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Origine : http://multitudes.samizdat.net/article.php3?id_article=971
1 - Subjectivité (Michèle RIOT-SARCEY)
Le féminisme et le mouvement social, la conjonction marque
l'inconciliable ou presque. Les femmes dans le mouvement : l'affirmation
discursive semble infirmer leur présence réelle. L'avenir
du mouvement, au regard de la novation des critiques féministes,
apparaît comme une projection utopique. Bref toutes ces questions
semblent hors de propos, voire incongrues. Et pourtant, en novembre-décembre
dernier, une perception nouvelle des luttes sociales s'est fait
jour. Pour l'instant il est difficile d'analyser ce phénomène
en terme d'événement ; bien au contraire, il s'agirait
plutôt d'un non-événement si nous adoptons la
méthode d'analyse classique. Bon nombre d'entre nous peuvent
constater, sans risque d'erreurs, que sur le front des rapports
de sexes, peu de changement sont intervenus : le mouvement fut tout
entier dirigé par les directions masculines, et la seule
femme qui se soit distinguée fut saluée par la fondation
Saint-Simon pour sa clairvoyance libérale et son respect
des nécessités économiques induites par la
loi du marché. Non, décidément, que ce soit
dans la gestion des piquets de grève, dans la conduite des
assemblées générales, sur les plateaux controversés
des TV, les femmes furent singulièrement absentes ou pour
le moins effacées.
Cependant, ces luttes ont marqué un véritable tournant
au regard des conflits antérieurs. Les directions syndicales
ont accompagné le mouvement dont la radicalité "provinciale"
étonne encore les directions parisiennes, toutes tendances
confondues ; l'organisation à la base semble avoir été
très attentive au respect de la démocratie démocratie
rendue possible dans un moment de crise politique de la représentation
; le soutien exceptionnel dont ont bénéficié
les grévistes, autant de pratiques novatrices qui ont précédé
les discours critiques. L'individu, l'homme, semble avoir été
au centre des préoccupations. Pas simplement l'homme présent
mais l'homme passé, celui que l'on disait non-politisé,
assujetti aux lois du marché, incapable de se poser en sujet
politique au point que les autorités et autre élites
avaient inventé une citoyenneté à la mesure
de son incompétence : citoyenneté dans l'entreprise,
citoyenneté de quartier. Tout à coup, l'individu public
a imposé sa présence politique tout en se battant
pour son avenir, mieux encore, pour celui de ses enfants. Etonnante
renaissance dans ce mode de penser à court terme, tout juste
à l'échelle d'une vie, imposé par "le
fétichisme de la marchandise" où l'existence
humaine était et fut niée. Le vieux rêve de
Fourier à tout à coup ressurgi. Serait-il possible
de penser le devenir humain en termes d'utopie : de démocratie
authentique comme nous l'avons écrit dans notre pétition
? Dans le mouvement social, au sein des manifestations, les hommes
et les femmes présentes l'étaient pleinement, corps,
têtes et voix à la fois. L'invention dans les slogans
autant que dans les attitudes a inauguré un mode d'être-là
différent qui me permet de penser possible un mode de penser
autre. Et de croire à l'élaboration d'un discours
critique qui échappe aux règles du système,
si précieuses aux experts, bien loin des besoins de la sécurité
sociale.
Comme si la longue marche du féminisme avait réussi
à subvertir les pratique politiques ; comme si l'atteinte
aux droits des unes, si longtemps répétée,
scandée, reprise pendant des décennies et toujours
tombée dans le silence avait fini par se glisser au sein
des organisations partisanes ; comme si les femmes en tant qu'individus
luttant pour leurs droit à l'existence avaient perturbé
ce mode de penser le politique où le privé jamais
n'interférait dans le public. Le citoyen français,
si longtemps accoutumé à se percevoir en homme séparé
de lui-même, toujours attentif à son semblable, sans
jamais se préoccuper de l'autre, sauf à le considérer
comme complémentaire ou ennemi du même, semble avoir
recomposé son être et, du même coup, il peut
être disponible à la rencontre de l'autre.
Comment expliquer autrement cette étonnante participation
des hommes, il est vrai jeunes pour la plupart, à la manifestation
du 25 novembre ? Comment comprendre autrement cette attention redoublée
du PC et de la CGT à l'égard des manifestations féministes
et en faveur des droits des femmes ? Comment expliquer autrement
cette reprise, sur une banderole de Lutte Ouvrière de la
fameuse phrase de Fourier : "Les progrès sociaux et
changements de période s'opèrent en raison du progrès
des femmes vers la liberté ; et les décadences d'ordre
social s'opèrent en raison du décroissement de la
liberté des femmes" ; la phrase était certes
différente, mais l'esprit y était : près de
190 ans plus tard, l'actualité de Fourier apparaît.
Mais n'anticipons pas. Cette analyse peut-être défaite,
voire infirmée si, comme le dit Maya Surduts dans l'interview
qui suit, le pari est manqué. Les organisations de gauche
sont en crise, tout particulièrement le PC ; le principe
même de parti qui a présidé à la critique
politique est mise en cause, voire invalidé par la pratique.
Cette crise doit être profitable au féminisme. Son
entrée en politique, au sens d'intégration dans son
mode de penser, en est la condition. Mais les organisations, comme
les hommes, doivent tirer les leçons du mouvement. La question
du pouvoir et de sa reproduction est au coeur de la renaissance
politique. La crise perdurera à coup sûr si les acteurs
du mouvement social ne comprennent pas l'importance et la nécessité
de la subversion féministe. La démocratie politique
à venir, la transformation sociale espérée,
produite d'un certain point de vue par le mouvement, n'est possible
qu'aux conditions du féminisme critique largement énoncé
pendant la manifestation du 25 novembre. "La liberté
des uns implique la liberté des autres". La "rénovation
politique" est à ce prix. L'actualité de Condorcet
prend tout son sens "lutter contre le droit d'un autre, c'est
dès lors abjurer le sien".
2-Entretien avec Maya Surduts (animatrice de la CADAC)
(Michèle Riot-Sarcey et Eleni Varikas)
Question : La manifestation du 25 novembre a surpris tous les observateurs,
à la fois par son ampleur et surtout par la mixité
des participants. Pour la première fois, semble-t-il, nous
avons vu des hommes, souvent jeunes, reprendre à leur compte,
avec un plaisir non dissimulé, des slogans féministes.
Qu'en penses-tu ? Comment expliquer ce succès ?
Réponse : En effet, cette manifestation fut un succès
en raison sans doute de sa longue préparation, de son organisation
pluraliste et de ses objectifs bien compris.
Pour la première fois, une manifestation de type féministe
fut appelée par la CADAC (coordination des associations pour
le droit à l'avortement et à la contraception) à
laquelle se sont jointes 149 organisations. Une absence remarquée
cependant : celle de la confédération CFDT. Bon nombre
d'organisations syndicales et politiques, par leur délégation,
ont largement contribué aux travaux préparatoires
à la manifestation. A l'intérieur de la CADAC sont
en effet représentés parmi d'autres : la FSU, le PC,
SUD, CRC, et la FGTE (fédération générale
des transports parisiens CFDT). Là est peut-être la
novation.
Notons cependant que la mixité a eu quelques précédents.
Le MLAC d'abord, entre 1973 et 1975, organisa des manifestations
mixtes. Puis des collectifs unitaires pour la mise en place de centre
CIVG, associés aux centres de planification, organisèrent
également une manifestation mixte en novembre 1979, tandis
que celle d'octobre ne l'était pas.
Pour bien comprendre cet élargissement nécessaire,
il faut savoir que le mouvement des femmes, émietté,
atomisé, voire affaibli et divisé après l'arrivée
des socialistes au pouvoir, n'est guère capable, à
lui seul, d'organiser une manifestation de cette ampleur. La crise
des organisations au sens large n'a pas épargné le
mouvement des femmes. La manifestation du 25 novembre, à
l'image du mouvement social à l'intérieur duquel il
faut la situer, ouvre un autre temps des luttes, ou, plus exactement,
une ère nouvelle émerge de cet hiver agité.
Nous y reviendrons.
La conjoncture est également à prendre en compte.
N'oublions pas que 8 000 personnes, les "tenants de l'ordre
moral", ont défilé dans la rue contre l'avortement.
Cette réaction de rue manifeste fut précédé
par des actions de commandos contre les "centre d'IVG",
et le tout fut couronné par la victoire du FN dans les municipalités
de Toulon et d'Orange. Désormais, il n'est plus possible
de prétendre que les croisés de l'ordre moral ne représentent
qu'eux-mêmes, soit quelques illuminés ridicules et
sans audience. Bien au contraire, les ramifications sont nombreuses
et, pour une fois, les médias ont joué leur rôle
d'information : telle l'émission d"Envoyé spécial",
l'IVG et les croisés de l'ordre moral. Les journalistes ont
montré les liens qui unissaient les actions de commandos
avec l'extrême droite et le Vatican. C'est pourquoi l'humour
des manifestants s'exerça avec brio à l'encontre de
ce dernier lors de la manifestation du 25 novembre. "Ah si
Marie avait connu l'avortement", et celui-ci particulièrement
heureux : "si l'avortement est un crime, la masturbation est
un génocide". Cette connection : Vatican, extrême
droite, actions de commandos fut comprise et prise au sérieux
par une partie de la classe politique.
D'autre part, nous constatons, malgré les doutes que nous
pouvions émettre, que les idées féministes,
parfois édulcorées, voire dévoyées,
se sont largement diffusées, au point d'appartenir au langage
commun. Cette diffusion est intervenue lentement mais elle s'est
faite en même temps qu'étaient mises en cause les bureaucratie
syndicales si bien que les organisations dissidentes, ou plutôt
dissonantes par rapport à la tradition, les organisations
jeunes tel SUD, se sont trouvées, tout naturellement, au
sein de la CADAC. Mais ne négligeons pas non plus l'intérêt
redoublé du PC et de la CGT envers le féminisme et
les exclus en général. Là encore tentons de
comprendre, non pas ce tournant mais plutôt cette clairvoyance
disons par nécessité. Comprenons bien : d'une part
la CGT semble avoir tiré les leçons des coordinations,
et le PC, en tant qu'organisation représentative, joue, aujourd'hui,
sa survie.
C'est pourquoi en associant toutes ces forces pas toujours nouvelles,
mais en cours de renouvellement, nous avons voulu faire un pari.
Pour l'instant, la pari tient toujours parce que la première
étape fut un succès.
Enfin, dernier facteur qui, peut-être contribua à
faire comprendre l'importance de la défense des droits des
femmes, ce fut la médiatisation de la Conférence de
Pékin, en particulier l'idée que les droits des femmes
sont partie intégrante des droits humains. Le mot d'ordre
"ensemble défendons les droits des femmes", en
écho à celui si populaire du mouvement social : "tous
ensemble, tous ensemble, tous", fut compris et est compris
comme une défense des droits de tous. Comme si en attaquant
l'une on attaquait l'autre. La nouveauté, j'aurais tendance
à dire la modernité réelle, est toute inscrite
dans ce slogan : "défendre le droit des femmes c'est
défendre nos droits," ceux de tous et de toutes. Là,
la démocratie authentique a pointé son nez, une démocratie
qui ne peut séparer le social du politique, une démocratie
"vraie", comme on disait au XIXe siècle, construite
et portée par des individus libres et égaux qui renouent
les fils du privé au public, séparés par la
longue victoire du libéralisme. Par ce slogan, la manifestation
du 25 novembre est entrée en résonance avec le reste.
Question : A ton avis quels ont été les effets de
cette manifestation sur le reste du mouvement social ? L'organisation
des journée de luttes, des défilés de rue,
des piquets de grève a-t-elle eu quelque souci des femmes
?
Réponse : Il n'y a pas d'effets mécaniques et il
est très difficile, dans l'état de nos connaissances,
de dire si oui ou non il y a eu changement du point de vue des rapports
hommes/femmes. Même si tout le monde a remarqué la
"mention cheminots -cheminotes" dans les cortèges,
je ne crois pas qu'il y ait eu novation dans ce sens.
Notons que dans les manifestations peu de groupes portaient des
revendications féministes dans le cortège.
De plus, et là est peut-être la réponse à
ta question, dans l'organisation des grèves, au sein d'entreprises
à longue tradition syndicale, les hommes sont restés
à l'initiative du mouvement.
Question : Est-ce parce que les organisations syndicales ont, de
bout en bout, contrôlé le mouvement et ont su s'adapter
aux pratiques de luttes nouvelles où le respect de la démocratie
à la base est une condition désormais sine qua none
de réussite ?
Réponse : Sans doute que la question des rapports de domination
entre hommes et femmes est décalée par rapport à
la conduite des grèves, d'autant que les directions syndicales
n'ont pas assumé la direction du mouvement par peur de l'affrontement.
La démocratie à la base a quelque peu gommé
la pratique quotidienne d'assujettissement des femmes où
la tradition l'emporte sur la novation. Mais je ne parle que de
l'extérieur et mon avis est loin d'être autorisé.
Question : Cette manifestation du 25 novembre marque-t-elle une
nouvelle étape ?
Réponse : Oui, comme tout le reste du mouvement social.
Premier constat : la forte mobilisation dans les villes dites de
province met en cause, de fait, le rôle des directions parisiennes
au sens large du terme ; tant du point de vue des institutions étatiques
que du point de vue des organisations syndicales et politiques de
l'opposition. Deuxième remarque et non des moindres : l'ensemble
du mouvement comme les grèves elles-mêmes n'a pas été
dirigé par le haut ; phénomène inhabituel et
donc inattendu. C'et pourquoi, il est difficile de savoir ce dont
il est porteur. Le mouvement des femmes a su s'insérer dans
ce processus.
Question : Certes, mais notons une différence, la manifestation
du 25 novembre a été largement et longuement préparée.
Un constat cependant : il semble que le mouvement social a davantage
agi plutôt qu'il n'a dit, beaucoup plus mis en pratique une
critique sociale qu'il n'a élaboré un discours critique.
Le mouvement des femmes, si l'on en juge par la manifestation du
25 novembre, semble, au contraire, avoir développé
un discours critique peut-être plus élaboré
; ne serait-ce que ces mots d'ordre : "la mise en cause des
droits des femmes est une mise en cause des droits de tous"
et la "liberté des uns implique la liberté des
autres".
Réponse : Il semble en effet que le mouvement des femmes,
et ce bien avant la manifestation du 25, soit allé plus loin
dans la critique politique que le mouvement social en général
; je ferais la même remarque à propos des "exclus",
"les sans" comme ils se sont appelés. L'appel des
"sans" est remarquable à cet égard. Serait-ce
que l'exclusion et la marginalité renforceraient la lucidité
politique ?
Question : Peut-on dire que le potentiel critique du mouvement
féministe aussi éclaté soit-il, soit porteur
d'une véritable alternative politique ?
Réponse : La réponse est difficile car nous sommes,
en ce moment, dans une situation paradoxale. Compte tenu de l'éclatement
du mouvement, des difficultés de mobilisation, de l'atomisation
des différentes initiatives, ce qui subsiste des groupes
femmes a pris une part peu active à la préparation
de la manifestation, ou plus exactement n'a pas eu le rôle
moteur. L'élément moteur fut la CADAC ou la majorité
militante n'est pas estampillée "féministe".
Globalement, la coordination féministe éprouve quelques
difficultés à s'inscrire dans cette nouveauté.
En d'autres termes, d'un côté on constate une nouvelle
approche de la part d'organisations de type traditionnel avec le
slogan : "le droit des femmes ça nous concerne"
et de l'autre, les réserves tout à fait compréhensibles
de la part de féministes qui longtemps se sont heurtées
au mur du silence de ces mêmes organisations. Aussi éprouvent-elles
quelques difficultés à saisir cette évolution
qu'elles estiment bien tardive.
Question : Que conclure face à ce paradoxe ?
Réponse : Par rapport aux années antérieurs,
la rupture est visible. Un autre possible se dessine.
La non mixité est-elle mise en cause ?
Est-ce le début d'une autre forme de contestation féministe
T
Est-ce une nouvelle étape ?
Au contraire le mouvement des femmes va-t-il rester sur le bas
côté de la contestation sociale ?
A l'inverse, va-t-il jouer un rôle moteur ?
Les féministes sauront-elles se saisir de la nouveauté
? Accepteront-elles de travailler avec la CGT, avec le PC qui pendant
des décennies sont passés à côté
du mouvement social réel.
J'aurais tendance à faire un pari, celui de l'évolution
des organisations comme le PC et la CGT en fonction de la subversion
qu'ils ont jusqu'alors subie sous la poussée des idées
féministes : dans l'état actuel de leur crise, ils
sont en quelques sorte contraints de reprendre en partie cette subversion
à leur propre compte. Par ailleurs sachons que ces organisations
sont plus directement en prises avec les réalités
quotidiennes de la population des travailleurs que la sociale démocratie
- pour employer un terme ancien.
Question : Serait-ce l'entrée du féminisme en politique
au sens large du terme c'est à dire l'entrée du féminisme
dans le mode de penser le politique ?
Réponse : Pas encore, mais l'écroulement du mur de
Berlin nous invite à tout repenser. D'autant que la crise
des pays de l'Est est parallèle à la déstabilisation
(ou la consolidation ?) du système capitaliste par la montée
des intégrismes dans le monde "du marché libre".
Nous sommes à la croisée des chemins, et, d'un certain
point de vue, une course de vitesse est engagée entre le
libéralisme et la barbarie, entre "la fin de l'histoire"
par le triomphe irréversible du libéralisme et la
construction d'une société autre, avec comme objectif
central : la transformation des rapports sociaux, tout particulièrement
la transformation des rapports hommes/femmes. Dans cette perspective,
le féminisme a toutes les chances "d'entrer en politique".
Question : Quelles sont les conditions de possibilité de
cette intégration du féminisme au renouvellement du
politique ?
Réponse : La dynamique sociale doit perdurer pour intégrer
la féminisme dans ce qui est vivant, c'est à dire
dans le mouvement de ceux qui refusent les règles du jeu
du libéralisme. Cela implique sans aucun doute qu'un nouveau
féminisme se dégage de ce mouvement.
Nous envisageons l'organisation d'Assises en 1997. Assises qui
aurons pour but de dresser un état des lieux :
Où en sont les femmes dans la réalité ? Sur
le terrain de l'emploi ? Dans les institutions politiques ? Dans
leur liberté de choix ?
Que font les femmes ? Et où sont-elles ?
Ces assises seront précédées par l'appel à
une réunion nationale des collectifs locaux mise en place
dans 56 villes et de l'ensemble des partenaires associés
à la préparation de la manifestation du 25 novembre.
Ce qui permettrait de vérifier la fiabilité de notre
projet.
Dans la période actuelle, il nous faut être à
l'écoute de tous et de toutes. Savoir être souples,
flexibles afin d'adapter notre pratique à la situation nouvelle.
Le mouvement féministe à venir doit s'intégrer
au mouvement social afin d'être prêt à saisir
toutes les occasions de développer la critique sociale des
rapports de domination. Soit l'avenir se dessine avec les femmes
dans un rapport d'égalité, soit le devenir ne sera
que la répétition des mouvements révolutionnaires
antérieurs, c'est à dire la reproduction des rapports
de pouvoir. Ce constat ne suppose par un départ à
zéro ; bien au contraire, il nous faut profiter de toutes
les bonnes volontés mêmes si celles-ci émanent
d'individus encore prisonniers d'archaïsmes dénoncés
par les féministes. A nous de donner un sens novateur à
une prise de conscience même tardive.
22 janvier 1996
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