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Origine :
http://www.nouvellescles.com/Entretien/Maffesoli/Maffesoli.htm
Entretien avec Michel Maffesoli, propos recueillis par Patrice van
Eersel
Une société équilibrée intègre notre part d’ombre...
Nouvelle conscience... Nouvelle logique... Croyez- vous au changement
brusque ? Souvent, l’idée de mutation nous semble impossible. En
ce cas, la situation va devenir très abrupte ! Une chose est sûre
: la vie procède par sauts. Celui de la conscience suppose certaines
conditions. Michel Maffesoli réfléchit avec nous aux meilleures
façons d’intégrer la violence dans nos sociétés.
Nouvelles Clés : Surtout connu pour vos écrits sur le “retour
du dionysiaque” ou les “nouveaux nomades”, vous avez aussi publié
des ouvrages sur la violence. En quoi ces thèmes sont-ils reliés
?
Michel Maffesoli : La thématique du dionysiaque conduit à
s’intéresser à ce que l’on pourrait appeler “le bon usage de la
violence”. Il existe toujours, dans l’homme comme dans la société,
une charge d’agressivité et de violence. L’Homo sapiens est aussi
un Homo demens et l’histoire nous apprend que les sociétés équilibrées
ont été celles qui savaient prendre en compte ce fait incontournable
et arrivaient à faire conjoindre ces deux parts de l’individu et
de la société, en trouvant des formes d’exutoire à la violence.
Comment gérer la violence ? Dans la mythologie, Dionysos est celui
qui en fait bon usage, de manière ritualisée et homéopathisée. Rappelons
brièvement le mythe : la ville de Thèbes, prototype et archétype
de toute société, est une cité bien gérée. Son fondateur, Cadmos,
a deux petits fils : Penthée et Dionysos. Celui-ci est chassé, et
Penthée hérite du pouvoir. C’est un sage gestionnaire, un technocrate,
l’énarque du moment pourrait-on dire. Mais, sous sa direction, cette
cité parfaitement rationalisée paye le fait de ne plus mourir de
faim par celui de périr d’ennui. Elle est trop bien gérée. Ceci
n’est pas anecdotique, car il y a là une véritable asepsie de la
vie sociale qui est une forme institutionnelle de violence, très
présente aujourd’hui bien qu’on en parle trop peu souvent. Il n’est
pas inintéressant de noter aussi que ce sont des femmes, les Dionysies
qui deviendront à Rome les Bacchanales et dont fait partie Agavé,
la propre mère de Penthée, qui vont chercher l’exclus. Dionysos
représente donc en quelque sorte le prototype du métèque absolu.
Il est plus Oriental que Grec, puisqu’il vient de l’autre côté de
la Mer Egée. Il est sexuellement ambigu, à la fois androgyne et
grand gaillard barbu. Il n’appartient même pas aux vrais dieux grecs,
qui sont surtout culturels alors que lui est un dieu à moitié naturel.
D’où le nom qu’on lui donne de divinité “arbustive” ou “chthonienne”,
pour indiquer son enracinement tellurique. Il a trait à l’humus
et à l’humain, mots dont on remarquera au passage la proximité sémantique.
Son retour à Thèbes est suivi d’un moment d’effervescence qui conduit
au meurtre de Penthée, et la cité est ré-animée, au sens propre
du terme. Cette introduction de la violence, de la matière, du désordre,
dans la mesure où elle est maîtrisée et ritualisée, redonne vie
à la cité. C’est en ce sens que Dionysos symbolise l’équilibre dans
une société. Mai 68 est à mes yeux un événement comparable. On y
voit à la fois fleurir des idées, donc un côté très ouranien, céleste,
apollinien pourrait-on dire, et une effervescence qui redonne vie
à la société. N’oublions pas qu’il n’y eut que trois morts, ce qui
est peu en comparaison des enjeux. Nombreux sont ceux que cette
période a fait naître ou renaître, quel que soit leur parcours ultérieur.
Elle représente en ce sens un moment culturel fort, et c’est à mon
avis grâce à l’intégration de la violence brouillonne qui la caractérise.
N.C. : Quel rôle joue maintenant la violence dans notre
société ?
M.M. : Contrairement aux idées répandues, je ne suis pas certain
qu’il y ait aujourd’hui tellement plus de violence qu’autrefois.
Le battage médiatique autour des banlieues fait vendre de l’info,
il sert aussi certains intérêts politiques, voire extrémistes, mais
de nombreux travaux très sérieux, comme ceux de Delumeaux sur la
violence au Moyen Âge, montrent bien qu’en termes d’échelle il n’y
a pas plus de violence aujourd’hui que dans le passé. Il faut donc
relativiser le battage fait autour de l’explosion des banlieues.
Ce qui ne signifie bien sûr pas qu’il faille se désintéresser de
leur situation. Tout ceci me conduit à dire qu’il est inutile et
contre-productif d’essayer d’évacuer la violence. Si on ne lui trouve
pas une expression normale, aussi bien chez soi que dans la vie
sociale, elle devient véritablement perverse. Au sens étymologique
du mot (per vire, tourner autour), elle prend des chemins détournés,
et dès lors elle devient sanguinaire et irrépressible. Précisément
parce qu’on n’a pas su trouver un moyen d’en faire bon usage, ce
qui est le cas des sociétés qui cherchent à évacuer cette part d’ombre
qu’il y a dans l’individu et dans la société. Rappelons à cet égard
l’analyse que fait Jung dans Le Mythe de Wotan, où il montre bien
comment le nazisme est né en partie d’un siècle de tentatives allemandes
visant à éliminer cette effervescence brouillonne et démente de
l’homme. Là est bien en effet le but de la philosophie des Lumières,
de la pensée hegelienne ou marxienne et de la technocratie : évacuer
la part d’ombre pour assurer le triomphe de la Raison. Ce que prouve
l’histoire, c’est que lorsqu’on se refuse à négocier avec cette
part d’ombre, on est vite submergé par la cruauté et la barbarie.
La mythologie nous rappelle aussi que la panique, c’est la vengeance
du dieu Pan. Quand on refuse de donner une expression normale à
Pan, qui est une autre manière de dire Dionysos, on est emporté
par ce qu’il représente. L’excès de rationalisme aboutit donc à
son contraire. J’appelle ici rationalisme le positivisme à tout
crin, l’asepsie de la vie sociale, l’hygiénisme forcené, la rationalisation
généralisée de l’existence, qui consistent à soumettre la nature
à la raison, à “l’arraisonner” comme un navire ennemi ou comme un
juge qui demande ses raisons au criminel. Le rationalisme soumet
à raison. Poussée jusqu’au bout, cette logique conduit au déni de
l’homme.
N.C. : Tout comme le fait le rejet de la mort ?
M.M. : Exactement ! Comme le montre l’éloignement progressif
des cimetières loin du centre, on a évacué la mort et la violence
pour les mêmes raisons, au nom de la notion finalement assez sotte
de la perfectibilité de la nature humaine, grande idée du progressisme
triomphant du XIXe siècle qui conduit aujourd’hui à ce que nos cités
soient devenues mortifères parce qu’on a refusé et nié la mort.
Quand on ne donne pas une place normale à un élément pourtant fondamentalement
humain (la mort, l’agressivité), celui-ci se venge en revenant sous
une forme extrême. L’utopie marxienne en offre un exemple terrible.
L’idée de départ est belle, mais elle s’accompagne d’un optimisme
béat selon lequel on arrivera un jour à la perfection sociale et
humaine, et on aboutit à l’exact contraire. Il faut arriver à trouver
une intégration de la mort, en “vivant sa mort chaque jour” comme
le conseillent les Sages. Quant à la violence, j’insiste beaucoup
sur cette idée du “bon usage de”, qui me paraît somme toute plus
sage, plus humaine, plus humble (encore deux mots bien proches !).
N.C. : Vous dites que le mot “exutoire” ne convient pas
? Pourtant, n’est-ce pas finalement de cela qu’il s’agit ?
M.M. : Je l’emploie moi aussi, mais il me paraît trop facile
parce qu’il renvoie à quelque chose de secondaire, sans grande importance,
dont il faudrait se débarrasser. Il fait penser à ces pulsions adolescentes
dont on dit qu’il “ faut bien que jeunesse se passe ”. J’aimerais
rendre compte de quelque chose de beaucoup plus fondamental, constitutif
de ce que nous sommes aussi bien en chacun de nous qu’en tant que
société. Cette ombre dont parle Jung est un élément structurant.
À trop vouloir mettre l’accent sur la lumière, on ampute l’homme
de sa part d’ombre essentielle, qui constitue selon moi une véritable
structure anthropologique. Je m’oppose en cela à certains penseurs
chrétiens, pour qui le sacrifice du Christ forclôt le grand cycle
de la violence. L’histoire a amplement démontré qu’il n’en est rien.
Freud, lui, ne met pas cette limite et fait du meurtre du patriarche-tyran
décrit dans Totem et Tabou la base du phénomène social. Mais il
prend peur et finit par invalider son propre livre en disant qu’il
ne constitue pas un véritable travail scientifique. Je dis au contraire
que l’on ne peut pas faire l’économie de cette part d’ombre que
Bataille nomme “la part maudite” et le philosophe marxiste Ernst
Bloch “l’instant obscur”.
N.C. : Mais nous l’assimilons à une invasion barbare !
M.M. : “Vivent les Barbares”, disaient les situationnistes !
Ils apportent du sang neuf, ils viennent féconder, violenter l’établissement
institutionnel de la pensée, mettre de l’effervescence et, comme
Dionysos, ils réaniment la société ! Je pense surtout qu’il faut
aussi prendre en compte une autre forme de violence, que j’ai appelée
“ violence totalitaire ” dans un ouvrage qui porte ce titre. Il
s’agit de la violence de l’État. On parle toujours des loubards,
des délinquants, etc., mais les institutions, qu’elles soient familiales,
sociales, politiques, éducatives, religieuses ou autres, comportent
une belle part de violence intrinsèque. Au nom de cette utopie qui
veut faire le bien d’autrui, on nous demande de nous soumettre :
“Je t’offre protection, et tu me donnes en échange ta soumission”.
Le monde moderne, sa technostructure - de droite comme de gauche
- et, en France, l’autorité de nos énarques, reposent sur la violence
de celui qui sait le bien, qui connaît la direction que la société
doit prendre. Elle est largement aussi mortifère, si ce n’est beaucoup
plus, que la violence des banlieues...
On parle de la violence des loubards, mais plus du tout de celle,
formidable, des institutions, qui nous pétrifient dans leur rationalisme
et leur croyance ennuyeuse à la perfectibilité.
N.C. : Attribuable en bonne part, dites-vous, à la société
du spectacle. Sur ce plan, on peut dire pourtant que ceux qui ont
vécu mai 68 étaient prévenus, au moins par Vaneigem (Traité de savoir-vivre
à l’usage des jeunes générations) et par Debord (Société du spectacle).
La soumission dont vous parlez n’a-t-elle pas été librement consentie
?
M.M. : N’exagérons rien. Lisez les articles de l’époque, vous
n’y trouvez pratiquement aucune référence à ces idées, pas plus
qu’aux situationnistes. On les cite aujourd’hui, c’est même devenu
de bon ton, mais il fallait être, comme moi, étudiant à Strasbourg
pour connaître Debord. Quant à Jung, qui parle beaucoup de cette
part d’ombre que je mentionnais il y a un instant, tout le monde
sait combien il est mal vu de l’intelligentsia française ! Malgré
l’influence qu’il exerça sur mon maître Gilbert Durand et sa réputation
d’universitaire sulfureux (car affilié à aucun conformisme de pensée),
je ne le lis vraiment que depuis quelques années. D’un point de
vue sociologique, son œuvre s’avère très pertinente pour comprendre
l’évolution de la postmodernité dans laquelle nous vivons aujourd’hui,
et ce qui s’en dégage : des conceptions plus globales, intégrant
à la fois l’ombre et la lumière, ne séparant pas la nature et la
culture, s’inscrivant dans un corporatisme mystique qui accepte
la synergie entre des éléments que la perspective occidentale avait
totalement dichotomisés. Cela donne un discours foisonnant, buissonnant,
très éloigné de nos habitudes cartésiennes qui aiment tant la pensée
animée d’une idée directrice, comme celle de Freud. Jung, mais aussi
Nietzsche, Heidegger ou Georg Simmel, sont des auteurs non contemporains
quant à leur temps.
N.C. : En quoi vous semblent-ils plus pertinents aujourd’hui
?
M.M. : Même si les citer vous fait courir en France le risque
d’être catalogué de “penseur infâme”, ils nous aident à comprendre
ce qui se passe autour de nous parce qu’ils ne se prêtent pas à
la systématisation dogmatique. Cela gêne la pensée française, qui
a besoin de catégories simples et aime appliquer des grilles d’analyse
toutes faites, mais on peut prendre des éléments chez l’un ou l’autre
sans pour autant appliquer un système. En cela ils se rapprochent
bien de notre postmodernité, qui ne repose pas sur des distinctions
précises et simples, mais sur une complexité intégrant tout et son
contraire, y compris ce paradoxe.
N.C. : Peut-on imaginer une pensée postmoderne qui intègre
ces éléments sans revenir sur le partage corps-âme-esprit issu de
la pensée occidentale classique ? Peut-on défendre des idées
dionysiaques sans réclamer, par exemple, que les mathématiques -
la géométrie - soient enseignées aux enfants d’abord par le biais
de la danse ?
M.M. : Il s’agit de reconnaître que l’on retrouve dans nos sociétés
et dans nos mégapoles une pluralité d’origines et de comportements.
Le jacobinisme devient impossible, il y a trop de diversité, de
coutumes, d’apports culturels et de valeurs venus d’horizons très
divers. La société ne naît pas d’une réduction de ces diversités
à un élément centralisateur unique, mais de la conjonction d’éléments
disparates. Toute la question repose sur ceci : voulons-nous l’unité,
qui est un rond fermé sur lui-même, ou l’unicité, qui est un rond
en pointillé au sein duquel la cohérence existe tout en laissant
des marges, des espaces de liberté, des “trous” par lesquels peuvent
s’exprimer les différences et s’enrichir les rapports ? La postmodernité,
c’est de l’unicité, alors que la modernité revendique l’unité, la
fermeture, l’enclos. Notre époque se caractérise par cette multiplicité
des approches. J’aime dire, pour provoquer un peu, que nos cités
sont peuplées de tribus. On ne parviendra plus à réduire toutes
leurs différences dans le moule républicain. Je le dis d’autant
mieux que je viens d’une famille d’origine italienne et que mes
parents sont passés au travers de ce moule, qui ne concerne pas
seulement la langue mais aussi les manières de se nourrir, de se
vêtir, de se comporter. Il n’est ni bon ni mauvais, il ne marche
tout simplement plus. Cette diversité est dans l’air du temps et,
selon moi, tout le travail de la pensée consiste à montrer que,
et comment, tout cela arrive cependant à tenir ensemble. Il ne sert
à rien de raboter pour tout ramener à l’unité. Mieux vaut, comme
je le disais à propos du bon usage de la violence, faire avec ce
qui est. La modernité a représenté une tentative d’occidentalisation
forcenée du monde, avec les grandes valeurs de raison, de foi en
l’avenir, de progrès. C’est l’ère Meiji au Japon (1868), ou le Brésil
qui choisit en 1888 la devise “Ordre et Progrès” du positiviste
Auguste Comte. Le mythe du progrès, des droits de l’homme, du “tout
est pareil partout” envahit la planète. La postmodernité représente
au contraire une sorte d’orientalisation du monde, au sens qu’entend
Gilbert Durand lorsqu’il parle des “ Orients mythiques ”. Il ne
s’agit pas de tel ou tel Orient spécifique, mais du fait que la
vie de nos cités repose sur un peu de zen, de candomblé, de valeurs
africaines, etc., mis en pratique dans les façons de manger, de
se vêtir, de faire la fête. N’ayons pas peur des mots, c’est un
nouveau syncrétisme. Il peut exister une cohérence en patchwork,
avec des valeurs diverses - ce que montre votre revue, à bien des
égards. Donc, pour répondre à votre question, oui, danse et mathématique
peuvent se conjoindre, sans que l’une prévale sur l’autre. Ce n’est
plus une logique de dualité, “ou bien - ou bien”, mais une logique
de la conjonction. Mais attention ! Cette perspective est avant
tout vécue. Les “propriétaires” de la société, l’intelligentsia,
de l’universitaire au politique en passant par le journalisme, bref
tous ceux qui sont “au pouvoir de dire et de faire”, restent massivement
dominés par la pensée moderne. Voilà où se situe le véritable décalage
entre la “pensée unique” des élites, qui reste moderne et très rationaliste,
et le vécu de la société elle-même, beaucoup plus ouverte aux influences
extérieures. Et, dans ce cercle en pointillé, les espaces laissent
une place à la part d’ombre dont je parlais plus tôt.
N.C. : Ce qui, du coup, autorise l’intégration de l’indicible,
de ce que certains scientifiques appellent aujourd’hui “l’incomplétude”
?
M.M. : Les sciences humaines ont copié le modèle
des sciences dures, mais, alors que celles-ci ont évolué et arrivent
à intégrer cette incomplétude, cette incertitude, cette impossibilité
de fermer un phénomène sur lui-même, paradoxalement, les sciences
humaines sont restées sur le modèle scientiste du XIXe siècle, bébête
et étroit. La fascination pour le modèle “dur” est devenue sidération.
Ce blocage amplifie le décalage entre la réalité postmoderne vécue
par la société et les idées d’un autre âge défendues par l’intelligentsia.
Le triomphe du discours de haine vient de là : les extrémistes,
lepenistes ou autres, ne s’embarrassent pas de cette langue de bois
qu’est devenu le discours des intellectuels, et s’engouffrent dans
le ressenti. L’intelligentsia est, selon moi, le premier responsable
de leur succès.
N.C. : Sociologue, professeur titulaire de la chaire Émile
Durkheim à la Sorbonne, vous nous dites vous intéresser aux religions
orientales...
M.M. : Ce que je lis d’elles depuis deux ou trois ans me convainc
qu’il y a là de quoi compléter notre vision unilatérale qui est
somme toute - on revient toujours à cette idée - trop rationaliste.
L’imagination, que Descartes ou Malebranche appellent la folle du
logis, ne permet pas le bon fonctionnement de la déesse Raison.
Il y a une homologie entre les prophètes luttant contre les icônes
et la transcription philosophique qu’en fait le rationalisme : l’image,
l’imagination, l’imaginaire sont dangereux. On retrouve cette tradition
jusque chez Sartre, qui reprend à son compte toute l’idéologie du
judéo-christianisme et du cartésianisme : l’imagination perturbe
le bon fonctionnement du cerveau. La posmodernité me semble beaucoup
plus incarnée. Elle fait appel à la raison sensible, qui ne fait
pas plus abstraction de l’esprit que du corps. Il ne s’agit pas
d’abolir la raison mais de l’enrichir - ce que Fourrier appelait
l’hyperrationalisme, qui consiste à intégrer dans la raison des
paramètres humains tels que l’onirisme, le ludique, l’imaginaire.
Il s’agit donc pour nous d’intégrer non pas l’irrationnel mais le
non-rationnel, c’est-à-dire quelque chose qui ne s’inscrit pas dans
le rationalisme occidental mais qui possède cependant sa raison
propre, interne.
A lire de Michel Maffesoli (éd. Livre de Poche) :
- Du Nomandisme
- Le Temps des tribus
- L'Ombre de Dionysos
- La Contemplation du monde
Retouver plus d'info sur Michel Maffesoli sur le site : http://www.univ-paris5.fr/ceaq/maffesoli/
Origine :
http://www.nouvellescles.com/Entretien/Maffesoli/Maffesoli.htm
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