"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
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La Reloue !!!

Je travaille dehors au contact des gens,
Sous le soleil qui dor’, sous la pluie, dans le vent.
Et j’aime ce métier, ce peu de liberté
Que peu à peu saccag’ la rentabilité.
Sans pause, sans temps mort, on nous veut pédalant,
Chaqu’ minute trimant, sans convivialité.
Je veux avoir le temps de sourire aux passants,
Ne pas être sacrifiée sur l’autel du blé.

Qui donc sont tous ces gens qui ne font que compter ?
Personnages étranges. Les aurait-on clonés ?
Connaissent-ils la joie de pédaler au vent,
De recevoir sur soi la pluie, comme un enfant ?
Investis d’un’ mission :
Presser tous ces citrons !
Ils n’ont des êtr’ humains que la triste apparence ;
Pour augmenter leurs gains : augmenter nos cadences !
Ne savent regarder que leurs ordinateurs.
La rentabilité au détriment du cœur,
Qui vient à fatiguer, à flancher avant l’heure.
Le leur, je m’en balance
Et je parle du mien
Qui risque de s’éteindre
Au rythme des cadences.
Ell’ n’a pas tant souffert, Mèr’, de me mettre au monde,
Pour qu’ma fin de carrièr’ soit si près de la tombe !

Arrêtez de compter, on n’est pas du bétail !
Ras l’bol d’être stressée par la charg’ de travail.
Ce retour en arrièr’ je ne peux supporter.
Quand je pens’ que Grand-mère en 36 défilait !
Souviens-toi des aïeux qui se sont tant battus,
Qui ont ouvert les yeux, ne plus se sentir nus,
Avec la fin au ventr’, les membr’ si peu charnus,
Pour qu’enfin on leur rend’ l’respect qui leur est dû.
Il est vrai qu’il exist’ quand mêm’ quelques chang’ments :
L’ergonomie, l’hygiène et la « sécurité ».
Ils veulent notre bien tous ces chers braves gens,
Qui nous bernent et nous ment’ pour mieux nous fair’ trimer.

Il est temps aujourd’hui de briser nos barrières,
De laisser éclater au grand jour la colère
Contr’ceux qui s’évertuent à créer la misère
Pour pouvoir amener à terme leurs carrière.
SalariéE d’aujourd’hui, qu’es-tu donc devenuE ?
Tu erres dans la nuit des illusions perdues.
Sois fier(E), relève-toi, redeviens solidaire,
Car si tu marche seul(E) tu feras leur affaire
Aux grands (Ah ce beau monde ! ) qui ne pensent qu’à eux.
Notre sang est de l’or qui brille pour leurs yeux,
Peu importent nos vies pourvu qu’ils aient l’oseille,
Mêm’ si le risque est grand que meure le soleil.

Il est venu pourtant le temps de la bataille !
Veux-tu voir tes enfants s’escrimer au travail ?
Rejette ce discours qui mollement t’endort.
J’aimerais tant que vienne enfin cet âge d’or.

La Reloue !!!



Poème lu lors d'une émission de radio en Octobre 2006. L'auteure travaille à La Poste et s'appelle Rachel