Origine : http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/mmaffesoli_elogeraison.doc
Eloge de la raison sensible
Lecture de Maffesoli
Romdhami Messï Mariem
Plan de l’étude :
Biographie de l’auteur
Revue sommaire de l’œuvre de MAFFESOLI
Positionnement de l’ouvrage et postulats
Hypothèses .
Mode de démonstration
Résumé de l’ouvrage
Commentaires, critiques .
Quelques mots de l’auteur .
Bibliographie de l’étude
Biographie de l’auteur :
Michel MAFFESOLI :
Né le 14 novembre 1944 à Graissessac (Hérault).
Professeur de sociologie à la Sorbonne.
Professeur titulaire de la chaire « Emile Durkheim »
à la Sorbonne.
Formation :
Doctorat ès Lettres et sciences humaines : « La dynamique
sociale », sous la direction de Gilbert Durand. (1978).
Doctorat en sociologie, à l’université de Grenoble
« L’histoire comme fait social total ». Sous la
direction de Gilbert Durand (1973).
Etudes supérieures à l’université de
Strasbourg.
Cursus professionnel :
1972-1977 : Attaché puis chargé de recherches à
l’université de Grenoble, co-directeur de l’équipe
de sociologie urbaine.
1978-1981 : Maître assistant à l’université
de Strasbourg.
Depuis Août 1981, professeur des universités, à
l’université Paris V-Sorbonne sciences humaines.
Directeur de Sociétés, revue internationale des sciences
humaines et sociales et des Cahiers de l’Imaginaire.
Directeur du Centre d’études sur l’Actuel et
le Quotidien (CEAQ), Laboratoire de recherches sociologiques en
Sorbonne.
Vice-président de l’Institut International de Sociologie
(I.I.S).
Distinctions de l’auteur :
Prix de l’Essai André Gautier, 1990 pour « Au
creux des apparences »
Grand Prix des Sciences Humaines de l’Académie Française,
1992 pour « La transfiguration du Politique ».
Revue sommaire de l’œuvre de MAFFESOLI :
En se référant à l’analyse faite par
Yves Le Pogam sur l’ensemble de l’œuvre de Michel
Maffesoli ; il en ressort que la notion de socialité progresse
dans le temps et ce dès la premières publications
de l’auteur. Cependant, ce qui caractérise la sociologie
de Maffesoli, c’est la constance de ses hypothèses
et les liens très étroits qui existent entre ses ouvrages.
Sa sociologie repère des pratiques sociales, des cultures
naissantes, qui sont autant de preuves rassemblée dans la
modernité pour venir étayer son projet de saisir la
dimension plurielle du social, son polythéisme, la socialité
en acte. Néanmoins, même si l’auteur reste fidèle
à quelques principes directeurs qui guident ses analyses,
il n’en demeure pas moins que les objets sur lesquels porte
son travail se sont modifiés au cours du temps.
Dans un premier temps Maffesoli installe sa vision dynamique du
social dans le cadre d’une anthropologie politique. («
logique de la domination »(1976), « la violence fondatrice
» (1978), la violence totalitaire (1979)).
La seconde période est plutôt marquée par l’affirmation
de la socialité comme thématique dominante, située
dans ses ouvrage comme : « La conquête du présent
» (1979), « L’ombre du Dionysos » (1982)
et « Le temps des tribus » (1988).
La dernière période marque une orientation nouvelle
initiée par l’esthétique comprise comme lien
émotionnel et qui s’exprime dans ses ouvrages comme
« au creux des apparences » (1990), « éloge
de la raison sensible » (1996), « Du nomadisme »
(1997).
Une anthropologie politique :
Les principes d’une anthropologie politique se fixent dans
« Logique de la domination » , un ouvrage situé
dans la critique de l’époque. Maffesoli montre la désagrégation
de la logique rationaliste , dans la socialité, dans sa mouvance,
dans une créativité que l’idéologie économique
ne peut retenir. Dans cet ouvrage, les concepts majeurs comme, idéologies,
utopies, imaginaire sont déjà présents.
Cette élaboration théorique liée au politique
va se concrétiser dans la thématique de la violence,
élaborée et approfondie dans « La violence banale
et fondatrice » (1984) . Dans cet essai, Maffesoli propose
une approche qui ne renvoie pas à la violence sous une forme
négative mais qui la considère dans l’ambivalence
de sa pluralité, simultanément destructrice et constructrice
du lien social. La violence n’est pas une survivance barbare
mais une force de structuration du social.
Cette réflexion sur la violence développée
dans la pensée maffesolienne, liée à la socialité
et ancrée à un au-delà du politique , se poursuit
dans « La violence totalitaire ». Dans cet ouvrage,
l’auteur dénonce une emprise diffuse et autoritaire
des institutions étatiques sur les activités de la
vie sociale. Les oppositions se manifestent entre le pouvoir fait
pour gouverner, domaine du politique, et la puissance qui est la
violence sociale née de l’agrégation et du collectif
qui lutte contre la gestion rationnelle et bureaucratique. Les traits
majeurs de la société capitaliste : la nécessité
de travailler et l’idée selon laquelle la société
se développe sous l’œil protecteur de l’Etat
conduisent à une idéologie du progrès qui produit
un effet pervers : sous prétexte de servir l’homme,
le progrès lui ôte toute sa substance.
Ces premières publications de Maffesoli contiennent les
soubassements sur lesquels vient se greffer l’anthropologie
de la vie quotidienne dont il va progressivement parfaire les formes.
L’affirmation de la socialité :« un
nouvel esprit anthropologique »
Gilbert Durand défend dans la préface de l’ouvrage
« A la conquête du présent » la nouvelle
sociologie de Maffesoli qui marque un renversement épistémologique
où la culture est privilégiée par rapport à
l’économie et où l’importance du mythique,
du symbolique et de l’imaginaire est valorisée.
Maffesoli n’impose pas ce que doit être une politique
de la vie quotidienne, il montre seulement les formes de son expression,
notamment la socialité multiforme souterraine, que ne peut
expliquer l’analyse économique ou politique. La socialité
de base conduit à une harmonie différentielle par
opposition au totalitarisme qui repose sur une harmonie unifiée.
Il s’agit de capter l’immoralisme envers l’officiel
ou l’idéologie dominante (progrès, raison),
c’est à dire marquer l’antagonisme entre la puissance
et le pouvoir.
Maffesoli s’attache au fondement de la dynamique sociale
en montrant que la duplicité structure le social. Ainsi s’affirment
des idées force qui, initiées par l’anthropologie
politique, vont irriguées tout son travail ultérieur
: l’importance donnée à l’insignifiant,
au banal, rappelé par la permanence des rituels qui se rapportent
au ludisme, la reconnaissance du qualitatif comme source de valorisation
devant la saturation des valeurs comme le productivisme et le progrès
qui ont fait le succès de la pensée bourgeoise.
C’est là une voie qui va se parfaire dans «
L’ombre de Dionysos », où le rôle de la
passion, des affects est valorisé.
Dans l’ombre de Dionysos, Maffesoli part du même postulat
: scruter dans le présent des formes rassemblantes qui servent
de contrepoint aux valeurs dominantes de la modernité. C’est
l’émergence d’une structure comme l’orgiasme
que pointe Michel Maffesoli et qui montre, à l’encontre
du principe de l’individualisme, que l’homme est un
« être-ensemble ».
L’orgiasme met en jeu la socialité, définie
comme l’expréssion quotidienne et tangible de la solidarité
de base, renvoyant à une solidarité organique, permettant
l’épanouissement de chacun dans un ensemble plus vaste
, dans le collectif. Car ce qui prévaut pour Maffesoli, c’est
le renversement de la morale tyrannique du devoir être, dictée
par la société, pérennisant l’ordre établi
et qu’il oppose à une éthique faite d’effervescence
et de désir de réaliser l’impossible.
L’ombre du Dionysos est un fervent plaidoyer pou un hédonisme
populaire qui sera amplifié dans « Le temps des tribus
», en montrant que les résistances populaires sont
de signes de la vitalité et de la générativité
du social, visibles dans l’émergence de micro groupes
qui se constituent en réseaux, dont la vigueur exprime la
créativité des masses. Apparaît ici une nouvelle
notion qui va servir de pivot aux interrogations futures de Maffesoli,
la postmodernité.
En se concentrant sur la tribu, une métaphore pour rendre
compte de l’aspect « cohésif » du partage
sentimental de valeurs, de lieux ou d’idéaux, l’auteur
veut rendre compte d’un processus de « désindividualisation
». Ce qui implique que la socialité fondée sur
l’empathie remplace le social rationalisé. Il oppose
ainsi la modernité définie par une structure mécanique
composée d’individus répondant à une
fonction et à des formes d’interactions contractuelles,
à la postmodernité : une notion qu’il introduit
dans ses analyses et qui se caractérise par une structure
complexe et organique, avec ses masses, ses personnes et des tribus
qui jouent un rôle à l’intérieur des différentes
activités de la vie quotidienne.
La puissance des affects doit être prise en compte pour comprendre
la socialité élective et même si le pouvoir
économique n’est pas absent , le resserrement des liens
collectifs se réalise cependant.
Dans une période marquée toujours par l’empreinte
de l’anthropologie politique, Michel Maffesoli s’attache
à montrer les formes d’une socialité naissante,
turbulente, signe de la dynamique sociale dans laquelle la puissance
des affects est dominante. Sans renoncer à ses conceptions
sur la socialité, il l’examine en se positionnant par
rapport aux notions majeures qui traversent l’espace de la
connaissance, l’individualisme, la postmodernité. La
puissance de la socialité va retrouver de nouveaux élans
avec la théorisation du paradigme esthétique.
Le lien émotionnel et la puissance de l’esthétique
:
C’est l’interrogation de la socialité par le
paradigme esthétique qui caractérise cette dernière
période, esthétique comprise au sens où l’accent
est mis sur l’émotion.
Dans « Au creux des apparences », Maffesoli se concentre
sur la postmodernité et essaye de la théoriser et
ce en approfondissant la trame constitutive des recherches antérieures
: la nature émotionnelle du lien social, l’hédonisme
du quotidien, l’être-ensemble, le plaisir des sens,
une connaissance ouverte à la raison sensible et à
l’organicité qui caractérise la postmodernité,
tout ce qui a trait à l’esthétique. Il définit
l’esthétique comme le sentir commun, un consensus sur
le sentir commun. C’est là un principe qui ne concerne
pas quelques individus, mais qui est devenu une injonction de masse.
Maffesoli fait l’hypothèse que le paradigme esthétique
se présente comme un angle d’attaque permettant de
rendre compte d’une constellation d’actions, de sentiments,
d’ambiances spécifiques de l’esprit du temps
de la postmodernité, ce qui caractérise une culture
en train de naître.
La socialité est irréductible à des relations
mécaniques. Elle implique un lien social dynamisé
par l’imaginaire, le ludique et le sensible dont il s’agit
de montrer la structure organique . Une entreprise que poursuit
Maffesoli dans « La transfiguration du politique »,
en revenant sur ses premiers questionnements, mais où le
politique est réinterrogé par des notions développées
entre temps.
Dans son ouvrage « Du nomadisme », le projet de Maffesoli
est de poursuivre par la socialité, l’investigation
de ce qui existe à côté de la raison. Errance
ou nomadisme expriment une socialité en gestation, un projet
d’être, une synthèse culturelle déterminant
les formes de l’être ensemble. En ce sens, le nomadisme
est contraire à la domestication recherchée par les
Etats-nations qui se méfient de ce qui ne peut être
contrôlé. Pour Maffesoli, exister, sortir de soi, s’ouvrir
aux autres, même de manière transgressive ; c’est
comme une constante anthropologique qui taraude chaque individu
et le corps social dans son ensemble. Le nomadisme contribue à
la construction de la réalité sociale contemporaine
intégrant une grande partie de symbolique, comme le montre
l’accentuation de l’écologique par rapport à
l’économique ou les implications de formes communautaires
et de solidarité concrètes.
Les plus récentes publications de Maffesoli s’inscrivent
dans la même lignée que les ouvrages catégorisés
de la dernière période de l’œuvre avec
la nuance que l’actualité de ces dernières années
est au centre de ces études.
Dans « l’instant éternel, le retour du tragique
dans les sociétés postmodernes » (2000), Maffesoli
se base sur les travaux des réseaux des centres de recherche
sur l’imaginaire, il soutient que la vie quotidienne cèle
un polythéisme des valeurs face à une vie de contraintes
politiques, sociales et professionnelles. Sa réflexion se
penche une nouvelle fois sur le tragique comme symbole de notre
identité culturelle collective et il montre que ce qui émerge
de nos jour, c’est l’identité de la vie en tant
que bien collectif ; « la vie pour elle même ».
« La part du diable, précis de subversion postmoderne
» (2002), est un ouvrage paru 12 mois après la tragédie
du 11 septembre. Inspiré par deux années se séminaires
en Sorbonne et surtout par les travaux de terrains des 70 centres
de recherche sur l’imaginaire, l’ouvrage interroge le
Mal comme notion et comme réalité, comme la part de
l’ombre dans ce monde. Passivité par rapport au travail,
abstention politique, retrait de la vie sociale, rassemblements
festifs et musicaux et autres formes d’effervescence en sont
autant de symptômes.
Les travaux de Michel Maffesoli s’inscrivent dans une travée
épistémologique qu’il qualifie métaphoriquement
de procédure métanoïque (qui pense à côté),
en opposition à celle de la construction paranoïaque
(qui pense d’une manière surplombante).
Cette dernière renvoie à la rigidité de la
construction conceptuelle et analytique , qui œuvre par séparation
et dont les représentations intellectuelles reposent sur
l’abstraction, le mécanisme et la raison.
Quant à la première , elle renvoie à une procédure
holiste, où métanoïa signifie connaissance «
avec », par empathie. Cette procédure privilégie
les notions reposant sur l’intuition, l’analogie, la
métaphore, et met l’accent sur le sentiment, l’organique
et l’imagination.
Cette travée épistémologique, Maffesoli la
reconnaît chez les grands initiateurs de la sociologie que
sont Weber, Simmel, Pareto et Durkheim.
De l’ensemble des travaux de Maffesoli, on peut dégager
un fil conducteur s’articulant autour des expressions que
sont le « devoir être » et le « vouloir-vivre
». Celles-ci s’inscrivent dans son discours sociologique
comme des catégories idéal-typiques, comme des condensations
de modes d’être pouvant être reconnues selon l’une
ou l’autre de ces catégories.
Positionnement de l’ouvrage et postulats :
Tout au long de son cheminement intellectuel, Michel Maffesoli
s’est attaché à montrer le caractère
tragique de notre état anthropologique lié à
l’inéluctable inachèvement des contradictions
de notre vécu. Son œuvre, alimentée par l’examen
clinique des corpus sociaux, politiques, esthétiques, culturels
connaît avec cet essai une mise au point, une réflexion
épistémologique sur les fondements de sa démarche
cognitive. Ce regard épistémologique était
d’autant plus nécessaire que cette démarche
éclaire la lecture de la pensée de notre temps. Dans
cet ouvrage, Maffesoli développe les principes épistémologiques
en harmonie avec son objet : la socialité émergente
.
La question qu’il pose est : Peut-on comprendre la vie sociale,
et si oui comment le peut-on ?
La pensée rationaliste qui a fait l’âge d’or
de la période moderne est elle encore apte à analyser
les méandres de la socialité d’aujourd’hui
?
L’auteur va essayer de montrer comment une raison, plus large
qui tient compte de l’affect, du sensible, du non-rationnel
: « une raison sensible, une raison ouverte » peut s’ériger
en une alternative au rationalisme pur et dur.
Hypothèses :
Afin de construire sa réflexion sur la « révolution
» dans la manière de penser qu’il propose , Maffesoli
pose certaines hypothèses qui ont trait essentiellement aux
caractéristiques de notre société contemporaine.
Sa démarche part du présupposé que le contenu
latent est déjà là, il ne s’agit pas
de le créer mais de le découvrir, de le constater
et de le décrire. Chose qui peut paraître triviale
au premier abord mais qui n’en demeure pas moins une étape
primordiale vers une meilleure appréhension de la complexité
grandissante des phénomènes sociaux.
Maffesoli suggère aussi qu’à la morale politique
qui avait été la marque de la modernité est
en train de succéder une « éthique de l’esthétique
» qui pourrait être celle de la postmodernité.
Alors que la première faisait fond sur le lien contractuel,
la seconde quant à elle, verrait plutôt le développement
d’un lien émotionnel. C’est l’hypothèse
du devenir esthétique du monde.
L’auteur propose de mettre en œuvre une pensée
d’accompagnement en remplacement de la pensée surplombante
de la modernité : au lieu de vouloir « saisir »
dans le concept la réalité, il y a lieu d’accompagner
l’énergie interne qui est à l’œuvre
dans la propension des choses inscrites dans la réalité.
L’auteur propose de remplacer la « représentation
», maître mot de la modernité, par la présentation
des choses. La représentation, étant la démarche
qui repose sur l’épuration et conduit à la réduction
dans une recherche acharnée de perfection. Par contre, la
« présentation » se contente de laisser ce qui
est, et s’emploie à faire ressortir la richesse, le
dynamisme et la vitalité de ce monde aussi imparfait soit-il.
Mode de démonstration :
Pour mener à bien son entreprise, Maffesoli commence par
poser les limites d’une appréhension positiviste de
l’objet, fondée sur sa coupure avec le sujet.
Il montre combien le rationalisme qui supporte cette posture intellectuelle
n’aboutit qu’à favoriser l’abstraction
mutilante et combien cela impose une rupture épistémologique.
Face aux insuffisances et à l’utopie rationaliste,
il convient de savoir élargir l’univers de la raison
à ce qui procède en propre du sujet envisagé
cognitivement.
L’analyse essaiera de saisir plus vivement la raison interne
à l’œuvre dans les phénomènes sociaux,
ainsi que « l’illumination ou l’élargissement
de la conscience » en tant que facteurs générateurs
d’une « pensée organique ».
Cette pensée repose sur un hédonisme qui s’organise
en référence au « formisme », expression
philosophique de la forme, qui se contente de poser des problèmes
et donne des conditions de possibilités pour y répondre
au cas par cas.
L’approche de Maffesoli valorise l’expérience
vécue ainsi que les différentes méthodologies
phénoménologiques, dans lesquelles, l’idée
d’horizon, la démarche intuitive et le support de la
métaphore constituent un outillage primordial pour gérer
des « comment ? » plutôt que des « pourquoi
? ».
Maffesoli adopte souvent la procédure des contraires pour
amplifier ses thèses. Ainsi, des couples d’oppositions
se multiplient tout au long de sa réflexion : modernité
/ postmodernité, société / socialité
, qui laissent parfois la place à des dialectiques plus complexes
: l’institué / l’instituant.
L’approche de Michel Maffesoli est une approche compréhensive,
elle ne vise pas à trouver des explications causales mais
elle s’attache à saisir le sens d’une activité,
d’un phénomène social.
C’est également une démarche qui fait appel
à la sociologie, à la philosophie, à l’histoire
des religions, aux mythes et aux recherches sur les pratiques de
la vie quotidienne. Elle s’appuie sur bon nombre de recherches
antérieures et ses références sont multiples.
Résumé de l’ouvrage :
CHAPITRE I : Déontologie
La société contemporaine est confrontée à
la fin des grandes certitudes idéologiques et à la
fatigue gagnant les grandes valeurs culturelles qui ont façonné
la modernité, dès lors il devient nécessaire
de prendre du recul pour cerner avec plus de lucidité la
socialité émergente.
Le déclin des assurances religieuses, institutionnelles,
politiques , etc., remet à l’ordre du jour la sagesse
relativiste : quand il n y a pas de finalité assurée,
quand le but lointain s’est estompé, l’on peut
accorder aux situations présentes, aux opportunités
ponctuelles une valeur spécifique. Ce qui en appelle à
une déontologie, à savoir la prise en compte des situations
, en ce qu’elles ont d’éphémère,
de sombre, d’équivoque, de grandiose aussi. C’est
ainsi qu’à la morale du « devoir être »
pourrait succéder une éthique des situations. Celles-ci
sont attentives aux affects dont sont pétris les phénomènes
humains.
C’est aussi en dépassant la notion de concept qui
épure, perfectionne et purge les phénomènes
de leur essence, qu’on pourra associer l’art et la connaissance
car on ne peut pas assimiler l’humanité mue par la
passion et la non-raison, à l’objet mort des sciences
dures.
Par conséquent plutôt que de vouloir « saisir
» dans le concept, vaut-il mieux accompagner l’énergie
interne qui est à l’œuvre dans les phénomènes
sociaux.
Aussi, plutôt que de continuer à penser selon un rationalisme
pur et dur, Maffesoli propose de mettre en place une déontologie
sachant reconnaître en chaque situation l’ambivalence
qui la compose : l’ombre et la lumière mêlées,
tout comme l’esprit et le corps s’interpénètrent
en une organicité féconde.
CHAPITRE II : La raison abstraite
La raison séparée :
Dans sa prétention scientifique, le rationalisme est inapte
à appréhender l’expérience vécue.
Le rationalisme est toujours couplé avec l’irrationalisme.
C’est un rapport de force qui s’établit entre
les deux faces de la nature humaine et cette connivence conflictuelle
est mise en exergue dans la modernité. Dans son hégémonie
et son totalitarisme, le rationalisme s’oppose à son
double obscur : l’irrationalisme synonyme d’obscurantisme.
Néanmoins, l’irrationnel a fait ponctuellement des
sursauts sous plusieurs formes : les guerres, las carnages, les
fascinations astrologiques ; autant de phénomènes
qui sont l’expression de la violence de la nature humaine
qui est tout aussi barbare que rationnelle.
Ce qu’on peut reprocher au rationalisme, c’est qu’il
oublie les interactions entre les phénomènes contradictoires.
Son attitude intellectuelle consiste à épurer, réduire,
analyser pour passer du concret à l’abstrait et pour
faire rentrer de force si nécessaire la réalité
représentée dans un modèle établi à
priori.
Cette procédure rationaliste ne tient pas compte de la complexité
de la vie et de la participation mystique entre visible et invisible,
intérieur et extérieur, matériel et immatériel.
La question que pose Michel Maffesoli n’est pas de faire
une critique orientée du rationalisme ; il s’agit plutôt
de s’interroger sur les caractéristiques du rationalisme
, qui à une époque ont fait son apogée et qui
en font aujourd’hui un obstacle à la compréhension
de la vie et son développement.
Maffesoli pose la problématique dans les termes suivants
: Peut on comprendre la vie sociale, et si oui comment le peut on
?
L’auteur traite le rationalisme de manie maladive, de pulsion
qui entend contraindre la réel.
Il traite de pathologique l’attitude d’esprit qui consiste
à séparer les phénomènes sans référence
à ce qu’ils contiennent de réel, de palpable.
Cette attitude fournit un schéma présentant les caractéristiques
importantes mais auquel manque l’essentiel : la vie.
Ce qui est en cause dans le rationalisme, c’est son extraordinaire
fermeture sur soi ; c’est un système qui fonctionne
pour lui même. Cette pensée qui s’est complue
sur elle même dans une méfiance vis à vis de
ce qui est de peur de son aspect incontrôlable a abouti à
une autosuffisance narcissique. Cette autosuffisance a débouché
sur une rigidité extrême qui a fait perdre au rationalisme
le contact avec ce qui lui a servi de support : le monde qu’il
est censé comprendre et même expliquer.
C’est en restant enclos dans la conscience pure que la raison
se distancie du monde environnant. Après avoir été
un instrument efficace contre les fidéismes religieux, le
rationalisme est devenu à son tour l’objet d’un
acte de foi.
Cependant la « ruse de la raison » est qu’elle
peut également servir à combiner les actions et les
présentations contradictoires de la vie sociale. La raison
est essentiellement dynamique, elle est capable d’intégrer
ce qui semble être son contraire ; de cette manière
elle pourra dépasser ce qui a pu être rationnel tout
au long de la modernité et qui devient un frein quand débute
une autre époque.
Dans cette perspective, il convient donc de dépasser sans
nostalgie, les idéologies se réclamant des prémisses
rationalistes. L’époque est au pluriculturalisme et
à l’ouverture d’esprit , seule condition pour
répondre aux défis de la postmodernité.
Il faut développer une pensée audacieuse à
même de passer outre les limites du rationalisme moderne pour
comprendre les processus d’interaction et d’interdépendance
qui sont à l’œuvre dans les sociétés
complexes. C’est une nécessité que de développer
une pensée dont le maître mot est la compréhension
de « l’organicité » sociale.
Critique de l’abstraction :
L’enjeu est de faire le tri entre les pensées statiques
et les pensées plus humaines, plus incarnées.
La société contemporaine du fait même qu’elle
est attachée au quotidien ne peut plus s’accommoder
d’un partage strict entre ce qui serait de l’ordre de
la raison et ce qui appartiendrait à celui de la passion.
Alors que la critique adressée au rationalisme consiste
en son incapacité de comprendre le « clair-obscur »
de tous les phénomènes sociaux ; l’exemple baroque
est à ce titre pertinent dans la mesure où il permet
de comprendre la situation postmoderne en mettant l’accent
sur l’ambiance, l’impression de transformation et la
dynamique continuelle. C’est à dire les éléments
qui se retrouvent dans la vie sociale : rien n’est en lignes
dures, tout fonctionne sur l’ambiguïté .
La société postmoderne ne se retrouve pas dans la
structure linéaire et continue caractérisant les institutions
rationnelles de la modernité ; ni dans la distinction sous
toutes ses formes entre philosophique, sociologique, politique ou
bien la classification typée des entités selon : l’identité,
les catégories socioprofessionnelles, appartenance partisane..
Tout cela tend progressivement à céder la place à
un vaste syncrétisme aux contours peu délimités.
C’est un tel état du monde qui doit nous inciter à
la remise en cause de nos schémas de pensée et notamment
la coupure entre différents domaines.
C’est aussi contre cette structure tranchée de l’ordre
du mécanisme que Lou Andreas-Salomé, dans le type
d’approche « écologique » propose une démarche
intellectuelle moins agressive et plus respectueuse de la globalité
humaine et naturelle. Ce qui revient à mettre en œuvre
une connaissance intuitive.
Il y a lieu alors de distinguer entre les deux pôles de l’intelligence
humaine ; le premier abstrait dérivant vers le dogmatisme
et l’intolérance et le second plus incarné attentif
au sensible s’emploie le plus possible à éviter
la séparation. En préférant le second pôle,
il n’est pas question de préconiser une quelconque
abdication de l’esprit mais de se préserver contre
un rétrécissement de la faculté de comprendre.
C’est ce revirement qui ponctue la naissance de la postmodernité
et l’union des contraires est un phénomène en
cours de se réaliser. Cela tient à ce que dans la
réalité elle même l’image, l’intuition
et le concept sont fortement unis.
L’objectivation a joué un rôle important durant
toute la modernité . L’art et la science ont été
des objets bien séparés. C’est la dichotomie
typique de la modernité d’où provient la répugnance
du savant aux formes, aux apparences et pour toutes les choses sensibles.
L’ordre est au centre du monde et le glissement va se faire
du savoir au pouvoir. Des théories sociales du XIX ème
siècle aux rationalisations de la technostructure, en passant
par celle de la lutte des classes, tout ce qui concerne le conservatisme,
le révolutionnarisme ; toutes ces théories se veulent
fondées en raison, agir pour le plus grand bien de la raison
: «savoir c’est pouvoir ».
Le rationalisme abstrait est essentiellement critiqué dans
son incapacité à prendre acte du puissant vitalisme
qui meut la vie sociale. C’est bien cela qui creuse un fossé
entre les institutions de la modernité et la base sociale
qui ne se reconnaît plus en eux. Cette dernière a besoin
de décideurs, de représentants qui soient à
même de dire ce qu’elle est et non ce qu’elle
devrait être. La société a besoin d’«
intellectuels organiques » et pas uniquement d’intellectuels
critiques. C’est ce pôle organique qui en montrant ce
qu’elle est va lui permettre de s’ajuster et de réaliser
en connaissance de cause sa créativité propre.
La rupture épistémologique consiste alors à
rompre avec une posture intellectuelle qui cherche toujours une
Raison surplombante à tout ce qui se donne à vue.
Il faut revenir avec humilité à la matière
humaine, à la vie de tous les jours sans chercher la cause
qui l’engendre. A la place d’une raison à priori,
il convient de mettre une compréhension à posteriori.
A la place d’une définition qui dénature la
chose vitale décrite, il y a lieu tout au plus de dresser
les contours, décrire la forme, esquisser les caractéristiques
générales de cette réalité. Paradoxalement,
un tel respect de la vie mouvante est cela même qui permet
d’aboutir à une connaissance plus complète,
à la mise en œuvre d’une « raison ouverte
» qui aboutit à une démarche de connaissance
incarnée dans la réalité empirique.
CHAPITRE III : La raison interne :
Le ratio-vitalisme :
L’auteur incite à une attitude intellectuelle faite
de modestie, de respect de ce qui est abordé, c’est
à dire une voie indirecte , telle une sensibilité
qui peut permettre de comprendre ce que peut être une rationalité
ouverte.
Au rationalisme étroit, on oppose une rationalité
qui exprime la synergie de la raison et du sensible. L’affect,
l’émotionnel, toutes choses qui sont de l’ordre
de la passion , ne sont plus séparés dans un domaine
à part mais vont devenir des leviers méthodologiques
pouvant servir la réflexion épistémologique
et qui sont opératoires pour expliquer les multiples phénomènes
sociaux.
Ce projet nécessite un dépassement des catégories
d’analyse qui ont été élaboré
durant la modernité. Non qu’il faille les nier mais
plutôt les élargir pour accéder à des
domaines jusqu’alors interdits comme le non-rationnel et ce
afin que ce soit la vie en entier que l’on prend en compte.
Il s’agit de mettre en œuvre une rationalité
plus large, simple, inventive demandant une audace de pensée
et surtout le sentiment d’être précaire, aléatoire,
soumise à l’instant dans une interaction permanente
entre la vérité et les valeurs socialement vécues.
Pour saisir cette organicité, on a besoin d’une multiplicité
de « raisons » subtiles, capables de saisir tout à
la fois la force interne de chaque phénomène. Mais
parmi toutes ces raisons, il y en a une qui reste ou plutôt
qui préexiste au cœur de tout homme avant quelque construction
intellectuelle que ce soit. C’est la « raison interne
» de toute chose ; raison à la fois constante, structure
anthropologique qui ne se réalise qu’à un moment
particulier.
La saisie de la raison interne d’un phénomène
permet essentiellement de comprendre l’existence en son développement
et pas seulement son squelette.
Le « ratio-vitalisme » s’oppose à la raison
pure dans la mesure où il fait œuvre de connaissance
tout en saisissant les pulsions vitales pour comprendre l’existence.
L’enjeu du « ratio-vitalisme » est de ne rien
négliger dans ce qui nous entoure , dans ce monde dont nous
sommes et qui est à la fois sentiments et raison.
Donc mettre en œuvre une analyse à partir de la raison
interne des phénomènes sociaux, c’est saisir
la destination fondamentale de la vie. Dans une perspective épistémologique,
on peut en tirer qu’il existe une liaison étroite entre
un concept caractérisant un peuple, une civilisation ou une
communauté et la vie qui l’exprime. C’est cela
que l’on peut appeler le « ratio-vitalisme » ;
ce qui veut dire qu’une entité quelle qu’elle
soit trouve sa raison d’être en elle même et c’est
la recherche de la rationalité organique, qui anime toute
structure donnée, qui fait la spécificité de
la situation postmoderne.
La pensée organique :
Le corps organique trouve en lui même sa propre forme, c’est
du dedans qu’il puise son dynamisme, qu’il est appelé
à croître et se développer. Il a des forces
innées qui sont cause et effet de sa propre vie. L’organicité
renvoie donc au vivant et aux forces qui l’animent.
Les caractères essentiels de l’ordre organique consistent
d’une part dans le fait qu’il trouve son impulsion à
partir de lui même, d’autre part dans le fait qu’il
rassemble, exprime à sa manière et établit
une conjonction nouvelle avec des éléments du passé.
Alors que la modernité s’est efforcée à
l’oubli, au refus du passé ; la postmodernité,
quant à elle, procède plutôt par accumulation
des connaissances et ce d’autant plus que l’actualité
montre bien les limites de l’unidimensionalité, emblème
de la période moderne.
En fait, il existe un lien entre le monde intérieur de l’individu
et le monde extérieur de la nature qui s’exprime dans
une loi organisatrice du monde qui veut que le cours universel,
le flux des changements et les mouvements naturels fassent interagir
tous les éléments les uns sur les autres.
On observe notamment un processus d’interdépendance
entre l’économique, le politique et le social qui peut
échapper à une simple conception rationaliste du monde.
Dans cette perspective, on peut considérer la postmodernité
comme une sorte d’agglutination, à la fois disparate
et tout à fait unie, d’éléments les plus
divers et le style organique tout en étant adéquat
à l’époque que nous vivons est aussi une bonne
manière d’appréhender la raison interne d’une
structure donnée. C’est en ce sens qu’il peut
être un bon levier épistémologique dans le cadre
d’une théorie de la connaissance.
Le rationalisme classique a fait son temps lorsqu’il s’est
écroulé dans les faits devant les dissonances, la
fragmentation de la vie sociale, l’hétérogénéité
galopante des institutions de tous ordres. L’alternatif à
ce rationalisme pur est un aspect organique de la démarche
cognitive dont la spécificité consiste en un lien
interne qui assure la cohérence entre les éléments
qui se présentent et qui sont éminemment disparates.
Par là on évite les deux écueils propres à
la pensée conceptuelle : celui qui consiste à réduire
à l’unité, à priori, la diversité
des choses, ou celui qui se complaît dans un éclatement
indéfini et sans horizon, que l’on est incapable de
penser rationnellement. Il est donc possible d’intégrer
dans la démarche de connaissance une dimension sensible,
il s’agit du lien spirituel qui est capable de saisir ce qui
est de l’ordre de la sensibilité et de lui donner un
statut rationnel. C’est un véritable travail intellectuel
qui consiste à saisir l’effet de composition qui est
au principe même d’un pays, d’un groupe, d’un
style artistique, d’une sensibilité politique ou religieuse.
Une des marques de la postmodernité est qu’il n’est
aucun domaine qui échappe au retour en force de l’affect
: les relations sociales, la politique, les relations culturelles,
religieuses, de travail.., le tout baigne dans une ambiance émotionnelle
impliquant un vaste processus de correspondances et d’implications
les plus diverses. C’est cela même qui rend nécessaire
une vision organique du monde. Il s’agit dès lors d’adopter
un principe mystique de non activité et de participation
au tout, un principe qui suggère, plus qu’il ne délimite
avec précision. Ce qui oblige à penser moins le contenu
que le contenant, moins le fond que la forme ; la forme qui met
en relation, qui favorise la correspondance, l’analogie et
la participation au donné social et naturel.
CHAPITRE IV : DU FORMISME
Approche du formisme :
Nos sociétés sont animées par le jeu des
images et on peut les caractériser par un style accentuant
à la fois l’esthétique, le quotidien et le communicationnel
ou le symbolique.
Ce sont là les éléments les plus marquants
d’une culture en train de naître, complètement
différente de celle qui a prévalu durant la modernité.
La tendance générale d’une telle révolution
est qu’elle réinvestit des éléments archaïques
et qu’on avait cru dépassés pour les réutiliser
à sa façon , parmi ces éléments l’image
et le style sont du nombre.
Pour apprécier ces revirements, la notion de forme ou son
expression philosophique le formisme permet de faire ressortir ce
changement qualitatif et auquel, empiriquement l’on est confronté
dans la vie de tous les jours. En effet, il faut reconnaître
les multiples rôles qu’une personne peut jouer ou encore
les divers bricolages idéologiques effectués par les
petites tribus contemporaines ; et en chacun de ces cas on observe
une multiplicité d’être qui n’est nullement
vécue d’une manière schizophrène, mais
aboutit à une sorte d’équilibre kinesthésique.
La forme joue un rôle primordial dans l’unité
qui maintient la cohésion de tous les éléments
fragmentés du donné mondain, elle permet la conjonction,
elle favorise le court-circuit , elle est le centre de l’union
et de toutes les notions qui délimitent la nouvelle socialité
.
La logique de la forme est la suivante: tout en valorisant le corps,
les images, l’apparence, elle est « formante »,
c’est à dire qu’elle forme le corps social et
donc elle fait la société. D’une manière
empirique les formes formantes vont s’exprimer sous la figure
de star musicale ou sportive ou de grand moraliste par son action
caritative. Ces figures sont autant de caricatures en lesquelles
tout un chacun, en fonction de son goût et de ses intérêts
peut se reconnaître ou exprimer son sentiment d’appartenance.
Et cette illusion n’est pas sans être efficace car elle
contribue à la constitution de l’être propre
de chaque individu et la construction de sa personnalité.
En ce sens l’adhésion à une de ces formes est
une sorte de participation magique qui unit plusieurs personnes
faisant les mêmes projections et vivant les mêmes rêves.
L’illustration d’un tel processus est à l’image
d’un monde pluriel , d’une culture de sentiments constituée
de la succession des rôles, de la diversité des identifications
caractérisant la personne postmoderne et le style social
dont elle est issue.
Mais la forme n’assène pas des certitudes, elle se
contente de poser des problèmes et donne des conditions de
possibilité pour y répondre au cas par cas et non
d’une manière abstraite. A l’opposé d’une
pensée purement conceptuelle qui pense cerner, en sa totalité,
l’existence, le formisme, quant à lui laisse ouvertes
des potentialités qui peuvent ou non se réaliser .
La forme, force d’attraction :
Selon une perspective de Weber, l’irréel de l’idéal
type est particulièrement pertinent pour comprendre tous
les faits réels de la vie quotidienne qui, sans cela, passeraient
totalement inaperçus. C’est en ce sens que la forme
est une force d’attraction. Elle accentue les faits et fait
ressortir l’invisible, le souterrain que la science officielle
a beaucoup de mal à repérer et à intégrer
dans ses analyses. A force d’analyser, de disséquer,
de distinguer, la pensée moderne a oublié que le tout
possède une force spécifique qui est qualitativement
différente de la somme des parties.
En fait, la notion de forme et le formisme qui en est l’expression
incitent à considérer que les divers éléments,
de par leur synergie propre , permettent d’accéder
à une structure spécifique qui amène à
envisager la réalité comme une globalité .
Cependant l’agrégation est la plupart du temps peu
visible et c’est ce qui rend son appréhension délicate.
Néanmoins, il y a lieu d’indiquer le rôle que
joue le style pour comprendre les grands changements de valeurs
s’opérant de nos jours ; car le propre même du
style est de rendre visible une force invisible.
Le style peut être vestimentaire, de langage ou de pensée
; c’est toujours quelque chose d’unificateur et dans
ce cadre le formisme souligne et caricature l’aspect dominant
, et par là même permet de prendre conscience du substrat
psychique donnant tout son sens à la figure spécifique
d’un moment donné.
La poésie et la philosophie sont les supports de principes
éducatifs qui traversent les actions et les représentations
à l’œuvre dans la vie quotidienne. Ce sont donc
des formes, qui tout en laissant l’autonomie nécessaire
à l’éclosion de la personnalité de tout
un chacun assurent un cadre général permettant la
cohérence de l’ensemble social. L’exemple des
figures de la mythologie est pertinent à cet égard
; ces caractères et personnalités traduisent de diverses
manière une caricature qui prend de plus en plus d’importance
dans la vie de tous les jours et qui fait référence
à la mémoire collective , moyen de choix pour bien
saisir les phénomènes de la société
postmoderne.
La forme sociale :
Les mythes sont la source d’une sagesse qui traverse le temps
et qu’on ne cesse de redécouvrir. Ils aident à
comprendre la forme archétypale ; l’existence de résidus
archaïques, d’images primordiales qui font que la vie
sociale est ce qu’elle est et qui la façonnent en tant
que telle. Au travers de ces mythes et archétypes, c’est
toute la préhistoire de l’humanité qui continue
à s’exprimer. Il s’agit là de quelque
chose de transpersonnel, dépassant chaque individu et l’intégrant
dans un ensemble plus vaste dont il est partie prenante . C’est
bien là la force de la forme : en imposant une émotion
collective, elle oriente les volontés individuelles et par
là fait la société.
La société contemporaine est caractérisée
par une religiosité indéniable, quelque peu païenne
et qui repose essentiellement sur le partage d’images, de
symboles, de rituels et trouve donc dans le jeu des formes une excellente
expression. Elle traduit aussi l’accentuation de la puissance
du « divin social » et cette déperdition du sujet
individuel dans le génie collectif est cela même qui
permet l’épanouissement personnel dans le cadre d’une
harmonie globale. Cette harmonie qui apprécie la vie, le
présent et les relations qu’il engendre s’oppose
à la morale du futur propre au projet politique.
Ce désintéressement du politique et des représentations
sociales, ce goût de l’esthétique et de l’éthique
de l’instant ainsi que les créations langagières,
de style du tout-venant nous renseigne sur la configuration d’une
socialité nouvelle qui reste particulièrement opaque
à la sociologie orthodoxe.
CHAPITRE V : Phénoménologie
La description :
Afin de saisir le dynamisme à l’œuvre dans la
vie courante et rendre compte de la raison interne, il y a lieu
de laisser se dissoudre l’esprit critique pour mettre en œuvre
un esprit contemplatif sachant saisir l’indéniable
création sociétale caractérisant la postmodernité.
Maffesoli propose d’introduire une pensée caressante
se préoccupant peu de l’illusion de la vérité
et ne proposant pas un sens définitif des choses et des gens
car l’observation du monde montre que sa rhétorique
et sa raison sont essentiellement plurielles et ne se prêtent
pas à une conclusion définitive mais à une
ouverture.
Il est nécessaire de développer une démarche
intellectuelle à l’image de l’errance sociale
contemporaine qui mérite que soit bousculé le sens
établi, « l’establishment » du savoir sous
toutes ses formes. Dans une telle perspective, le vitalisme est
, avant tout, attentif aux phénomènes empiriques,
à ce qui se donne à vivre, autrement dit au jugement
de fait , plutôt qu’au jugement de valeur. Il s’agit
là d’une véritable révolution dans la
manière de penser.
Pour cela un détachement par rapport à la grande
idéologie de la maîtrise sur le monde social et naturel
qui fut la marque de la modernité est nécessaire.
Un tel détachement en appelle à une nouvelle posture
intellectuelle, faisant de la description le fondement même
de la démarche. Le propre de la description est justement
d’être respectueux du donné mondain et pour théoriser
cette attitude, la phénoménologie introduit la notion
de mise en perspective.
Il faut préciser que le fait de décrire en tant que
tel ce qui est, n’est nullement une abdication de l’esprit
mais un simple changement de perspective :il s’agit de rechercher
la signification d’un phénomène plutôt
que d’être focalisé sur la découverte
des explications causales. Il ne s’agit pas non plus d’une
limitation mais au contraire d’un élargissement de
la pensée aux mesures mêmes du monde en son entier
: à la spécialisation du concept moderne répond
le holisme de la démarche organique .
Méthodologiquement, la description est reconnue comme étant
une bonne manière de saisir, en profondeur, ce qui fait la
spécificité d’un groupe social. Et à
cet égard les diverses procédures ethnologiques ont
essaimé dans toutes les sciences sociales.
En effet, la théâtralité quotidienne, les diverses
manifestations émotionnelles dans les foules en délire,
les regroupements affectuels au sein de petites tribus, les cultes
du corps et le retour de la religiosité sont autant de phénomènes
qui échappent aux institutions rationnelles élaborées
lors de la modernité et en appellent à la description
qui est à même d’intégrer ces nouvelles
formes de sensibilité. Une telle description , mettant en
jeu des métaphores, des analogies pourra être un vecteur
de connaissance et ce en dressant de grandes formes permettant de
faire ressortir les phénomènes, les relations et manifestations
figuratives de la société contemporaine.
L’intuition :
L’intuition largement marginalisée durant la modernité
redevient un important vecteur de connaissance du vitalisme en œuvre
dans nos sociétés. Elle participe d’un inconscient
collectif, elle est issue d’une sorte de sédimentation
de l’expérience ancestrale et elle exprime un «
savoir incorporé » en chaque groupe social et en chaque
individu. A cette intuition sociétale doit correspondre une
intuition intellectuelle, accompagnant plus que surplombant la réalité
existentielle, une intuition comme forme d’anticipation qui
joue le rôle de sensibilité intellectuelle.
Avec l’intuition, se crée une « vision centrale
» qui n’est pas indirecte mais s’enracine profond
dans la chose même, s’en nourrit et donc en jouit. Ainsi,
alors que le rationalisme abstrait se contente d’une vision
mécanique, la sensibilité intuitive prend fond sur
la logique du vivant et sa dynamique organique ; le propre de cette
logique est de reposer sur l’attraction, les affinités,
les processus émotionnels et affectuels. Elle n’a pas
la rigueur de la loi causale, mais ne manque pas d’indiquer
avec précision les grandes tendances sociales.
De cette manière, la synergie de la rationalité et
de l’intuition est un bon antidote à la sclérose
du dogmatisme et peut permettre de comprendre, dans sa globalité,
les multiples aspects du vitalisme social. Ce faisant, le moi, l’objet
de la connaissance , et la connaissance elle même s’enchevêtrent
dans une perspective holistique qui semble la plus adéquate
pour saisir l’étroite imbrication des divers éléments
de la société complexe.
La métaphore :
Tout comme l’intuition est un bon moyen d’appréhender
le retour de l’expérience quotidienne, il est possible
que la métaphore soit la mieux à même de saisir
l’aspect bigarré d’un monde imaginal aux développements
encore imprévisibles. En effet, elle permet de passer de
la conquête de la nature ou de la culture à leurs simples
contemplations car tout en restant enracinée profond dans
le concret de la vie courante, elle peut favoriser et impulser l’élan
libre de la pensée spéculative. A la différence
du concept , elle ne prétend pas à la scientificité
, elle est donc plus neutre et en se contentant de décrire,
elle aide à la compréhension sans prétendre
pour autant à l’explication. La métaphore n’indique
pas d’une manière univoque, quel est le sens des choses
mais elle peut aider à saisir leurs significations.
La complexité de notre environnement social nécessite
de mettre en œuvre une « écologie » de l’esprit,
c’est à dire une attitude de penser considérant
la nature, comme partenaire avec laquelle existe une interaction,
plutôt que comme objet que l’on peut exploiter à
merci, et travailler à son gré. Et cette synergie
de la matière et de l’esprit qui permet d’élaborer
une véritable « raison sensible ».
L’œuvre de Freud est imprégnée de procédés
allégoriques, en effet , ce qu’elle doit à l’art
et aux « figures mythiques » empruntées aux Grecs
est, essentiellement, de l’ordre de la métaphore. C’est
ce qui lui a permis de valoriser ses découvertes et de les
faire perdurer dans le temps. Et aujourd’hui à l’heure
où « une éthique de l’esthétique
» succède à la morale politique, la métaphore
devient un instrument d’analyse privilégié et
les comparaisons qu’elle induit rendent bien compte de la
correspondance observable dans la globalité du donné
social et naturel .
CHAPITRE VI : L’expérience :
Le sens commun :
Le discours savant a toujours pris des distances vis à vis
du sens commun, dans diverses attitudes de suspicion. Maffesoli
propose de remettre en question ces préjugés ; d’une
manière phénoménologique ou compréhensive
peut être faut il considérer le sens commun, non pas
comme un moment à dépasser mais comme une manière
d’être et de penser se suffisant à elle même.
L’intuition et la métaphore sont justement des expressions
de ce sens commun. L’enjeu d’une raison sensible est
de ne pas oublier qu’elle doit rester enracinée dans
ce qui lui sert de substrat et lui donne sa légitimité
(le sens commun) et ce tout en étant fidèle aux exigences
de rigueur propres à l’esprit.
C’est Nietzsche qui va proposer une « représentation
compréhensive » permettant une liaison entre le passé
et le futur et ce par opposition à la conception de l’Histoire
« en extension » de Hegel qui a inspiré le rationalisme
de la modernité. A partir de cette représentation
prospective de Nietzsche, s’est élaborée une
conception de la mémoire sociale et de l’enracinement
de la réflexion qui n’est pas autre chose qu’un
savoir incorporé et qui de génération en génération
va constituer un substrat assurant la perdurance sociétale.
A l’appui de l’hypothèse du « tribalisme
» postmoderne, il est nécessaire de considérer
que tout un chacun participe à une pensée globale
dont il est plus le récitant que le créateur. C’est
ainsi que l’on peut comprendre la diffusion des modes de pensée
, en effet les lois de l’imitation, la diffusion virale semblent,
actuellement, prendre le pas sur les décisions individuelles,
rationnellement élaborées. C’est le sentiment
d’appartenance généralisé qui en découle
qui va redonner au sens commun « ses lettres de noblesse »,
et ce que Durkheim a développé sur le « conscience
collective » participe du même ordre d’idée.
Il en ressort que le sens commun peut être envisagé
comme une forme de résistance aux pouvoirs et qui assure
sur la durée, la perdurance sociétale ; c’est
aussi une manière de rappeler qu’au-delà de
la rationalisation , il y a l’expérience vécue
fondant la vie commune.
Le vécu :
Mettre l’accent sur le vécu est une manière
de reconnaître les éléments subjectifs comme
partie intégrante des histoires humaines. Dans cette perspective,
s’attacher au vécu, à l’expérience
sensible ne revient pas à se complaire dans la négation
du savoir. Au contraire, il s’agit d’enrichir le savoir,
de montrer qu’une connaissance digne de ce nom ne peut qu’être
organiquement liée avec l’objet qui est le sien. C’est
aussi refuser la séparation ou la « coupure épistémologique
» qui était censée marquer la qualité
scientifique d’une réflexion.
En prenant en compte le vécu quotidien et la sagesse populaire
lui servant de fondement, la sociologie devient une discipline sachant
intégrer et comprendre « la mystique de l’être
ensemble » ; il devient alors nécessaire de repenser
le lien social hors des deux fondamentaux qui ont marqué
la modernité : l’Histoire et la critique. Par ailleurs,
les éléments «archaïques », comme
constantes anthropologiques, sont à intégrer et accepter
en tant que tels et en même temps revisités.
Ainsi les phénomènes non rationnels, les agrégations
tribales, les ambiances émotionnelles, le culte du corps
ou les diverses manifestations de l’hédonisme contemporain
; tout cela dont on crédite la post-modernité, contient
une bonne part de pré-modernité. C’est cette
constante de choses anciennes qui fait la qualité essentielle
du vécu .
Paradoxalement, la réflexion sur le vécu a quelque
chose de prospectif, en ce qu’elle met l’accent sur
le renouveau communautaire qui ne manque pas de frapper les observateurs
de la vie sociale et tant il est vrai qu’à l’encontre
de ce qui est ressassé sur le prétendu individualisme
contemporain, on observe, empiriquement, le triomphe du tribalisme
avec les divers mimétismes ou conformismes qui lui sont corollaires.
Par conséquent, pour saisir la spécificité
et la nouveauté d’un phénomène social,
il vaut mieux se référer au vécu de ceux qui
sont les protagonistes de base, plutôt qu’aux théories
codifiées indiquant, a priori, ce qu’est ou ce que
doit être ce phénomène.
CHAPITRE VII : L’illumination par les sens :
Les discours et les mythologies ne sont que des manières
complémentaires d’exprimer une même chose : le
retour d’une conception globale de l’homme dans son
environnement naturel et social. Il devient nécessaire d’adopter
une perspective globale qui d’une part soit proche du sens
commun et d’autre part rejoint les intuitions holistiques
des diverses pratiques contemporaines : écologie, New Age,
syncrétismes philosophiques et religieux, médecines
parallèles, etc., dont on ne peut plus nier les effets dans
la réalité sociale.
Chacun de ces cas repose, en fait, sur un empirisme vécu
; à savoir une acceptation de la vie dans sa finitude, mais
également dans ses joies et plaisirs. C’est le relativisme
hédoniste .
Tout comme le poète réveille dans notre subjectivité
les voix immémoriales sommeillant dans la mémoire
collective , le rôle du sociologue ou du philosophe social
est de faire ressortir les vibrations communes et les émotions
qui s’expriment au travers des formes de fanatismes religieux
ou ethniques, des exacerbations communautaires, des revendications
linguistiques, actions caritatives.
En sachant intégrer l’expérience sensible spontanée
qui est la marque de la vie quotidienne, la démarche intellectuelle
pourra ainsi, retrouver l’interaction de la sensibilité
et de la spiritualité, et par là atteindre au travers
de l’apparence, la profondeur des manières d’être
et des modes de vie postmodernes qui mettent en jeu des états
émotionnels et des « appétits » passionnels
reposant sur l’illumination par les sens.
Commentaires, critiques :
L’épistémologie de Michel Maffesoli est à
situer par rapport à l’essayisme dont il se réclame
et aux polémiques qu’une telle position provoque dans
le champ de la connaissance. En effet, l’essai n’a pas
bonne presse dans un certain champ universitaire. Ainsi, Daniel
Bertaux reconnaît qu’existent dans la réflexion
de Maffesoli des intuitions intéressantes, ce qui est l’avantage
de l’essayisme, mais que cela provoque un envers, car l’essayiste
projette sur l’univers son propre point de vue, sans aucun
souci de réalisme sociologique.
Mais Michel Maffesoli répond à plusieurs reprise
à ces accusations d’essayisme. En effet, cette démarche
lui permet d’être proche de son objet, la vie sociale,
un objet jamais explicable dans sa totalité et aussi de ne
pas mépriser le plus grand nombre en ne réservant
la sociologie qu’à une élite.
La sociologie de Maffesoli ne respecte peut être pas l’orthodoxie
des champs de connaissance, elle est à l’image d’une
vraie liberté qui brise quelque part les règles du
métier mais elle produit des intuitions qui séduisent
et qui sont stimulantes pour la compréhension de la dynamique
sociale.
Quelques mots de l’auteurs :
Dans un entretien de Michel Maffesoli à le revue les nouvelles
clés, ce dernier parle de la complexité de notre société
contemporaine et des impératifs de la postmodernité
qui demeure une question d’actualité :
« Toute la question repose sur ceci : voulons-nous l’unité,
qui est un rond fermé sur lui-même, ou l’unicité,
qui est un rond en pointillé au sein duquel la cohérence
existe tout en laissant des marges, des espaces de liberté,
des “trous” par lesquels peuvent s’exprimer les
différences et s’enrichir les rapports ? La postmodernité,
c’est de l’unicité, alors que la modernité
revendique l’unité, la fermeture, l’enclos. Notre
époque se caractérise par cette multiplicité
des approches. J’aime dire, pour provoquer un peu, que nos
cités sont peuplées de tribus. On ne parviendra plus
à réduire toutes leurs différences dans le
moule républicain. Je le dis d’autant mieux que je
viens d’une famille d’origine italienne et que mes parents
sont passés au travers de ce moule, qui ne concerne pas seulement
la langue mais aussi les manières de se nourrir, de se vêtir,
de se comporter. Il n’est ni bon ni mauvais, il ne marche
tout simplement plus. Cette diversité est dans l’air
du temps et, selon moi, tout le travail de la pensée consiste
à montrer que, et comment, tout cela arrive cependant à
tenir ensemble. Il ne sert à rien de raboter pour tout ramener
à l’unité. »
Bibliographie de l’étude :
« Michel Maffesoli, analyste de la socialité émergente
», Yves Le Pogam, Corps et Culture, n° 3 , article 1.
« L’expérience éthique : du « devoir
être » au « vouloir vivre » : une lecture
sociologique », Jean-Marc Larouche, Religiologiques, n°3
printemps 91.
Durand Gilbert, (1979) Préface, la conquête du présent
. Pour une sociologie de la vie quotidienne ; M.Maffesoli.
« Pour cesser de haïr le présent, miscellanées
autour de l’œuvre de Michel Maffesoli », Decerf
Anne, éditions Balzac, Montréal 1992.
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