"Victimes – Israël et la Flottille pour
Gaza"
dimanche 6 juin 2010
Alors que le monde entier est encore sous le choc des (rares) images
de l’arraisonnage sanglant du Marmara, le peuple israélien,
dans sa grande majorité, se sent une fois de plus victime.
Victime de l’antisémitisme mondial, victime de la haine
d’Israël, victime des circonstances, victime de la malchance.
Victime et donc aussi brutal et agressif envers les quelques milliers
de Juifs israéliens qui refusent de se joindre à l’hystérie
collective et au sentiment victimaire : sur la plage d’Ashdod,
où nous attendions les navires capturés par l’héroïque
marine israélienne, nous avons dû nous replier devant
la violence des habitants et, quelques heures plus tard, à
Jerusalem où les passants ont tenté, à plusieurs
occasions, de s’en prendre aux quelque quatre cents manifestants
venus exprimer leur rage contre ce qu’on peut légitimement
appeler un massacre prémédité. À Tel
Aviv, par contre, un millier de manifestants ont pu protester dans
le calme.
Comme c’est le cas chaque fois que l’État hébreu
se piège et provoque l’ire internationale, la population
fait front et s’aligne derrière ses dirigeants : comme
le dit la chanson, « ?le monde entier est contre nous, c’est
pas grave, on fera front ». Si les médias expriment
des critiques, celles-ci sont essentiellement opérationnelles
: le manque de préparation des soldats, l’équipement
mal adapté à la mission etc. D’autant plus qu’il
s’agit de l’unité d’élite numéro
un de l’armée israélienne qu’Ehud Barak
– toujours lui – envoie contre quelques centaines de
civils non armés. Et les Rambos de Barak de se faire proprement
rosser, en particulier par les nombreux Turcs qui se trouvent sur
le pont.
Sur le fond, très peu de critiques : Israël, disent-ils
en substance, avait le droit, voire le devoir d’empêcher
cette violation de sa souveraineté, feignant d’oublier
que Gaza n’est pas sous souveraineté israélienne,
mais un territoire à la fois occupé et sous blocus.
C’est d’ailleurs un des effets positifs de l’opération
Free Gaza et de son dénouement tragique que de rappeler au
monde entier que le million et demi d’habitants de Gaza sont
les victimes innocentes d’un blocus qui dure maintenant depuis
quatre ans, ce que n’a pas manqué de rappeler Catherine
Ashton au nom de l’Union européenne.
Il reste à voir ce que l’Union européenne est
prête à faire pour traduire ses positions de principe
en actes et en pressions sur le gouvernement israélien. La
récente entrée d’Israël dans l’OCDE
semble indiquer que dans le monde des actes, c’est plutôt
le soutien à l’État criminel israélien
qui est de mise, d’où l’importance accrue de
la campagne civile internationale pour le boycott, le désinvestissement
et des sanctions envers Israël (BDS).
Le dénouement sanglant de l’opération porte
le sceau du ministre de la Défense, tueur en série
de la classe politique israélienne, celui-là même
qui, comme Premier Ministre, avait été responsable
du massacre d’octobre 2000. Ehud Barak doit être persona
non grata sur le continent européen, et dans les pays où
la compétence universelle est appliquée, traduit en
justice dès qu’il met ses pieds sur le sol national.
Cet abject personnage doit être mis au ban de tout ce qui
se prétend être civilisé, parce qu’il
représente un danger public au niveau planétaire.
* Paru dans Hebdo TEAN 58 (03/06/10)
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article17635