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Origine : http://www.afrik.com/article6273.html
Les homosexuelles noires habitant dans les townships subissent de
graves traumatismes, liés aux agressions verbales et physiques
dont elles sont victimes quotidiennement. C’est ce qui ressort
d’une étude de deux chercheuses sud-africaines. La
première du genre à donner la parole à cette
communauté humiliée.
Helena Hewat et Marlene Arndt, deux chercheuses de la Rand Afrikaans
University, ont étudié pendant un an la situation
des homosexuelles noires sud-africaines. Pour la première
fois, cette communauté silencieuse a pu exprimer ses peurs
et ses angoisses. Les universitaires ont choisi de suivre seize
femmes dans différents townships des banlieues de Johannesburg.
Leur document final, baptisé Les expériences du stress
et du traumatisme : les lesbiennes noires en Afrique du Sud, parle
des violences subies par cette catégorie de femmes.
Battues, humiliées, ostracisées, victimes de viols
(souvent collectifs) pour les forcer à " redevenir normales
" et " à se comporter en vraies femmes "...
les lesbiennes noires ont fini par se stigmatiser elles-mêmes,
trouvant la cause de leurs malheurs dans leur orientation sexuelle
et acceptant leur sort. Ainsi les témoignages de plusieurs
femmes recueillis par les chercheuses montrent à quel point
les victimes sont résignées. " En tant que lesbienne,
vous êtes une pécheresse. Les femmes sont censées
être avec des hommes". "Dans la culture africaine,
l’homosexualité est considérée comme
une maladie. " Et pour ce qui concerne les viols : " Je
parlais avec un homme qui voulais sortir avec moi, témoigne
l’une des femmes. Je lui ai dit que je n’aimais pas
les hommes. Il n’a pas compris alors il m’a violée.
" " Les hommes qui nous violent veulent nous changer.
"
Le règne de la violence
" Les femmes que nous avons rencontrées sont constamment
sous l’emprise du stress car elles ne sont pas acceptées
au sein de leur propre culture. Il est évident qu’elles
vivent dans la peur permanente d’être attaquées
et de subir des préjudices ", indique Helene Hewat.
Cette dernière a souhaité, avec sa collègue,
" rendre visible cette sous-culture jusqu’ici invisible
afin que les femmes noires lesbiennes puissent avoir accès
à des structures qui peuvent les soutenir ". Des structures
comme le Lesbian and Gay Equality Project, basé à
Johannesburg. Celui-ci se bat pour assurer l’accès
à la justice aux lesbiennes noires victimes de violences
et tente de sensibiliser les populations pour enrayer les comportements
homophobes.
" Les femmes noires lesbiennes sont confrontées à
la violence à la maison, à l’école, dans
les lieux d’apprentissage et même dans la rue. Cette
violence est autant le fait des membres de leur famille que des
autres membres de leur communauté. Pour nombre d’entre
elles, la violence fait partie intégrante de leur vie quotidienne.
Elle les blesse dans leur chair et dans leur âme et encore
plus lorsque celle-ci n’est pas immédiatement visible
", explique Wendy Isaack, avocate du Lesbian and Gay Equality
Project.
" Maladie de Blanc "
Cette association explique la victimisation des lesbiennes noires
par le fait, tout d’abord, qu’elles soient " femmes
avant d’être lesbiennes ". " La femme noire
dans ce pays, vit au milieu de la violence. L’histoire de
la femme noire en Afrique du Sud n’est faite que de dépendance
économique, de manque d’éducation et de respect,
de racisme ", regrette Wendy Isaack. " Cette violence
que la femme noire rencontre au sein d’institutions comme
la police ou la justice, ainsi que dans le secteur de la santé,
est aggravée par le fait d’être lesbienne. "
Deuxième fait : l’homosexualité est perçue
dans les milieux noirs sud-africains comme " une maladie de
Blanc ", notent les chercheuses dans leur rapport. " Les
Noirs considèrent le fait d’être homosexuel comme
une attaque à la culture africaine et à la tradition.
Ce n’est pas chrétien, ce n’est pas africain...
" renchérit Wendy Isaack. " Le cas des lesbiennes
noires doit donc être appréhendé à travers
cette donnée. Car comme dans beaucoup d’autres pays,
de nombreux Sud-Africains sont homophobes. "
Contre les crimes racistes
Pour faire évoluer la situation, le Lesbian and Gay Equality
Project cherche à faire adopter un arrêté de
justice régissant la promotion de l’égalité
et la prévention de la discrimination. " Nous espérons
aussi faire passer une loi pour punir plus lourdement les personnes
coupables de hate crimes (crimes poussés par la haine de
l’autre pour son appartenance ethnique, religieuse ou son
orientation sexuelle, ndlr). Pour le moment, la justice ne fait
pas de différence entre les crimes commis par haine et les
autres, à cause de tous les problèmes de racisme,
de sexisme, d’homophobie et de xénophobie que connaît
le pays. "
Si ce texte est adopté, il constituera sans conteste un
premier pas pour combattre la discrimination dont sont victimes
les femmes noires en Afrique du Sud. Et plus encore les homosexuelles.
Visiter le site du Lesbian and Gay Equality Project.
http://www.equality.org.za/
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