Origine http://permanent.nouvelobs.com/culture/20050916.OBS9396.html
Avertissement d’Ursula Gauthier
Nous publions ci-dessous un ensemble très particulier de
lettres qui nous ont été adressées. Nous n’avons
joué dans ce cas qu’un rôle de témoin,
recevant messages, contre-messages, contre-contre-messages et autres
mises au point. Dans le même temps, ces textes circulaient
sur internet quelquefois avant même que nous les ayons reçus
! Seul le dernier document (la seconde lettre de Frederick Crews
ci-après) apparaît pour la première fois sur
le net, à la demande expresse de son auteur. La lecture de
cet ensemble est très instructive de la façon dont
les débats sont menés – ou éludés
– dès lors qu’ils prennent la psychanalyse comme
objet.
Voici d’abord une « Lettre ouverte » reçue
le 11 septembre 2005.
Pr François SAUVAGNAT 11 septembre 2005
Lettre ouverte à Mme Ursula Gauthier à propos de
son article du Nouvel Observateur :
" Un livre événement relance la guerre entre
pro et anti. Faut-il en finir avec la psychanalyse?
Madame,
Votre article paru dans le dernier numéro du Nouvel Observateur
contient un certain nombre d'assertions pour le moins fantaisistes,
qui surprennent quelque peu dans une publication de cette tenue.
Il est anormal qu'une journaliste ne s'informe pas minimalement
sur le sujet qu'elle souhaite traiter. Je vous prie donc de prendre
connaissance des points suivants :
1) Frederick Crews que vous qualifiez de façon discutable
de "grand professeur de Berkeley" a enseigné à
l'université Stanford (qui est distincte de l'Université
de Californie à Berkeley). C'est un enseignant en littérature,
spécialiste de Hawthorne, au départ surtout connu
pour avoir promu une lecture freudienne de cet auteur dans les années
70. Dans les années 90, à l'âge de la retraite,
il a pris parti dans le débat sur l'épidémie
de "personnalités multiples" qui avait envahi les
USA entre 1970 et 1994 (date à laquelle un coup d'arrêt
y a été mis, spécialement grâce à
l'action de magistrats et d'une anthropologue élève
de G Devereux). Cette épidémie avait été
essentiellement alimentée, comme on le sait maintenant, par
des hypnothérapeutes et des cognitivistes qui ont promu ce
syndrome.
Crews a, au mépris du bon sens, accusé les psychanalystes
(à commencer par Freud, pourtant décédé
depuis plusieurs décennies) d'être responsables de
cet état de fait, et récidivé par la suite
en une série de publications tenant davantage de la chasse
aux sorcières que d'un travail scientifique sérieux.
Il n'a personnellement aucune compétence dans le domaine
de la psychologie ni de la psychiatrie.
2) Vous affirmez que "pour les philosophes des sciences, la
cause est entendue: la psychanalyse n'est pas une science, quoi
qu'en ait dit son fondateur". La chose n'est pas si simple.
Il existe différentes méthodologies scientifiques.
Karl Popper n'en est pas l'alpha et l'oméga... Il a existé
dès le départ, et il existe encore, de très
nombreuses collaborations entre la psychanalyse et divers domaines
scientifiques (Droit, sciences humaines, sciences de la vie). De
grâce, informez-vous!
3) Vous affirmez qu'aux Etats-Unis, "en quelques années
le freudisme a complètement disparu des programmes en psychiatrie
ou en psychologie".
Détrompez-vous: les "psychothérapies psychodynamiques"
(c'est à dire psychanalytiques) sont toujours au programme
des facultés concernées, non seulement en tant que
telles, mais également à travers les nombreux emprunts
"simplifiés" que les technique cognitivistes leur
ont faites. Allez donc visiter quelques sites internet de facultés
Nord-Américaines, qui fournissent gracieusement des polycopiés...
Si vous ne trouvez pas, je suis prêt à vous aider.
Par ailleurs, qu'est ce qui vous autorise à considérer
qu'une tendance Nord-Américaine en matière de psychothérapie
(privilégier des pratiques "rapides", qui provoquent
dans les faits beaucoup plus d'inconvénients de d'avantages)
doive régenter le monde? Vous devriez savoir qu'en matière
de pratiques de santé, les USA ont été classés
au 37 rang mondial par l'OMS ("overall goal attainment",
Rapport de l'année 2000), rang qui n'est certainement pas
amélioré par leur efficience dans le domaine de la
santé mentale. Pour quiconque a travaillé aux USA
(c'est mon cas), la catastrophe humanitaire qui a eu lieu après
l'ouragan Katrina n'est aucunement une surprise.
Allez donc visiter quelques établissements psychiatriques
états-uniens, vous pourrez juger à quel point il serait
souhaitable que nos amis d'outre-atlantique puissent bénéficier,
ici aussi, de notre aide.
4) Vous affirmez que "l'irruption des neurosciences et des
thérapies cognitivo-comportementales a brisé le monopole
de la psychanalyse conçue comme l'alpha et l'oméga
de la connaissance de soi". Trois inexactitudes dans la même
phrase. Vous devriez savoir que la psychanalyse est historiquement
issue de la neurologie, et qu'il a toujours existé une collaboration
étroite entre psychanalyse et neurosciences (voir par exemple
les travaux de Kandel, prix Nobel, documents à votre disposition
sur simple demande). En revanche, contrairement à une opinion
répandue par certains journalistes, il n'existe pas de lien
aussi fort entre les thérapies cognitivo-comportementales
et les neurosciences.
Il n'y a pas eu d'"irruption des thérapies cognitivo-comportementales":
les thérapies comportementales, lancées par Watson
lui-même à partir de 1910 (cas du "petit Albert"
un jeune enfant chez qui il a provoqué expérimentalement
des troubles psychiques pour essayer une technique de déconditionnement,
avant que les parents affolés n'arrivent à le retirer
de ses griffes...), sont apparues très progressivement. Les
thérapies cognitives sont un sous-produit de la psychanalyse
nord-américaine ("psychologie du moi", d'où
le fait que certains psychanalystes de cette orientation prônent
encore aujourd'hui des techniques "psychanalytico-cognitivistes),
et ne se sont opposées frontalement à celle-ci que
depuis peu, pour des raisons très largement dûes à
la brutalité des pratiques de concurrence locales, lorsqu'elles
se sont ralliées aux "thérapies comportementales".
Enfin, la psychanalyse n'a jamais prétendu être l'alpha
et l'oméga de la connaissance de soi; Freud lui-même
a toujours refusé qu'elle soit une "Weltanschauung";
le mot de Freud que vous rapportez par ailleurs, "la psychanalyse
est comme le Dieu de l'Ancien Testament", est de l'humour juif
(dont Freud était un fervent collectionneur). D'excellents
recueils de mots d'esprits juifs se trouvent dans le commerce: ici
encore, informez-vous si vous ne l'êtes pas.
5) Je ne suis pas sûr qu' Henry Ellenberger aurait approuvé
la chasse aux sorcières à laquelle se livre se livre
Borch-Jakobsen; au demeurant si ce monsieur a pu asseoir sa carrière
toute entière (!!) sur la "dénonciation"
de Freud, malgré la "disparition de la psychanalyse
des USA", c'est bien qu'elle continue d' être présente
- au moins implicitement.
6) Le "lacanisme" n'est pas un sortilège (mais
c'est peut-être un compliment sous votre plume?), c'est le
résultat d'une élaboration intellectuelle qui a duré
plus de cinquante ans, avec d'intéressantes applications
thérapeutiques, et dont de nombreuses trouvailles ont été
reprises, sans les citer, par des "non-lacaniens".
Qu'il ait fécondé un certain nombre de champs philosophiques
est bien connu (à votre disposition pour plus de détails).
7) Il est faux de dire que la plupart des psychanalystes, à
propos de la question homosexuelle, se soient alignés sur
des "positions conservatrices"; dire par ailleurs que
"la psychanalyse française refuse l'accès du
métier d'analyste aux candidats homos" est une grossière
contre-vérité. Didier Eribon est un biographe intéressant;
néanmoins, nul n'est parfait; son information en matière
de psychothérapie est, disons...poétique. Je l'ai
rencontré personnellement, et il a eu le courage de l'admettre.
8) Les psychanalystes, déclarez-vous, s'inquiètent
de ce que les thérapies cognitivo-comportementales consistent
en un "formatage à coup de conditionnement". C'est
exact, mais votre conscience professionnelle aurait dû vous
faire chercher pourquoi.
Je vous aide, voici quelques exemples: tout le monde n'a pas nécessairement
envie d'être soumis à des techniques "aversives"
(c'est à dire des punitions), à une "immersion"
parmi divers insectes plus ou moins appétissants, ou encore
à des techniques de "modeling" dans lesquelles
sa conduite lui sera dictée; tout le monde n'a pas envie
de remplir des grilles comportementales à tout moment de
la journée pour des résultats aléatoires; la
méthode comportementaliste de traitements de l'autisme ABA
(Ivar Lovaas) est d'autant plus inquiétante qu'une de ses
versions a été utilisée pour "rééduquer"
des prisonniers de guerre au Viet-Nam (certains en sont morts);
après avoir fait l'objet d'un intense battage médiatique
et de présentations statistiques aussi flatteuses que fantaisistes,
cette méthode, qui inclut diverses brimades physiques, est
remise en cause; on s'est aperçu que les "preuves"
alléguées de son efficacité ont été
faussées; la cour suprême du Canada a l'an dernier
jugé qu'une telle méthode ne devait pas être
financée sur fonds publics; une méthode de thérapie
cognitive, la "cognitive behavior modification", a été
rebricolée ("reverse engineered") par des psychologues
militaires pour torturer récemment des prisonniers de guerre
en Irak (en tant qu'"ennemis combattants"); au moins un
des jeunes meurtriers de l'école de Columbine avait suivi
très récemment une thérapie d'"auto-affirmation"
cognitive.
Une abondante documentation est à votre disposition si la
curiosité vous venait... Je suis sûr que le public
du Nouvel Observateur serait intéressé.
9) Sur le fait que des départements de psychologie, en France,
enseignent des techniques et concepts freudiens: voyagez donc un
peu, vous verrez que la même chose se produit à l'étranger,
et même aux USA! Quant à la "lettre de Christophe
Demonfaucon", elle a déjà reçu réponse
de la part de l'association représentative des enseignants
en psychologie: non seulement l'université est un lieu pluraliste,
mais en outre les affirmations de ce monsieur sont parfaitement
fantaisistes.
Au demeurant, rappelons que si la recherche sur les psychothérapies
commandée par l'Inserm a été retirée
du site du Ministère de la Santé, c'est pour les meilleures
raisons du monde: de graves défauts de méthodologie,
qui ont été clairement explicités dans des
travaux publiés.
Il existe actuellement un fort consensus pour considérer
que certaines techniques de l'Evidence Based Medicine sont inadéquates
pour juger de l'efficacité de psychothérapies (alors
qu'elles peuvent avoir un intérêt dans d'autres domaines,
ce qui explique que certains chercheurs d'autres disciplines n'y
ont pas vu malice). Ce sont précisément ces méthodes
inadéquates qui ont été appliquées dans
ce rapport remis à l'Inserm. Je vous rappelle par ailleurs
que des fautes méthodologiques du même type ont été
à l'origine, cette année, de graves mises en cause
de firmes pharmaceutiques. On ne peut que louer les instances politiques
qui ont sû prendre quelque distance avec une équipe
de "spécialistes" confondant allègrement
propagande et recherche scientifique. Par ailleurs, des recherches
sérieuses sur les psychothérapies psychanalytiques
sont réalisées de façon continue depuis 1917,
et la preuve a été faite à maintes reprises
qu'il s'agit de pratiques fiables et prudentes.
En résumé: soyez curieuse ! informez-vous !! Nous
sommes tout prêts à vous aider!
Restant à votre disposition, attentivement,
*Université de Rennes (psychopathologie)
Commentaire d’Ursula Gauthier
Je m’apprêtais à répondre à la
copieuse lettre du professeur Sauvagnat, en commençant par
le premier point – les titres académiques de Frederick
Crews, à propos desquels je ne pouvais qu’encourager
mon contradicteur à faire lui-même preuve de curiosité
en tapant sur Google « Frederick Crews » : il aurait
pu consulter quelques unes des 39.300 occurrences où figure
ce nom, souvent accolé au titre de « Professor Emeritus
at the University of California, Berkeley », ce qui aurait
probablement suffi à convaincre M. Sauvagnat de la nécessité
de rectifier ses propres « rectifications »… –
quand l’intéressé en personne m’a écrit
de Berkeley où lui était parvenue la lettre ouverte
du professeur Sauvagnat (magie du net…), me priant de publier
sa réponse. La voici.
Frederick CREWS 11 septembre 2005
Chère Madame,
Dans sa récente lettre à votre journal, le Professeur
Sauvagnat entreprend de « corriger » plusieurs assertions
que vous avez faites à mon propos dans votre article consacré
au « Livre noir de la psychanalyse ». Ces « corrections
» sont représentatives du degré d’exactitude
de sa lettre en général.
Le Professeur Sauvagnat insiste que ma carrière d’enseignant
s’est déroulée à l’Université
Stanford, et non pas l’Université de Californie à
Berkeley. Comme c’est étrange ! J’avais pourtant
l’impression d’avoir enseigné à Berkeley,
et nulle part ailleurs, de 1958 jusqu’à ma retraite
en 1994. Une thérapie avec le Professeur Sauvagnat me permettrait
peut-être de retrouver le souvenir refoulé d’avoir
été en réalité à Stanford toutes
ces années ?
Je lis dans la lettre du Professeur Sauvagnat que je suis un «
spécialiste de Hawthorne » qui en aurait publié
une étude freudienne « dans les années 70 ».
L’année exacte est 1966, car en 1970 j’avais
déjà réalisé que la théorie psychanalytique
souffre d’une circularité fatale. Quant à être
un spécialiste de Hawthorne, je ne suis plus retourné
à cet auteur après 1966, mais j’ai écrit
onze autres livres sur des sujets très variés. Un
douzième, « Follies of the Wise » doit paraître
le printemps prochain – ce qui me laisse trop peu de temps,
je le crains, pour pouvoir ajouter un chapitre sur le Professeur
Sauvagnat.
Le Professor Sauvagnat confond « l’épidémie
de ‘personnalités multiples’ » avec tout
le mouvement des souvenirs retrouvés dont elle ne constitue
qu’une part. Il attribue en partie l’épidémie
aux « cognitivistes », qui y étaient en réalité
unanimement opposés, et il nie que les idées freudiennes
aient en aucune façon une responsabilité dans cette
épidémie puisque, dans les années 90, Freud
était déjà « décédé
depuis plusieurs décennies ». La théorie qui
sous-tend cette observation, est semble-t-il que les idées
d’un penseur sont immédiatement enterrées avec
son cadavre. Hélas, le concept freudien de refoulement a
été absolument au cœur du bizarre projet qui
consiste à persuader des adultes à « se souvenir
» que, contrairement à tous leurs souvenirs conscients,
ils avaient été abusés sexuellement pendant
leur petite enfance. Pour plus d’information sur les liens
étroits qui existent entre la psychanalyse et les souvenirs
retrouvés, je renvoie à mon livre « The Memory
Wars » et « Unauthorized Freud »
*Berkeley, California, Etats-Unis
(Texte intégral de la lettre (en anglais)
Commentaire d’Ursula Gauthier
A peine m’était-elle parvenue que la réponse
de Frederick Crews s’est retrouvée immédiatement
postée sur de nombreux sites. Les internautes ont donc eu
tout loisir de lire le petit échange de piques. Mais un petit
fait bizarre a attiré l’attention : après la
publication de la lettre de Crews, celle de Sauvagnat… s’est
modifiée. Le 14 septembre, nous avons reçu le mail
suivant du professeur Sauvagnat, nous signalant en effet «
quelques coquilles » dans sa propre lettre. Suivait un «
document complété et corrigé » –
que voici. Ceux qui ne souhaitent pas le relire peuvent aller directement
à mon commentaire suivant, dans lequel je résume les
changements apportés par M. Sauvagnat.
F. SAUVAGNAT, Professeur de psychopathologie, Université
de Rennes
à la Rédaction du Nouvel Observateur.
Mesdames, Messieurs,
Soucieux de vous assister dans votre effort pour informer objectivement
vos lecteurs, j'ai fait parvenir la semaine dernière une
lettre ouverte à votre collègue Mme Ursula Gauthier,
relevant un certain nombre d'inexactitudes factuelles dans son article
cité en référence. Cette lettre contenait elle-même
quelques coquilles, et surtout elle ne donnait pas les références
consultables.
Je vous renvoie donc ce document complété et corrigé.
Puis-je vous prier de la transmettre à Mme Gauthier.?
Entre-temps, j'ai appris que M Crews, dont l'oeuvre est évoquée,
avait souhaité publier un droit de réponse dans votre
revue.
Pourriez-vous m'indiquer ce que vous comptez faire?
Merci de bien vouloir me tenir informé. Bien cordialement
à vous,
Pr François Sauvagnat
Lettre ouverte à Mme Ursula Gauthier à propos de
son article du Nouvel Observateur:
"Un livre événement relance la guerre entre
pro et anti. Faut-il en finir avec la psychanalyse?".N°
2130 p 10-12.
Madame,
Votre article paru dans le dernier numéro du Nouvel Observateur
contient un certain nombre d'assertions pour le moins fantaisistes,
qui surprennent quelque peu dans une publication de cette tenue.
Il est anormal qu'une journaliste ne s'informe pas minimalement
sur le sujet qu'elle souhaite traiter. Je vous prie donc de prendre
connaissance des points suivants:
1) Frederick Crews que vous qualifiez de façon discutable
de "grand professeur de Berkeley" est un enseignant en
littérature, spécialiste de Hawthorne (Crews F 1989),
au départ surtout connu pour avoir promu une lecture freudienne
de cet auteur. Dans les années 90, à l'âge de
la retraite, il a pris parti dans le débat sur l'épidémie
de "personnalités multiples" qui avait envahi les
USA entre 1970 et 1994 (date à laquelle un coup d'arrêt
y a été mis, spécialement grâce à
l'action de magistrats et d'une anthropologue élève
de G Devereux). Cette épidémie avait été
essentiellement alimentée, comme on le sait maintenant, par
des hypnothérapeutes et des cognitivistes qui ont promu ce
syndrome (Sauvagnat F 2001). Crews a, au mépris du bon sens,
accusé les psychanalystes (à commencer par Freud,
pourtant décédé depuis plusieurs décennies)
d'être responsables de cet état de fait, et récidivé
par la suite en une série de publications tenant davantage
de la chasse aux sorcières que d'un travail scientifique
sérieux.
Il n'a personnellement aucune compétence dans le domaine
de la psychologie ni de la psychiatrie.
2) Vous affirmez que "pour les philosophes des sciences, la
cause est entendue: la psychanalyse n'est pas une science, quoi
qu'en ait dit son fondateur". La chose n'est pas si simple.
Il existe différentes méthodologies scientifiques.
Karl Popper n'en est pas l'alpha et l'oméga... Il a existé
dès le départ, et il existe encore, de très
nombreuses collaborations entre la psychanalyse et divers domaines
scientifiques (Droit, sciences humaines, sciences de la vie). De
grâce, informez-vous!
3) Vous affirmez qu'aux Etats-Unis, "en quelques années
le freudisme a complètement disparu des programmes en psychiatrie
ou en psychologie". Détrompez-vous: les "psychothérapies
psychodynamiques" (c'est à dire psychanalytiques) sont
toujours au programme des facultés concernées, non
seulement en tant que telles, mais également à travers
les nombreux emprunts "simplifiés" que les technique
cognitivistes leur ont faites. Allez donc visiter quelques sites
internet de facultés Nord-Américaines, qui fournissent
gracieusement des polycopiés....Si vous ne trouvez pas, je
suis prêt à vous aider.
Par ailleurs, qu'est ce qui vous autorise à considérer
qu'une tendance Nord-Américaine en matière de psychothérapie
(privilégier des pratiques "rapides", qui provoquent
dans les faits beaucoup plus d'inconvénients de d'avantages)
doive régenter le monde? Vous devriez savoir qu'en matière
de pratiques de santé, les USA ont été classés
au 37 rang mondial par l'OMS ("overall goal attainment",
Rapport de l'année 2000), rang qui n'est certainement pas
amélioré par leur efficience dans le domaine de la
santé mentale. Pour quiconque a travaillé aux USA
(c'est mon cas), la catastrophe humanitaire qui a eu lieu après
l'ouragan Katrina n'est aucunement une surprise. Allez donc visiter
quelques établissements psychiatriques états-uniens,
vous pourrez juger à quel point il serait souhaitable que
nos amis d'outre-atlantique puissent bénéficier, ici
aussi, de notre aide.
4) Vous affirmez que "l'irruption des neurosciences et des
thérapies cognitivo-comportementales a brisé le monopole
de la psychanalyse conçue comme l'alpha et l'oméga
de la connaissance de soi". Trois inexactitudes dans la même
phrase.
Vous devriez savoir que la psychanalyse est historiquement issue
de la neurologie, et qu'il a toujours existé une collaboration
étroite entre psychanalyse et neurosciences (voir par exemple
les travaux de Kandel, prix Nobel, documents à votre disposition
sur simple demande). En revanche, contrairement à une opinion
répandue par certains journalistes, il n'existe pas de lien
aussi fort entre les thérapies cognitivo-comportementales
et les neurosciences. Il n'y a pas eu d'"irruption des thérapies
cognitivo-comportementales": les thérapies comportementales,
lancées par Watson lui-même à partir de 1910
(cas du "petit Albert" un jeune enfant chez qui il a provoqué
expérimentalement des troubles psychiques pour essayer une
technique de déconditionnement, avant que les parents affolés
n'arrivent à le retirer de ses griffes. (Watson &Rayner
1920)), sont apparues très progressivement.
Les thérapies cognitives sont un sous-produit de la psychanalyse
nord-américaine ("psychologie du moi", d'où
le fait que certains psychanalystes de cette orientation prônent
encore aujourd'hui des techniques "psychanalytico-cognitivistes"),
et ne se sont opposées frontalement à celle-ci que
depuis peu, pour des raisons très largement dues à
la brutalité des pratiques de concurrence locales, lorsqu'elles
se sont ralliées aux "thérapies comportementales".
Enfin, la psychanalyse n'a jamais prétendu être l'alpha
et l'oméga de la connaissance de soi; Freud lui-même
a toujours refusé qu'elle soit une "Weltanschauung"
(Freud S 1927); le mot de Freud que vous rapportez par ailleurs,
"la psychanalyse est comme le Dieu de l'Ancien Testament",
est de l'humour juif (dont Freud était un fervent collectionneur).
D'excellents recueils de mots d'esprits juifs se trouvent dans le
commerce: ici encore, informez-vous si vous ne l'êtes pas.
5)Je ne suis pas sûr qu' Henry Ellenberger aurait approuvé
la chasse aux sorcières à laquelle se livre se livre
Borch-Jakobsen; au demeurant si ce monsieur a pu asseoir sa carrière
toute entière (!!) sur la "dénonciation"
de Freud, malgré la "disparition de la psychanalyse
des USA", c'est bien qu'elle continue d' être présente
- au moins implicitement.
6) Le "lacanisme" n'est pas un sortilège (mais
c'est peut-être un compliment sous votre plume?), c'est le
résultat d'une élaboration intellectuelle qui a duré
plus de cinquante ans, avec d'intéressantes applications
thérapeutiques (Sauvagnat 2003), et dont de nombreuses trouvailles
ont été reprises, sans les citer, par des "non-lacaniens".
Qu'il ait fécondé un certain nombre de champs philosophiques
est bien connu (à votre disposition pour plus de détails).
7) Il est faux de dire que la plupart des psychanalystes, à
propos de la question homosexuelle, se soient alignés sur
des "positions conservatrices"; dire par ailleurs que
"la psychanalyse française refuse l'accès du
métier d'analyste aux candidats homos" est une grossière
contre-vérité.
Didier Eribon est un biographe intéressant; néanmoins,
nul n'est parfait; son information en matière de psychothérapie
est, disons...poétique. Je l'ai rencontré personnellement,
et il a eu le courage de l'admettre.
8) Les psychanalystes, déclarez-vous, s'inquiètent
de ce que les thérapies cognitivo-comportementales consistent
en un "formatage à coup de conditionnement". C'est
exact, mais votre conscience professionnelle aurait dû vous
faire chercher pourquoi.
Je vous aide, voici quelques exemples: tout le monde n'a pas nécessairement
envie d'être soumis à des techniques "aversives"
(c'est à dire des punitions), à une "immersion"
parmi divers insectes plus ou moins appétissants, ou encore
à des techniques de "modeling" dans lesquelles
sa conduite lui sera dictée; tout le monde n'a pas envie
de remplir des grilles comportementales à tout moment de
la journée pour des résultats aléatoires; la
méthode comportementaliste de traitements de l'autisme ABA
(Ivar Lovaas) est d'autant plus inquiétante qu'une de ses
versions a été utilisée pour "rééduquer"
des prisonniers de guerre au Viet-Nam (certains en sont morts) (Levy
L 1968, Cotter LH 1967 et 1968; Sobsey D 1993); après avoir
fait l'objet d'un intense battage médiatique et de présentations
statistiques aussi flatteuses que fantaisistes, cette méthode,
qui inclut diverses brimades physiques, est remise en cause; on
s'est aperçu que les "preuves" alléguées
de son efficacité ont été faussées;
la cour suprême du Canada a l'an dernier jugé qu'une
telle méthode ne devait pas être financée sur
fonds publics ( Cour Suprême du Canada 2004);une méthode
de thérapie cognitive, la "Stress Inoculation Therapy",
a été rebricolée ("reverse engineered")
par des psychologues militaires pour torturer récemment des
prisonniers de guerre en Irak (en tant qu'"ennemis combattants")(
Meyer J 2005); les deux jeunes meurtriers de l'école de Columbine
avait suivi très récemment une thérapie cognitive
(Gammage J 2004).
Une abondante documentation est à votre disposition si la
curiosité vous venait... Je suis sûr que le public
du Nouvel Observateur serait intéressé.
9) Sur le fait que des départements de psychologie, en France,
enseignent des techniques et concepts freudiens: voyagez donc un
peu, vous verrez que la même chose se produit à l'étranger,
et même aux USA! Quant à la "lettre de Christophe
Demonfaucon", elle a déjà reçu réponse
de la part de l'association représentative des enseignants
en psychologie: non seulement l'université est un lieu pluraliste,
mais en outre les affirmations de ce monsieur sont parfaitement
fantaisistes.
Au demeurant, rappelons que si la recherche sur les psychothérapies
commandée par l'Inserm a été retirée
du site du Ministère de la Santé, c'est pour les meilleures
raisons du monde: de graves défauts de méthodologie,
qui ont été clairement explicités dans des
travaux publiés.
Il existe actuellement un fort consensus pour considérer
que certaines techniques de l'Evidence Based Medicine sont inadéquates
pour juger de l'efficacité de psychothérapies (alors
qu'elles peuvent avoir un intérêt dans d'autres domaines,
ce qui explique que certains chercheurs d'autres disciplines n'y
ont pas vu malice). Ce sont précisément ces méthodes
inadéquates qui ont été appliquées dans
ce rapport remis à l'Inserm. Je vous rappelle par ailleurs
que des fautes méthodologiques du même type ont été
à l'origine, cette année, de graves mises en cause
de firmes pharmaceutiques. On ne peut que louer les instances politiques
qui ont sû prendre quelque distance avec une équipe
de "spécialistes" confondant allègrement
propagande et recherche scientifique. Par ailleurs, des recherches
sérieuses sur les psychothérapies psychanalytiques
sont réalisées de façon continue depuis 1917,
et la preuve a été faite à maintes reprises
qu'il s'agit de pratiques fiables et prudentes.
En résumé: soyez curieuse! informez-vous!! Nous sommes
tout prêts à vous aider!
Restant à votre disposition, attentivement,
Références:
Cotter, L. H. (1967). Operant conditioning in a Vietnamese mental
hospital.
American Journal of Psychiatry, 124, 23-28.
Cotter, L. H. (1968). Dr. Cotter replies. American Journal of Psychiatry,
124, 1137.
Cour Suprême du Canada (2004) Auton (Tutrice à l'instance
de) contre Colombie-Britannique (Procureur général);
Référence neutre : 2004 CSC 78.No du greffe : 29508.
2004 : 9 juin; 2004 : 19 novembre 2004.
Crews F(1989): The Sins of the Fathers: Hawthorne's Psychological
Themes, University of Californa Press ((sur internet)),
Freud S (1927): L'avenir d'une illusion ,(sur internet)
Harris B(1979): Whatever happened to Little Albert, American Psychologist,
February 1979, Volume 34, Number 2, pp. 151-160. (sur internet)
Kandel ER(1998): A new intellectual framework for psychiatry.
Am J Psychiatry 1998; 155:457469Kandel ER (1999): Biology and the
future of psychoanalysis: a new intellectual framework for psychiatry
revisited,Am J Psychiatry 156:505-524, April 1999.(sur internet)
Levy, L. (1968). Operant conditioning in Viet Nam. American Journal
of Psychiatry, 124, 1136.
Meyer,J (2005): The experiment, The New Yorker, July 11&18,
2005 , (sur internet, pdf)
Sauvagnat F (2001) Divisions subjectives et personnalités
multiples, Presses Universitaires de Rennes
Sauvagnat F (2003) On the Lacanian Treatment of Psychotics: Historical
Background and Future Prospects« , Psychoanalytic Review (New
York), 90 (3), October 2003: 303-328.
Sobsey D (1993), Treatment or Torture, in University of Alberta,
JP Das Developmental Disabilities Centre, Aversive Teatments http://www.ualberta.ca/~jpdasddc/abuse/ICAD/digests/averstx.html
Thomas, G. (1988). Journey into madness. London: Corgi Books.
Watson, J. B., & Rayner, R. (1920) Conditioned emotional reactions.
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Gammage J (2004), Tempering Tempers, Anderson & Anderson, Tue,
Dec. 07, 2004:http://www.andersonservices.com/ resourcesnews-9.html
Commentaire d’Ursula Gauthier
C’est de fait cette version de la Lettre ouverte du professeur
Sauvagnat qui figure désormais sur les sites psychanalytiques.
Seul le titre n’a pas changé : « La leçon
du professeur Sauvagnat à Ursula Gauthier ». En substance,
la deuxième version est augmentée de nombreuses références
en note et dans le corps du texte. Elle est aussi « diminuée
» par rapport à la première version à
la suite d’une petite élision : elle laisse en effet
tomber l’affirmation aussi inexacte que péremptoire
concernant l’université d’appartenance de M.
Crews. M. Sauvagnat a donc subrepticement pris acte de la «
rectification » faite par l’intéressé.
Mais loin que cette mise au point le pousse à reconnaître
sa propre erreur (et à tempérer quelque peu son ton
accusateur) il persiste à vouloir m’administrer sa
« leçon ».
Cette attitude a dû déplaire à Frederick Crews.
Car il m’a adressé, le 14 septembre (le jour même
!) une « lettre plus longue » dans laquelle il fournit
d’autres mises au point à la seconde version de M.
Sauvagnat et exprime le souhait que « cette fois M. Sauvagnat
n’aura pas le loisir de camoufler ses erreurs ».
Voici donc.
Frederick CREWS* 14 septembre 2005
Madame,
L’immense lettre que vous avez reçue du Professeur
Sauvagnat vous accuse de nombreuses inexactitudes dans votre récent
article consacré à la polémique autour de la
psychanalyse. Dans la mesure où le débat renvoie à
l’état de cette discipline aux Etats-Unis, et à
moi personnellement, les assertions du Professeur Sauvagnat sont
trompeuses à l’extrême.
La façon dont Freud réagissait aux critiques –
fussent-elles basées sur des faits objectifs – de sa
« science », a toujours été d’éluder
les accusations spécifiques en mettant en question la compétence,
voire la santé mentale, de ses adversaires. Depuis, ses disciples
se conforment à son exemple, et le Professeur Sauvagnat ne
fait pas exception à la règle.
Dans deux livres récents, The memory Wars et Unauthorized
Freud, j’ai mis sur le tapis les découvertes objectives
des « Freud scholars », historiens et philosophes des
sciences, qui depuis 1970, démontrent le manque d’intégrité
scientifique de Freud, ainsi que les ambiguïtés et les
absurdités qui invalident sa théorie. Unauthorized
Freud consiste, de fait, en chapitres rédigés par
ces chercheurs en personne. Sauvagnat fait vaguement allusion à
ces deux ouvrages, affirmant qu’il s’agit de pures et
simples « chasses aux sorcières » de ma part,
mais il se garde bien d’en mentionner les titres – par
peur, sans doute, qu’un de ses lecteurs en France aille vraiment
lire ces travaux et s’en fasse une idée par lui-même.
Cependant, Sauvagnat cite un autre de mes livres, une œuvre
de critique littéraire, afin de donner l’impression
que les arguments que j’ai mis en avant dans d’autres
œuvres ne sont que des divagations d’un homme de lettres
– qui de plus fut un freudien jusqu’à une date
aussi tardive que 1989.
Tout ceci est, disons-le, tout sauf innocent.
Mon étude freudienne de Nathaniel Hawthorne a paru en 1966,
quelques années avant que je me rende compte que la théorie
psychanalytique commet l’erreur fatale de l’auto-validation
et qu’elle est dénuée de tout contenu empirique.
La réédition de 1989 citée par Sauvagnat contient
une « Postface » dans laquelle j’attaque les présupposés
freudiens de l’œuvre originale ; j’avais en effet
refusé d’autoriser les éditions University of
California Press de réimprimer le livre à moins que
je puisse me servir de l’occasion pour montrer comment mon
ancienne tocade pour les hypothèses psychanalytiques avait
nui à ma recherche sur Hawthorne. Si le Professeur Sauvagnat
est au courant de ces faits, il a choisi de les passer sous silence.
Sauvagnat veut que les lecteur du Nouvel Observateur croient que
la psychanalyse fleurit aux Etats-Unis et qu’elle est bien
représentée dans les départements de psychiatrie
et de psychologie des universités. Afin d’établir
ce point, il est obligé de brouiller la différence
entre les pratiques psychothérapeutiques non-contrôlées
et la recherche scientifique et médicale sur le psychisme.
De plus, il présente certaines thérapies alternatives
comme de simples applications des principes psychanalytiques, ce
qu’elles ne sont certainement pas. Il s’efforce de cacher
le résultat évident de nombreuses études d’évaluation
des thérapies, qui ont de façon répétée
échoué à établir une quelconque supériorité
du traitement psychanalytique sur ses nombreux rivaux. La seule
forme de thérapie qui a prouvé son efficacité
supérieure par rapport aux autres est précisément
celle que Sauvagnat s’acharne à rabaisser : les traitements
cognitivo-comportementaux qui ciblent des troubles spécifiques.
Quant à l’état actuel de la psychanalyse au
regard de la recherche en psychologie, il suffira de mentionner
un fait : en 1999, une équipe de chercheurs a passé
en revue tous les numéros récents des revues nord-américaines
les plus importantes dans le domaine de la psychologie, se contentant
de compter les citations positives des concepts des différentes
écoles de psychologie. La conclusion ? « La recherche
psychanalytique a été pratiquement ignorée
par la psychologie scientifique au cours des dernières décennies
» (Robins et al. 1999, p.117).
Le Professeur Sauvagnat confond « l’épidémie
de ‘personnalités multiples’ » avec tout
le mouvement des souvenirs retrouvés dont elle ne constitue
qu’une part. Il attribue en partie l’épidémie
aux « cognitivistes », qui y étaient en réalité
unanimement opposés, et il nie que les idées freudiennes
aient en aucune façon une responsabilité dans cette
épidémie puisque, dans les années 90, Freud
était déjà « décédé
depuis plusieurs décennies ». La théorie qui
sous-tend cette observation, est semble-t-il que les idées
d’un penseur sont immédiatement enterrées avec
son cadavre. Hélas, le concept freudien de refoulement a
été absolument au cœur du bizarre projet qui
consiste à persuader des adultes à « se souvenir
» que, contrairement à tous leurs souvenirs conscients,
ils avaient été abusés sexuellement pendant
leur petite enfance. De plus, l’affirmation par Sauvagnat
selon laquelle l’épidémie des personnalités
multiples aurait été stoppée par des juges
et « une anthropologue élève de G. Devereux
» (une freudienne, bien sûr) est une pure fiction.
Le moyen utilisé par Sauvagnat pour rejeter l’accusation
selon laquelle la psychanalyse est non scientifique est d’affirmer
qu’il y a eu « de très nombreuses collaborations
entre la psychanalyse et divers domaines scientifiques »,
parmi lesquels il inclut le « droit » et les «
sciences humaines ». Que ces deux dernières disciplines
soient comptées comme de véritables sciences empiriques
est pour le moins surprenant. Plus surprenante encore, toutefois,
est que Sauvagnat croie que l’utilisation potentiellement
erronée et dommageable de la psychanalyse dans un autre domaine
puisse constituer la preuve d’un fondement scientifique sérieux.
L’influence généralisée d’idées
freudiennes contestables, en France comme ailleurs, à travers
une grande partie du 20e siècle et au-delà, est précisément
ce qu’il convient désormais d’examiner de façon
rigoureuse, et le Livre noir de la psychanalyse en fournit l’occasion
idéale.
*Berkeley, California, Etats-Unis.
Références :
Crews, F. (1995). The Memory Wars: Freud’s Legacy in Dispute.
New York Review Books.
Crews, F. (1998). Unauthorized Freud: Doubters Confront a Legend.
Viking Press.
Robins, R.W., Gosling, S. D., et Craik, K. H. (1999). “An
Empirical Analysis of trends in Psychology” American Psychologist,
54:117-128.
(Texte intégral de la seconde lettre - en anglais)
Commentaire d’Ursula Gauthier
Je me contenterai pour l’instant de répondre à
l’affirmation selon laquelle les TCC sont utilisées
pour torturer.
Sans entrer dans une discussion quant à la véracité
de cette affirmation, je relève cependant que toutes les
techniques de manipulation psychologique se prêtent à
toutes sortes d’ usages, bénéfiques ou maléfiques.
La psychanalyse elle-même ne fait pas exception à la
règle puisque, comme l’a montré le psychanalyste
de renom René Major (pour le dénoncer vigoureusement),
l’institution psychanalytique a collaboré jusque dans
les salles de torture avec des régimes militaires sud-américains.
(voir par exemple les pages de ce site consacré à
la psychanalyse,
http://pages.globetrotter.net/desgros/textes/major.html).
Je n’en conclus certainement pas que la psychanalyse est fasciste
dans son essence. Et vous, M. Sauvagnat ?
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