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Origine Librairie Libertaire : http://perso.wanadoo.fr/libertaire/textes/onfray.html
Les gens qui vont voter Non à la constitution européenne
sont des crétins, des abrutis, des imbéciles, des incultes.
Petit pouvoir d'achat, petit cerveau, petite pensée, petits
sentiments. Pas de diplômes, pas de livres chez eux, pas de
culture, pas d'intelligence. Ils habitent en campagne, en province.
Des paysans, des pécores, des péquenots, des ploucs.
Ils n'ont pas le sens de l'Histoire, ne savent pas à quoi ressemble
un grand projet politique. Ils ignorent le grand souffle du Progrès.
Ils crèvent de peur. Jadis, ces mêmes débiles
ont voté non à Maastricht ignorant que le oui allait
apporter le pouvoir d'achat, la fin du chômage, le plein emploi,
la croissance, le progrès, la tolérance entre les peuples,
la fraternité, la disparition du racisme et de la xénophobie,
l'abolition de toutes les contradictions et de toute la négativité
de nos civilisations post-modernes, donc capitalistes, version libérale
. L'électeur du Non est populiste, démagogue, extrémiste,
mécontent, réactif. C'est le prototype de l'homme du
ressentiment. Sa voix se mêle d'ailleurs à tous les fascistes,
gauchistes, alter mondialistes et autres partisans vaguement vichystes
de la France moisie, cette vieille lune dépassée à
l'heure de la mondialisation heureuse. Disons le tout net : un souverainiste
est un chien.
En revanche, l'électeur du Oui est génial, lucide,
intelligent. Gros carnet de chèque, immense encéphale,
gigantesque vision du monde, hypertrophie du sentiment généreux.
Diplômé du supérieur, heureux possesseur d'une
bibliothèque de Pléiades flambant neufs, doté
d'un savoir sans bornes et d'une sagacité inouïe, il
est propriétaire en ville, urbain convaincu, parisien si
possible. Il a le sens de l'Histoire, d'ailleurs il a installé
son fauteuil dans son sens et ne manque aucune des manies de son
siècle. Le Progrès, il connaît. La Peur ? Il
ignore. Le debordien Sollers, le sartrien BHL et le kantien Luc
Ferry vous le diront.
Bien sûr le Ouiste a voté oui à Maastricht
et constaté que, comme prévu, les salaires s'en sont
trouvé augmentés, le chômage diminué
et fortifiée l'amitié entre les communautés.
Le votant du Oui est démocrate, modéré, heureux,
bien dans sa peau, équilibré, analysé de longue
date. Sa voix se mêle d'ailleurs à des gens qui, comme
lui, exècrent les excès : le démocrate chrétien
libéral, le chiraquien de conviction, le socialiste mitterrandien,
le patron humaniste, l'écologiste mondain. Dur de ne pas
être Ouiste...
Citoyens, réfléchissez avant de commettre l'irréparable
!
Michel ONFRAY
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