leurs contenus
et leurs écritures, restent posées et risquent à
court terme de ne plus la garantir.
Deux directions contradictoires semblent se présenter à
Télénantes pour ne pas rester l’alibi, placé
par le CSA, dans le nouveau Paysage Audiovisuel Nantais : approfondir
le média d’information citoyenne ou emprunter les chemins
d’une dérive « « entreprenario-libérale
» fondée dans une pensée de marché.
Dans le premier cas, Télénantes devra s’ouvrir
au terrain, trouver des appuis dans les tissus social, économique,
associatif, les communes, les quartiers, tisser du lien sans retenue,
ni arrière-pensée, partager ce qui a été
difficilement acquis, montrer sa nécessité. Ce n’est
pas gagné car l’association a la réputation
d’être plutôt fermée [38], jalouse de son
capital. Comme l’a écrit un journaliste nantais qui
signait pour l’occasion Yves de Siègedupont dans le
satirique journal local « La Lettre à Lulu »
: Télénantes a « le pluralisme straponté
...La petite Télénantes n’est en fait associative
que sur le papier et pas vraiment ouverte au monde associatif...
» [39].
Dans le deuxième cas, Télénantes peut choisir
de devenir une sorte de clone « light » d’un canal
privé commercial mais construit avec des fonds publics en
s’appuyant sur la valeur ajoutée et la dimension marketing
d’une ligne éditoriale « différente »
[40]. On connaît la recette. Après avoir contribué
à déstabiliser le PAF, elle s’attaque au local.
Les ingrédients sont ceux d’un nouvel espace de marchandisation
: accorder une place de plus en plus importante aux écrans
publicitaires et donc accepter à court terme de devoir être
soumis à des impératifs immédiats d’audience
pour trouver les ressources qui font défaut [41], entonner
ouvertement le credo libéral et promouvoir de manière
insistante l’économie de marché, ce qui montre
que l’objectif d’influence idéologique est bien
à l’œuvre dans ce type de média comme dans
les autres [42], faire ce qui se fait, ce que font les autres donc
ce que tout le monde fait, c’est-à-dire des produits
interchangeables visant une programmation fédérative
(ou, si l’on veut consensuelle) [43], travailler de plus en
plus vite, faire de la minute d’antenne, se rapprocher de
la concurrence et des autres éditeurs pour réaliser
des économies d’échelle dans les fabrications,
compresser la masse salariale, tirer sur le temps de travail comme
actuellement dans beaucoup d’entreprises de presse [44], compter
beaucoup et trop sur des co-productions, souvent à budget
réduit, en acceptant leur écriture standard, souvent
insipide, et leur formatage, chercher enfin, quand c’est possible,
à changer de statut juridique.
Le rapport de la Direction des médias y pousse, en particulier
sur le dernier point, puisqu’il recommande d’autoriser
les collectivités territoriales à éditer un
service de télévision par voie hertzienne en utilisant
la structure juridique de la société d’économie
mixte locale. Aucune décision n’a été
prise pour l’instant, par le pouvoir, autorisant cette évolution.
Si ce devait être finalement le cas, l’équilibre
serait encore plus difficile à tenir entre le traitement
indépendant de l’information et les demandes des collectivités
locales ou des partenaires financiers. Quelle que soit la forme
juridique adoptée, association ou SEM, le risque est grand,
dans les conditions actuelles, de ne pas pouvoir garantir, dans
le temps, les ambitions et l’indépendance éditoriales.
Le glissement est insensible mais rapide entre information et communication.
On le voit tous les jours sur les grandes chaînes généralistes
nationales. Le danger de Télé-monsieur-le-maire, de
Télé-monsieur-l’expert-local, de Télé-monsieur-le-décideur
pointe son nez, à la place de l’expression des habitants.
« Curieuse forme de décentralisation qui en 40 ans
risque de passer de Télé-régionale-préfet
à la Télé-locale-élus-territoriaux »
[45].
Le dossier distribué le 7 décembre 2004 par Télénantes,
pour son lancement, à ses confrères de la presse dénote-t-il
ce genre de glissement sémantique ou s’agit-t-il d’une
reformulation pour rendre la ligne éditoriale plus accessible
et plus claire ? En tout cas a disparu de la ligne éditoriale
qui engage Télénantes auprès du CSA, telle
qu’elle avait déjà été présentée
en mai 2004 [46], le paragraphe suivant : « Tout citoyen,
tout groupe économique, social ou culturel peut devenir producteur
d’information et proposer des sujets d’intérêt
général. À Télénantes de choisir
de les traiter, de manière professionnelle et en toute indépendance
»
La place, même modeste, occupée par Télénantes
dans la formule nantaise a le mérite de dégager au
moins trois types d’interrogations. Quelle place dans le PAF
pour les télévisions locales ni privées, ni
commerciales, issues du secteur associatif et à qui sont
confiées des missions de service public d’information
pluraliste et d’expression des habitants ? Quels modèles
économiques proposer pour faire exister ce type de média
? Comment garantir, sur le long terme, l’indépendance
et la pérennité de son positionnement éditorial
face aux questions de son financement, des enjeux qu’il représente
et des évolutions politiques locales ?
François Le Nours
Notes
[1] Télénantes est la première association,
et pour l’instant la seule, à bénéficier
de la loi du 1er Août 2000 qui reconnaît aux associations
le droit de se porter candidates à l’attribution d’une
fréquence nationale, régionale ou locale.
[2] Le dossier de presse de Télénantes : mai 2004.
[3] Le CSA a retenu le projet TV7 à Marseille le 3 novembre
2004. Sont aussi concernées début 2005, par les décisions
du CSA Angers, Le Mans, Grenoble, Orléans, Tours, le département
de la Dordogne. Voir sur le site d’ l’Acrimed, Guy Pineau,
Alerte sur Marseille : les grosses pointures se lancent dans la
télé locale ! ; Guy Pineau, Hachette-Lagardère
pique la télévision de Marseille aux associatifs !
; TVasso, « Lettre ouverte aux marseillais » ; Fédération
Nationale des Vidéos de Pays et de Quartier, « Télé
locale à Marseille : interrogations autour de la décision
du CSA ».
[4] Le capital de TV Nantes Atlantique est détenu par Presse
Océan (49%), le Télégramme de Brest (14,6%),
les Mutuelles de Loire-Atlantique (11,1%), la Caisse d’Epargne
des pays de Loire (11,1%), Synergie : société d’intérim
(11.1%), TV Nantes Atlantique Entreprises (3%). Voir Les publications
du CSA, Auditions publiques du 5 mars 2003, page 26. La Socpresse
est par ailleurs propriétaire de plusieurs quotidiens régionaux
dans l’Ouest : Presse Océan - dont Vendée Matin
- (53653 ex) à Nantes, Le Courrier de l’Ouest (97 238
ex) à Angers, Le Maine libre (47 837 ex) au Mans, soit un
pôle de 200 000 exemplaires selon l’OJD 2003.
[5] L’association « Télénantes »
était localisée pendant plusieurs années, jusqu’à
fin 2004, 11 rue des Olivettes à Nantes dans les locaux de
l’agence Double Mixte. Le président de Télénantes,
Benoît Perdoncin, est gérant de la société
Théma prestations localisée 11 rue des Olivettes dans
les locaux de l’agence Double Mixte. Patrick Ardois, trésorier
de Télénantes est actionnaire et gérant de
l’agence Double Mixte. Emmanuelle Morin, vice-présidente
de Télénantes est actionnaire et salariée de
Double Mixte. Ces trois personnes font aussi partie du collège
des membres fondateurs de l’association Télénantes.
Ce collège comprend au total cinq personnes, autoproclamées
et irrévocables par l’Assemblée Générale
de l‘association. Les membres fondateurs, s’ils le souhaitent,
le sont donc à vie et verrouillent l’association. Cinq
des six membres du Conseil d’Administration sont les membres
fondateurs. Une dizaine de personnes sont venues compléter
l’association en 2002, 2003, 2004. Sources : le dossier de
presse de Télénantes - mai 2004, le greffe du tribunal
du commerce, les statuts en préfecture.
[6] 5 millions d’euros de recettes publicitaires à
l’horizon 2009, dans le business plan de Nantes 7. Les publications
du CSA, Auditions publiques du 5 mars 2003, page 24. Cependant,
comme le fait remarquer le directeur de Nantes 7 (Conférence
de presse de 7 déc. 2004), la publicité locale ne
suffira pas à équilibrer le budget de la chaîne.
La publicité nationale sera nécessaire à une
hauteur nettement supérieure à 50% ainsi que la mise
en syndication publicitaire de TV de villes alliées ou géographiquement
proches. Voir plus loin, par exemple, le projet de régie
publicitaire commune entre Nantes, Angers, Le Mans.
[7] Le Football Club Nantes-Atlantique appartient à la Socpresse
depuis son rachat à la ville en juin 2000. Nantes 7 espère
tirer parti de l’image du club pour fidéliser un public
de supporters. Jean-Luc Gripond, président du directoire
du FCNA, était présent dans l’équipe
de TV Nantes Atlantique auditionnée par le CSA le 5 Mars
2003. À la question du conseiller Levrier, sur une recette
de 600 000 euros en provenance du FCNA en année 5 dans le
business plan de Nantes 7, il répond : « Nous avons
une approche purement commerciale... Il est clair que nous avons
une synergie évidente que nous souhaitons exploiter entre
le journal, la télévision et le FC Nantes... Donc,
l’objectif du FC Nantes est vraiment de trouver un partenariat
commercial qui permette, ce qui est un peu un phantasme de tous
les clubs de football, un développement durable (sic) sur
autre chose et parallèlement aux résultats sportifs
». Le conseiller Levrier : « Mais alors qu’achetez-vous
exactement à la station ? C’est tout de même
original de voir un club de football payer une télévision.
Habituellement, cela se passe dans l’autre sens ! ».
Source : les publications du CSA. Auditions publiques du 5 mars
2003, page 30. Malgré le démenti de Noël Couëdel,
Ouest-France, intéressé au rachat de Nantes 7 (voir
plus loin), « confirme que le FCNA verse 600 000 euros à
Nantes 7 » dans son édition du 4 décembre 2004.
[8] L’effort fait dans ce domaine par Nantes 7 montre qu’avec
la diffusion hertzienne, pour l’instant gratuite pour le téléspectateur,
la concurrence est rude et le zapping un sport national. Jouer dans
la cour des grands réseaux, c’est y exister, entre
autres, par son identité visuelle. Cela montre la nécessité
des efforts consentis aussi par Télénantes dans ce
domaine, mais en relativise cependant les effets escomptés.
Si les deux chaînes comptent sur leur charte graphique pour
être reconnues, le téléspectateur, sur le même
canal, sera-t-il en mesure de faire la différence et de les
dissocier ?
[9] Henri Maler, « Critique des médias, critique de
la domination », Acrimed 14 mai 2003.
[10] Guy Pineau : « Alerte sur Marseille : les grosses pointures
se lancent dans la télé locale ! » , Acrimed,
23 juin 2004.
[11] Pierre Musso, « L’information, un bien commun
»,L’Humanité, 1er décembre 2004.
[12] « La ligne éditoriale » : dossier de presse
de Télénantes, mai 2004. Sur le site de Télénantes.
[13] Conférence de presse de Télénantes le
7 décembre 2004. Voir aussi : Pierre Musso, « TV Breizh,
télévision-miroir de la Bretagne ? », Acrimed,
15 Août 2003. Pour donner un ordre de grandeur, le budget
annuel annoncé de Télénantes représente
approximativement le huitième de Télé Lyon
Métropole, le septième de Télé Toulouse,
la moitié de TV Rennes, les 4/5 de TV10 à Angers ou
encore le neuvième de celui de TV Breizh à son ouverture
d’antenne. Ces chaînes locales produisent toutes 3 à
6 fois plus de programmes d’émissions locales en première
diffusion que ce qu’annonce Télénantes (cf.
plus loin), parce qu’elles consacrent l’essentiel de
leur budget à la fabrication de programmes donc à
la masse salariale. Rappelons enfin, toujours à titre de
comparaison, qu’à Nantes, par exemple, la construction,
par des épigones de Royal de Luxe, d’une machine-éléphant
à faire cornaquer, quai des Antilles, par des touristes et
les bobos locaux, coûte 8 millions d’euros soit près
de 20 ans de subvention de la ville à Télénantes.
[14] Conférence de presse de Télénantes du
12 décembre 2003 et « La lettre à Lulu »,
journal satirique d’information nantais n°42-nov 03.
[15] Conférence de presse de Télénantes le
7 décembre 2004.
[16] Voir le site de Télénantes où il est
précisé que le volume actuel d’autoproduction
de programmes par la chaîne représente 60% de ce qui
sera produit en année 3.
[17] Le supplément « télévision »
du quotidien Le Monde du samedi 24 octobre 2004 dans lequel le producteur
Stéphane Simon explique qu’aujourd’hui à
la télévision : « il faut être dans le
registre de la conversation ...et qu’on y voit toujours la
même chose »
[18] Conférence de presse de Télénantes le
7 décembre 2004.
[19] Ouest-France, éditions de Nantes du 21 octobre et du
24 décembre 2004.
[20] Voir le dossier de « La feuille de l’arbre, auteurs
et réalisateurs en Bretagne ». N°9, hiver-printemps
2004.
[21] Guy Pineau, « Télés associatives : Une
si longue attente pour un si triste rapport... », 1er décembre
2003.
[22] Réponse de F. Hollande aux questions de l’OFM.
Les marseillais membres de TVasso et de O2ZoneTV doivent certainement
gamberger sur la décision qu’aurait pris le CSA si
Lionel Jospin était devenu président de la République.
En attendant, sur les hésitations du gouvernement Jospin
et du ministre de la culture et de la communication, ils peuvent
toujours lire Charlotte Dudignac « Le parti socialiste français
et le tiers secteur de l’audiovisuel », Mémoire
de DEA, Paris I, Septembre 2003.
[23] Les publications du CSA, auditions publiques du 5 mars 2003,
page 326.
[24] Les publications du CSA, Rapport annuel 2003, page 110.
[25] Au niveau national, on peut effectivement ne pas remarquer
la présence de Télénantes pour 5 heures maximum
de diffusion quotidiennes sur le canal 47.
[26] Les publications du CSA, Rapport annuel 2003, page 23.
[27] Pierre Musso, « TV Breizh, télévision-miroir
de la Bretagne ? ». Voir ci-dessus.
[28] On trouve dans chaque département plusieurs des titres
suivants : Ouest-France, Le Télégramme, Presse-Océan,
Vendée-Matin, Le Courrier de l’Ouest, Le Maine libre.
[29] Voir sur le site de l’Acrimed une trentaine d’articles
publiés concernant le Groupe Dassault
[30] Voir : « Actualités-Les 1000 de l’Ouest
». Centre de communication de l’Ouest. Nantes.
[31] Le qualificatif vient de l’hedomadaire Télérama.
O Millot le 17/11/99
[32] SAS Angers, pour le projet Angers 7, SAS Le Mans TV, pour
le projet Le Mans 7.
[33] Guy Pineau, « Télés associatives : Une
si longue attente pour un si triste rapport... ». Voir ci-dessus
[34] Pierre Musso, [« TV Breizh, télévision-miroir
de la Bretagne ? »-1165], Acrimed, 15 Août 2003.
[35] Ouest-France du 17 septembre 2004.
[36] Ouest-France du 17 septembre 2004.
[37] Guy Pineau, « Télés associatives : Une
si longue attente pour un si triste rapport... ». Acrimed,
1er décembre 2003
[38] Voir plus haut. On peut noter, aussi, que Elisabeth Clément,
déléguée générale de l’Union
des télévisions locales de service public (UTLSP),
déjà membre du collège des membres fondateurs
de Télénantes vient de rejoindre au Conseil d’administration
les quatre autres membres fondateurs.
[39] « La lettre à Lulu », n°42-nov 03.
Voir aussi : Mathias Le Galic : « La démocratie participative,
le cas nantais » (éditions de l’Harmattan, 2004).
[40] Rappelons à ce propos le curieux concept de «
mieux disant culturel » inventé par François
Léotard, alors au Ministère de la Culture, et Patrick
Le Lay, lors de la privatisation de TF1 en 1986.
[41] Cette acceptation de la publicité peut prendre plusieurs
formes : celle du « mal nécessaire » et du «
Comment faire autrement ? », celle exposée à
l’antenne par D. Luneau, le directeur de Télénantes
: « La pub est nécessaire. Il ne faut pas en avoir
honte...C’est une chance pour les annonceurs d’avoir
deux chaînes à Nantes... » (Il a d’ailleurs
confié la partie la plus importante de la régie publicitaire
de Télénantes à MD Inter-régies télévision
, la régie publicitaire de la Socpresse.), celle, beaucoup
plus brutale de P. Lelay concernant les parties de cerveau humain
à mettre à la disposition des annonceurs. Comme le
constate le documentariste et critique Jean-Louis Comolli : «
L’horizon de la lessive libérale à fond publicitaire
n’est pas pour demain. Nous y sommes. Les télévisions
y sont, elles accélèrent le chantier ». J.C
Comolli : « Voir et pouvoir, l’innocence perdue »
Ed Verdier, 2004. Voir aussi Le Monde des livres du 21 mai 2004
qui rend compte de l’ouvrage de J.C Comolli.
[42] Depuis l’ouverture d’antenne de Télénantes,
combien de reportages et d’émissions ont-ils été
consacrés à des entreprises et des portraits à
des entrepreneurs ?
[43] Dans le domaine de l’information, cette pensée
unique de la représentation trouve son aboutissement dans
le sempiternel reportage vite fait, construit autour d’un
commentaire journalistique additionnel qui nous dit ce qu’il
faut voir, savoir et penser
[44] Dans une émission du 26 décembre, sur Télénantes,
intitulée « Quoi de neuf sur les marchés ? »,
la présentatrice a tellement intégré ses conditions
de travail et est tellement convaincue du discours actuel sur la
remise en cause des 35 heures qu’elle saute sur la première
occasion. Un commerçant du marché de Talensac, interviewé,
explique que les 35 heures et la RTT ont sans doute permis à
une clientèle nouvelle et plus jeune de venir au marché.
La présentatrice (alors que ce n’est pas le sujet)
: « En parlant de 35 heures, cela ne vous concerne pas trop
je crois ? » Rires entendus de la présentatrice. Le
commerçant saute à son tour sur l’occasion,
alors qu’il vient de dire que les 35 heures lui avaient amené
de nouveaux clients : « Ah si pour deux jours, c’est
bon ! » (18 heures par jour : de mieux en mieux, un héros
!). La présentatrice aux anges : « Parce que c’est
un rythme de folie, je crois ? » Ou comment se servir du marché
le plus chic, au centre du boboland nantais, pour faire glisser
le discours vers une incidence idéologique « sarkosienne
» sur les 35 heures.
[45] Guy Pineau, « Télés associatives : Une
si longue attente pour un si triste rapport... ». cité
ci-dessus.
[46] Le dossier de presse de Télénantes : mai 2004
Source : acrimed | action critique médias
http://www.acrimed.org/article.php3?id_article=1865
|