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Esthétique du pôle Nord de Michel Onfray
Le pôle de mon père présenté par François Busnel

Origine : 'Express Livres
http://livres.lexpress.fr/critique.asp/idC=3610/idTC=3/idR=12/idG=8

http://www.lexpress.fr/

Esthétique du pôle Nord Michel Onfray éd. Grasset

Le pôle de mon père par François Busnel

 Michel Onfray avait promis à son paternel de l'emmener dans le Grand Nord. C'est fait. Il en a rapporté un superbe récit

Michel Onfray l'a souvent répété, il l'a maintes fois écrit: on ne peut imaginer de philosophie sans le roman autobiographique qui la permet. Le genre de propos qui provoque quelque remous dans le marigot un peu trop fangeux de la philo officielle! Car nos penseurs n'aiment guère parler d'eux, sinon pour contempler leur nombril ou les lauriers de plâtre qu'ils se sont tressés. Onfray, lui, assume une philosophie subjective mais silencieuse. Claquemuré dans son lycée de province, il ne court plus après les médias et passe beaucoup de temps à écrire. Trop, peut-être. Mais c'est à cette condition que l'on construit un édifice. Un édifice qui rend hommage aux maîtres, surtout s'ils sont oubliés (c'est le cas de ces très curieux et très passionnants Fragments cyrénaïques, qui rassemblent les textes, inédits pour la plupart, de philosophes libertins du Ve siècle av. J.-C.). Aujourd'hui, le chantre de la sculpture de soi pousse plus loin encore l'art de vivre en publiant le récit d'un étrange périple effectué sous des latitudes glacées.

L'histoire commence il y a une trentaine d'années. A l'époque, un jeune homme demande à son père quelle destination il choisirait s'il pouvait s'offrir un long voyage. La réponse fuse: le pôle Nord. Le père est ouvrier agricole, la mère, femme de ménage; autant dire qu'il y a peu de chances qu'une bonne fée favorise ce rêve. Aujourd'hui, Onfray, transformé en auteur à succès, tient la promesse qu'il s'était faite lorsqu'il avait 10 ans. Et le voilà qui met le cap sur la terre de Baffin, en compagnie de son paternel. Il en rapporte un livre formidable. Poétique et lyrique. Un livre philosophique, puisqu'il est entendu qu'il existe non pas des objets spécifiquement philosophiques, mais une manière philosophique de parler des choses: une jolie femme, une symphonie de Mahler, une toile de Caspar David Friedrich... un paysage du bout du monde.

Onfray évoque la nature, bien sûr, mais aussi les hommes. Il raconte les pierres, les ours, les Inuits et l'ethnocide organisé qui a ruiné cette civilisation épicurienne. Il signe là une passionnante proposition d'ethnologie subjective, dans l'esprit - si libre, si généreux - d'un Nicolas Bouvier. C'est culotté, c'est beau, c'est sain. Ah, si seulement les philosophes osaient plus souvent ce genre de livres!

Fragments cyrénaïques, présenté par Michel Onfray. Livre de poche, 290 p., 6,50 euros.


http://mapage.noos.fr/sacados/lectures/lectures26.htm

Michel ONFRAY - Esthétique du Pôle Nord

Enfant, l’auteur demanda un jour à son père dans quel pays il aimerait aller. Au Pôle Nord répondit celui-ci. Trente cinq ans plus tard le jeu devient réalité, et Michel ONFRAY emmène son père au-delà du cercle polaire pour y fêter ses 80 ans. L’auteur est plus connu comme philosophe que voyageur. J’ai même quelques uns de ses livres dans ma bibliothèque car j’apprécie sa réflexion et sa pensée «hédoniste.»

On lira dans cet ouvrage de nombreuses informations sur l’évolution de la société dans ces régions où «jamais le sol ne dégèle (et où) la terre se refuse aux enterrements.» La température polaire est inhumaine et pourtant on y vit. «Le spectacle de la nature immense et vierge confine au sublime.» Une sorte d’état des lieux actuels, des us et coutumes des Inuits, chez lesquels comme dans bien d’autres endroits du monde la télé a remplacé les veillées, et le supermarché subvient aux famines d’une autre époque. L’auteur étant un virtuose des mots, des concepts, de la pensée, les phrases sont souvent aussi belles que les paysages. «Dans les espaces au-delà du cercle polaire, le blanc et le silence, le minéral et le froid fabriquent une esthétique de la rareté, un temps dépouillé, sec et translucide.» La comparaison des paysages arctiques avec la musique de Webern, «magicien du ciselage, de la rareté, du minéral concentré, du maximum exprimé par le minimum» est réjouissante. Il s’agit bien d’un ouvrage «philosophique et visionnaire» comme l’écrit Jean MALAURIE dans Le Monde du 15/02/2002. Avec les risques ou inconvénients inhérents : on peut, comme cela m’est arrivé, avoir du mal à entrer dans ce livre, qualifié de «voyage philosophique sous les auspices d’un genre d’ethnologie hédoniste». Que ces termes ne vous effraient pas.
Les premières lignes : «Avant le temps, quand rien ne permet le repère, alors que tout interdit l’archéologie ou la généalogie, la pierre triomphe absolument. Sans les hommes qui rendent possible le réel par la conscience qu’ils en ont, la géologie impose une durée inconcevable, une éternité incarnée, une immortalité prisonnière de formes dures, redoutables et muettes.» Éditions Grasset 2002. Photographies d’Alain SZCZUCZYNSKI. Paru en Livre de poche en mars 2004.

Michel Onfray, né en 1959, a écrit une vingtaine de livres dans lesquels il formule un projet hédoniste éthique (La sculpture de soi, prix Médicis 1993), politique (Politique du rebelle, 1997), érotique (Théorie du corps amoureux, 2000), pédagogique (Antimanuel de philosophie, 2001), épistémologique (Féeries anatomiques,