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Origine : http://www.admiroutes.asso.fr/lagazette/05-11804/index.htm
Le Monde2, supplément du Monde, en date du 23 avril 2004,
évoque p. 9, dans un petit article de Frédéric
Joignot, le bagne auquel sont soumises les "actrices"
tournant dans les films et les vidéos X, dont l'industrie
est de plus en plus prospère. Le développement de
l'Internet lui a donné une importance jamais acquise auparavant,
en permettant d'attirer sur les 280.000 sites du X (chiffre cité,
datant de 2000 et certainement bien supérieur aujourd'hui),
un nombre sans cesse croissant de clients prêts à payer.
Le chiffre d'affaires du X serait de 10 milliards de dollars aux
Etats-Unis. Or le scandale de la chose tient à ce que les
femmes utilisées comme matière première de
telles productions n'ont pas le choix. Venues de milieux pauvres,
sans éducation, sans métier, elles sont obligées
d'accepter les exigences des hardeurs, qui les ruinent physiquement
et moralement en quelques mois. Ensuite on les retrouve, quand elles
ne se suicident pas, dans la prostitution et la drogue, sources
auxquelles s'alimentent souvent les mêmes "industriels".
Frédéric Joignot conseille à ceux qui veulent
s'informer sans voyeurisme la lecture du livre de Richard Poulin,
La Mondialisation des industries du sexe (Imago, 2005). On peut
consulter aussi un article de la romancière Isabelle Sorente
:
http://www.lattention.com/article.asp?ArtID=9&lk=sexe
La forme en est inutilement racoleuse, mais le fond est assez terrifiant.
L'auteur s'inspire en particulier d'un film, "Shocking Truth",
présenté au parlement suédois par une association,
dans le cadre d'une réflexion sur la liberté d'expression
et la pornographie. Il rassemble des confidences d'actrices, de
policiers, de producteurs.
La question posée par Isabelle Sorente reprend et actualise
en la transposant au monde du virtuel celle que suscite l'intérêt
des clients pour le sexe commercial. Qu'est ce qui pousse tant de
gens à consacrer tant de temps et payer tant d'argent pour
obtenir des "plaisirs" qui, en ce qui concerne l’Internet,
restent du domaine de l’imaginaire ? Les réponses sont
multiples. On dira d’une façon générale
que la masturbation, qui est l’activité sexuelle fondamentale
des humains, ne s’accomplit bien que sur fond de fantasmes
sado-masochistes. Pour cela, il faut des victimes qui souffrent.
Les souffrances symboliques, c’est-à-dire entièrement
simulées, sont moins excitantes pour le client que celles
dont il peut se dire qu’elles ont réellement eu lieu.
D’où l’intérêt d’assujettir
de pauvres filles aux supplices évoqués par le X.
Le méméticien, c’est-à-dire celui qui
cherche à expliquer la sociologie en faisant appel à
la science dite mémétique, raisonnera sur les images
pornographiques elles-mêmes. Il s’agit bien de virus
de l’esprit et du sexe humain qui prolifèrent sur les
réseaux modernes. Mais leur prolifération suppose
des milieux générateurs et des milieux récepteurs,
de même que le virus de la grippe du poulet naît dans
les basses-cours de l’Extrême Orient. Ce virus de la
grippe se répandra et de transformera en pandémie
chez les personnes entrant à son contact, grâce notamment
aux voyages aériens. Etudier le virus est nécessaire
mais s’interroger sur les basses-cours asiatiques et sur la
sécurité sanitaire des échanges inter-humains
est tout aussi utile. En ce qui concerne le X, étudier les
« mèmes » pornographiques ne devrait pas faire
oublier les femmes victimes de l’industrie qui les génère.
23/04/05
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