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« Tu as cru parce que tu as bu, heureux qui croira sans avoir bu... »
par Maurice Rajsfus
lundi 13 septembre 2004

Origine : http://infos.samizdat.net/article6.html?var_recherche=Rajsfus

Il s’en est passé des choses, cet été. Le 15 août, pour la Sainte-Marie, ma très chère soeur Bernadette, s’est rendue à Lourdes pour soutenir les burnes défaillantes du Très Saint Père, Parkinson II.

La première dame de la République laïque venant se donner en spectacle en compagnie du roi des curetons, c’était un grand moment qui a dû faire frémir l’ombre de l’autre Bernadette, celle qui avait eu des visions, ici même, il y a quelque cent cinquante ans.

Allons, mes soeurs, toutes dans le même bain, dans cette bianfaisante piscine où baignent également les pansements des bienheureux persuadés que l’eau de Lourdes vaut bien tous les antibiotiques du monde profane. A la fin de chacune de ces ablutions collectives, la soeur affectée au nettoyage ratisse les eaux sales pour en retirer également les préservatifs des profanateurs, et les seringues de ceux qui ne veulent connaître qua les paradis artificiels - il y a même, parfois, quelques joints égarés flottant sur ces saintes eaux.

Est-ce quelques brancardiers qui se délestent des restes de ces ripailles interdites. Comme pour narguer Marie, qui regarde de là-haut ? Ah, mes soeurs, que de gestes blasphémateurs souillent ce lieu où Marie n’est plus apparue depuis si longtemps. Qu’importe, on connaît l’adage célèbre de Saint Thomas : « Tu as cru parce que tu as bu, heureux qui croira sans avoir bu... »

Il n’empêche, les centaines de milliers de pèlerins qui accompagnaient l’homme à la papamobile, ne se sont guère fendus questions pépètes, l’organisation est en déficit que quelque un million d’euros. A croire que les rayons boutons de culottes des merceries ont dû être dévalisés.

Ma soeur Bernadette, celle qui crèche dans les palais de la République, est évidemment confite en dévotion. Elle préfère néanmoins ces bonnes nourritures terrestres dispensées sans compter dans son pied â terre de l’Elysée. Ainsi, lors de la Saint-Jacques, notre Bernadette de l’Elysée a la consolation de ne pas se nourrir d’une coquille vide.

Ah, cette Bernadette Soubirous (qui aurait peut-être apprécié d’être sous-biroute), morte de consomption, est bien oubliée. Cette enfant de Marie, tellement méritante, n’est plus qu’un vague souvenir. Il faut vivre avec son temps.

Ma soeur Bernadette. Vous savez, celle qui est conseillère générale de Corrèze mais ne participe jamais aux travaux de l’assemblée où ses concitoyens l’ont déléguée, est née Chodron de Courcel. Son papa avait été aide de camp du général de Gaulle. Ce qui ne pouvait que donner des galons à la descendance. Hélas ! Bernadette a épousé un roturier, qui a racheté sa part de paradis, malgré tout, en rendant régulièrement hommage au pape, en assistant aux messes solennelles à Notre Dame de Paris.

Tout va donc pour le mieux, mes soeurs. Restez sages jusqu’à mon prochain billet