|
Origine : http://rencontres-et-debats-autrement.org/index.php?page=miguel-benasayag
Miguel BENASAYAG, argentin, auteur de plus d’une vingtaine
d’ouvrages dont «Eloge du conflit» (septembre
2007, Editions La Découverte) est philosophe, psychiatre
et psychanalyste.
Ancien résistant guévariste, torturé et emprisonné
quatre ans en Argentine, Miguel BENASAYAG, dans la mouvance alternative,
est à l’origine du collectif « Malgré
tout » et du Manifeste des Indiens sans terre du Brésil.
Psychiatre, mais dans la lignée de la contre psychiatrie,
psychanalyste, Miguel BENASAYAG aime les liens, les liens avec les
autres et soi... Chercheur de désir d’être et
passeur de désirs et de vie, travaillant notamment dans le
domaine de l’intelligence, de la vie artificielle et de la
neurophysiologie, il aime avant toutes autres choses les subtiles
perceptions oubliées, enfouies ou étouffées,
les désirs et les singularités, trop souvent également
écrasés.
BIBLIOGRAPHIE
Organismes et artefacts - Vers la virtualisation du vivant ? Ce
livre est co-édité par les Editions La Découverte
et les Editions Jean-Paul Bayol, février 2010.
De l'engagement dans une époque obscure, avec Angélique
Del REY, le passager clandestin, 2011.
Parcours entretiens avec Anne Dufourmantelle , Calman Levy 2001
Résister, c'est créer, en collaboration avec Florence
Aubenas, 2002, La Découverte.
Che Guevara : Du mythe à l’homme - Aller-retour, 2003
Les Passions tristes. Souffrance psychique et crise sociale, en
collaboration avec Gérard Schmit, 2003, La Découverte,
nouvelle édition 2006.
Abécédaire de l'engagement, avec Béatrice
Bouniol, 2004, Bayard
La Fragilité, 2004, édition La Découverte
Connaître est agir : Paysages et situations, en collaboration
avec Angélique Del Rey, 2006, édition La Découverte,
Plus jamais seul, le phénomène du téléphone
portable, 2006, édition Bayard.
Éloge du conflit, avec Angélique del Rey, 2007, La
Découverte.
La chasse aux enfants. L'effet miroir de l'expulsion des sans-papiers,
avec Angélique del Rey et des militants de RESF, 2008, La
Découverte
La santé à tout prix, 2008, Bayard
A propos du nouveau livre de Miguel Benasayag: Organismes et artefacts
- Vers la virtualisation du vivant ?
Synopsis :
L’utilitarisme et l’économisme sont en train
de fabriquer un véritable « homme » nouveau,
un « monde nouveau », avec des organismes nouveaux.
Mais toutes ces nouveautés sont structurées par la
dure loi de la flexibilité et du « tout est possible
». Comment récupérer la puissance d’agir,
pour et par la vie ? Telle est la question posée par l’
auteur sur le terrain de la vie organique.
Miguel Benasayag, ancien guérillero guévariste devenu
philosophe et psychanalyste, anime à Paris le collectif «
Malgré tout » et dirige à Buenos Aires le laboratoire
« Le champ biologique ».
CHRISTIAN GODIN à propos du dernier ouvrage de Miguel Benasayag
: Organismes et artefacts - Vers la virtualisation du vivant ?:
Miguel Benasayag, n’est pas un ennemi des sciences, ni un
adversaire des techniques (la caricature qui arrange les Frankenstein
de tout poil). Seulement, il rappelle qu’utiliser un instrument
aussi banal qu’un GPS signifie qu’une certaine fonction
cérébrale (le repérage dans l’espace)
sera probablement perdue. Il n’y a pas de gain sans perte.
L’accumulation infinie est un fantasme.
L’homme sans culture, sans société, sans histoire,
que Robert Musil appelait « l’homme sans qualités
», est désormais celui dont rêvent et que nous
préparent fébrilement les petits Prométhée
de laboratoire.
Or, entre l’utilitarisme économique et la métaphysique,
qui affuble les mots de majuscules (l’Homme, la Nature, etc.),
il n’y a pas, comme on l’a cru un peu vite, incompatibilité
mais, bien à l’inverse, connivence. L’auteur
dénonce, avec la verve qu’on lui connaît, le
spiritualisme caché des rêveries technoscientifiques
d’aujourd’hui? : le corps comme prison d’où
l’âme devrait s’échapper, cela remonte
à Platon. Benasayag cite avec humour cette phrase d’un
thésard sur les systèmes de régulation des
organismes vivants qui sont « loin d’être des
systèmes optimaux » mais qui néanmoins «
remplissent assez bien leur fonction ». Cette position en
surplomb, pour ridicule qu’elle soit, risque d’avoir
des effets calamiteux. Que savons-nous de la vie, et spécialement
de la vie humaine, pour la juger ainsi? ? L’homme ayant tué
les dieux qu’il avait créés, il entreprend désormais
de créer des hommes (avant de les tuer sans doute). Les nouveaux
Frankenstein ne sont pas des songe-creux, ils ont tout pour réussir
: l’argent, le pouvoir, la connaissance et l’opinion.
De ce qu’un ordinateur calcule « comme » un cerveau,
il ne s’ensuit pas que le cerveau soit un ordinateur.
La pensée et la vie ne sont plus comprises que comme des
points d’appui. Mais si tout est possible, rien n’est
réel, rappelle Miguel Benasayag, puisque le réel est
justement ce qui limite les possibilités. Le grand marché,
c’est-à-dire le grand bazar du vivant, s’imagine
que le tri se fera au profit du meilleur, évidemment. Illusion
funeste,qui nous implique tous.
Christian Godin
4ème de couverture :
Depuis les années 1980, la recherche sur la vie et l’intelligence
artificielle a connu des progrès considérables, permettant
des avancées spectaculaires dans la fabrication d’artefacts
inspirés du vivant. Grâce au génie génétique
et aux neurosciences, des chercheurs annoncent la possibilité
d’« améliorer » la nature humaine et de
concevoir des thérapies permettant de donner la vue aux aveugles,
de faire entendre les sourds ou de faire marcher les paralytiques.
Et la pensée elle-même est désormais le fruit
de combinaisons entre processus neuronaux proprement humains et
ceux produits par des artefacts. Ces techniques posent une question
qui hante nos contemporains : si nous pouvons modifier la nature
humaine, qu’en est-il alors de la condition humaine ? Jusqu’où
l’homme « amélioré » reste-t-il
un homme ?
Pour y répondre, Miguel Benasayag propose dans ce livre
de rompre avec le vieil imaginaire opposant l’homme à
la machine : la question n’est pas de savoir si les automates
artificiels sont capables ou non d’imiter le fonctionnement
de la conscience et de la vie, mais d’interroger - grâce
aux ressources de la philosophie comme de la neurophysiologie -
le sens même de ces deux notions. L’auteur montre qu’elles
ne recouvrent pas des entités ontologiques qui existeraient
« en soi », mais qu’elles sont des constructions
de chaque époque et que celle qui a conçu leurs avatars
modernes est elle-même en crise. Les conceptions de la conscience
et de la vie que les savants cherchent à reproduire n’ont
en réalité rien de comparable avec leur manifestation
biologique. Mais si la possibilité de leur production à
l’identique apparaît donc comme un faux débat,
les effets de cette recherche dans le formatage de la vie et du
monde sont, eux, d’ores et déjà bien réels
: l’idéologie postmoderne du « tout est possible
» en matière de création et de modification
du vivant, loin d’être la réalisation d’un
rêve, est bien plutôt l’avènement d’un
cauchemar.
|
|