Origine : http://www.reseau-ipam.org/article.php3?id_article=1164
Au risque de fâcheries, de fortes inimitiés, d’exclusions,
de censure dans certains journaux, j’ai toujours su que le
sentiment d’appartenance à la famille de gauche ne
devait pas m’inciter à agir en mafieux. J’ai
toujours su que l’Union soviétique n’était
pas un allié. En tant que Latino-américain membre
de la gauche radicale, je paie tous les jours le prix de mes critiques
à l’égard du régime castriste. Je sais
donc que l’on peut appartenir à une famille politique,
mais je sais aussi que celle-ci n’est jamais monolithique.
Au contraire. Une famille est morte politiquement quand elle devient
monolithique.
Après certaines déclarations inacceptables entendues
ces derniers jours dans les rangs du gouvernement et de la majorité
parlementaire, suite aux incidents survenus dans les banlieues,
je veux alerter la famille de droite du danger qui la menace. Et
qui menace la société dans son ensemble. Ayant vécu
la première moitié de ma vie sous la dictature et
la deuxième moitié en démocratie, je suis bien
placé pour reconnaître la valeur de ma deuxième
patrie, la France. Je l’aime d’autant plus qu’elle
représente une véritable exception dans un paysage
international troublé par tant de désordre et de violence.
Il y règne une tranquillité et une paix sociale que
beaucoup de pays nous envient. Elle offre un espace où la
pensée est possible.
C’est au nom de cette exception que je lance un appel. Ma
démarche est très concrète. Je cherche, au
sein de l’Assemblée nationale, un homme ou une femme
de droite pour interpeller ses collègues et leur faire signer
ce texte qui affirme quelques principes clairs :
La France a toujours su dépasser les différences
non pas en les écrasant mais en les valorisant. Quand nous
ouvrons nos portes à des étrangers, ce n’est
pas toute la misère du monde que l’on accueille mais
toute sa richesse.
Refusons la remise en cause de la nationalité, de la richesse
des flux migratoires et de notre tradition d’accueil et de
coexistence.
Brisons l’élan des tentations xénophobes, communautaristes,
autoritaires et révisionistes.
Dénonçons les attitudes provocatrices et démagogiques
qui congédient la pensée.
Opposons-nous à ces dérives qui, pour des raisons
électoralistes, risquent d’entraîner le pays
vers des tensions et des conflits que tout le monde regrettera.
Les lendemains de grandes divisions et de grandes violences, il
n’y a jamais de gagnant. Seulement des regrets.
Le moment est venu d’opposer une résistance. Nous
ne sommes pas le 18 juin, seulement le 8 décembre. Mais ce
petit appel du 8 décembre a son importance.
Moi, juif, athée, libertaire, je prends les lecteurs de
Témoignage chrétien pour témoins des suites
que je recevrai à cet appel.
Miguel Benasayag, Témoignage chrétien, 8 décembre
2005
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