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Date: 1 Jan 2004
Subject: [infozone_l] Logique marchande et logique sociale...
Patrick M Objet: [truc] Logique marchande et logique sociale...
Logique marchande ou logique sociale: faut choisir! Inutile de
revenir sur les chiffres, ils sont non seulement probablement faux,
mais il est certain qu’ils ne recouvrent qu’une partie
de la réalité, ne serait ce que tous ces exclus suffisamment
«cassés» pour n’avoir recours à
aucune aide…. Dans tous les cas, ils ont été
largement publiés.
On peut dire qu’au seuil de la nouvelle année le gouvernement
C.R.S effectue un «bond qualitatif». Pourtant, il ne
fait que prendre des mesures sans surpise, parfaitement logiques
et en parfaite cohérence avec la réalité du
système marchand. Il intervient à deux niveaux: l’un
est comptable et financier, l’autre de principe sur la réalité
de ce qu’est le travail. Le niveau comptable et financier:
L’Unédic est au bord de la cessation de paiement. Soit
!
Pourquoi ne pas procéder à des prélèvements
pour combler le déficit ?
- en relevant les cotisations chômage des salariés:
c’est une idée, mais ça risque de faire désordre,
surtout avec des élections qui approchent, et puis c’est
économiquement dangereux… ça baisse le pouvoir
d’achat or c’est sur la consommation que compte le Gouvernement
pour relancer l’activité économique… à
rejeter !
- en relevant les cotisations des employeurs: c’est une idée,
mais c’est taxer le capital donc pénaliser les entreprises
et les dissuader de se développer dans le pays, et puis si
l’on répercute cette augmentation sur les prix, vu
le niveau de l’euro qui pénalise nos exportations,
ça va faire baisser encore plus la compétitivité
de nos produits sur le marché mondial… à rejeter
!
- en levant un nouvel impôt, style «impôt sècheresse»:
c’est une idée, mais en période électorale
c’est pas très bon… à rejeter…;
quant au tabac, on ne peut plus… demandez aux débitants!
Ce qu’il faut faire ce sont des économies, et sur qui
? Ben,... sur les bénéficiaires de telles prestations,
autrement dit les chômeurs. Pourquoi ?
- ils ont déjà un bas niveau de consommation, donc
ça ne changera pas grand-chose, - ils sont minoritaires (encore)
donc on va limiter l’impact du mécontentement, - pas
mal d’entre eux ne votent pas, ou plus, donc aucun risque
- ils ne peuvent pas faire grève… et pour cause - ils
ne font que des manifs symboliques dont la plupart des gens se foutent,
donc pas de pagaille
Décidément ce Gouvernement a bien calculé son
coup… d’ailleurs il ne l’a pas fait tout seul
les syndicats (sauf FO et la CGT) l’on parfaitement suivi
sur ce terrain. Le principe de la réalité du travail.
Franchement, dans une société où tout le monde
(même la Gauche, même le PC) reconnaît le rôle
fondamental du travail comme élément d’intégration
et de consommation, qu’est ce que ça veut dire que
de rémunérer, contre «aucune activité»,
des gens qui «se tournent les pouces toute la journée»?
Soit, il est vrai qu’ils ont été licenciés,
mais est ce une raison pour les entretenir dans l’inactivité?
De toute manière, le Gouvernement n’a aucun pouvoir
sur le «marché du travail»… alors? Passer
du RMI au RMA n’est ce donc pas un progrès?
Dans la logique marchande parfaitement que oui. Quant à la
réforme de l’ASS (Allocation Spécifique de Solidarité)
qui ne sera plus illimitée (mais réduite à
2 ans), elle va se traduire par une réduction de l’indemnisation
dans le cadre de la solidarité. Logique? Dans un cadre marchand
parfaitement!
Qu’est ce que c’est que cette histoire de «solidarité»
? Le gouvernement fait de l’«économie»
Monsieur, pas de la «philosophie» et encore moins de
la «morale» !… voyez les retraites et vous allez
voir bientôt pour la protection sociale !!!!
Tout ceci va accroître la pauvreté et l’exclusion
? Bien évidemment. Mais on peut voir les choses autrement:
les gestionnaires du système voient plutôt, en conséquence
de ces mesures, une «incitation» pour les chômeurs
à se «remuer le cul» pour chercher et trouver
un emploi…Tous les gouvernements nous ont fait le même
coup… et ça marche chaque fois… pourquoi s’en
priveraient-ils? Et qui soutient les chômeurs ?... Les syndicats?
Ils n’ont jamais été fait pour ça, leur
fonction est de se battre pour que «la force de travail soit
le mieux rémunérée possible» et que «les
conditions de travail soient améliorées»…ils
n’ont jamais eu pour vocation de défendre des «privés
d’emplois»…ils ont toujours eu pour vocation de
«regrouper des salariés»….
Ce n’est certes pas une tare, bien au contraire, mais il est
bon de le rappeler.
Produits du système marchand, ils en sont le reflet revendicatif…
et pas autre chose. Ils se sont battus contre l’«exploitation»,
jamais contre l’«exclusion». Seule la CGT s’est
battue contre le salariat… mais c’était en 1906
(article 2 de ses statuts)… et suite et après 1968
(tiens donc !) elle a modifié ces statuts beaucoup trop dangereux
pour le système salarial. Tout ça pour dire que toutes
ces mesures «tiennent la route» et sont en parfaite
cohérence avec les principes du fonctionnement du système
marchand… et de sa «contestation officielle» (Gauche
et syndicats traditionnels)… et ce d’autant plus que
dans le cadre d’une mondialisation marchande, les marges de
manœuvres sont aujourd’hui réduites. Les silences
gênés de la Gauche et ses protestations, pardon ses
murmures, symboliques montrent qu’elle n’a rien d’autre
à proposer (comme pour les Retraites en juin) et qu’au
pouvoir, avec plus de cinéma il est vrai, elle nous aurait
sorti un truc du même acabit (peut-être qu’alors
CGT et FO auraient signé !?)… au nom du réalisme
politique et économique évidemment. Allons nous à
une«rupture sociale» ? Personne ne peut le dire.
Nous avons tous l’expérience de la manière dont
les organisations politiques traditionnelles pourrissent le débat
économique et social, autrement dit stérilisent volontairement
tout débat sérieux. Elles en ont le pouvoir, elles
ont les moyens financiers et politiques de la propagande au travers
des médias, elles en ont aussi un intérêt évident
: incapables de dépasser la situation, elles ne peuvent qu’en
faire une interprétation électoraliste dont on sait
très bien qu’elle ne réglera rien.
Faire une rupture sociale c’est d’abord se dégager
de la gangue politicienne qui entrave, dans ses débats, ses
mobilisations et même ses organisations, le mouvement social,
gangue d’autant plus collante, nauséabonde, soporifique
et donc démobilisatrice, que des échéances
électorales sont en vue. L’autonomie stratégique
de tout mouvement social est un impératif politique catégorique
et qui ne souffre pas la moindre faiblesse, y compris dans sa dimension
tactique. De cela, peu en sont encore convaincu-e-s. Il faudra probablement
d’autres drames, déceptions et frustrations pour ouvrir
suffisamment d’yeux… alors, alors seulement… on
verra !
Patrick M
PS- Excusez moi de vous foutre le moral à zéro dès
le début de l’année, mais va falloir s’habituer.
Liste de discussion du TRUC http://www.truc.abri.org
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