"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
Un autre empire de la honte, le bagne du X

Origine : http://www.admiroutes.asso.fr/lagazette/05-11804/index.htm


Le Monde2, supplément du Monde, en date du 23 avril 2004, évoque p. 9, dans un petit article de Frédéric Joignot, le bagne auquel sont soumises les "actrices" tournant dans les films et les vidéos X, dont l'industrie est de plus en plus prospère. Le développement de l'Internet lui a donné une importance jamais acquise auparavant, en permettant d'attirer sur les 280.000 sites du X (chiffre cité, datant de 2000 et certainement bien supérieur aujourd'hui), un nombre sans cesse croissant de clients prêts à payer. Le chiffre d'affaires du X serait de 10 milliards de dollars aux Etats-Unis. Or le scandale de la chose tient à ce que les femmes utilisées comme matière première de telles productions n'ont pas le choix. Venues de milieux pauvres, sans éducation, sans métier, elles sont obligées d'accepter les exigences des hardeurs, qui les ruinent physiquement et moralement en quelques mois. Ensuite on les retrouve, quand elles ne se suicident pas, dans la prostitution et la drogue, sources auxquelles s'alimentent souvent les mêmes "industriels".

Frédéric Joignot conseille à ceux qui veulent s'informer sans voyeurisme la lecture du livre de Richard Poulin, La Mondialisation des industries du sexe (Imago, 2005). On peut consulter aussi un article de la romancière Isabelle Sorente :
http://www.lattention.com/article.asp?ArtID=9&lk=sexe
La forme en est inutilement racoleuse, mais le fond est assez terrifiant. L'auteur s'inspire en particulier d'un film, "Shocking Truth", présenté au parlement suédois par une association, dans le cadre d'une réflexion sur la liberté d'expression et la pornographie. Il rassemble des confidences d'actrices, de policiers, de producteurs.

La question posée par Isabelle Sorente reprend et actualise en la transposant au monde du virtuel celle que suscite l'intérêt des clients pour le sexe commercial. Qu'est ce qui pousse tant de gens à consacrer tant de temps et payer tant d'argent pour obtenir des "plaisirs" qui, en ce qui concerne l’Internet, restent du domaine de l’imaginaire ? Les réponses sont multiples. On dira d’une façon générale que la masturbation, qui est l’activité sexuelle fondamentale des humains, ne s’accomplit bien que sur fond de fantasmes sado-masochistes. Pour cela, il faut des victimes qui souffrent. Les souffrances symboliques, c’est-à-dire entièrement simulées, sont moins excitantes pour le client que celles dont il peut se dire qu’elles ont réellement eu lieu. D’où l’intérêt d’assujettir de pauvres filles aux supplices évoqués par le X.

Le méméticien, c’est-à-dire celui qui cherche à expliquer la sociologie en faisant appel à la science dite mémétique, raisonnera sur les images pornographiques elles-mêmes. Il s’agit bien de virus de l’esprit et du sexe humain qui prolifèrent sur les réseaux modernes. Mais leur prolifération suppose des milieux générateurs et des milieux récepteurs, de même que le virus de la grippe du poulet naît dans les basses-cours de l’Extrême Orient. Ce virus de la grippe se répandra et de transformera en pandémie chez les personnes entrant à son contact, grâce notamment aux voyages aériens. Etudier le virus est nécessaire mais s’interroger sur les basses-cours asiatiques et sur la sécurité sanitaire des échanges inter-humains est tout aussi utile. En ce qui concerne le X, étudier les « mèmes » pornographiques ne devrait pas faire oublier les femmes victimes de l’industrie qui les génère.

23/04/05