Origine http://www.scom.ulaval.ca/Au.fil.des.evenements/2004/03.11/leaders.html
Pour être un bon leader, il faut d'abord être soi-même...
mais il faut aussi adopter les comportements attendus d'un chef.
Voilà le message qui se dégage de la table ronde présentée
le 19 février par la Chaire CRSNG/Alcan pour les femmes en
sciences et génie au Québec. À cette occasion,
une soixantaine d'étudiantes des facultés des Sciences
et de génie, de Foresterie et de géomatique et des
Sciences de l'agriculture et de l'alimentation étaient venues
entendre les témoignages de trois scientifiques qui ont appris,
sur le terrain des hommes, comment exercer leur leadership.
Pour Mary Williams, directrice générale de l'Institut
de dynamique marine du Conseil national de recherche du Canada et
co-auteure de l'ouvrage Becoming Leaders, les femmes doivent chasser
de leur esprit l'idée qu'un leader doit forcément
et férocement ressembler à George W. Bush ou à
un pdg de multinationale. "Pour être un leader, il faut
tout simplement trois choses, a-t-elle fait valoir. D'abord, il
faut avoir une vision personnelle et inspirante de notre organisation.
Ensuite, il faut avoir des valeurs que l'on exprime par nos décisions.
Enfin, il faut avoir le courage de sortir de sa zone de confort,
d'exprimer de nouvelles idées, de prendre des décisions
et de faire ce qu'il faut."
Connais-toi toi-même
Lorsque l'ingénieure Fanny Truchon a été catapultée
à la direction du service de maintenance de l'usine de Procter
& Gamble à Belleville en Ontario, elle s'est imposée
l'obligation de se lever 30 minutes plus tôt chaque matin
pour écouter les nouvelles du sport à RDS. "Je
pensais qu'en discutant sport, je pourrais me rapprocher des 206
employés masculins qui formaient le service, a-t-elle avoué.
Je l'ai fait pendant trois mois et ça n'a rien donné."
Le déclic s'est plutôt produit après un entretien
avec un employé dont l'enfant était malade. Elle l'a
écouté pendant une heure et elle lui a proposé
de réaménager son horaire de travail, et du coup celui
de quelques-uns de ses confrères, pour l'aider à traverser
ces moments difficiles. "C'est là que j'ai réalisé
que je n'avais pas à être quelqu'un d'autre pour occuper
un poste de direction. Il faut tout simplement retourner à
ses valeurs, bien connaître ses forces et capitaliser là-dessus."
Savoir convaincre
Sophie D'Amours en a appris un bout sur le leadership depuis qu'elle
dirige For@c, un consortium qui regroupe 14 partenaires intéressés
par la gestion du changement en industrie forestière. Cette
professeure du Département de génie mécanique
de l'Université Laval a dû faire le tour du Canada
avec sa petite valise pour convaincre les entreprises et les organismes
subventionnaires d'investir les 9,5 M$ nécessaires au projet.
"Les femmes ont souvent de la difficulté à s'assumer
comme leader, admet-elle. C'est un travail à long terme et
on ne développe pas cette habilité du jour au lendemain."
Le milieu universitaire présente quelques particularités
pour l'exercice du leadership, a-t-elle souligné au passage.
"La hiérarchie est floue ce qui nous force à
faire continuellement appel à nos talents de mobilisateur.
De plus, comme la recherche coûte très cher, il faut
s'organiser en équipe. D'ailleurs, un bon leader recherche
l'influence de son équipe."
Agir en leader
Etre soi-même, avoir une vision de l'entreprise et affirmer
ses valeurs ne constitue que la première étape du
voyage qui conduit au leadership. "Il faut croire en soi comme
leader et se comporter comme tel, conseille Mary Williams. Il faut
parler comme un leader, adopter une posture de leader et marcher
comme un leader."
Pour réussir, il ne suffit pas d'avoir des connaissances,
a souligné Fanny Truchon. "La plupart des entreprises
préfèrent s'en remettre à des sous-contractants
pour les questions technologiques. Ce que les employeurs recherchent,
ce sont des agents de changement. La valeur d'une idée compte
pour à peine 20 % de son succès; le reste repose sur
la capacité à convaincre les gens. Vos connaissances
technologiques vous donnent un droit de passage, mais c'est votre
leadership qui fera la différence."
Sophie D'Amours a conclu en rappelant tout le chemin parcouru par
les femmes depuis quelques décennies. "Des femmes ont
ouvert le chemin pour nous et elles ont prouvé que nous pouvions
assumer des postes de direction. Le défi maintenant est de
faire accepter nos styles de leadership."
JEAN HAMANN
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