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Message Internet sur la liste Infozone
Date: 11 Decembre 2003
Subject: [infozone_l] Voile/appel contre une loi
Voici un appel de femmes contre la loi annoncée interdisant
le foulard et/ou les signes religieux
Les initiatrices appellent à une réunion en vue d'organiser
une contre-offensive concertée ; faire circuler, que les différentes
orgas envoient qq.
C'est DIMANCHE 18h au CEDETIM, 21 ter rue Voltaire, Paris 11
L'appel est consultable en ligne sur le site du: www.cedetim.org
l
Les signatures à renvoyer: cedetim at reseau-ipam.org
APPEL AUX CITOYENNES ET AUX CITOYENS DE FRANCE
Le gouvernement de la République envisage d'adopter une loi
qui sous couvert du combat pour l'égalité entre les
hommes et les femmes vise en réalité à interdire
aux jeunes filles portant le voile l'accès à l'enseignement
public.
Rappelons avant toute chose qu'en France les lois ne sont ni de
droit divin, ni de droit naturel, ni le fait d'un prince ou d'un
président, elles résultent au contraire d'un travail
de maturation associant toutes et tous dans la perspective de garantir
un vivre ensemble le plus serein possible.
Cessons donc de faire comme si le débat était d'abord
affaire d'opinions ou affaire du bon vouloir d'un président.
Car dans une société démocratique, la fonction
première d'une loi vise à garantir la liberté
de chacun dans le respect des autres, elle ne vise pas à
diviser la communauté nationale en sous catégories
assujetties à une loi spécifique.
Cette loi en préparation n'est pas opportune et nous, femmes
et hommes épris de liberté et de justice nous n'y
sommes pas favorables.
Il est vrai qu'aujourd'hui des femmes et des jeunes filles portent
le voile, certaines le subissent, d'autres le revendiquent et s'affirment
comme citoyennes ayant des droits et entendant les exercer. Elles
le font dans des termes nouveaux, développant ainsi des stratégies
qui au mieux déconcertent, au pire épouvantent.
Nous assistons, c'est un fait, à un retour en force du patriarcat
dans un contexte de paupérisation croissante des femmes spécialement
celles de conditions sociales modestes et, ou, étrangères.
Soyons clair(e)s nous ne sommes pas favorables au port du voile
ni à l' exclusion des femmes qui le portent. Nous ne sommes
pas non plus naïves, nous savons que des forces obscures religieuses,
économiques et politiques travaillent nos sociétés
en profondeur. Or, la tendance actuelle est de répondre à
ces reculs par des dispositifs législatifs sécuritaires
qui répriment et réduisent ainsi les libertés
individuelles de toutes et de tous en lieu et place de projets politiques
émancipateurs et dynamiques.
La question centrale porte sur les moyens à mettre en ouvre
pour combattre ces reculs et dans quelles perspectives le faire.
L'histoire du féminisme nous éclaire sur la méthode
en nous rappelant que jamais les femmes n'ont gagné en adoptant
une position de magistère moral dans leurs combats. C'est
au cour des situations concrètes et du jeu des libertés
qu'elles ont dessiné et inventé des perspectives émancipatrices,
contournant quelquefois les lois en vigueur lorsque celles ci faisaient
de la victime la coupable, dénonçant ainsi une des
postures favorites du patriarcat, qui culpabilise la victime surtout
lorsqu'elle est femme.
Dans cette logique dominatrice, ce sont de nouveau les femmes que
l'on punit et le plus étrange c'est que cette logique est
actuellement portée par des femmes se revendiquant d'un féminisme
dans lequel nous ne nous reconnaissons pas.
Ce ne sont pas par les solutions simplistes nourries par un débat
public caricatural qui somme chacun d'entre nous de choisir son
camp, que nous répondrons à la complexité des
questions qui se posent à nous aujourd'hui.
Nous refusons de répondre aux radicalismes ambiants par un
autre radicalisme.
Nous sommes convaincues que c'est dans le dialogue exigeant entre
tous et toutes, toutes origines sociales, culturelles et cultuelles
confondues, que nous pouvons inventer une voie qui « dévoile
un nouveau vivre ensemble » .
Notre République n'a rien à craindre de celles et
de ceux qui en sont les forces vives, elle a toutes les capacités
à relever ce défi.
exigeant entre tous et toutes, toutes origines sociales, culturelles
et cultuelles confondues, que nous pouvons inventer une voie qui
" dévoile un nouveau vivre ensemble " .
Notre République n'a rien à craindre de celles et
de ceux qui en sont les forces vives, elle a toutes les capacités
à relever ce défi.
Premiers signataires : Monique Crinon, co-présidente du CEDETIM,
Hamida Ben Sadia, Administratrice de la Fédération
Nationale Léo Lagrange, Mireille Mendès France, Marine
Gacem, Marie Antonelle Joubert, militantes associatives, Gustave
Massiah, CEDETIM, Gilles Lemaire, secrétaire national des
Verts, Nassera Dutour, porte-parole du Collectif des familles de
disparu(e)s en Algérie, Mona Chollet, journaliste, Amel Dahmani,
médiateur culturel, Eric Lafon, Bahija Ben Hiba, présidente
de Femmes Citoyennes des Deux Rives, Sonia Bressler, rédactrice
en chef de Res Publica et co-fondatrice de Féminin-Masculin,
Coumba Traoré, déléguée générale
de la LLSI, Nordine HENNI, Ancien Conseiller Municipal de Dunkerque,
Laurence Malegat, physicienne au CNRS, Mehdi MOSBAH, réfugié
politique algérien en France, Laure Bereni, doctorante en
sociologie, Olfa Lamlou, enseignante à l'université
de Paris 10 Nanterre, Sandrine Bertaux, Columbia University, Jean-Moïse
Braitberg, membre du bureau national de l'Union Juive Française
pour la Paix, Julien Haution, étudiant, Marylene Lieber,
doctorante en sociologie, Ricardo Coronado, enseignant à
Paris-VIII, Akli Melouli, Conseiller municipal à Bonneuil
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