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Ma soeur porte fièrement l’uniforme
Maurice Rajsfus
samedi 15 novembre 2003

Origine : http://infos.samizdat.net/article228.html?var_recherche=Rajsfus

Ma soeur commence de plus en plus à ressembler à mon faux-frère.

Ses vocations sont devenues multiples, et il lui est possible, désormais, d’avoir d’autres ambitions. En effet, les voies du Salut sont multiples. Il y a plusieurs demeures dans la maison. de mon Père, c’est bien connu. Depuis quelques années, ma soeur porte fièrement l’uniforme. Policière ou gendarmette, son flingue est bien en évidence, porté très haut sur le ceinturon - pour la prise en main, c’est bien plus pratique pour ses petits bras.

Ainsi vêtue et enfouraillée, ma soeur a changé de nature, ayant également acquis la possibilité de défendre, mais surtout d’attaquer les ouailles du Seigneur qui se sont risquées à quitter le droit chemin.

Les forces de l’ordre sont devenues la plus grande conquête de la femme. Tout comme ses collègues hommes, ma soeur a donc appris à être plus brutale que maternelle, plus injurieuse que caline, et bien plus méprisante que consolatrice.

Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? Je vois le regard matois (plein de ruse mais sans finesse) et la matraque qui foudroie. Plus rien à voir avec les Soeurs de la Chârité, alors que les portes de la police avaient été grandes ouvertes aux femmes disponibles pour cet emploi. Motif, de cette avancée ? Donner plus d’humanité à cette institution !

La petite soeur des pauvres a disparu du paysage compassionnel. Serait-ce au bénéfice d’une autre cause humanitaire ? Mon oeil ! Il faut avoir vu ma soeur-flic « s’occuper » activement d’un sans-papiers, ou d’un précaire dans la détresse, en compagnie de ses frères-flics, pour bien comprendre qu’aujourd’hui il y a d’autres voies pour gagner sa part de paradis. Demandez donc à ma soeur Cécilia quel est son sentiment à cet égard.

Pour les ignorants, au ceux qui méprisent la presse people, ma soeur Cécilia n’est autre que l’épouse du futur président de la République, en espérance. Il s’agit d’un certain Nicolas, grand frère de tous les redresseurs de tort. Lesquels communient sous les deux espèces : le tonfa et le lacrymo, le pétard n’étant mis en oeuvre que pour les grandes occasions

Frères et soeurs de la Sainte Répression, phratrie de circonstance, union à la limite de l’inceste, ne profitez pas de l’occasion pour nous offrir les fruits de cette rencontre. La densité du monde bleu-marine est telle que notre paysage commence à souffrir de cette uniformité, gage de la paix sociale telle que la conçoit le Frère Séraphin [1]...

Notes

[1] Le Séraphin, ange de la première hiérarchie, disposant de trois paires d’ailes dans sa représentation religieuses, n’est autre que l’inspirateur d’un premier ministre bossu et au profil de catcheur, grand protecteur d’une fraternité ressemblant étrangement aux Frères-de la Côte, bien plus qu’aux Petits Frères des pauvres.