"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
Comparaison n’est pas raison
samedi 12 juin 2010

Origine : http://malgretout.collectifs.net/spip.php?article201

Moi Miguel Bennasayag philosophe et psychanalyste je voudrais vous faire part de quelques réflexions en manière de témoignage au procès des six inculpés de Pau.

Dans l’histoire, comme aussi dans la vie, comparaison n’est pas raison. Étant très engagé dans les activités de RESF j’ai eu très souvent l’occasion d’entendre les parallèles faits entre le sort réservé aux enfants des sans-papiers aujourd’hui et celui réservé aux enfants juifs pendant l’occupation.

J’ai, pour ma part, vécu la moitié de ma vie sous une dictature, en Argentine, et l’autre moitié en France sous une république et une démocratie. C’est ainsi que, à de nombreuses occasions, je me suis, ici, offusqué lorsque des événements m’évoquent ce que j’ai connu sous la dictature. Lorsque cela arrive je participe à la dénonciation voire à la résistance contre ces tendances et pourtant je continue à voir la différence entre une démocratie et une dictature. Mais je sais que les états d’exception arrivent doucement, comme par un glissement et qu’il faut être vigilants.

Les six inculpés d’aujourd’hui ont évoqués une corrélation historique et ont comparé certains faits, cela dans le but de déclencher une alarme. S’ils sont condamnés parce qu’ils ont émis une hypothèse, cela signifiera qu’aujourd’hui on peut, en France, être condamné pour avoir pensé.

Cette éventuelle condamnation ne manquera pas d’apparaître aux yeux de tous comme une très paradoxale défense de la démocratie. Je tiens à souligner que dans le livre sur RESF écrit avec Angélique Del Rey « La chasse aux enfants » nous exprimions clairement notre désaccord avec la comparaison qui est aujourd’hui en question. Mais personne ne peut en France prétendre que l’on devrait condamner quelqu’un parce que des événements graves d’aujourd’hui lui évoquent les catastrophes du passé. Il est évident que la seule façon de nier cette comparaison et d’affirmer que nous vivons dans un état de droit avec pleine liberté de pensée et de parole passe par la relaxe de ces six inculpés.