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Le "like" tuera le lien
Ertzscheid Olivier
L'économétrie de l'attirance contre l'économie du lien.
Ou comment le "like" pourrait bien tuer le "lien".
16 mai 2010


Origine : http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2010/05/le-like-tuera-le-lien.html

PROLOGUE. Le web de demain au (haut) risque du paratexte.

Du paratexte, Wikipédia donne la définition suivante :

"Le paratexte est l'ensemble des discours de commentaire ou de présentation qui accompagnent une œuvre. (...) Il peut être donné soit par l'auteur de l'œuvre, soit par d'autres écrivains ou non-écrivains. Le paratexte contient aussi le « péritexte » qui est constitué du titre, du sous-titre, de la préface, des épigraphes, des notes en bas de page, des phrases en marge, des informations périphériques, de la dédicace, des renvois et de la quatrième de couverture."

Le web, en sa totalité comme en chacune de ses parties, émergées ou immergées est une immense oeuvre collective. Une oeuvre à tout le moins "ouverte" comme dirait Umberto Eco, mais incontestablement une oeuvre.

La paratexte est radicalement différent de l'intertextualité. L'intertextualité qui est définie par Gérard Genette comme : "un processus indéfini, une dynamique textuelle : le texte ne se réfère pas seulement à l'ensemble des écrits, mais aussi à la totalité des discours qui l'environnent."

Donc : Les "oeuvres", les textes - à prendre ici au sens large, c'est à dire les documents quelle que soit leur nature, multimédia ou non - les textes qui composent le web sont en relation d'intertextualité. Ils sont inclus dans un environnement vaste, très largement distribué (réticulé), profondément rhizomatique.

L'appel du trou noir.

Et deux prémisses pour situer les enjeux. L'une sous forme de question, l'autre résolument affirmative.

La masse des contenus générés (= le web comme oeuvre ouverte) est-elle soluble dans le paratexte aujourd'hui dominant ?

Ce que nous appelions le web comme co-construction de liens, est en passe de céder.

Plus précisément. La question ici posée est de savoir si l'ensemble des fonctionnalités collaboratives de partage, de signalement, d'indexation, de commentaire, de vote, de recommandation et - plus largement - les nouveaux "liens" censés rendre le web "social par défaut", de savoir si cet ensemble de fonctionnalités n'alourdit pas considérablement le seul "paratexte" du web, au détriment et à l'envers d'une intertextualité supposée plus féconde. Avec le risque de voir le premier (le paratexte) absorber la seconde (l'intertextualité) en se nourrissant de sa matière. Avec le risque, enfin, de voir cette oeuvre ouverte, à la manière d'un trou noir, s'effondrer sous son propre poids ou sous celui des logiques marchandes qui en épuisent systématiquement toute substance.

ARGUMENTAIRE.

DANS UN PREMIER TEMPS, la logique du web contributif, depuis les commentaires des blogs jusqu'aux procédures d'indexation collaboratives (folksonomies) insuffle au web ce qui lui avait jusqu'ici manqué : un apparat critique adéquat, en phase avec les modes d'écriture et de lecture y ayant cours : dynamiques, synchrones par défaut, a-centrées, largement et massivement distribuées.

DANS UN SECOND TEMPS, les "lectures industrielles" (celles des moteurs de recherche) inventent et inaugurent des systèmes d'écriture là encore dédiés. Ces écritures industrielles vont intégrer la dimension du paratexte au sein d'un écosystème non plus ouvert mais fermé, propriétaire et marchand. L'exemple choisi peut être celui de Google Sidewiki, emblématique de ce nouvel écosystème industriel du (des) paratexte(s).

Pour approfondir les implications de l'exemple choisi, relire "I'm an indexed man living in an indexed world" notamment le passage suivant : "grâce à SideWiki, grâce à la possibilité offerte à "tout le monde" de commenter "n'importe quoi", le web change de nature "sémiotique". Plus précisément nous sommes conviés à assister à un nouvel effondrement sémiotique : l'espace des signifiants directement liés à une énonciation affirmée ou revendiquée comme telle (c'est à dire les contenus produits par "un" auteur identifié comme tel et "s'engageant" éditorialement en son nom propre ou en celui de la collectivité au sein de laquelle il s'exprime), cet espace des signifiants se densifie, se déplace, change de nature. L'exception (qui était jusqu'alors celle de Wikipédia et des Wikis en général) deviendrait possiblement la règle. Non pas que ces nouvelles "marginalia" ne soient amenés à écraser quantitativement les contenus "centraux", mais elles instituent un déplacement significatif du positionnement de toute énonciation située."

Avec Google Sidewiki, le paratexte, la fabrique du paratexte, entre dans un écosystème industriel dont il ne sortira plus.

DANS UN TROISIEME TEMPS, et sur la base des acquis des deux premiers, un bascule radicale s'opérera entre une intériorité et une extériorité des contenus. Le web se retourne littéralement. Ces derniers - les contenus - n'existent plus sous la forme d'un adressage, d'un lieu d'inscription, mais ils sont générés sur la base de l'agrégation de flux très temporairement stabilisés dans le temps - et non plus l'espace - d'affichage d'une architecture informationnelle elle-même entièrement générée. C'est la naissance de la souscription (sub-scribere = écriture "en-dessous") comme modalité première de l'écriture individuelle, au sein de l'écosystèmes des lectures industrielles. L'exemple emblématique est celui des pages Netvibes.

pour approfondir les implications de l'exemple choisi, relire le billet "Möbius, le web 2.0 et Darwin : chapitre 1", notamment le passage : "L'explosion dont il est question concerne la bascule des contenus d'un site web d'une internalité à une externalité. Au lieu qu'un site web ne soit un "lieu" dans lequel les données "sont" et vers lequel d'autres sites "renvoient", un site web sera une source de données qui seront elles-mêmes dans de nombreuses bases de données externes, dont celle de Google (GoogleBase). Pourquoi alors "aller" sur un site web quand tout son contenu a déjà été absorbé et remixé dans un flux de données collectif ('collective datastream')."Dans les pages d'accueil de type Netvibes, il n'est plus de contenu "interne" mais simplement une architecture informationnelle entièrement générée (et temporairement stabilisée, fixée numériquement) à partir de contenus informationnels tous externalisés (la météo de ma région piochée sur Yahoo, mon courrier électronique capté dans Gmail, les fils de presse extraits de mon agrégateur, etc ...). Le contenu s'efface derrière l'architecture. Le discours n'est plus ancré dans un dispositif (technologique) mais le dispositif ancre le discours. Il n'est plus "au service" mais "à l'origine" du discours. Il en devient la condition. Ce changement de nature dans (...) l'instanciation des contenus sur le web (...) nous emmène vers un "troisième âge" de la navigation : après le browsing et le searching voici venu le temps du "subscribing". On ne navigue plus, on ne recherche plus, on s'abonne, on "souscrit" (...), "sub-scribere", littéralement "écrire en dessous" : (...) en agrégeant les discours écrits ou postés par d'autres, on est, de facto, placé "sous" une "autorité" qui n'est plus notre. Car comment faire autrement que de "souscrire" à ces contenus qui ne sont plus "inscrits" ?"

DANS UN QUATRIÈME TEMPS, le dernier point de rassemblement entre les écritures industrielles et les lectures industrielles, les écritures de la souscription et leur apparat critique, ce dernier point est en passe de céder. Il s'agit du lien hypertexte. Ce lien qu'auscultent les moteurs pour bâtir leurs lectures industrielles, ce lien qui sert du support aux discours critiques d'un paratexte industrialisé, ce lien qui est la pierre de voûte autour de laquelle s'opère le basculement des contenus d'une intériorité vers une extériorité, ce lien comme principe irréductible de ce que nous appelons encore le web, ce lien est en passe de céder. De céder devant le "like". Ce bouton-lien, ce bouton-poussoir appréciatif lancé par Facebook comme clé de voûte de son écosystème. Et qui pourrait bien tuer le lien.

L'incontournable éditorial sur le sujet est celui-ci : "Google's nightmare: Facebook 'Like' replaces links". Qui repose sur l'argumentaire suivant : "Facebook announced Likes as a form of "social links" -- better than a link because it's related to a specific user. If Like buttons take off, that's really bad news for Google, since its algorithm uses links between sites to determine their order in search results. Facebook seeks to replace this open system of links between pages with the "social links" (or Likes) that it controls. Google and other search engines won't have full access to all these Likes, so the company best positioned to rank the Web will be Facebook."

L'autre incontournable est le billet de Navic sur Novovision, qui est à lui seul une synthèse (complète), une analyse (éclairante) et une revue de presse (presqu'exhaustive) : "On attendait le web social ... mais pas celui-là".

Enfin pour mesurer toute la portée de ce que je qualifie de paratexte industrialisé, il faut lire l'article "La petite révolution intérieure de Facebook" qui explique en détail le fonctionnement (et l'objectif) des "pages communautaires", parfaits exemples de paratextes artificiels et auto-entretenu qui "contraignent" littéralement les différentes documentations attachées à un profil pour produire un "discours" entièrement au service d'un dispositif auquel il sert en même temps d'alibi.

AU FINAL : DEUX MONDES ANTAGONISTES.

To LINK. Lier ou ne pas lier.

Tel est le principe des liens hypertextes. Des liens qui restent consubstantiels aux contenus dans lesquels ils s'inscrivent pour mieux les décrire, pour mieux les qualifier, pour mieux les "orienter". Les liens n'appartiennent à personne. Leur agglomérat forme une masse aux densités et aux orientations indéchiffrables pour un navigateur isolé, mais presque parfaitement lisibles pour le crawler d'un moteur de recherche. La suprématie de Google s'est construite tout entière sur cette capacité de lecture et de déchiffrement d'une stochastique en perpétuelle renégociation. Là résident les lectures industrielles théorisées par Alain Giffard. Mais avant que d'être lu, le lien reste avant tout le stigmate d'une écriture. De cette écriture, nul ne peut prétendre mesurer ou épuiser l'étendue des possibles.

Tel était d'ailleurs l'un des objectifs (que j'espère atteint) de la thèse que j'avais consacrée au sujet : monter que l'étendue des possibles inaugurée par l'organisation hypertextuelle en général et par les liens hypertextes en particulier est ... inépuisable

To LIKE. "J'aime" au lieu de "Je lie".

J'aime ou je n'aime pas. Un monde binaire. Entièrement binaire. Un monde sous-cloche. Un bouton-poussoir propriétaire, centré, exclusif, sans réciprocité, sans partage, ou avec la centralisation comme préalable non-négociable au partage, avec la centralisation comme condition du partage. L'appréciation ou la dépréciation ; le degré zéro du lien. Une logique de prime, de gratification, une logique "assurancielle" dans le plus mauvais sens du terme mais dont la faute n'incombe pas entièrement à Facebook, à son écosystème et à son bouton "like". Cette logique était en effet déjà très largement perceptible dans ce qui consacra l'avènement des lectures industrielles : des liens dont on ne mesurait plus que la capacité de prescription marchande, de liens que l'on ne s'essayait à lire qu'à l'aune des traçabilités à rebours qu'ils autorisent, des liens transmués en autant de baromètres attentionnels, des liens appauvris de leur substance même : leur valeur d'échange. Le mouvement est aujourd'hui presque à son terme. Le résultat est là. Sous la forme d'un choix à faire. Binaire.

To link or to like.

L'économétrie de l'attirance comme déconstruction systématique de l'économie du lien.

Pour bien comprendre la mécanique du bouton Like, deux articles de Didier Durand : "Bouton j'aime et plug-ins sociaux : le deal déséquilibré proposé par Facebook aux éditeurs de site." ainsi que "Facebook obtient le nom de chaque utilisateur visitant les pages équipées du bouton Like"

DU MASSIF AU PARALLÈLE : JUSTE UNE QUESTION D'INDEX.

MASSIF. Beaucoup d'analystes soulignent (à raison et chiffres à l'appui) la place de plus en plus centrale occupée par Facebook dans l'écosystème du web et les craintes que cela suscite sur la nature même du réseau, au-delà des seules questions de confidentialité. J'y ajoute la crainte d'un second retournement : après celui d'une internalité à une externalité des contenus, celui qui se profile à l'horizon est celui d'une polarisation du web, de l'affirmation d'un point focal constitué par Facebook. Il s'agit bien d'un danger car dans l'ADN du web (relire les textes de Pierre Lévy sur le sujet - 6 principes de l'hypertexte - ou les premiers textes de Tim Berners Lee), on trouve 2 composantes essentielles : son extériorité (le web de possède pas obligatoirement d'unité organique ou de moteur interne même s'il peut dépendre d'un moteur externe) et sa topologie systématiquement a-centrée (ce que lévy traduit ainsi : "le réseau n'est pas dans l'espace, il est l'espace"). Google fut le premier à pourvoir mettre en place une "mise à l'index" du web qui en respecte ou qui en restitue l'échelle, qui en reflète la masse. Un index qui ne dénature en rien la topologie même du réseau. Qui n'en est que le reflet. Qui la restitue et la re-situe. Qui est l'inverse d'une saturation.

PARALLÈLE.

Il en va tout autrement de l'index parallèle que Facebook est en train de créer avec son Open Graph, son bouton "like" et ses applications tierces. Son point commun avec l'index de Google est qu'il repose également et presque entièrement sur le travail effectué par les internautes au moyen des liens hypertextes pour l'un et de l'activation du bouton Like pour l'autre. Google et Facebook se "contentant" de fournir à ces index un point central d'hébergement et de les hiérarchiser (et bien sût de les monétiser). En établissant un lien, en créant le contenu qui entoure ce lien, les internautes participent à l'élaboration de l'index de Google en "qualifiant" - aspect sémantique - et en orientant - aspect topologique - cet immense graphe de contenus qu'est le web. En cela ils permettent à Google mais aussi à l'ensemble des autres acteurs (des moteurs concurrents commerciaux jusqu'aux crawlers de bibliothèques ou d'archives ouvertes) de se constituer comme autant de points d'accès nécessaires mais non-exclusifs et contournables. En cliquant sur le bouton Like et/ou en fournissant - sans en avoir toujours conscience - des données aux applications tierces de Facebook, les utilisateurs bâtissent un index parallèle également qualifié mais nécessairement propriétaire. Pour le dire autrement, le coup de force du nouvel écosystème proposé par Facebook est de pouvoir s'étendre au-delà de la seule communauté - déjà considérable mais cependant restreinte - des utilisateurs du site, tout en rattachant et en centralisant les informations navigationnelles recueillies (c'est à dire non seulement les liens mais les trajets eux-mêmes), au-dedans et à la disposition du seul site hôte : Facebook lui-même.

Sur le sujet, on lira avec intérêt le billet de Jean-Michel Salaun, "(dés)ordre documentaire et (dés)ordre social", notamment l'extrait suivant : "Facebook, en voulant utiliser sa maîtrise du graphe social comme un avantage concurrentiel décisif pour valoriser la vente d'attention, polarise l'ordre documentaire sur sa troisième dimension, le medium. Il radicalise alors l'homologie individu-document, autrement dit l'ordre documentaire est soumis à celui des individus."

Au-delà du social : le retour en force de l'applicatif. Les "anciens" écosystèmes informationnels, nos "operating systems", reposaient sur un biotope propriétaire et ne nature applicative (= composés d'applications logicielles). L'arrivée du web, de ses contenus et de leur éparpillement en un graphe autant imprescriptible qu'imprévisible vint rompre ce cycle. L'actuelle dérive et déportation massive des contenus (publics comme intimes) vers les nuages du cloud computing rend tangible la transformation du web en un gigantesque Operating System dont le navigateur (browser) serait l'interface. Tel est en tout cas le possible qu'ouvre le navigateur Chrome de Google ainsi que le déplacement des instances logicielles applicatives dans les nuages. Facebook, avec son nouvel écosystème, se positionne à son tour clairement comme l'un des prétendants au déploiement d'un webOS. Mais là où tous les autres s'inscrivent dans une logique ascendante (bottom-up), centrée sur l'usager, Facebook reterritorialise à outrance, il procède de manière descendante (top-down) et "applicativo-centrée".

Moralité.

Le coeur du webOS envisagé par Google ou Microsoft est une fenêtre de navigation ouverte sur/dans le graphe du net, un graphe pavé de liens, cartographié au moyen d'algorithmes et dans lequel les couches logicielles applicatives sont autant de "noeuds" du réseau que l'on vous incite à emprunter mais qui ne constituent pas - pour l'instant - des passages obligés et/ou qui autorisent en tout cas un certain nombre de points de fuite. Le coeur du webOS envisagé par Facebook en est l'exact inverse, dans la philosophie comme dans les moyens. Facebook propose de re-territorialiser à outrance et à son seul profit, un espace appartenant à tous. Facebook propose qu’une application propriétaire (la sienne) remplace, pour mieux l’effacer plus tard, une multiplicité d’algorithmes qui offrent une cartographie concurrentielle du web.

Après avoir été longtemps prisonniers du "système" Microsoft, puis aujourd'hui empêtrés dans "l’écosystème" dominant de Google, n’avons nous fait tout ce chemin que pour nous retrouver, demain, dépendants d’une et une seule « application », d’une société qui a fait du « web social » son arme de distraction massive ?


Trouvée ici, une traduction partielle de ce billet (merci à l'auteur de la traduction) :

"Beyond the social: the application is back in spades. The "old" information ecosystems, our "operating systems", inhabited a proprietary applicative niche--one based on software applications. This cycle was broken by the arrival of the web, its content, and that content's dispersal over an uncontrollable, unpredictable graph. The current massive drift and deportation of content (public and private) into the Cloud embodies the transformation of the web into a giant Operating System whose interface is the browser. That anyhow is the possibility held out by Google's Chrome browser and the migration of software applications into the Cloud. Facebook, with its new ecosystem, is positioning itself in turn as a clear claimant to deploy a WebOS. But while all the others situate themselves in a bottom-up logic, centered on the user, Facebook reterritorialises with a vengeance, working top-down and centering on the application.

Moral. The heart of the WebOS envisaged by Google or Microsoft is a navigation window open onto the graph of the net, a graph paved by links, mapped algorithmically, in software application layers--network "nodes"--that you're encouraged to adopt but which are not, for now, compulsory paths, or which at least permit various points of flight. The heart of the WebOS which Facebook envisages is the exact opposite, in concept and execution. Facebook proposes to re-territorialise to the nth degree, and to its exclusive profit, a space which belongs to everybody. Facebook proposes that a proprietary application (its own) should replace, the easier later to extinguish, the multiplicity of algorithms which provide competing cartographies of the web.

After our long emprisonment in the Microsoft "system", followed by today's entanglement in Google's dominant "ecosystem", have we come all this way only to find ourselves, tomorrow, dependent on one single application, from a company which makes the social web its weapon of mass distraction?"