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Origine : http://www.lerecoursauxforets.org/article.php3?id_article=21
août 2002, par La rédaction
Michel Onfray est professeur de philosophie dans un lycée technique
de Normandie. C'est aussi un écrivain qui a derrière
lui quelques succès littéraires mérités
: le Ventre des philosophes, Cynismes, l'Art de jouir, la Sculpture
de soi, la Raison gourmande. Indissolublement brasseur du jouir et
de l'utopie. Sa Politique du rebelle réconcilie l'idée
que le plaisir peut être ce que l'on recherche en priorité
- et par suite la réconciliation de l'individu avec son corps
- et une révolte contre le conformisme ambiant et le dogmatisme
qui sont les meilleurs alliés du conservatisme social.
L'auteur de La sculpture de soi (prix Médicis de l'essai 1993)
prolonge son apologie d'un matérialisme hédoniste en
un pamphlet d'inspiration libertaire, Politique du rebelle, qui magnifie
la figure du rebelle et nous invite à réenchanter le
monde en reprenant l'histoire là où elle a manifesté
pour la dernière fois l'irrépressible désir de
révolution. Soit : accomplir Mai 68 contre le règne
de la raison économique en pariant sur la "puissance du
principe de plaisir et sa capacité à informer le réel
contre le triomphe impérieux et sans partage assuré
par la droite au principe de réalité" et en formulant
"les conditions de possibilité d'un individualisme qui
ne soit pas un égoïsme".
Michel Onfray se réclame d'une "mystique de gauche".
Il n'est pas pour autant dans "la gauche mystique". La culture
de ce fils d'un ouvrier agricole et d'une femme de ménage intègre
et révolutionne la pensée de Nietzsche, celle de Michel
Foucault, d'Auguste Blanqui et de Gilles Deleuze. Le résultat,
c'est un homme qui " a les pieds par terre ", comme le complimentera
au cours de la soirée l'animateur de cette rencontre, le philosophe
Jean-Paul Jouary. La vedette de la soirée avait neuf ans en
mai 68. Il en retient "ce que les philosophes appellent l'intersubjectivité,
le rapport entre les individus". On ne sait plus parler pareil
après... Ni à l'école, ni dans le couple, ni
au travail. Le moment lui semble venu de substituer au désenchantement
du monde un certain réenchantement. Dans le sens de ce que
Gilles Deleuze appelle "le devenir révolutionnaire des
individus" : "reprendre mai 68 là où il a
été abandonné...".
Michel Onfray souhaite "faire entendre une voix libertaire
au quotidien". Le débat qui a suivi donne une
idée de l'effet de diapason produit sur son auditoire. "Je
n'ai pas perdu mon temps ce soir, déclare une participante,
je viens de découvrir que j'étais une hédoniste
libertaire !" Les questions de haute volée théorique
se mêlent aux questions plus intimes. Certains de ses lecteurs
font état, avec une certaine impudeur, du plaisir qu'ils éprouvent
à le lire. Moments de vérité. L'idée que
l'affect maille toute la vie sociale et politique progresse-t-elle
? C'est dans ce climat que la question des pouvoirs est posée.
Au plus haut niveau. La soirée s'achève sur un éloge
de la révolte... Michel Onfray fait l'apologie du révolté
qui le demeure jusqu'au soir de sa vie et note que bien des révolutionnaires
victorieux - en France ou ailleurs - sont devenus les conservateurs
du lendemain."
L'Humanité
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