"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
LETTRE OUVERTE AU JOURNAL LE MONDE
Autisme France - Médiagora Paris –
La contreverse autour du "LIVRE NOIR DE LA PSYCHANALYSE"
La plainte des parents et des proches des patients

Origine : http://www.psyvig.com/default_page.php?menu=40&page=33

Jeudi 8 septembre 2005, le journal Le Monde dans son cahier Le Monde des livres, consacre une page à la sortie du Livre noir de la psychanalyse (Editions Les Arènes). Cet ouvrage réunit aussi bien des historiens, des philosophes, des psychiatres, des psychologues, que des patients ou des proches de patients (mère d’enfant autiste, sœur de schizophrène, personnes souffrant de troubles anxieux ou bipolaires). Symboliquement, il était important que la parole ne soit pas donnée uniquement aux experts du sérail, mais aussi à ceux qui souffrent et souhaitent témoigner de leur expérience.

Jean Birnbaum fait une critique de l’ouvrage extrêmement négative, qui nous paraît en réalité traduire un jugement personnel, qui lui appartient et auquel nous ne répondrons pas. Le titre de son article (le catalogue de la détestation anti-freudienne) est lui aussi très étonnant : exercer un regard critique signifie forcément haïr et détester.
Passons…ce qui est en revanche nouveau et choquant, c’est le caractère méprisant et ironique de l’article envers les personnes en souffrance et leurs proches qui témoignent avec courage et sensibilité dans ce livre :

« Face à cet « obscurantisme » coriace, l’urgence serait de faire éclater la vérité en donnant la parole aux « victimes». Ainsi de Paul A., qui préfère témoigner sous couvert d’anonymat, pour regretter que sa petite amie l’ait quitté après avoir entamé une analyse ; preuve que ce type de cure « sépare les gens, disloque les liens familiaux et sociaux »…
Autre témoin à charge : la mère d’un enfant prématuré et autiste, qui raconte comment elle a retiré son fils des griffes d’une thérapeute présumée freudienne, qu’elle nomme tour à tour « Cruella », « la Carabosse» ou « la Gorgone » : « Il y a belle lurette que le monde moderne a tourné le dos aux pratiques psychanalytiques d’un passé jurassique. Seule la France leur demeure fidèle. A quelques exceptions près », conclut-elle. Cette dernière idée aurait mérité d’être creusée. Car si la psychanalyse ne se trouve pas aussi marginalisée que ce gros livre voudrait le faire accroire, elle n’en a pas moins trouvé en France une terre d’accueil privilégiée. Hélas, les auteurs du Livre noir ne se donnent pas la peine d’explorer la généalogie (historique et intellectuelle) des épousailles franco-analytiques." En matière de critique, extraire délibérément des phrases ou des mots de leur contexte pour les citer est déjà sujet à caution, mais dans le cas présent, il s’agit bien de brocarder cyniquement la douleur des personnes à qui ils appartiennent.

Cela est d’autant plus indécent que Jean Birnbaum semble ne pas se rendre compte que ce débat n’est pas une joute oratoire mais une question de société qui concerne des milliers de personnes confrontées à la souffrance psychique (rappelons qu’une personne sur 5 est ou sera confrontée à un trouble psychologique grave dans sa vie - chiffres 2005). Pourquoi ne pas donner la parole à des soignants, psychologues ou psychiatres ?

Décidément, on ne se soucie pas du tout de l’intérêt et de l’avis des patients, depuis février 2005 et la séance mémorable de l’ex-ministre de la santé Douste-Blazy qui décida, devant un parterre de psychanalystes ébahis, de désavouer un rapport de l’INSERM concluant aux faibles résultats thérapeutiques de la psychanalyse. Rappelons qu’il termina la cérémonie par cette sentence : « la souffrance n’est ni mesurable ni évaluable ». De la part d’un médecin qui devrait connaître les règles de la « médecine fondée sur les preuves », c’était plutôt consternant.

Aussi, nous, associations de patients et de familles, d’Autisme France et de Médiagora Paris réclamons le respect de deux droits inaliénables :

1) Le droit qui nous est si peu accordé sur la place publique de nous exprimer dans un livre comme dans les médias en tant qu’acteurs à part entière dans le débat puisque nous sommes les premiers spécialistes de nos maux mais aussi les premiers « utilisateurs » de toutes les thérapeutiques;

2) Le droit d’être informés sur ce qui fonctionne ou non en terme de soin en France et d’exiger de nos autorités de tutelles qu’elles tiennent compte, comme dans toutes les disciplines, comme dans tous les pays occidentaux de la réalité des avancées scientifiques.

Lettre ouverte à l’ensemble de la presse française

Fait le 9 septembre 2005

Annie GRUYER
Présidente de Médiagora Paris

Evelyne FRIEDEL
Présidente de Autisme France