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La correspondance Crews-Sauvagnat
NOUVELOBS.COM 19.09.05

Origine http://permanent.nouvelobs.com/culture/20050916.OBS9396.html

Avertissement d’Ursula Gauthier

Nous publions ci-dessous un ensemble très particulier de lettres qui nous ont été adressées. Nous n’avons joué dans ce cas qu’un rôle de témoin, recevant messages, contre-messages, contre-contre-messages et autres mises au point. Dans le même temps, ces textes circulaient sur internet quelquefois avant même que nous les ayons reçus ! Seul le dernier document (la seconde lettre de Frederick Crews ci-après) apparaît pour la première fois sur le net, à la demande expresse de son auteur. La lecture de cet ensemble est très instructive de la façon dont les débats sont menés – ou éludés – dès lors qu’ils prennent la psychanalyse comme objet.

Voici d’abord une « Lettre ouverte » reçue le 11 septembre 2005.


Pr François SAUVAGNAT 11 septembre 2005

Lettre ouverte à Mme Ursula Gauthier à propos de son article du Nouvel Observateur :

" Un livre événement relance la guerre entre pro et anti. Faut-il en finir avec la psychanalyse?

Madame,

Votre article paru dans le dernier numéro du Nouvel Observateur contient un certain nombre d'assertions pour le moins fantaisistes, qui surprennent quelque peu dans une publication de cette tenue.

Il est anormal qu'une journaliste ne s'informe pas minimalement sur le sujet qu'elle souhaite traiter. Je vous prie donc de prendre connaissance des points suivants :

1) Frederick Crews que vous qualifiez de façon discutable de "grand professeur de Berkeley" a enseigné à l'université Stanford (qui est distincte de l'Université de Californie à Berkeley). C'est un enseignant en littérature, spécialiste de Hawthorne, au départ surtout connu pour avoir promu une lecture freudienne de cet auteur dans les années 70. Dans les années 90, à l'âge de la retraite, il a pris parti dans le débat sur l'épidémie de "personnalités multiples" qui avait envahi les USA entre 1970 et 1994 (date à laquelle un coup d'arrêt y a été mis, spécialement grâce à l'action de magistrats et d'une anthropologue élève de G Devereux). Cette épidémie avait été essentiellement alimentée, comme on le sait maintenant, par des hypnothérapeutes et des cognitivistes qui ont promu ce syndrome.

Crews a, au mépris du bon sens, accusé les psychanalystes (à commencer par Freud, pourtant décédé depuis plusieurs décennies) d'être responsables de cet état de fait, et récidivé par la suite en une série de publications tenant davantage de la chasse aux sorcières que d'un travail scientifique sérieux. Il n'a personnellement aucune compétence dans le domaine de la psychologie ni de la psychiatrie.

2) Vous affirmez que "pour les philosophes des sciences, la cause est entendue: la psychanalyse n'est pas une science, quoi qu'en ait dit son fondateur". La chose n'est pas si simple. Il existe différentes méthodologies scientifiques. Karl Popper n'en est pas l'alpha et l'oméga... Il a existé dès le départ, et il existe encore, de très nombreuses collaborations entre la psychanalyse et divers domaines scientifiques (Droit, sciences humaines, sciences de la vie). De grâce, informez-vous!

3) Vous affirmez qu'aux Etats-Unis, "en quelques années le freudisme a complètement disparu des programmes en psychiatrie ou en psychologie".

Détrompez-vous: les "psychothérapies psychodynamiques" (c'est à dire psychanalytiques) sont toujours au programme des facultés concernées, non seulement en tant que telles, mais également à travers les nombreux emprunts "simplifiés" que les technique cognitivistes leur ont faites. Allez donc visiter quelques sites internet de facultés Nord-Américaines, qui fournissent gracieusement des polycopiés... Si vous ne trouvez pas, je suis prêt à vous aider.

Par ailleurs, qu'est ce qui vous autorise à considérer qu'une tendance Nord-Américaine en matière de psychothérapie (privilégier des pratiques "rapides", qui provoquent dans les faits beaucoup plus d'inconvénients de d'avantages) doive régenter le monde? Vous devriez savoir qu'en matière de pratiques de santé, les USA ont été classés au 37 rang mondial par l'OMS ("overall goal attainment", Rapport de l'année 2000), rang qui n'est certainement pas amélioré par leur efficience dans le domaine de la santé mentale. Pour quiconque a travaillé aux USA (c'est mon cas), la catastrophe humanitaire qui a eu lieu après l'ouragan Katrina n'est aucunement une surprise.

Allez donc visiter quelques établissements psychiatriques états-uniens, vous pourrez juger à quel point il serait souhaitable que nos amis d'outre-atlantique puissent bénéficier, ici aussi, de notre aide.

4) Vous affirmez que "l'irruption des neurosciences et des thérapies cognitivo-comportementales a brisé le monopole de la psychanalyse conçue comme l'alpha et l'oméga de la connaissance de soi". Trois inexactitudes dans la même phrase. Vous devriez savoir que la psychanalyse est historiquement issue de la neurologie, et qu'il a toujours existé une collaboration étroite entre psychanalyse et neurosciences (voir par exemple les travaux de Kandel, prix Nobel, documents à votre disposition sur simple demande). En revanche, contrairement à une opinion répandue par certains journalistes, il n'existe pas de lien aussi fort entre les thérapies cognitivo-comportementales et les neurosciences.

Il n'y a pas eu d'"irruption des thérapies cognitivo-comportementales": les thérapies comportementales, lancées par Watson lui-même à partir de 1910 (cas du "petit Albert" un jeune enfant chez qui il a provoqué expérimentalement des troubles psychiques pour essayer une technique de déconditionnement, avant que les parents affolés n'arrivent à le retirer de ses griffes...), sont apparues très progressivement. Les thérapies cognitives sont un sous-produit de la psychanalyse nord-américaine ("psychologie du moi", d'où le fait que certains psychanalystes de cette orientation prônent encore aujourd'hui des techniques "psychanalytico-cognitivistes), et ne se sont opposées frontalement à celle-ci que depuis peu, pour des raisons très largement dûes à la brutalité des pratiques de concurrence locales, lorsqu'elles se sont ralliées aux "thérapies comportementales".

Enfin, la psychanalyse n'a jamais prétendu être l'alpha et l'oméga de la connaissance de soi; Freud lui-même a toujours refusé qu'elle soit une "Weltanschauung"; le mot de Freud que vous rapportez par ailleurs, "la psychanalyse est comme le Dieu de l'Ancien Testament", est de l'humour juif (dont Freud était un fervent collectionneur). D'excellents recueils de mots d'esprits juifs se trouvent dans le commerce: ici encore, informez-vous si vous ne l'êtes pas.

5) Je ne suis pas sûr qu' Henry Ellenberger aurait approuvé la chasse aux sorcières à laquelle se livre se livre Borch-Jakobsen; au demeurant si ce monsieur a pu asseoir sa carrière toute entière (!!) sur la "dénonciation" de Freud, malgré la "disparition de la psychanalyse des USA", c'est bien qu'elle continue d' être présente - au moins implicitement.

6) Le "lacanisme" n'est pas un sortilège (mais c'est peut-être un compliment sous votre plume?), c'est le résultat d'une élaboration intellectuelle qui a duré plus de cinquante ans, avec d'intéressantes applications thérapeutiques, et dont de nombreuses trouvailles ont été reprises, sans les citer, par des "non-lacaniens".

Qu'il ait fécondé un certain nombre de champs philosophiques est bien connu (à votre disposition pour plus de détails).

7) Il est faux de dire que la plupart des psychanalystes, à propos de la question homosexuelle, se soient alignés sur des "positions conservatrices"; dire par ailleurs que "la psychanalyse française refuse l'accès du métier d'analyste aux candidats homos" est une grossière contre-vérité. Didier Eribon est un biographe intéressant; néanmoins, nul n'est parfait; son information en matière de psychothérapie est, disons...poétique. Je l'ai rencontré personnellement, et il a eu le courage de l'admettre.

8) Les psychanalystes, déclarez-vous, s'inquiètent de ce que les thérapies cognitivo-comportementales consistent en un "formatage à coup de conditionnement". C'est exact, mais votre conscience professionnelle aurait dû vous faire chercher pourquoi.

Je vous aide, voici quelques exemples: tout le monde n'a pas nécessairement envie d'être soumis à des techniques "aversives" (c'est à dire des punitions), à une "immersion" parmi divers insectes plus ou moins appétissants, ou encore à des techniques de "modeling" dans lesquelles sa conduite lui sera dictée; tout le monde n'a pas envie de remplir des grilles comportementales à tout moment de la journée pour des résultats aléatoires; la méthode comportementaliste de traitements de l'autisme ABA (Ivar Lovaas) est d'autant plus inquiétante qu'une de ses versions a été utilisée pour "rééduquer" des prisonniers de guerre au Viet-Nam (certains en sont morts); après avoir fait l'objet d'un intense battage médiatique et de présentations statistiques aussi flatteuses que fantaisistes, cette méthode, qui inclut diverses brimades physiques, est remise en cause; on s'est aperçu que les "preuves" alléguées de son efficacité ont été faussées; la cour suprême du Canada a l'an dernier jugé qu'une telle méthode ne devait pas être financée sur fonds publics; une méthode de thérapie cognitive, la "cognitive behavior modification", a été rebricolée ("reverse engineered") par des psychologues militaires pour torturer récemment des prisonniers de guerre en Irak (en tant qu'"ennemis combattants"); au moins un des jeunes meurtriers de l'école de Columbine avait suivi très récemment une thérapie d'"auto-affirmation" cognitive.

Une abondante documentation est à votre disposition si la curiosité vous venait... Je suis sûr que le public du Nouvel Observateur serait intéressé.

9) Sur le fait que des départements de psychologie, en France, enseignent des techniques et concepts freudiens: voyagez donc un peu, vous verrez que la même chose se produit à l'étranger, et même aux USA! Quant à la "lettre de Christophe Demonfaucon", elle a déjà reçu réponse de la part de l'association représentative des enseignants en psychologie: non seulement l'université est un lieu pluraliste, mais en outre les affirmations de ce monsieur sont parfaitement fantaisistes.

Au demeurant, rappelons que si la recherche sur les psychothérapies commandée par l'Inserm a été retirée du site du Ministère de la Santé, c'est pour les meilleures raisons du monde: de graves défauts de méthodologie, qui ont été clairement explicités dans des travaux publiés.

Il existe actuellement un fort consensus pour considérer que certaines techniques de l'Evidence Based Medicine sont inadéquates pour juger de l'efficacité de psychothérapies (alors qu'elles peuvent avoir un intérêt dans d'autres domaines, ce qui explique que certains chercheurs d'autres disciplines n'y ont pas vu malice). Ce sont précisément ces méthodes inadéquates qui ont été appliquées dans ce rapport remis à l'Inserm. Je vous rappelle par ailleurs que des fautes méthodologiques du même type ont été à l'origine, cette année, de graves mises en cause de firmes pharmaceutiques. On ne peut que louer les instances politiques qui ont sû prendre quelque distance avec une équipe de "spécialistes" confondant allègrement propagande et recherche scientifique. Par ailleurs, des recherches sérieuses sur les psychothérapies psychanalytiques sont réalisées de façon continue depuis 1917, et la preuve a été faite à maintes reprises qu'il s'agit de pratiques fiables et prudentes.

En résumé: soyez curieuse ! informez-vous !! Nous sommes tout prêts à vous aider!

Restant à votre disposition, attentivement,

*Université de Rennes (psychopathologie)


Commentaire d’Ursula Gauthier

Je m’apprêtais à répondre à la copieuse lettre du professeur Sauvagnat, en commençant par le premier point – les titres académiques de Frederick Crews, à propos desquels je ne pouvais qu’encourager mon contradicteur à faire lui-même preuve de curiosité en tapant sur Google « Frederick Crews » : il aurait pu consulter quelques unes des 39.300 occurrences où figure ce nom, souvent accolé au titre de « Professor Emeritus at the University of California, Berkeley », ce qui aurait probablement suffi à convaincre M. Sauvagnat de la nécessité de rectifier ses propres « rectifications »… – quand l’intéressé en personne m’a écrit de Berkeley où lui était parvenue la lettre ouverte du professeur Sauvagnat (magie du net…), me priant de publier sa réponse. La voici.


Frederick CREWS 11 septembre 2005

Chère Madame,

Dans sa récente lettre à votre journal, le Professeur Sauvagnat entreprend de « corriger » plusieurs assertions que vous avez faites à mon propos dans votre article consacré au « Livre noir de la psychanalyse ». Ces « corrections » sont représentatives du degré d’exactitude de sa lettre en général.

Le Professeur Sauvagnat insiste que ma carrière d’enseignant s’est déroulée à l’Université Stanford, et non pas l’Université de Californie à Berkeley. Comme c’est étrange ! J’avais pourtant l’impression d’avoir enseigné à Berkeley, et nulle part ailleurs, de 1958 jusqu’à ma retraite en 1994. Une thérapie avec le Professeur Sauvagnat me permettrait peut-être de retrouver le souvenir refoulé d’avoir été en réalité à Stanford toutes ces années ?

Je lis dans la lettre du Professeur Sauvagnat que je suis un « spécialiste de Hawthorne » qui en aurait publié une étude freudienne « dans les années 70 ». L’année exacte est 1966, car en 1970 j’avais déjà réalisé que la théorie psychanalytique souffre d’une circularité fatale. Quant à être un spécialiste de Hawthorne, je ne suis plus retourné à cet auteur après 1966, mais j’ai écrit onze autres livres sur des sujets très variés. Un douzième, « Follies of the Wise » doit paraître le printemps prochain – ce qui me laisse trop peu de temps, je le crains, pour pouvoir ajouter un chapitre sur le Professeur Sauvagnat.

Le Professor Sauvagnat confond « l’épidémie de ‘personnalités multiples’ » avec tout le mouvement des souvenirs retrouvés dont elle ne constitue qu’une part. Il attribue en partie l’épidémie aux « cognitivistes », qui y étaient en réalité unanimement opposés, et il nie que les idées freudiennes aient en aucune façon une responsabilité dans cette épidémie puisque, dans les années 90, Freud était déjà « décédé depuis plusieurs décennies ». La théorie qui sous-tend cette observation, est semble-t-il que les idées d’un penseur sont immédiatement enterrées avec son cadavre. Hélas, le concept freudien de refoulement a été absolument au cœur du bizarre projet qui consiste à persuader des adultes à « se souvenir » que, contrairement à tous leurs souvenirs conscients, ils avaient été abusés sexuellement pendant leur petite enfance. Pour plus d’information sur les liens étroits qui existent entre la psychanalyse et les souvenirs retrouvés, je renvoie à mon livre « The Memory Wars » et « Unauthorized Freud »

*Berkeley, California, Etats-Unis

(Texte intégral de la lettre (en anglais)


Commentaire d’Ursula Gauthier

A peine m’était-elle parvenue que la réponse de Frederick Crews s’est retrouvée immédiatement postée sur de nombreux sites. Les internautes ont donc eu tout loisir de lire le petit échange de piques. Mais un petit fait bizarre a attiré l’attention : après la publication de la lettre de Crews, celle de Sauvagnat… s’est modifiée. Le 14 septembre, nous avons reçu le mail suivant du professeur Sauvagnat, nous signalant en effet « quelques coquilles » dans sa propre lettre. Suivait un « document complété et corrigé » – que voici. Ceux qui ne souhaitent pas le relire peuvent aller directement à mon commentaire suivant, dans lequel je résume les changements apportés par M. Sauvagnat.


F. SAUVAGNAT, Professeur de psychopathologie, Université de Rennes

à la Rédaction du Nouvel Observateur.

Mesdames, Messieurs,

Soucieux de vous assister dans votre effort pour informer objectivement vos lecteurs, j'ai fait parvenir la semaine dernière une lettre ouverte à votre collègue Mme Ursula Gauthier, relevant un certain nombre d'inexactitudes factuelles dans son article cité en référence. Cette lettre contenait elle-même quelques coquilles, et surtout elle ne donnait pas les références consultables.

Je vous renvoie donc ce document complété et corrigé.

Puis-je vous prier de la transmettre à Mme Gauthier.?

Entre-temps, j'ai appris que M Crews, dont l'oeuvre est évoquée, avait souhaité publier un droit de réponse dans votre revue.

Pourriez-vous m'indiquer ce que vous comptez faire?

Merci de bien vouloir me tenir informé. Bien cordialement à vous,

Pr François Sauvagnat

Lettre ouverte à Mme Ursula Gauthier à propos de son article du Nouvel Observateur:

"Un livre événement relance la guerre entre pro et anti. Faut-il en finir avec la psychanalyse?".N° 2130 p 10-12.

Madame,

Votre article paru dans le dernier numéro du Nouvel Observateur contient un certain nombre d'assertions pour le moins fantaisistes, qui surprennent quelque peu dans une publication de cette tenue.

Il est anormal qu'une journaliste ne s'informe pas minimalement sur le sujet qu'elle souhaite traiter. Je vous prie donc de prendre connaissance des points suivants:

1) Frederick Crews que vous qualifiez de façon discutable de "grand professeur de Berkeley" est un enseignant en littérature, spécialiste de Hawthorne (Crews F 1989), au départ surtout connu pour avoir promu une lecture freudienne de cet auteur. Dans les années 90, à l'âge de la retraite, il a pris parti dans le débat sur l'épidémie de "personnalités multiples" qui avait envahi les USA entre 1970 et 1994 (date à laquelle un coup d'arrêt y a été mis, spécialement grâce à l'action de magistrats et d'une anthropologue élève de G Devereux). Cette épidémie avait été essentiellement alimentée, comme on le sait maintenant, par des hypnothérapeutes et des cognitivistes qui ont promu ce syndrome (Sauvagnat F 2001). Crews a, au mépris du bon sens, accusé les psychanalystes (à commencer par Freud, pourtant décédé depuis plusieurs décennies) d'être responsables de cet état de fait, et récidivé par la suite en une série de publications tenant davantage de la chasse aux sorcières que d'un travail scientifique sérieux.

Il n'a personnellement aucune compétence dans le domaine de la psychologie ni de la psychiatrie.

2) Vous affirmez que "pour les philosophes des sciences, la cause est entendue: la psychanalyse n'est pas une science, quoi qu'en ait dit son fondateur". La chose n'est pas si simple. Il existe différentes méthodologies scientifiques. Karl Popper n'en est pas l'alpha et l'oméga... Il a existé dès le départ, et il existe encore, de très nombreuses collaborations entre la psychanalyse et divers domaines scientifiques (Droit, sciences humaines, sciences de la vie). De grâce, informez-vous!

3) Vous affirmez qu'aux Etats-Unis, "en quelques années le freudisme a complètement disparu des programmes en psychiatrie ou en psychologie". Détrompez-vous: les "psychothérapies psychodynamiques" (c'est à dire psychanalytiques) sont toujours au programme des facultés concernées, non seulement en tant que telles, mais également à travers les nombreux emprunts "simplifiés" que les technique cognitivistes leur ont faites. Allez donc visiter quelques sites internet de facultés Nord-Américaines, qui fournissent gracieusement des polycopiés....Si vous ne trouvez pas, je suis prêt à vous aider.

Par ailleurs, qu'est ce qui vous autorise à considérer qu'une tendance Nord-Américaine en matière de psychothérapie (privilégier des pratiques "rapides", qui provoquent dans les faits beaucoup plus d'inconvénients de d'avantages) doive régenter le monde? Vous devriez savoir qu'en matière de pratiques de santé, les USA ont été classés au 37 rang mondial par l'OMS ("overall goal attainment", Rapport de l'année 2000), rang qui n'est certainement pas amélioré par leur efficience dans le domaine de la santé mentale. Pour quiconque a travaillé aux USA (c'est mon cas), la catastrophe humanitaire qui a eu lieu après l'ouragan Katrina n'est aucunement une surprise. Allez donc visiter quelques établissements psychiatriques états-uniens, vous pourrez juger à quel point il serait souhaitable que nos amis d'outre-atlantique puissent bénéficier, ici aussi, de notre aide.

4) Vous affirmez que "l'irruption des neurosciences et des thérapies cognitivo-comportementales a brisé le monopole de la psychanalyse conçue comme l'alpha et l'oméga de la connaissance de soi". Trois inexactitudes dans la même phrase.

Vous devriez savoir que la psychanalyse est historiquement issue de la neurologie, et qu'il a toujours existé une collaboration étroite entre psychanalyse et neurosciences (voir par exemple les travaux de Kandel, prix Nobel, documents à votre disposition sur simple demande). En revanche, contrairement à une opinion répandue par certains journalistes, il n'existe pas de lien aussi fort entre les thérapies cognitivo-comportementales et les neurosciences. Il n'y a pas eu d'"irruption des thérapies cognitivo-comportementales": les thérapies comportementales, lancées par Watson lui-même à partir de 1910 (cas du "petit Albert" un jeune enfant chez qui il a provoqué expérimentalement des troubles psychiques pour essayer une technique de déconditionnement, avant que les parents affolés n'arrivent à le retirer de ses griffes. (Watson &Rayner 1920)), sont apparues très progressivement.

Les thérapies cognitives sont un sous-produit de la psychanalyse nord-américaine ("psychologie du moi", d'où le fait que certains psychanalystes de cette orientation prônent encore aujourd'hui des techniques "psychanalytico-cognitivistes"), et ne se sont opposées frontalement à celle-ci que depuis peu, pour des raisons très largement dues à la brutalité des pratiques de concurrence locales, lorsqu'elles se sont ralliées aux "thérapies comportementales". Enfin, la psychanalyse n'a jamais prétendu être l'alpha et l'oméga de la connaissance de soi; Freud lui-même a toujours refusé qu'elle soit une "Weltanschauung" (Freud S 1927); le mot de Freud que vous rapportez par ailleurs, "la psychanalyse est comme le Dieu de l'Ancien Testament", est de l'humour juif (dont Freud était un fervent collectionneur). D'excellents recueils de mots d'esprits juifs se trouvent dans le commerce: ici encore, informez-vous si vous ne l'êtes pas.

5)Je ne suis pas sûr qu' Henry Ellenberger aurait approuvé la chasse aux sorcières à laquelle se livre se livre Borch-Jakobsen; au demeurant si ce monsieur a pu asseoir sa carrière toute entière (!!) sur la "dénonciation" de Freud, malgré la "disparition de la psychanalyse des USA", c'est bien qu'elle continue d' être présente - au moins implicitement.

6) Le "lacanisme" n'est pas un sortilège (mais c'est peut-être un compliment sous votre plume?), c'est le résultat d'une élaboration intellectuelle qui a duré plus de cinquante ans, avec d'intéressantes applications thérapeutiques (Sauvagnat 2003), et dont de nombreuses trouvailles ont été reprises, sans les citer, par des "non-lacaniens". Qu'il ait fécondé un certain nombre de champs philosophiques est bien connu (à votre disposition pour plus de détails).

7) Il est faux de dire que la plupart des psychanalystes, à propos de la question homosexuelle, se soient alignés sur des "positions conservatrices"; dire par ailleurs que "la psychanalyse française refuse l'accès du métier d'analyste aux candidats homos" est une grossière contre-vérité.

Didier Eribon est un biographe intéressant; néanmoins, nul n'est parfait; son information en matière de psychothérapie est, disons...poétique. Je l'ai rencontré personnellement, et il a eu le courage de l'admettre.

8) Les psychanalystes, déclarez-vous, s'inquiètent de ce que les thérapies cognitivo-comportementales consistent en un "formatage à coup de conditionnement". C'est exact, mais votre conscience professionnelle aurait dû vous faire chercher pourquoi.

Je vous aide, voici quelques exemples: tout le monde n'a pas nécessairement envie d'être soumis à des techniques "aversives" (c'est à dire des punitions), à une "immersion" parmi divers insectes plus ou moins appétissants, ou encore à des techniques de "modeling" dans lesquelles sa conduite lui sera dictée; tout le monde n'a pas envie de remplir des grilles comportementales à tout moment de la journée pour des résultats aléatoires; la méthode comportementaliste de traitements de l'autisme ABA (Ivar Lovaas) est d'autant plus inquiétante qu'une de ses versions a été utilisée pour "rééduquer" des prisonniers de guerre au Viet-Nam (certains en sont morts) (Levy L 1968, Cotter LH 1967 et 1968; Sobsey D 1993); après avoir fait l'objet d'un intense battage médiatique et de présentations statistiques aussi flatteuses que fantaisistes, cette méthode, qui inclut diverses brimades physiques, est remise en cause; on s'est aperçu que les "preuves" alléguées de son efficacité ont été faussées; la cour suprême du Canada a l'an dernier jugé qu'une telle méthode ne devait pas être financée sur fonds publics ( Cour Suprême du Canada 2004);une méthode de thérapie cognitive, la "Stress Inoculation Therapy", a été rebricolée ("reverse engineered") par des psychologues militaires pour torturer récemment des prisonniers de guerre en Irak (en tant qu'"ennemis combattants")( Meyer J 2005); les deux jeunes meurtriers de l'école de Columbine avait suivi très récemment une thérapie cognitive (Gammage J 2004).

Une abondante documentation est à votre disposition si la curiosité vous venait... Je suis sûr que le public du Nouvel Observateur serait intéressé.

9) Sur le fait que des départements de psychologie, en France, enseignent des techniques et concepts freudiens: voyagez donc un peu, vous verrez que la même chose se produit à l'étranger, et même aux USA! Quant à la "lettre de Christophe Demonfaucon", elle a déjà reçu réponse de la part de l'association représentative des enseignants en psychologie: non seulement l'université est un lieu pluraliste, mais en outre les affirmations de ce monsieur sont parfaitement fantaisistes.

Au demeurant, rappelons que si la recherche sur les psychothérapies commandée par l'Inserm a été retirée du site du Ministère de la Santé, c'est pour les meilleures raisons du monde: de graves défauts de méthodologie, qui ont été clairement explicités dans des travaux publiés.

Il existe actuellement un fort consensus pour considérer que certaines techniques de l'Evidence Based Medicine sont inadéquates pour juger de l'efficacité de psychothérapies (alors qu'elles peuvent avoir un intérêt dans d'autres domaines, ce qui explique que certains chercheurs d'autres disciplines n'y ont pas vu malice). Ce sont précisément ces méthodes inadéquates qui ont été appliquées dans ce rapport remis à l'Inserm. Je vous rappelle par ailleurs que des fautes méthodologiques du même type ont été à l'origine, cette année, de graves mises en cause de firmes pharmaceutiques. On ne peut que louer les instances politiques qui ont sû prendre quelque distance avec une équipe de "spécialistes" confondant allègrement propagande et recherche scientifique. Par ailleurs, des recherches sérieuses sur les psychothérapies psychanalytiques sont réalisées de façon continue depuis 1917, et la preuve a été faite à maintes reprises qu'il s'agit de pratiques fiables et prudentes.

En résumé: soyez curieuse! informez-vous!! Nous sommes tout prêts à vous aider!

Restant à votre disposition, attentivement,

Références:

Cotter, L. H. (1967). Operant conditioning in a Vietnamese mental hospital.

American Journal of Psychiatry, 124, 23-28.

Cotter, L. H. (1968). Dr. Cotter replies. American Journal of Psychiatry, 124, 1137.

Cour Suprême du Canada (2004) Auton (Tutrice à l'instance de) contre Colombie-Britannique (Procureur général); Référence neutre : 2004 CSC 78.No du greffe : 29508. 2004 : 9 juin; 2004 : 19 novembre 2004.

Crews F(1989): The Sins of the Fathers: Hawthorne's Psychological Themes, University of Californa Press ((sur internet)),

Freud S (1927): L'avenir d'une illusion ,(sur internet)

Harris B(1979): Whatever happened to Little Albert, American Psychologist, February 1979, Volume 34, Number 2, pp. 151-160. (sur internet)

Kandel ER(1998): A new intellectual framework for psychiatry.

Am J Psychiatry 1998; 155:457469Kandel ER (1999): Biology and the future of psychoanalysis: a new intellectual framework for psychiatry revisited,Am J Psychiatry 156:505-524, April 1999.(sur internet)

Levy, L. (1968). Operant conditioning in Viet Nam. American Journal of Psychiatry, 124, 1136.

Meyer,J (2005): The experiment, The New Yorker, July 11&18, 2005 , (sur internet, pdf)

Sauvagnat F (2001) Divisions subjectives et personnalités multiples, Presses Universitaires de Rennes

Sauvagnat F (2003) On the Lacanian Treatment of Psychotics: Historical Background and Future Prospects« , Psychoanalytic Review (New York), 90 (3), October 2003: 303-328.

Sobsey D (1993), Treatment or Torture, in University of Alberta, JP Das Developmental Disabilities Centre, Aversive Teatments http://www.ualberta.ca/~jpdasddc/abuse/ICAD/digests/averstx.html

Thomas, G. (1988). Journey into madness. London: Corgi Books.

Watson, J. B., & Rayner, R. (1920) Conditioned emotional reactions. Journal of Experimental Psychology, 1920, 3, 114.

Gammage J (2004), Tempering Tempers, Anderson & Anderson, Tue, Dec. 07, 2004:http://www.andersonservices.com/ resourcesnews-9.html


Commentaire d’Ursula Gauthier

C’est de fait cette version de la Lettre ouverte du professeur Sauvagnat qui figure désormais sur les sites psychanalytiques. Seul le titre n’a pas changé : « La leçon du professeur Sauvagnat à Ursula Gauthier ». En substance, la deuxième version est augmentée de nombreuses références en note et dans le corps du texte. Elle est aussi « diminuée » par rapport à la première version à la suite d’une petite élision : elle laisse en effet tomber l’affirmation aussi inexacte que péremptoire concernant l’université d’appartenance de M. Crews. M. Sauvagnat a donc subrepticement pris acte de la « rectification » faite par l’intéressé. Mais loin que cette mise au point le pousse à reconnaître sa propre erreur (et à tempérer quelque peu son ton accusateur) il persiste à vouloir m’administrer sa « leçon ».

Cette attitude a dû déplaire à Frederick Crews. Car il m’a adressé, le 14 septembre (le jour même !) une « lettre plus longue » dans laquelle il fournit d’autres mises au point à la seconde version de M. Sauvagnat et exprime le souhait que « cette fois M. Sauvagnat n’aura pas le loisir de camoufler ses erreurs ».

Voici donc.


Frederick CREWS* 14 septembre 2005

Madame,

L’immense lettre que vous avez reçue du Professeur Sauvagnat vous accuse de nombreuses inexactitudes dans votre récent article consacré à la polémique autour de la psychanalyse. Dans la mesure où le débat renvoie à l’état de cette discipline aux Etats-Unis, et à moi personnellement, les assertions du Professeur Sauvagnat sont trompeuses à l’extrême.

La façon dont Freud réagissait aux critiques – fussent-elles basées sur des faits objectifs – de sa « science », a toujours été d’éluder les accusations spécifiques en mettant en question la compétence, voire la santé mentale, de ses adversaires. Depuis, ses disciples se conforment à son exemple, et le Professeur Sauvagnat ne fait pas exception à la règle.

Dans deux livres récents, The memory Wars et Unauthorized Freud, j’ai mis sur le tapis les découvertes objectives des « Freud scholars », historiens et philosophes des sciences, qui depuis 1970, démontrent le manque d’intégrité scientifique de Freud, ainsi que les ambiguïtés et les absurdités qui invalident sa théorie. Unauthorized Freud consiste, de fait, en chapitres rédigés par ces chercheurs en personne. Sauvagnat fait vaguement allusion à ces deux ouvrages, affirmant qu’il s’agit de pures et simples « chasses aux sorcières » de ma part, mais il se garde bien d’en mentionner les titres – par peur, sans doute, qu’un de ses lecteurs en France aille vraiment lire ces travaux et s’en fasse une idée par lui-même. Cependant, Sauvagnat cite un autre de mes livres, une œuvre de critique littéraire, afin de donner l’impression que les arguments que j’ai mis en avant dans d’autres œuvres ne sont que des divagations d’un homme de lettres – qui de plus fut un freudien jusqu’à une date aussi tardive que 1989.

Tout ceci est, disons-le, tout sauf innocent.

Mon étude freudienne de Nathaniel Hawthorne a paru en 1966, quelques années avant que je me rende compte que la théorie psychanalytique commet l’erreur fatale de l’auto-validation et qu’elle est dénuée de tout contenu empirique. La réédition de 1989 citée par Sauvagnat contient une « Postface » dans laquelle j’attaque les présupposés freudiens de l’œuvre originale ; j’avais en effet refusé d’autoriser les éditions University of California Press de réimprimer le livre à moins que je puisse me servir de l’occasion pour montrer comment mon ancienne tocade pour les hypothèses psychanalytiques avait nui à ma recherche sur Hawthorne. Si le Professeur Sauvagnat est au courant de ces faits, il a choisi de les passer sous silence.

Sauvagnat veut que les lecteur du Nouvel Observateur croient que la psychanalyse fleurit aux Etats-Unis et qu’elle est bien représentée dans les départements de psychiatrie et de psychologie des universités. Afin d’établir ce point, il est obligé de brouiller la différence entre les pratiques psychothérapeutiques non-contrôlées et la recherche scientifique et médicale sur le psychisme.

De plus, il présente certaines thérapies alternatives comme de simples applications des principes psychanalytiques, ce qu’elles ne sont certainement pas. Il s’efforce de cacher le résultat évident de nombreuses études d’évaluation des thérapies, qui ont de façon répétée échoué à établir une quelconque supériorité du traitement psychanalytique sur ses nombreux rivaux. La seule forme de thérapie qui a prouvé son efficacité supérieure par rapport aux autres est précisément celle que Sauvagnat s’acharne à rabaisser : les traitements cognitivo-comportementaux qui ciblent des troubles spécifiques.

Quant à l’état actuel de la psychanalyse au regard de la recherche en psychologie, il suffira de mentionner un fait : en 1999, une équipe de chercheurs a passé en revue tous les numéros récents des revues nord-américaines les plus importantes dans le domaine de la psychologie, se contentant de compter les citations positives des concepts des différentes écoles de psychologie. La conclusion ? « La recherche psychanalytique a été pratiquement ignorée par la psychologie scientifique au cours des dernières décennies » (Robins et al. 1999, p.117).

Le Professeur Sauvagnat confond « l’épidémie de ‘personnalités multiples’ » avec tout le mouvement des souvenirs retrouvés dont elle ne constitue qu’une part. Il attribue en partie l’épidémie aux « cognitivistes », qui y étaient en réalité unanimement opposés, et il nie que les idées freudiennes aient en aucune façon une responsabilité dans cette épidémie puisque, dans les années 90, Freud était déjà « décédé depuis plusieurs décennies ». La théorie qui sous-tend cette observation, est semble-t-il que les idées d’un penseur sont immédiatement enterrées avec son cadavre. Hélas, le concept freudien de refoulement a été absolument au cœur du bizarre projet qui consiste à persuader des adultes à « se souvenir » que, contrairement à tous leurs souvenirs conscients, ils avaient été abusés sexuellement pendant leur petite enfance. De plus, l’affirmation par Sauvagnat selon laquelle l’épidémie des personnalités multiples aurait été stoppée par des juges et « une anthropologue élève de G. Devereux » (une freudienne, bien sûr) est une pure fiction.

Le moyen utilisé par Sauvagnat pour rejeter l’accusation selon laquelle la psychanalyse est non scientifique est d’affirmer qu’il y a eu « de très nombreuses collaborations entre la psychanalyse et divers domaines scientifiques », parmi lesquels il inclut le « droit » et les « sciences humaines ». Que ces deux dernières disciplines soient comptées comme de véritables sciences empiriques est pour le moins surprenant. Plus surprenante encore, toutefois, est que Sauvagnat croie que l’utilisation potentiellement erronée et dommageable de la psychanalyse dans un autre domaine puisse constituer la preuve d’un fondement scientifique sérieux. L’influence généralisée d’idées freudiennes contestables, en France comme ailleurs, à travers une grande partie du 20e siècle et au-delà, est précisément ce qu’il convient désormais d’examiner de façon rigoureuse, et le Livre noir de la psychanalyse en fournit l’occasion idéale.

*Berkeley, California, Etats-Unis.

Références :

Crews, F. (1995). The Memory Wars: Freud’s Legacy in Dispute. New York Review Books.

Crews, F. (1998). Unauthorized Freud: Doubters Confront a Legend. Viking Press.

Robins, R.W., Gosling, S. D., et Craik, K. H. (1999). “An Empirical Analysis of trends in Psychology” American Psychologist, 54:117-128.

(Texte intégral de la seconde lettre - en anglais)


Commentaire d’Ursula Gauthier

Je me contenterai pour l’instant de répondre à l’affirmation selon laquelle les TCC sont utilisées pour torturer.

Sans entrer dans une discussion quant à la véracité de cette affirmation, je relève cependant que toutes les techniques de manipulation psychologique se prêtent à toutes sortes d’ usages, bénéfiques ou maléfiques. La psychanalyse elle-même ne fait pas exception à la règle puisque, comme l’a montré le psychanalyste de renom René Major (pour le dénoncer vigoureusement), l’institution psychanalytique a collaboré jusque dans les salles de torture avec des régimes militaires sud-américains. (voir par exemple les pages de ce site consacré à la psychanalyse,
http://pages.globetrotter.net/desgros/textes/major.html).

Je n’en conclus certainement pas que la psychanalyse est fasciste dans son essence. Et vous, M. Sauvagnat ?