Origine : http://malgretout.collectifs.net/spip.php?article201
Moi Miguel Bennasayag philosophe et psychanalyste je voudrais vous
faire part de quelques réflexions en manière de témoignage
au procès des six inculpés de Pau.
Dans l’histoire, comme aussi dans la vie, comparaison n’est
pas raison. Étant très engagé dans les activités
de RESF j’ai eu très souvent l’occasion d’entendre
les parallèles faits entre le sort réservé
aux enfants des sans-papiers aujourd’hui et celui réservé
aux enfants juifs pendant l’occupation.
J’ai, pour ma part, vécu la moitié de ma vie
sous une dictature, en Argentine, et l’autre moitié
en France sous une république et une démocratie. C’est
ainsi que, à de nombreuses occasions, je me suis, ici, offusqué
lorsque des événements m’évoquent ce
que j’ai connu sous la dictature. Lorsque cela arrive je participe
à la dénonciation voire à la résistance
contre ces tendances et pourtant je continue à voir la différence
entre une démocratie et une dictature. Mais je sais que les
états d’exception arrivent doucement, comme par un
glissement et qu’il faut être vigilants.
Les six inculpés d’aujourd’hui ont évoqués
une corrélation historique et ont comparé certains
faits, cela dans le but de déclencher une alarme. S’ils
sont condamnés parce qu’ils ont émis une hypothèse,
cela signifiera qu’aujourd’hui on peut, en France, être
condamné pour avoir pensé.
Cette éventuelle condamnation ne manquera pas d’apparaître
aux yeux de tous comme une très paradoxale défense
de la démocratie. Je tiens à souligner que dans le
livre sur RESF écrit avec Angélique Del Rey «
La chasse aux enfants » nous exprimions clairement notre désaccord
avec la comparaison qui est aujourd’hui en question. Mais
personne ne peut en France prétendre que l’on devrait
condamner quelqu’un parce que des événements
graves d’aujourd’hui lui évoquent les catastrophes
du passé. Il est évident que la seule façon
de nier cette comparaison et d’affirmer que nous vivons dans
un état de droit avec pleine liberté de pensée
et de parole passe par la relaxe de ces six inculpés.
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