Le combat a lieu entre une société du partage et la
société de la captation, du contrôle, de la
pénurie, du spectacle et de la marchandise.
L’enjeu de la valeur porte sur la société de
l’information et de la culture. Le capitalisme s’organise
pour profiter des nouvelles possibilités techniques, du contrôle
des contenants et des contenus.
Il s’agit également d’une lutte pour l’expression
au niveau mondial, du contrôle de l’information (TV,
téléphones, satellite, réseaux, Internet, …).
Ce texte de loi ouvre la porte à la mise en place de dispositifs
inclus dans les machines et inaccessibles. Le cryptage sera lié
au secret. Les tentatives de contournement ou de publication des
méthodes sera assimilé à du terrorisme. La
notion de piratage permet de passer du droit de copie à celui
du terrorisme.
La mise en avant du droit d’auteur/e est surtout celle du
droit des éditeurs, des diffuseurs, des majors, de la Sacem,
de Microsoft.
On peut parler à ce sujet d’un cheval de Troie pour
le pouvoir et l’argent. En apparence, il s’agit d’une
protection pour les créations, en fait, il s’agit d’un
hold up planétaire au profit des multinationales et d’un
renforcement du contrôle par les États.
On s’achemine vers un système de location des œuvres.
On paiera pour l’usage d’une d’œuvre. Il
est fortement probable que l’on paiera plusieurs fois pour
le même contenu : sur son disque dur, sur ca chaîne
et / ou sa télé, son baladeur ou celui des enfants,
pour son autoradio, etc…
Adieu le prêt gratuit !
La taxe sur les supports sera très certainement maintenue.
Donc, on paiera, là aussi, plusieurs fois.
Le texte est vague, mais la répression est prévue
: 3 ans de prison et 300 000 Euros d’amendes. Il est difficile
d’expliquer les dangers de cette loi, parce que pour l’instant
on ne peut pas s’appuyer sur des choses très précises.
On sait par expérience, que les convergences vont dans le
sens restrictif et répressif, vers l’argent et le pouvoir.
Il existe maintenant la possibilité de contrôle une
par une des machines avec les adresses IP des ordinateurs, ce qui
est impossible ailleurs dans la vie.
La loi prévoit la pénalisation de toute personne
s’intéressant aux dispositifs de protection, verrouillage
des dispositifs. On va aboutir à une obligation de passer
par leurs procédures.
La loi DADVSI va créer une situation d’inconfort.
On sera partagé/e entre les deux mondes : le propriétaire
et légal, ou le monde du “ libre ” illégal
et plus difficile d’utilisation. Donc, à terme, on
aura tendance à utiliser les dispositifs propriétaires
légaux et payants. L’inconfort sera de deux ordres
: juridique et technique.
C’est la fin de la copie privée, du P2P. C’est
une menace pour les logiciels libres, la musique libre, les bibliothèques,
les Universités, les chercheurs/eures, les artistes, les
webradios, … Un danger pour toutes les personnes qui veulent
coopérer au niveau mondial sans argent, de façon horizontale
et qui parient sur la mise à disposition gratuites de ressources
ou d’œuvres, ….
Tout le monde est a priori suspect, comme avec Sarkosy et l’extension
des pouvoirs donnés à la police.
C’est bien une tentative de contrôle sur le cyber-espace.
Il faut mettre en place une organisation de la pénurie pour
gérer le contrôle. Il y aura une imposition d’une
culture marchande et de masse. A terme, ceci va aboutir au blocage
de la diversité culturelle.
La conjonction du capitalisme hard et du sécuritaire conduit
déjà à des dispositions liberticides, cette
loi va les amplifier. Très récemment, l’Union
Européenne vient de se doter d’une loi “ big
brother ”. Ce texte impose de garder très longtemps
les traces des conversations téléphoniques et des
mails. Le contenu étant difficile à séparer
du contenant, tout sera accessible et longtemps et pas seulement
par des institutions.
Avec le réseau Internet et le numérique, on a la
possibilité d’accéder à des processus
de création et de diffusions presque gratuits. Il y a abondance
d’œuvres et de possibilités d’échange
ou de création. Il est exact qu’il y a beaucoup de
commerce et porno sur Internet, mais il y aussi plein de choses
intéressantes.
Les humains ne vivent pas que d’argent, illes ont besoin
de reconnaissance, d’échanges, de confrontation, de
coopération, de valorisation … Tout ceci est en partie
acquis grâce à Internet. Internet apporte souvent une
plus value narcissique, c’est indéniable. Le monde
physique est limité, avec le cyber espace on a ouvert de
nouveaux possibles.
Encore une fois ? Il s’agit d’une réponse technique
est apportée à un problème social. La société
du numérique est devenue un enjeu politique, technique, juridique
et financier. La lutte de classe continue dans le cyber espace,
le capitalisme veut reprendre la main sur une partie de ce qui lui
échappe. L’objectif mercantile reste central.
On a déjà un exemple d’autres modalités
avec le monde du “ libre ”. Celui-ci avec la coopération
internationale et les licences libres a développé
un mode de création très dynamique, très varié
et très riche. Donc, on sait déjà faire certaines
choses hors du pouvoir et de l’argent.
Les logiciels libres sont basés dur la publication du code,
ce qui sera impossible avec les dispositifs de protection nécessaires
au contrôle.
La notion d’œuvre collective appartenant à tout
le monde est disqualifiée. La reprise nécessaire pour
améliorer un programme, une méthode, un texte, une
œuvre sera disqualifiée.
Il n’y a pas de débat démocratique. Ce sont
des lobbies qui écrivent les textes. C’est à
dire des personnes qui sont juges et parties.
Les expert/es indépendant/es ne peuvent quasiment plus exister.
Le mode de financement de la recherche implique de trouver au moins
50% de son financement dans le privé. En conséquence,
il y a donc un problème d’indépendance et de
compétence pour l’expertise.
Avec cette loi, on constate qu’une société
du chaos semble préférable à une partie de
ce qui se développe via l’informatique et les réseaux
: l’échange et la coopération sans argent et
de façon horizontale. Par exemple, les industries des supports
ou de fabrication des composants électroniques n’ont
pas les mêmes intérêts que les majors. Par contre,
Sony a développé une stratégie monopoliste
verticale et contrôle maintenant du support au contenu.
Cette loi est inacceptable, c’est une loi liberticide, une
loi pour les majors et le pouvoir de captation. Il s’agit
de la transposition d’une directive européenne. C’est
la version la plus restrictive de l’Union Européenne.
Une pétition est disponible sur le site eucd-info.
http://eucd.info/petitions/index.php?petition=2
C’est toujours même voie qui est en cause, celle qui
allie le développement du capitalisme dur et la mise en place
du sécuritaire.
Nous avons besoin de réfléchir à nos usages
de l’informatique, d‘Internet, aux licences libres,
à notre indépendance vis à vis des machines
et des logiciels, …
Il semble important de développer le “ libre ”
et l’échange des savoirs autour de l’informatique
:monter et réparer des ordinateurs, utilisation des logiciels,
création et utilisation de serveurs, maîtrise logicielle
et création de programmes, ….
Philippe Coutant 19 12 2005
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