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Michèle, si tu marches trop vite
par Maurice Rajsfus
samedi 5 février 2005

Origine : http://infos.samizdat.net/article306.html?var_recherche=Rajsfus

Ma soeur Michèle Alliot-Marie a réalisé l’un des rêves de nos soeurs khmers-féministes. Elle est devenue, en mai 2002, la générale en chef de nos armées. Depuis, cette statue rigide d’un gaullisme devenu désuet n’a cessé de marcher tête haute, véritable porte-drapeau d’une France qui n’a même plus les moyens d’aller au bout de ses prétentions.

A l’heure où le pays plonge dans un déficit abyssal, ma soeur Alliot-Marie fait montre d’un volontarisme admirable. La tête haut levée, le menton lancé en avant, comme doit le faire le troufion qui défile devant le chef de l’Etat, ma soeur ministre de la Défense nationale fait savoir qu’il n’y a pas de problème d’argent pour l’armée qu’elle a en tutelle.

Dernier caprice de la soeur caporale : trouver 8 milliards d’euros pour une nouvelle génération de missiles nucléaires qui seraient embarqués sur « nos » sous-marins. Lesquels portent des noms à faire réfléchir ou faire peur : « Le Vigilant » aujourd’hui, « Le Terrible » demain. Ma soeur, qui nous fout la pétoche, a donc l’ambition de doter la marine de ces missiles d’un rayon d’action de 6 000 kilomètres. Ce qui permettrait de frapper le futur ennemi héréditaire : peut-âtre la Chine. Désireuse d’être crédible, ma soeur Alliot, qui fut Marie, veut que la France soit capables de « frapper n’importe où ! »

Maman, j’ai peur...

Vers le 10 janvier, il fallait voir, sur les écrans de télévision, la colère mal contenue de ma soeur Alliot-Marie lorsque des journalistes mal élevés expliquaient l’inanité des efforts de son ministère pour faire parvenir « sur zone », comme ils disent, une frégate porte-hélicoptère qui aura mis une douzaine de jours pour relier Djibouti à l’Ile de Umatra. Les yeux pétillants de rage, notre soeur militaro faisait savoir qu’il ne pouvait être question de critiquer ses gesticulations.

Ma soeur Allia-Marie aimerait bien porter képi ou calot, voire même petite casquette à l’américaine, si elle ne craignait le ridicule. Bien consciente des limites de la stupidité faite ministre, elle se contente de prêter l’oreille aux revendications des fonctionnaires galonnés placés sous ses ordres.

Un jour, ma soeur compatis au manque d’effectifs de l’armée de terre, le lendemain, c’est la faiblesse de « notre » aviation qui lui donne du vague à l’âme. Au final, c’est donc la marine (autrefois surnommée « La Royale », mais qui a gardé les stigmates de ce sobriquet) qui devrait bénéficier de sa haute sollicitude. Jusqu’à ce que le ministère des finances lui signifie l’impossibilité des lourdes dépenses envisagée. Il ne restera plus à la soeur-ministre de la Défense que d’aller verser des larmes dans le giron de ma soeur Nicole Guedj, ministre déléguée à la compassion obligée - laquelle n’a pas été spécialement entendue au lendemain du ras de marée qui a dévasté l’Asie du Sud-est.

Michèle, si tu marches trop vite, tu vas de prendre les pieds dans l’écharpe qui pend de ton épaule jusqu’au sol...