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Origine : http://www.carmed.fr/livre_noir9.htm
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Le débat sur la psychanalyse laisse peu entendre
les premiers concernés.
"La souffrance sans voix"
Par Annie GRUYER (source http://www.liberation.fr/page.php?Article=328102)
Lundi 03 octobre 2005
Présidente de l'Association de personnes souffrant de troubles
anxieux et phobiques.
J'ose tenter de prendre la balle au bond, j'ose tenter de faire
entendre ma petite voix et celles de ceux qui m'ont fait l'honneur
de les représenter. Je fais le constat que dans plusieurs
Rebonds (1) s'expriment les défenseurs des lapsus, du complexe
né du mythe grec d'oedipe et du maintien des symptômes.
Leur «siège» de la parole (eux si muets d'ordinaire
de par leur profession de foi) a lieu suite à la parution,
le 1er septembre, du Livre noir de la psychanalyse. Cela semble
normal et sain dans un débat démocratique sauf que
seuls les mécontents s'expriment. Or, pour un ouvrage, de
prime abord austère, qui comporte 830 pages, coécrit
par des psychiatres, psychologues, historiens, philosophes, épistémologues,
patients et familles, l'enthousiasme est grand : 23 000 exemplaires
vendus en trois semaines. Cela s'appelle, je crois, un succès
littéraire. Il semblerait qu'un tel livre était attendu,
voire espéré. Petit rappel : selon les derniers chiffres
de l'Organisation mondiale de la santé, une personne sur
cinq souffrira dans sa vie d'un problème psychiatrique. Il
n'est donc pas question de guerre, de rationalisation, de coût,
de chasse aux sorcières des tenants du freudisme et du lacanisme
mais de souffrance qu'il faut appréhender et soigner. Parmi
les 23 000 premiers lecteurs du Livre noir (il y en aura beaucoup
d'autres, que certains le veuillent ou non), il se trouve beaucoup
de déçus par une psychanalyse qui les a égarés
pendant des années.
Aussi, il serait pertinent, pour ne pas dire essentiel, de donner
la parole à ceux qui soignent et pourquoi pas Oh révolution
! Oh audace journalistique ! à ceux qui souffrent et
savent fort bien évaluer au quotidien les blessures de la
douleur psychologique et les handicaps sociaux qu'elles entraînent.
Et ceux-là qui sont atteints de phobie sociale, d'agoraphobie,
de trouble obsessionnel et compulsif, de trouble bipolaire ou de
schizophrénie savent également reconnaître la
capacité de leur thérapeute à leur venir en
aide ou non. Les personnes qui souffrent comme celles qui les soignent
préfèrent le dialogue, base fondamentale de l'alliance
thérapeutique, aux divagations pseudo-intellectuelles de
ces autodialogues médiatiques.
(1) «En finir avec la psychanalyse ?», Daniel Sibony,
Libération du 13 septembre et «Le marché du
mental», Jacques-Alain Miller, Libération du 28 septembre.
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