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En période de manifs, astuces pour se protéger des émanations de gaz
Face aux lacrymos, sortez couvert
par Jacky DURAND et Gilles WALLON QUOTIDIEN : jeudi 23 mars 2006

Origine : http://www.liberation.fr/page.php?Article=369186

A voir les ruées de manifestants, qui, ces temps-ci près de la Sorbonne, doivent réussir l'exploit de courir à toute vitesse, mais les yeux fermés, pour s'écarter des fumées blanches et trouver refuge dans les cafés ; à entendre les conseils paniqués ­ «frotte pas les yeux, frotte pas les yeux !!!» ­ lancés par les plus aguerris aux débutants en contestation, il fallait bien, un jour, répondre à cette question brûlante : «Comment me protéger des gaz lacrymogènes quand je reste un peu trop longtemps aux manifestations ?» Dont acte.

Gare à l'orthochloroben-zylidénémalononitrile / Citron.

En ouverture, et comme rien ne vaut les conseils des professionnels, on entendra ceux d'un CRS, vingt ans de maison, qui recommande de se masquer le nez et les yeux avec ce que l'on peut avoir sous la main : «Une écharpe, un cheiche.» Gérald, 21 ans, ex-occupant de la Sorbonne, au front tous les jours face aux forces de police, ajoute une petite astuce supplémentaire : «Avant les jets de grenades, tu presses un citron sur ton écharpe. L'acidité, ça filtre les gaz, et tu respires mieux.» Sur Internet, quelques variantes croquignolettes sont proposées comme celle-ci, sur le site de la Confédération nationale du travail (CNT anarchiste) : «Un foulard mouillé dans du vinaigre au cidre de pomme.» Notons aussi que, selon le CRS interrogé, les masques chirurgicaux sont très appréciés chez les forces de l'ordre. Reste, enfin, à ne pas s'affoler lors du jet des gaz : celui qui s'affole respire beaucoup, et, c'est d'une logique implacable, il inhale plus de gaz que les autres.

Mais le manifestant prévoyant ne s'arrêtera pas là : il aura également songé à se protéger l'épiderme. C'est facile : se protéger, c'est ne rien faire, mise à part se laver le matin, quand même. Les coquettes en seront pour leur frais, car elles devront éviter maquillages et lotions de beauté, qui ont tendance à fixer les gaz sur la peau. Dans ce petit guide du Parfait protestataire, on n'oubliera pas non plus que la sueur est le grand ennemi du manifestant : car quand la peau est mouillée, les pores sont dilatés, et le gaz s'y incruste avec plus de facilité.

Masque de ski. Reste le très délicat problème des yeux, à qui ce satané gaz fait plus mal qu'à tout le reste. Richard Chemoul, ophtalmologue, détaille pourquoi : «Le gaz lacrymogène augmente la sécrétion lacrymale, qui fait pleurer. Et il provoque dans ces larmes une réaction allergique, qui pique énormément, donne les yeux rouges, gonfle les paupières.» Il ne faut donc pas se les frotter, comme le conseillent donc les aguerris ­ «plus on se les frotte, plus on pleure, plus on a mal», atteste le médecin ­ et les rincer abondamment, à l'aide d'un sérum physiologique. Les lentilles de contact sont proscrites, les masques de ski et lunettes de piscine, plutôt conseillés. Gérald, le manifestant, y voit malgré tout un problème : «Les masques, ça fait pitié.» Peut-être, mais on n'est pas obligé de les porter très longtemps : les effets des gaz lacrymogènes durent rarement plus d'une dizaine de minutes.