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Lesbiennes et sida
Susie Bright,
Extrait de « Susie Sexpert's Lesbian Sex World »
Marie-laure pour la traduction,
Françoise pour la diffusion


Message Internet
Date : 7 Juillet 2002
Objet : Lesbiennes et sida

Quand j'aborde la problématique des rapports sexuels protégés [sexe sécuritaire - safe sex], la plupart des lesbiennes ont une expression sur le visage comme si quelqu'une avait poussé un bol d'épinards froids sous leur nez ! J'ai un point de vue tout à fait différent concernant le sexe protégé : je le vois comme une introduction à la diversité sexuelle qui ira bien au delà de l'épidémie du sida. Après tout, si vous apprenez une nouvelle façon d'être excitée et de vous envoyer en l'air comme vous ne l'aviez jamais rêvé auparavant, vous n'allez pas remettre votre nouvelle méthode dans le tiroir seulement parce qu'un vaccin a été trouvé ! Quelques unes des pratiques sexuelles que nous lesbiennes expérimentons depuis fort longtemps sont « sécuritaires » : les frottements et le vibromasseur par exemple. Mais je souhaiterais aller au coeur de la question des accessoires sexuels les moins reconnus du sexe protégé : les préservatifs, les gants de latex et la très mésestimée digue dentaire.

Les préservatifs sont les articles les plus pratiques depuis la tasse à café jetable. Quiconque qui a déjà échangé un gode ou un vibromasseur sait à quel point il est facile d'attraper une infection de levure, sans parler de l'herpès ou du sida. D'habitude nous sortons du lit et lavons nos objets sexuels entre chaque utilisation. Mais nous pouvons aussi avoir des préservatifs sur la table de nuit, près du tube de lubrifiant et en dérouler un au moment opportun. Avant d'enfiler le jouet dans un autre orifice, vous le déshabillez du préservatif utilisé et vous en glissez un nouveau. Pas de chichi, pas de sortie du lit et pas de gode en train de bouillir dans la marmite à spaghettis.
Quand j'ai fait une animation sur les gants de latex à Denver, quelques unes des femmes présentes dans le public sont devenues toutes rouges dès que j'ai glissé ma main dans un gant. Elles ont apparemment vécu la douce et délicieuse expérience d'être baisées par une main gantée.

Le latex est si sensible que celle qui le porte ressent chaque parcelle de chaleur et d'humidité de son amante, pendant que l'autre partenaire reçoit toute la pression nécessaire sans égratignure et sans coin rugueux. Quand j'utilise le latex pour une pénétration avec mes doigts ou avec ma main, je suis à chaque fois stupéfaite d'extraire ma main du gant et de la trouver sèche - je ressentais le lubrifiant si proche de moi. Ce que j'aime [je ronge mes ongles d'une façon maladive] c'est que les jus de mon amante ne me cuisent plus le bout des doigts. Et plus de bouts de doigts tous ratatinés. En un mot, je me réjouirai toujours d'utiliser les gants de latex ! Bon, maintenant, parlons de la chose pour laquelle tout le monde semble si crispée : la digue dentaire en latex. Et bien je vais mettre les pendules à l'heure une bonne fois pour toutes. Les digues ne sont pas seulement faciles pour l'orgasme à la manière traditionnelle [cunnilingus], mais vous pouvez poursuivre des ravissements buccaux que vous n'aviez jamais imaginés. Merci à ce petit rectangle de satisfactions sexuelles.

La technique Gourmet n°1 est une succion sous vide du clitoris. Étirez votre digue sur la vulve de votre amante. Avec votre langue partez à la recherche de son clitoris et du capuchon. Maintenant, pincez vos lèvres autour de cette petite partie et aspirez une minuscule bulle de latex. Cela va créer un délicieux effet sous vide sur le clitoris en dessous. En fait, vous pouvez sucer des bulles partout, mais je suis une fan de la stimulation directe et je préfère la bulle du clit.

Le secret des digues c'est que leur vrai effet est dévoilé au cours du sexe anal. Avec une digue en place, vous pouvez vous laissez aller avec le même enthousiasme que vous réservez ordinairement pour embrasser les bébés. Je trouve intéressant qu'un manuel sexuel classique recommande toujours des lavements et un nettoyage consciencieux avant de pratiquer un anulingus.
Mais en pratique, avant le sida, la plupart des femmes évitaient de manger des selles en prenant bien garde d'approcher de trop près l'anus de leur amante ; ou alors elles se résignaient à prendre un petit risque tout en profitant de ce doux et chaud coup de langue que tout anus implore. De nos jours, avec la terrible perspective du sida, la plupart ont juré de ne plus le pratiquer à moins qu'elles ne soient dans une relation monogame à long terme.

Puis est arrivée la digue dentaire. Avec des digues, vous pouvez éviter la douche d'une heure, oublier le lavement intestinal, mettre en conserve la monogamie et simplement mettre vos inhibitions dans le vide à ordures ! Avec un rectangle de latex sur l'anus de votre amante, vous pouvez lécher, mâchonner, explorer et vous en donner à coeur-joie.
J'ai gardé le meilleur pour la fin. Depuis que je suis au jardin d'enfants, on m'a mise en garde que l'on ne doit pas déplacer sa bouche de l'anus vers la vulve afin d'éviter une infection. Sens interdit. Faites demi-tour.
Comme une bonne petite fille que j'étais, j'ai adapté mes habitudes sexuelles pour éviter ces deux étapes tabous.
Mais écoutez ça ! : avec une digue de latex étirée verticalement de l'anus au vagin, vous pouvez joyeusement donner un long coup de langue du bas vers le haut sans flancher. La sensation est super ! Vous avez du mal à réaliser que vous prenez votre pied avec ! Vous avez du mal à croire que ceci est appelé sexe protégé ! Oui il existe une ligne infranchissable par les maladies sexuellement transmissibles, et on la trouve même au parfum de menthe. Longue vie en latex.


Extrait de « Susie Sexpert's Lesbian Sex World » de Susie Bright, Cleis Press Susie Bright est la rédactrice en chef de « On Our Backs », le magazine de la lesbienne aventurière.


Merci à Marie-laure de Rennes pour la traduction, Françoise de Lyon pour la diffusion.