Origine : http://www.rue89.com/2009/02/17/police-francaise-du-vel-dhiv-aux-sans-papiers-quelle-responsabilite
Soixante-cinq ans après les faits, le Conseil d'Etat a finalement
estimé, le 16 février 2009, que la "responsabilité
de l'État" était engagée dans la déportation
des juifs, sous le régime de Vichy. Toutefois, cette haute
juridiction n'a pas manqué de souligner, dans le même
temps, que la France avait réparé "autant qu'il
était possible l'ensemble des préjudices" subis.
Comme si quelques paroles consolatrices, associées à
des rentes accordées aux derniers survivants, pouvaient permettre
d'apaiser les esprits. Il est vrai que le Conseil d'Etat estime
également dans un avis, publié prochainement au Journal
officiel, que cette responsabilité était engagée
"en raison des dommages causés par des agissements qui,
ne résultant pas d'une contrainte directe de l'occupant,
ont permis ou facilité la déportation, à partir
de la France de personnes victimes de persécutions antisémites".
Montrer la police française du doigt, est-ce possible?
Ce qui signifie clairement que les policiers français auraient
pu s'abstenir de rafler des juifs étrangers, d'abord, français
ensuite.
Soixante-cinq ans plus tard, est-il possible à un rescapé
de la rafle du Vel'd'Hiv' de montrer à nouveau du doigt ces
policiers français qui, en démocratie, et non plus
sous la botte nazie, ne refusent jamais de participer aux arrestations
de familles sans-papiers, qui n'ont commis d'autre crime que d'être
démunis de ces indispensables documents donnant droit à
la survie?
Sans doute, selon le code de déontologie de la police, nos
fonctionnaires d'autorité pourraient-ils refuser de rafler
des enfants, des femmes enceintes et des vieillards (ce que leurs
anciens n'avaient pas manqué de faire de 1942 à 1944).
Les sans-papiers: une répression de type nouveau
Au rythme de plus de 25 000 personnes expulsées annuellement,
une répression de type nouveau frappe ceux qui ont eu le
tort de venir chercher en France, la liberté pour certains,
du travail pour le plus grand nombre.
Bien sûr, il ne peut-être question de comparer les
deux périodes, et l'amalgame serait contre-productif. Il
n'en reste pas moins que la traque reste quasi-quotidienne avec,
très récemment, l'incitation à la délation,
prônée par un ministre de la République, et
présentée comme "un devoir républicain"
par un porte-parole du parti au pouvoir.
Il est évident que l'expulsion vers le Mali, la Chine ou
le Pakistan, n'est en rien aussi horrible que la perspective d'un
camp d'extermination. N'oublions pourtant pas les comportements
violents et injurieux des policiers de la PAF qui se voient confier
cette sale besogne.
Dans le même temps que, sur les traces du discours de Jacques
Chirac, reconnaissant déjà, dès 1995, la responsabilité
de la police française dans la déportation des juifs
vivant dans ce pays, si la France de 2009 consentait à reconnaître
les "mauvaises manières" de ses forces de l'ordre,
elle s'honorerait en mettant fin à cette répression
dont de nombreux enfants sont également les victimes.
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