Origine : http://mouvement.critique.du.sport.chez.tiscali.fr/pages/actu.htm
- La Lettre anti-olympique n°4 : « La volonté
de ne pas savoir »
- Un argument de plus pour dire NON au traité constitutionnel
européen
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La Lettre anti- olympique du Mouvement Critique du Sport
Contre l’organisation des Jeux à Paris en 2012
N°4 – Mai 2005
« Limiter l’analyse du sport, phénomène
social majeur, à ce qu’il montre, c’est ignorer
tout ce qu’il occulte et qui est loin d’être secondaire
».
Contre le slogan « Paris 2012 » qui déferle
dans les rues de la capitale et sur les murs de certains édifices
publics, contre l’étouffante propagande olympique,
le Mouvement Critique du Sport répond « NON à
l’organisation des Jeux de 2012 à Paris » et
OUI à un débat ouvert et argumenté sur l’Olympisme,
son histoire et sur ses prétendues valeurs.
Chaque mois jusqu’au 6 juillet 2005, date de la désignation
de la ville par le CIO, le Mouvement Critique du Sport, Centre de
recherche et d’analyse des fonctions politiques, idéologiques
et économiques du sport, fera paraître, une brève
lettre de réflexion dont l’objectif est de permettre
d’ouvrir la discussion et d’en finir avec les croyances
et le refus de savoir. Le matraquage olympique, le discours du «
toute la France assemblée derrière les Jeux »
n’est pas digne d’un pays démocratique. Il est
temps de faire exploser le faux consensus.
La volonté de ne pas savoir
« Ceux qui prennent au sérieux notre critique du
sport et de l’Olympisme, n’arrivent pas à combattre
en eux-mêmes cette volonté de ne pas savoir qui est
justement l’une des manifestations les moins contrôlées
de l’incorporation du système sportif (et social) dans
les individus et la marque de leur adhésion à ce système.
Quand le fait sportif s’incorpore et s’intériorise,
il se transforme en inconscient social ».
Faisons un rêve : un sondage (le sondage est aujourd’hui
quotidien et reconnu comme « instrument de connaissance »,
les travaux de Pierre Bourdieu, Patrick Champagne et autres sur
le sujet étant totalement négligés), révèle
que dans la population française qui a été
préalablement informée et qui peut donc réellement
émettre une opinion réfléchie sur le problème,
78% des personnes interrogées sont contre l’organisation
des Jeux Olympiques à Paris en 2012, 86% contre les Jeux
de 2008 à Pékin, et 75% jugent la doctrine philosophico-olympique
réactionnaire et favorable à l’ordre établi.
Soudain les médias se réveillent, les partis politiques
se divisent, les militants progressistes ouvrent les yeux et ne
voulant pas se couper du peuple remettent en cause les prétendues
vertus du sport du sport et de l’Olympisme. Ce fait social
total - le plus grand spectacle du monde et plus grand mobilisateur
de foules - vient enfin au centre du débat.
Ce n’est qu’un rêve. Le sport peut prêcher
des valeurs qu’il ne porte pas (qu’il n’a jamais
portées) et porter des valeurs qui ont toujours servi les
pouvoirs les plus les plus durs et n’ont jamais l’émancipation
des peuples comme le montre l’Histoire, rien ne permet de
démanteler le consensus. Trop occupés à gérer
leurs petites boutiques, les partis, les syndicats et les associations
dites progressistes restent aveugles et muets. La Lettre anti-olympique
n°3 l’a bien prouvé : elle est un plagiat revendiqué
d’un article de l’historien Zeev Sternhell intitulé
« Sur le fascisme et sa variante française »
paru dans la revue « Le Débat » en novembre 1984.
Le mot fascisme a été remplacé par le mot sportisme
ou olympico-sportisme sans soulever ni l’indignation ni l’appétit
de connaissance.
Les deux commandements de la majorité des médias,
partis politiques, syndicats, associations sont simples et se résument
ainsi : soit ils ignorent le travail des sociologues critiques en
ne répondant à aucune de leurs questions et en jugeant
négligeable (par mépris des choses du corps) un phénomène
social de masse ; soit ils traitent les sociologues critiques d’extrémistes
en faisant preuve d’une rare intolérance
Des exemples ?
Le Mouvement Critique du Sport interroge les syndicats représentatifs
(CGT, CFDT), des partis politiques (PS, PC) et différents
organismes (Croix Rouge, Secours Populaire, etc.) sur leur soutien
à la candidature de Paris 2012. Aucune réponse.
Le Mouvement Critique du Sport interroge certains journaux dits
de gauche ou d’extrême gauche sur leur silence ou, au
mieux, sur leur timide refus des Jeux de Paris (et non de l’Olympisme).
Aucune réponse. Le journaliste économique de Charlie
Hebdo a signé avec deux élus verts un article dans
Le Monde qui aurait pu lancer le débat. Questionné,
il n’a pas souhaité engager la discussion !
Le Mouvement Critique du Sport interroge des militants associatifs
dits « progressistes ou d’avant-garde » (!) sur
leur aveuglement face à l’importance sociale du spectacle
sportif et de la « doctrine philosophico-religieuse »
chère à Coubertin. Aucune réponse. Seule ATTAC
a organisé une réunion en janvier sans chercher réellement
à approfondir le thème du sport et de l’Olympisme
mais en programmant la prochaine en juin (pourquoi pas après
le 6 juillet ?) !
La liste est loin d’être exhaustive…
Quand le silence est brisé, c’est souvent l’ignorance,
l’hypocrisie ou pire l’injure qui intervient. «
Vous exagérez » nous disent ceux qui n’ont jamais
lu une ligne de Coubertin et jamais parcouru l’histoire de
l’Olympisme. Etre contre les Jeux c’est être contre
la beauté, la fraternité, la santé, la loyauté,
l’amitié, la paix, l’éthique, l’éducation
! Il n’y a en effet que des extrémistes qui peuvent
s’opposer à ces valeurs (l’objectif des apôtres
de l’Olympisme est de faire croire que ces valeurs sont réellement
véhiculées par le sport, et la propagande permet d’atteindre
ledit objectif !) Oui, l’injure et l’hypocrisie remplacent
le débat argumenté, l’échange de points
de vue.
Nous voulons dialoguer, nous disons d’où nous parlons,
nous sommes qualifiés d’engagés et d’extrémistes
et « excommuniés ».
Nos « adversaires théoriques » passent en force,
circonscrivent le débat aux frontières qu’ils
ont eux-mêmes fixées, refusent la confrontation des
opinions, masquent leur parti pris, ont la majorité des médias
à leur service, et ils apparaissent ainsi comme de doux agneaux
neutres et impartiaux.
Devant silence, aveuglement, refus de savoir, et paraphrasant
l’excellent texte d’Alain Accardo, « De notre
servitude involontaire », nous affirmons :
- Qu’en sport, on ne peut pas parler d’un débat
en trompe-l’œil puisqu’il n’y a pas de débat.
- Que limiter l’analyse du système sportif à
ce qu’il montre c’est ignorer tout ce qu’il occulte
et est loin d’être secondaire.
- Que quand bien même le pouvoir sportif changerait de mains,
le sport ne changerait pas de logique.
- Que le sport ne pourrait pas fonctionner sans un « esprit
du sport » c’est-à-dire sans une adhésion
subjective des individus, y compris celle des non-sportifs. De même
qu’il y a un « esprit du capitalisme », il y a
un « esprit du sport » qui engage au-delà idées
conscientes les aspects les plus profonds de la personnalité.
Le sport secrète ce consensus subjectif et donc la légitimité
dont il a besoin.
- Que parler d’incorporation du système sportif n’est
pas une simple métaphore. Les déterminations socio-sportives
que nous intériorisons deviennent véritablement chair
et sang. Le sport comme tout le social s’incarne en chaque
individu et ses déterminations une fois incorporées
jouent par rapport à notre façon d’être
au monde le même rôle indispensable que nos os et nos
tendons jouent dans notre locomotion.
- Que le système sportif fonctionne peu à la coercition
car il a façonné durablement corps et esprits.
- Que l’adhésion sportive (et son contraire, le refus
de voir le sport comme fait social total) c’est cette transformation
d’une nécessité d’origine externe en disposition
personnelle à agir (ou ne pas agir) spontanément dans
une logique donnée.
Les sportifs et les non-sportifs sont disposés à
faire fonctionner le système de leur plein gré en
assurant ainsi sa longévité. Plus leur adhésion
(ou leur refus aveugle) est spontanée, moins ils ont besoin
de réfléchir pour obéir, et mieux le système
sportif se porte.
________
Une raison supplémentaire de dire
NON au Traité établissant une Constitution pour l’Europe*
Beaucoup d’arguments ont été avancés
pour dire NON à la ratification du Traité établissant
une Constitution européenne. On en trouve par exemple une
belle synthèse - à travers divers articles et un diaporama
- sur le site de Jean-Marie Harribey.
Il est un passage du texte qui intéresse plus particulièrement
le Mouvement Critique du Sport. Dans la partie III – Les politiques
et le fonctionnement de l’Union, le Chapitre V comprend une
section 5 intitulée – Education, jeunesse, sport et
formation professionnelle (rien que ça !).
On peut lire article III-282 :
« L’action de l’Union vise :
- à développer la dimension européenne du
sport, en promouvant l’équité et l’ouverture
dans les compétitions sportives et la coopération
entre les organismes responsables du sport, ainsi qu’en protégeant
l’intégrité physique et morale des sportifs
notamment des jeunes sportifs ».
Quel charabia, à l’image de tout le texte !
Que veut dire « dimension européenne du sport »
à l’heure où les sportifs (les défenseurs
de l’Olympisme les premiers) n’ont que le mot universalité
(fête universelle du monde entier !) à la bouche ?
Que signifie la phrase « en promouvant l’équité
et l’ouverture dans les compétitions …»
? Quiconque a la réponse peut nous la communiquer.
Quel sens a l’accumulation d’idéaux et de vœux
pieux (égalité, loyauté, santé, etc.)
quand on les sépare de leurs conditions sociales concrètes
à savoir la compétition généralisée
?
Ceux qui se battent avec force contre cette Constitution libérale
ne doivent pas oublier que le sport est le modèle-type de
la « concurrence libre et non faussée » : la
guerre du chacun contre chacun, sans tricherie, sans violence et
sans dopage !
Un dernier mot : dans Le Figaro du 5 mai, Guy Drut, député
UMP et accessoirement ancien champion olympique qui a très
longtemps affirmé que le sport n’est pas politique,
écrit un article au titre clair : « Pour les sportifs
c’est oui ! ». Un article insipide, où s’amassent
les arguments d’autorité et des formules d’une
rare platitude du genre : « Le Traité (…) représente
un bond en avant pour le monde sportif : un bond social et citoyen
». Venant aujourd’hui de Drut (et d’autres comme
Douillet) comme des joueurs du Real Madrid hier (Zidane compris),
l’appel au vote OUI est sans surprise quand on sait qu’une
très large majorité des sportifs de haut niveau sont
de droite.
____
* Cette question n’ayant pas été débattue
au sein du Mouvement Critique du Sport, elle n’engage que
l’auteur de ces lignes - Michel Caillat.
Tout renseignement au Mouvement Critique du Sport :
E-Mail : critique.sport@libertysurf.fr
téléphone : 02.38.42.00.08
site : http//mouvement.critique.du.sport.chez.tiscali.fr
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