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Origine : http://rebellyon.info/Le-Programme-anarchiste-de.html
« Nous croyons que la plus grande partie des maux qui
affligent les hommes découle de la mauvaise organisation
sociale ; et que les hommes, par leur volonté et leur savoir,
peuvent les faire disparaître. »
En 1920 Errico Malatesta (1853-1932), écrit pour l’Union
Anarchiste Italienne (U.A.I.) un texte intitulé « Le
programme anarchiste ». Près d’un siècle
plus tard le texte reste une des déclarations de principes
les plus abouties du mouvement libertaire et réserve encore
au lecteur la surprise d’une volonté de révolte
toujours aussi forte.
Évidemment ce texte, qui a plus de 90 ans, ne mérite
pas d’être pris au pied de la lettre. La société
dans laquelle il a été produit, comme les idées
de son auteur ne correspondent ni à la société
actuelle, ni aux évolutions et à la diversité
des mouvements anti-autoritaires contemporains.
Publié sur Rebellyon, il aurait pu entrer naturellement
dans la rubrique « mémoire » et n’être
vu que comme une pièce d’histoire des mouvements libertaires.
Il me semble toutefois qu’il en reste quelque chose d’intemporel
et d’universel qui, au delà de la distance qui nous
sépare de son auteur et de ses luttes, montre à voir
une aspiration révolutionnaire qui n’est pas si éloigné
des nôtres, de nos luttes et de notre volonté de changement
social.
T.
Sommaire :
- 1. Ce que nous voulons.
- 2. Voies et moyens.
- 3. La lutte économique.
- 4. La lutte politique.
- 5. Conclusion.
Le programme anarchiste (1920)
1. Ce que nous voulons.
Nous croyons que la plus grande partie des maux qui affligent les
hommes découle de la mauvaise organisation sociale ; et que
les hommes, par leur volonté et leur savoir, peuvent les
faire disparaître.
La société actuelle est le résultat des luttes
séculaires que les hommes se sont livrées entre eux.
Ils ont méconnu les avantages qui pouvaient résulter
pour tous de la coopération et de la solidarité. Ils
ont vu en chacun de leurs prochains (sauf tout au plus les membres
de leur famille) un concurrent et un ennemi. Et ils ont cherché
à accaparer, chacun pour soi, la plus grande quantité
de jouissances possible, sans s’occuper des intérêts
d’autrui.
Dans cette lutte, naturellement, les plus forts et les plus chanceux
devaient vaincre, et, de différentes manières, exploiter
et opprimer les vaincus.
Tant que l’homme ne fut pas capable de produire plus que
le strict nécessaire à sa survivance, les vainqueurs
ne pouvaient que mettre ne fuite et massacrer les vaincus, et s’emparer
des aliments récoltés.
Ensuite - lorsque, avec la découverte de l’élevage
et de l’agriculture, un homme sut produire davantage qu’il
ne lui fallait pour vivre - les vainqueurs trouvèrent plus
commode de réduire les vaincus au servage et de les faire
travailler pour eux.
Plus tard, les vainqueurs trouvèrent plus avantageux, plus
efficace et plus sûr d’exploiter le travail d’autrui
par un autre système : garder pour soi la propriété
exclusive de la terre et de tous les instruments de travail, et
accorder une liberté apparente aux déshérités.
Ceux-ci n’ayant pas les moyens de vivre, étaient contraints
à recourir aux propriétaires et à travailler
pour eux, aux conditions qu’ils leur fixaient.
Ainsi peu à peu, à travers un réseau compliqué
de luttes de toute sorte, invasions, guerres, rébellions,
répressions, concessions faites et reprises, association
des vaincus unis pour se défendre, et des vainqueurs pour
attaquer, on est arrivé à l’état actuel
de la société, où quelques hommes détiennent
héréditairement la terre et toutes les richesses sociales,
pendant que la grande masse, privée de tout, est frustrée
et opprimée par une poignée de propriétaires.
De ceci dépend l’état de misère où
se trouvent généralement les travailleurs, et tous
les maux qui en découlent ; ignorance, crime, prostitution,
dépérissement physique, abjection morale, mort prématurée.
D’où la constitution d’une classe spéciale
(le gouvernement) qui, pourvue des moyens matériels de répression,
a pour mission de légaliser et de défendre les propriétaires
contre les revendications des prolétaires. Elle se sert ensuite
de la force qu’elle possède, pour s’arroger des
privilèges et soumettre, si elle le peut, à sa suprématie
même la classe des propriétaires. D’où
la formation d’une autre classe spéciale (le clergé)
qui par une série de fables sur la volonté de dieu,
sur la vie future, etc., cherche à amener les opprimés
à supporter docilement l’oppresseur et qui, tout comme
le gouvernement, sert les intérêts des propriétaires
mais aussi les siens propres. D’où la formation d’une
science officielle qui est, en tout ce qui peut servir les intérêts
des dominateurs, la négation de la science véritable.
D’où l’esprit patriotique, les haines de races,
les guerres et les paix armées, plus désastreuses
encore, peut-être, que les guerres elles-mêmes. D’où
l’amour transformé en marché ignoble. D’où
la haine plus ou moins larvée, la rivalité, la défiance,
l’incertitude et la peur entre les êtres humains.
Nous voulons changer radicalement un tel état de choses.
Et puisque tous ces maux dérivent de la recherche du bien-être
poursuivie par chacun pour soi et contre tous, nous voulons leur
donner une solution en remplaçant la haine par l’amour,
la concurrence par la solidarité, la recherche exclusive
du bien-être par la coopération, l’oppression
par la liberté, le mensonge religieux et pseudo-scientifique
par la vérité.
Par conséquent :
1) Abolition de la propriété privée de la
terre, des matières premières et des instruments de
travail - pour que personnes n’ait le moyen de vivre en exploitant
le travail d’autrui, - et que tous, assurés des moyens
de produire et de vivre, soient véritablement indépendants
et puissent s’associer librement les uns les autres, dans
l’intérêt commun et conformément à
leurs affinités personnelles.
2) Abolition du gouvernement et de tout pourvoir qui fasse la loi
pour l’imposer aux autres : donc abolition des monarchies,
républiques, parlements, armées, polices, magistratures
et de toute institution ayant des moyens coercitifs.
3) Organisation de la vie sociale au moyen des associations libres,
et des fédérations de producteurs et consommateurs,
créées et modifiées selon la volonté
des membres, guidées par la science et l’expérience,
et dégagées de toute obligation qui ne dériverait
pas des nécessités naturelles, auxquelles chacun se
soumet volontiers, lorsqu’il en a reconnu le caractère
inéluctable.
4) Garantie des moyens de vie, de développement, de bien-être
aux enfants et à tous ceux qui sont incapables de pourvoir
à leur existence.
5) Guerre aux religions, et à tous les mensonges, même
s’ils se cachent sous le manteau de la science. Instruction
scientifique pour tous, jusqu’au degrés les plus élevés.
6) Guerre au patriotisme. Abolition des frontières, fraternité
entre tous les peuples.
7) Reconstruction de la famille, de telle manière qu’elle
résulte de la pratique de l’amour, libre de toute chaîne
légale, de toute oppression économique ou physique,
de tout préjugé religieux.
Tel est notre idéal.
2. Voies et moyens.
Nous avons exposé jusqu’à présent quel
est le but que nous voulons atteindre, l’idéal pour
lequel nous luttons.
Mais il ne suffit pas de désirer une chose : si on veut
l’obtenir, il faut certainement employer les moyens adaptés
à sa réalisation. Et ces moyens ne sont pas arbitraires
: ils dérivent nécessairement des fins que l’on
se propose et des circonstances dans lesquelles on lutte. En se
trompant sur le choix des moyens, on n’atteint pas le but
envisagé, mais on s’en éloigne, vers des réalités
souvent opposées, et qui sont la conséquence naturelle
et nécessaire des méthodes que l’on emploie.
Qui se met en chemin et se trompe de route, ne va pas où
il veut, mais où le mène le chemin qu’il a pris.
Il faut donc dire quels sont les moyens qui, selon nous, conduisent
à notre idéal, et que nous entendons employer.
Notre idéal n’est pas de ceux dont la pleine réalisation
dépend de l’individu considéré isolément.
Il s’agit de changer la manière de vivre en société
: d’établir entre les hommes des rapports d’amour
et de solidarité, de réaliser la plénitude
du développement matériel, moral et intellectuel,
non pour un individu isolé, non pour les membres d’une
certaine classe ou d’un certain parti, mais pour tous les
êtres humains. Cette transformation n’est pas une mesure
que l’on puisse imposer par la force ; elle doit surgir de
la conscience éclairée et de chacun, pour entrer dans
les faits par le libre consentement de tous.
Notre première tâche doit dont être de persuader
les gens.
Il faut que nous attirions l’attention des hommes sur les
maux dont ils souffrent, et sur la possibilité de les détruire.
Il faut que nous suscitions en chacun la sympathie pour les souffrances
d’autrui, et le vif désir du bien de tous.
À qui a faim et froid, nous montrerons qu’il serait
possible et facile d’assurer à tous la satisfaction
des besoins matériels. À qui est opprimé et
méprisé, nous dirons comment on peut vivre heureusement
dans une société de libres et d’égaux.
À qui est tourmenté par la haine et la rancune, nous
indiquerons le chemin pour rejoindre l’amour de ses semblables,
la paix et la joie du cœur.
Et quand nous aurons réussi à répandre dans
l’âme des hommes le sentiment de la révolte contre
les maux injustes et inévitables, dont on souffre dans la
société actuelle, et à faire comprendre quelles
en sont les causes et comment il dépend de la volonté
humaine de les éliminer ; quand nous aurons inspiré
le désir vif et passionné de transformer la société
pour le bien de tous, alors les convaincus, par leur élan
propre et par la persuasion de ceux qui les ont précédés
dans la conviction, s’uniront et voudront et pourront mettre
en œuvre l’idéal commun.
Il serait - nous l’avons déjà dit - absurde
et en contradiction avec notre but de vouloir imposer la liberté,
l’amour entre les hommes, le développement intégral
de toutes les facultés humaines, par la force. Il faut donc
compter sur la libre volonté des autres, et la seule chose
que nous puissions faire est de provoquer la formation et la manifestation
de cette volonté. Mais il serait également absurde
et en contradiction avec notre but d’admettre que ceux qui
ne pensent pas comme nous, nous empêchent de réaliser
notre volonté, du moment que nous ne les privons pas du droit
à une liberté égale à la nôtre.
Liberté, donc, pour tous de propager et d’expérimenter
leurs propres idées, sans autres limites que celles qui résultent
naturellement de l’égale liberté de tous.
Mais à cela s’opposent par la force brutale les bénéficiaires
des privilèges actuels, qui dominent et règlent toute
la vie sociale présente.
Ils ont en main tous les moyens de production : ils suppriment
ainsi non seulement la possibilité d’appliquer de nouvelles
formes de vie sociale, le droit des travailleurs à vivre
librement de leur travail, mais aussi le droit même à
l’existence. Ils obligent les non-propriétaires à
se laisser exploiter et opprimer, s’il ne veulent pas mourir
de faim.
Les privilégiés ont les polices, les magistratures,
les armées, créées exprès pour les défendre
et poursuivre, incarcérer, massacrer les opposants.
Même en laissant de côté l’expérience
historique qui nous démontre que jamais une classe privilégiée
ne s’est dépouillée, en tout ou en partie, de
ses privilèges et que jamais un gouvernement n’a abandonné
le pouvoir sans y être obligé par la force, les faits
contemporains suffisent à convaincre quiconque que les gouvernements
et les bourgeois entendent user de la force matérielle pour
leur défense, non seulement contre l’expropriation
totale, mais contre les moindres revendications populaires, et qu’ils
sont toujours prêts à recourir aux persécutions
les plus atroces, aux massacres les plus sanglants.
Au peuple qui veut s’émanciper, il ne reste qu’une
issue : opposer la violence à la violence.
Il en résulte que nous devons travailler pour réveiller
chez les opprimés le vif désir d’une transformation
radicale de la société, et les persuader qu’en
s’unissant, ils ont la force de vaincre. Nous devons propager
notre idéal et préparer les forces morales et matérielles
nécessaires pour vaincre les forces ennemies et organiser
la nouvelle société. Lorsque nous aurons la force
suffisante, nous devrons, profitant des circonstances favorables
qui se produiront, ou les provoquant nous-mêmes, faire la
révolution sociale : abattre par la force le gouvernement,
exproprier par la force les propriétaires, mettre en commun
les moyens de subsistance et de production, et empêcher que
de nouveaux gouvernants ne viennent imposer leur volonté
et s’opposer à la réorganisation sociale faite
directement par les intéressés.
Tout cela est cependant moins simple qu’il ne le semble à
première vue. Nous avons à faire aux hommes tels qu’ils
sont dans la société actuelle, dans des conditions
morales et matérielles très défavorables ;
et nous nous tromperions en pensant que la propagande suffit à
élever au niveau de développement intellectuel et
moral nécessaire à la réalisation de notre
idéal.
Entre l’homme et l’ambiance sociale, il y a une action
réciproque. Les hommes font la société telle
qu’elle est, et la société fait les hommes tels
qu’ils sont, il en résulte une sorte de cercle vicieux
: pour transformer la société il faut transformer
les hommes, et pour transformer les hommes, il faut transformer
la société.
La misère abrutit l’homme et pour détruire
la misère, il faut que les hommes aient la conscience et
la volonté. L’esclavage apprend aux hommes à
être serviles, et pour se libérer de l’esclavage,
il faut des hommes aspirant à la liberté. L’ignorance
fait que les hommes ne connaissent pas les causes de leurs maux
et ne savent pas y remédier ; et pour détruire l’ignorance,
il faudrait que les hommes aient le temps et les moyens de s’instruire.
Le gouvernement habitue les gens à subir la loi et à
croire qu’elle est nécessaire à la société
; et pour abolir le gouvernement il faut que les hommes soient persuadés
de son inutilité et de sa nocivité.
Comment sortir de cette impasse ?
Heureusement, la société actuelle n’a pas été
formée par la claire volonté d’une classe dominante
qui aurait su réduire tous les dominés à l’état
d’instruments passifs et inconscients de leurs intérêts.
La société actuelle est la résultante de mille
luttes intestines, de mille facteurs naturels et humains agissant
au hasard, sans direction consciente ; et enfin, il n’y a
point de division nette, absolue, entre individus, ni entre classes.
Les variétés des conditions matérielles sont
infinies ; infinis les degrés de développement moral
et intellectuel. Il est même rare que le poste de chacun dans
la société corresponde à ses facultés
et à ses aspirations. Souvent des hommes tombent dans des
conditions inférieures à celles qui étaient
les leurs ; et d’autres, par des circonstances particulièrement
favorables, réussissent à s’élever au-dessus
du niveau où ils sont nés. Une partie notable du prolétariat
est déjà arrivés à sortir de l’état
de misère absolue, abrutissante, ou n’a jamais pu y
être réduite. Aucun travailleur, ou presque, ne se
trouve dans un état d’inconscience complète,
d’acquiescement total des conditions que lui font les patrons.
Et les institutions elles-mêmes, qui sont les produits de
l’histoire contiennent des contradictions organiques qui sont
comme des germes de mort, dont le développement amène
la dissolution de la structure sociale et la nécessité
de sa transformation.
Par là, la possibilité du progrès existe.
Mais non pas la possibilité de porter, au moyen de la seule
propagande, tous les hommes au niveau nécessaire pour que
nous puissions réaliser l’anarchie, sans une transformation
graduelle préalable du milieu.
Le progrès doit cheminer à la fois et parallèlement
chez les individus et dans le milieu social. Nous devons profiter
de tous les moyens, de toutes les possibilités, de toutes
les occasions que nous laisse le milieu actuel, pour agir sur les
hommes et développer leur conscience et leurs aspirations.
Nous devons utiliser tous les progrès réalisés
dans la conscience des hommes pour les amener à réclamer
et à imposer les plus grandes transformations sociales actuellement
possibles, ou celle qui serviront le mieux à ouvrir la voie
à des progrès ultérieurs.
Nous ne devons pas attendre de pouvoir réaliser l’anarchie
; et, en attendant, nous limiter à la propagande pure et
simple. Si nous faisons ainsi, nous aurons bientôt épuisé
notre champ d’action. Nous aurons convaincu, sans doute, tous
ceux qui, dans les circonstances du milieu actuel, sont susceptibles
de comprendre et d’accepter nos idées, mais notre propagande
ultérieure resterait stérile. Et, même si les
transformations du milieu élevaient de nouvelles couches
populaires à la possibilité de concevoir des idées
neuves, cela aurait lieu sans notre œuvre, voire contre, et
donc au préjudice de nos idées.
Nous devons chercher à ce que le peuple, dans sa totalité
et dans ses différentes fractions, réclame, impose
et réalise lui-même, toutes les améliorations,
toutes les libertés qu’il désire, à mesure
qu’il en conçoit le besoin, et qu’il acquiert
la force de les imposer. Ainsi, en propageant toujours notre programme
intégral et en luttant sans cesse pour sa réalisation
complète, nous devons inciter le peuple à prétendre
et à imposer toujours davantage, jusqu’à ce
qu’il parvienne à son émancipation définitive.
3. La lutte économique.
L’oppression qui aujourd’hui pèse le plus directement
sur les travailleurs, et qui est la cause principale de toutes les
sujétions morales et matérielles qu’ils subissent,
c’est l’oppression économique. Autrement dit,
c’est l’exploitation que les patrons et les commerçants
exercent sur le travail, grâce à l’accaparement
de tous les grands moyens de productions et d’échange.
Pour supprimer radicalement et sans retour possible cette exploitation,
il faut que le peuple, dans son ensemble, soit convaincu qu’il
possède l’usage des moyens de production, et qu’il
applique ce droit primordial en expropriant ceux qui monopolisent
le sol et la richesse sociale, pour la mettre à la disposition
de tous.
Mais, est-il possible de passer directement, sans degrés
intermédiaires, de l’enfer où vit aujourd’hui
le prolétariat au paradis de la propriété commune
? La preuve que le peuple n’en est pas encore capable, est
qu’il ne le fait pas. Que faire pour arriver à l’expropriation
?
Notre but est de préparer le peuple, moralement et matériellement,
à cette expropriation nécessaire ; d’en tenter
et d’en renouveler la tentative, autant de fois qu’une
secousse révolutionnaire nous en donne l’occasion,
jusqu’au triomphe définitif. Mais de quelle manière
pouvons-nous préparer le peuple ? De quelle manière
pouvons-nous réaliser les conditions qui rendront possible,
non seulement le fait matériel de l’expropriation,
mais l’utilisation à l’avantage de tous de la
richesse commune ?
Nous avons dit plus haut que la seule propagande, orale ou écrite,
est impuissante à conquérir à nos idées
toute la grande masse populaire. Il faut une éducation pratique,
qui soit tour à tour la cause et le résultat de la
transformation graduelle du milieu. Il faut faire se développer
peu à peu chez les travailleurs le sens de la rébellion
contre les sujétions et les souffrances inutiles, dont ils
sont victimes et le désir d’améliorer leurs
conditions. Unis et solidaires, ils luttent pour obtenir ce qu’ils
désirent.
Et nous comme anarchistes et comme travailleurs, nous devons les
inciter et les encourager à la lutte, et lutter avec eux.
Mais ces améliorations sont-elles possibles en système
capitaliste ? Sont-elles utiles du point de vue de la future émancipation
intégrale par la révolution ?
Quels que soient les résultats pratiques de la lutte pour
les améliorations immédiates, leur utilité
principale est dans la lutte elle-même. C’est par elle
que les travailleurs apprennent à défendre leurs intérêts
de classe, comprennent que les patrons et les gouvernants ont des
intérêts opposés aux leurs, et qu’ils
ne peuvent améliorer leurs conditions, encore moins s’émanciper,
autrement qu’en s’unissant entre eux et en devenant
plus forts que les patrons. S’ils réussissent à
obtenir ce qu’ils veulent, ils vivront mieux. Ils gagneront
davantage, ils travailleront moins, ils auront plus de temps et
de force pour réfléchir aux choses qui les intéressent
; et ils sentiront soudain des désirs et des besoins plus
grands. S’ils ne réussissent pas, ils seront conduits
à étudier les causes de leur échec et à
reconnaître la nécessité d’une plus grande
union, d’une plus grande énergie ; et ils comprendront
enfin que pour vaincre sûrement et définitivement,
il faut détruire le capitalisme. La cause de la révolution,
la cause de l’élévation morale des travailleurs
et de leur émancipation ne peuvent que gagner du fait que
les ouvriers s’unissent et luttent pour leurs intérêts.
Mais encore une fois, est-il possible que les travailleurs réussissent
dans l’état actuel des choses, à améliorer
réellement leurs conditions ?
Cela dépend du concours d’une infinité de circonstances.
Quoi qu’en disent quelques-uns, il n’existe aucune loi
naturelle (loi des salaires) qui détermine la part qui va
au travailleur sur le produit de son travail. Ou, si l’on
veut formuler une loi, elle ne pourrait être que la suivante
: le salaire ne peut descendre normalement au-dessous de ce qui
est nécessaire à la conservation de la vie, et ne
peut normalement s’élever au point de ne plus laisser
aucun profit au patron. Il est clair que, dans le premier cas, les
ouvriers mourraient, et ainsi ne recevraient plus de salaire ; et
que, dans le second cas, les patrons cesseraient de faire travailler
et par conséquent ne paieraient plus rien. Mais entre ces
deux extrêmes impossibles, il y a une infinité de degrés,
qui vont des conditions presque animales de beaucoup de travailleurs
agricoles, jusqu’à celle presque décentes des
ouvriers, dans de bons métiers, dans les grandes villes.
Le salaire, la longueur de la journée et toutes les autres
conditions de travail sont le résultat des luttes entre patrons
et ouvriers. Les premiers cherchent à donner aux travailleurs
le moins possible et à les faire travailler jusqu’à
épuisement complet ; les autres s’efforcent - ou devraient
s’efforcer - de travailler le moins possible et à gagner
le plus possible. Là où les travailleurs se contentent
de tout et, même mécontents, ne savent pas opposer
de résistance valable aux patrons, ils sont bientôt
réduit à des conditions de vie presque animale. Là,
au contraire, où ils ont une haute idée de ce que
devraient être les conditions d’existence des êtres
humains ; là où ils savent s’unir et, par le
refus du travail et la menace latente ou explicite de la révolte,
imposer que les patrons les respectent, là ils sont traités
d’une manière relativement supportable. Ainsi, on peut
dire que, dans une certaine mesure, le salaire est ce que l’ouvrier
exige, non en tant qu’individus, mais en tant que classe.
En luttant, donc, en résistant aux patrons, les salariés
peuvent s’opposer, jusqu’à un certain point,
à l’aggravation de leur situation ; et même,
obtenir des améliorations réelles. L’histoire
du mouvement ouvrier a déjà démontré
cette vérité.
Il ne faut cependant pas exagérer la portée de ces
luttes entre exploités et exploiteurs sur le terrain exclusivement
économique. Les classes dirigeantes peuvent céder,
et cèdent souvent, aux exigences ouvrières énergiquement
exprimées, tant qu’elles ne sont pas trop grandes.
Mais quand les salariés commencent - et il est urgent qu’ils
le fassent - à réclamer des augmentations telles qu’elles
absorberaient tout le profit patronal et constitueraient ainsi une
expropriation indirecte, il est certain que les patrons feraient
appel au gouvernement et chercheraient à ramener par la violence
les ouvriers aux conditions de tous les esclaves salariés.
Et avant, bien avant que les ouvriers puissent prétendre
à recevoir en compensation de leur travail, l’équivalent
de tout ce qu’ils ont produit, la lutte économique
devient impuissante à assurer un sort meilleur.
Les ouvriers produisent tout et sans leur travail, on ne peut vivre.
Il semble donc qu’en refusant de travailler, les travailleurs
pourraient imposer toutes leurs volontés. Mais l’union
de tous les travailleurs, même d’un seul métier,
même d’un seul pays, est difficilement réalisable
: à l’union des ouvriers s’oppose l’union
des patrons. Les premiers vivent au jour le jour, et, s’ils
font grève, ils manquent bientôt de pain. Les autres
disposent par l’argent de tout ce qui a été
produit ; ils peuvent attendre que la faim réduise les salariés
à leur merci. L’invention ou l’introduction de
nouvelles machines rend inutile le travail d’un grand nombre
de travailleurs, accroissant l’armée des chômeurs,
que la faim oblige à se vendre à n’importe quel
prix. L’immigration apporte soudain, dans les pays où
les conditions sont plus favorables, des foules de travailleurs
affamés qui, bon gré mal gré, donnent au patronat
le moyen de baisser les salaires. Et tous ces faits, dérivant
nécessairement du système capitaliste, réussissent
à contrebalancer le progrès de la conscience et de
la solidarité ouvrière. Souvent même, ils ont
un effet plus rapide que ce progrès qu’ils arrêtent
et détruisent. Ainsi il reste toujours ce fait primordial
que la production dans le système capitaliste est organisée
par chaque employeur pour son profit personnel, et non pour satisfaire
les besoins des travailleurs.
Le désordre, le gaspillage des forces humaines, la pénurie
organisée, les travaux nocifs et malsains, le chômage,
l’abandon des terres, la sous utilisation des machines, etc.,
sont autant de maux qu’on ne peut éviter qu’en
enlevant aux capitalistes les moyens de production, et par conséquent
la direction de la production.
Les ouvriers qui s’efforcent de s’émanciper
ou ceux qui ne cherchent qu’à améliorer vraiment
leurs conditions, doivent rapidement se défendre contre le
gouvernement, l’attaquer, car il légitime et soutient
par la force brutale le droit de propriété, il est
un barrage au progrès, barrage qu’il faut faire sauter,
si on ne veut pas rester indéfiniment dans les conditions
présentes ou d’autres, pires.
De la lutte économique, il faut passer à la lutte
politique, c’est-à-dire contre le gouvernement. Au
lieu d’opposer aux millions des capitalistes, les quelques
centimes réunis péniblement par les ouvriers, il faut
opposer aux fusils et aux canons qui défendent la propriété,
les moyens les meilleurs que le peuple trouvera pour vaincre la
force par la force.
4. La lutte politique.
Par la lutte politique, nous entendons la lutte contre le gouvernement.
Le gouvernement est l’ensemble des individus qui détiennent
le pouvoir de faire la loi et de l’imposer aux gouvernés,
c’est-à-dire au public.
Le gouvernement est la conséquence de l’esprit de
domination et de violence, que des hommes ont imposé à
d’autres, et en même temps, il est la créature
et le créateur des privilèges et aussi leur défenseur
naturel.
Il est faux de dire que le gouvernement remplit aujourd’hui
le rôle de protecteur du capitalisme, et qu’une fois
ce dernier aboli, il deviendrait le représentant et le gérant
des intérêts de tous. D’abord, le capitalisme
ne sera pas détruit tant que les travailleurs, s’étant
débarrassé du gouvernement, n’auront pas pris
possession de toute la richesse sociale et organisé eux-mêmes
la production et la consommation, dans l’intérêt
de tous, sans attendre que l’initiative vienne du gouvernement,
qui au demeurant en est incapable.
Si l’exploitation capitaliste était détruite,
et le principe gouvernemental conservé, alors, le gouvernement
en distribuant toutes sortes de privilèges ne manquerait
pas de rétablir un nouveau capitalisme. Ne pouvant contenter
tout le monde, le gouvernement aurait besoin d’une classe
économiquement puissante pour le soutenir, en échange
de la protection légale et matérielle qu’elle
recevrait de lui.
On ne peut pas abolir les privilèges et établir définitivement
la liberté et l’égalité sociale, sans
mettre fin au Gouvernement, et non à tel ou tel gouvernement,
mais à l’institution gouvernementale elle-même.
En cela comme pour tout ce qui concerne l’intérêt
général, et plus encore ce dernier, il faut le consentement
de tous. C’est pourquoi nous devons nous efforcer de persuader
les gens que le gouvernement est inutile et nuisible, et qu’on
vit mieux en s’en passant. Mais comme nous l’avons déjà
dit, la seule propagande est impuissante à atteindre tout
cela ; et si nous nous contentions de prêcher contre le gouvernement,
en attendant, les bras croisés, le jour où les gens
seraient convaincus de la possibilité et de l’utilité
d’abolir complètement toute espèce de gouvernement,
ce jour n’arriverait jamais.
En dénonçant toujours toute espèce de gouvernement,
en réclamant toujours la liberté intégrale,
nous devons favoriser tout combat pour des libertés partielle,
convaincus que c’est par la lutte qu’on apprend à
lutter. En commençant à goûter à la liberté,
on finit par la vouloir entièrement. Nous devons toujours
être avec le peuple ; et lorsque nous ne réussissons
pas à lui faire vouloir beaucoup, chercher à ce que,
du moins, il commence à exiger quelque chose. Et nous devons
nous efforcer à ce qu’il apprenne à obtenir
par lui-même ce qu’il veut - peu ou beaucoup -, et à
haïr et à mépriser quiconque est ou veut aller
au gouvernement.
Puisque le gouvernement détient aujourd’hui le pouvoir
de régler par des lois la vie sociale, d’élargir
ou de restreindre la liberté des citoyens ; et puisque nous
ne pouvons pas encore lui arracher ce pouvoir, nous devons chercher
à l’affaiblir et l’obliger à en faire
l’usage le moins dangereux possible. Mais cette action, nous
devons la mener toujours hors et contre le gouvernement, par l’agitation
dans la rue, en menaçant de prendre de force ce qu’on
réclame. Jamais nous ne devrons accepter une fonction législative,
qu’elle soit nationale ou locale, car ce faisant, nous diminuerions
l’efficacité de notre action et trahirions l’avenir
de notre cause.
La lutte contre le gouvernement consiste, en dernière analyse,
à la lutte physique et matérielle.
Le gouvernement fait la loi. Il doit donc disposer d’une
force matérielle (armée et police) pour imposer la
loi. Autrement, obéirait qui voudrait et il n’y aurait
plus de loi, mais une simple proposition, que chacun serait libre
d’accepter ou de refuser. Les gouvernements ont cette force
et s’en servent pour renforcer leur domination, dans l’intérêt
des classes privilégiées, en opprimant et en exploitant
les travailleurs.
La seule limite à l’oppression gouvernementale est
la force que le peuple se montre capable de lui opposer. Il peut
y avoir conflit, ouvert ou latent, mais il y a toujours conflit.
Car le gouvernement ne s’arrête devant le mécontentement
et la résistance populaire que lorsqu’il sent le danger
d’une insurrection.
Quand le peuple se soumet docilement à la loi, ou que la
protestation reste faible et platonique, le gouvernement prend ses
aises, sans s’occuper des besoins du peuple. Quand la protestation
est vive, insiste et menace, le gouvernement, selon son humeur,
cède ou réprime. Mais il faut toujours en arriver
à l’insurrection, parce que si le gouvernement ne cède
pas, le peuple finit par se rebeller ; et, s’il cède,
le peuple prend confiance en lui-même et exige toujours plus,
jusqu’à ce que l’incompatibilité entre
la liberté et l’autorité soit évidente
et déclenche le conflit.
Il est donc nécessaire de se préparer moralement
et matériellement pour que quand la lutte violente éclatera,
la victoire reste au peuple.
L’insurrection victorieuse est le fait le plus efficace pour
l’émancipation populaire, parce que le peuple, après
avoir rompu le joug, devient libre de se donner les institutions
qu’il croit les meilleures. La distance, qu’il y a entre
la loi (toujours retardataire) et le niveau de civisme auquel est
parvenue la masse de la population, peut-être franchie d’un
saut. L’insurrection détermine la révolution,
c’est-à-dire l’activité rapide des forces
latentes accumulées durant l’évolution précédente.
Tout dépend de ce que le peuple est capable de vouloir.
Dans les insurrections passées, le peuple, inconscient des
véritables causes de ses maux, a toujours voulu bien peu
et a obtenu bien peu.
Que voudra-t-il dans les prochaines insurrections ?
Cela dépend en grande partie de la valeur de notre propagande
et de l’énergie que nous saurons déployer.
Nous devrons inciter le peuple à exproprier les possédants
et à mettre en commun leurs biens, à organiser la
vie sociale lui-même, par des associations librement constituées,
sans attendre l’ordre de personne, à refuser de nommer
ou de reconnaître un gouvernement quelconque et tout corps
constitué (Assemblée, Dictature, etc.) qui s’attribuerait,
même à titre provisoire, le droit de faire la loi et
d’imposer aux autres leur volonté par la force.
Si la masse du peuple ne répond pas à notre appel,
nous devrons, au nom du droit que nous avons d’être
libres même si les autres veulent demeurer esclaves, et pour
montrer l’exemple, appliquer le plus possible nos idées
: ne pas reconnaître le nouveau gouvernement, maintenir vive
la résistance, faire que les communes, où nos idées
sont reçues avec sympathie, repoussent toute ingérence
gouvernementale et continuent à vivre à leur manière.
Nous devrons surtout nous opposer par tous les moyens à
la reconstitution de la police et de l’armée, et profiter
de toute occasion propice pour inciter les travailleurs à
utiliser le manque de forces répressives pour imposer le
maximum de revendications.
Quelle que soit l’issue de la lutte, il faut continuer à
combattre sans répit, les possesseurs, les gouvernants, en
ayant toujours en vue l’émancipation complète
économique et morale de toute l’humanité.
5. Conclusion.
Nous voulons donc abolir radicalement la domination et l’exploitation
de l’homme par l’homme. Nous voulons que les hommes,
unis fraternellement par une solidarité consciente, coopèrent
volontairement au bien-être de tous. Nous voulons que la société
soit constituée dans le but de fournir à tous les
moyens d’atteindre le même bien-être possible,
le plus grand développement possible, moral et matériel.
Nous voulons pour tous le pain, la liberté, l’amour
et la science.
Pour ce faire, nous estimons nécessaire que les moyens de
production soient à la disposition de tous et qu’aucun
homme, ou groupe d’hommes, ne puisse obliger les autres à
obéir à sa volonté ; ni à exercer son
influence autrement que par le raisonnement et l’exemple.
Donc : expropriation des détenteurs du sol et du capital
à l’avantage de tous et abolition du gouvernement.
En attendant : propagande de l’idéal ; organisation
des forces populaires ; combat continuel, pacifique ou violent,
selon les circonstances, contre le gouvernement et contre les propriétaires
pour conquérir le plus possible de liberté et de bien-être
pour tous.
Errico Malatesta.
Introduction de l’Edition de la NEFAC :
Malatesta fut chargé par la Commission de Correspondance
de l’ Union Anarchiste Italienne (U.A.I.) de rédiger
une « Déclaration de Principes », tâche
qu’il accepta. Au congrès de Bologne de l’U.A.I.
(1 au 4 juillet 1920), le texte qu’il avait rédigé,
Le Programme anarchiste, fut entièrement accepté par
le congrès et publié à Milan la même
année. Il faut noter qu’il ne s’agit pas en 1920
d’un texte absolument original. En effet Malatesta c’est
inspiré d’un programme qu’il avait publié
en 1899 à Paterson, aux États Unis, dans différent
numéros de La Question Sociale, texte qui fut repris en brochure
par le groupe « L’Avenir » à New London
en 1903, puis de nouveau en 1905 sous le titre de Notre programme.
La publication de 1920 ne fut cependant pas une reproduction textuelle.
Malatesta la corrigea, y apporta de sensibles modifications et y
ajouta ce que lui suggérèrent les circonstances contemporaines
et le caractère collectif qui devait être celui du
texte. Ce qui en fait donc un texte essentiellement nouveau. Le
premier paragraphe n’apparaît pas en 1920 mais les intertitres
sont par contre de cette époque.
Le texte fut traduit en plusieurs langues (espagnol, portugais,
chinois, anglais, français, etc.), généralement
sous le titre de Programme anarchiste, et jouit de nombreuses rééditions
depuis. La traduction que l’on présente aujourd’hui
fut établie en 1979 (et publié dans le recueil de
Israel Renoff) à partir du texte de 1903 réédité
à Turin, en 1963, comparé avec le texte de 1920. Les
traducteurs se sont aussi inspirer des versions du Bulletin International
de C.R.I.A., 1949, de Vicenzo Tascafonco et de Vernon Richards.
P.-S.
Lire aussi :
L’Anarchisme de Malatesta
suivi de 3 textes de Errico Malatesta : l’Anarchie, À
propos de Pierre Kropotkine et Réponse à la Plateforme
Daniel Colson, atelier de creation libertaire
De l’anarchiste italien Errico Malatesta (1853-1932) on retient
le partisan d’un anarchisme résolument politique –
au sens étroit et moderne du mot –, là où
les libertaires les plus conscients formeraient eux-aussi un parti
solidement organisé autour d’un projet et d’un
programme clairement définis. Cette perception n’est
pas fausse, mais elle est partielle et elle laisse sans doute échapper
l’essentiel du projet de Malatesta. C’est tout du moins
ce que ce livre voudrait établir. Deux choses principalement
: la façon dont Malatesta, comme tous les acteurs de cette
période, est conduit par sa pratique et son expérience,
à concevoir et affirmer une pensée politique et philosophique
; la façon dont cette pensée, bien loin de se cantonner
à telle ou telle vision particulière de l’anarchisme,
prend sens dans l’ensemble des idées et des pratiques
libertaires d’hier et d’aujourd’hui. Pour ce faire,
Daniel Colson a étudié plus particulièrement
trois textes essentiels de Malatesta, ici republiés intégralement
: l’Anarchie, À propos de Pierre Kropotkine et sa Réponse
à la Plateforme.
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