Sortie de la revue LA QUESTION SOCIALE
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Date: 30 Avril 2004
Sortie prochaine de : La Question sociale
revue libertaire de réflexion et de combat
Pourquoi La Question sociale ?
La question sociale ? qui renvoie à la nécessité
de mettre fin à l?aliénation salariale par l?émancipation
des travailleurs et l?instauration d?une société d'êtres
libres et égaux, dont dépend aussi désormais
la survie de l'espèce humaine ? reste aujourd?hui entière.
En dépit de toutes les élucubrations sur la fin de
la lutte de classes, elle continue à occuper une position
centrale dans l?histoire et dans la vie des hommes.
La question sociale, rappelons-le, est aussi une question politique
: elle renvoie à la façon dont les exploités
s'organisent dans leurs luttes, à leurs rapports avec les
institutions de ce système et surtout aux formes d'autogouvernement
qu'il leur faudra mettre en ?uvre pour modifier en profondeur la
société.
Un siècle et demi nous sépare de la naissance de
la Première Internationale, mais les problèmes qu?elle
avait soulevés sont toujours à l'ordre du jour. La
révolution reste à faire : elle sera l??uvre des travailleurs
eux-mêmes ou ne sera pas. Or, pour envisager la renaissance
d?un projet d?émancipation sociale, il faut repartir de ce
qui lui avait permis d?exister : un mouvement social large, profond,
radical, tel qu'en ont connu les moments clés de l?histoire
du mouvement ouvrier, en France, en Russie, en Allemagne, en Italie,
en Argentine, en Espagne...
Pourquoi " libertaire " ?
Plus qu'à une mouvance constituée, ce terme renvoie
pour nous à la volonté de ne pas faire l'impasse sur
la question de l'Etat. Après l?effondrement du bloc de l'Est,
après la faillite du modèle de socialisme/communisme
d'Etat, il nous semble impossible, si l'on veut redonner vigueur
à l'utopie communiste, de ne pas prendre clairement position
sur un principe : l?émancipation des exploités ne
peut passer par la conquête, pacifique ou violente, électorale
ou putschiste, de l?appareil d'Etat par une minorité de révolutionnaires
agissant en leur nom. Si la question des formes que peut et doit
prendre cette auto-émancipation reste pour nous une question
ouverte, nous tenons ainsi à éviter des réponses
faussées par des questions mal posées.
Nous pensons qu?il faut revenir aux sources des idées et
des pratiques qui ont fondé la lutte pour l?émancipation
des travailleurs : aux principes de la Première Internationale
et de la déclaration de Saint-Imier, aux expériences
multiples des "wobblies", des anarcho-syndicalistes, des
syndicalistes révolutionnaires (même si ce terme cache
souvent une grande ambiguïté sur la question de l'Etat),
des communistes de conseil, des marxistes antiléninistes,
et de tout ce qui va dans la direction d?une remise en cause de
l?emprise de l?Etat et du capitalisme sur la vie des êtres
humains. Par certains aspects, en effet, le capitalisme d'aujourd'hui
semble nous ramener à des conditions de la lutte de classe
proches de celles de la fin du xixe et du début du xxe siècle,
notamment par le retour à une forte polarisation sociale
et à une démocratie autoritaire.
Mais nous savons aussi que, dans les pays où le capitalisme
de marché s'est imposé depuis longtemps, l'Etat est
devenu peu à peu un élément quasi constitutif,
" naturel " de l'organisation en société,
et que la demande de sécurité poussée par des
contradictions sociales de plus en plus aiguës lui redonne
chaque jour une crédibilité en tant que seul recours
imaginable contre la décomposition des liens et des valeurs.
Qu'en conséquence, la critique de l'Etat est à reformuler,
sans sectarisme mais sans complaisance, en des termes qui lui donnent
une pertinence aux yeux de tous ceux qui sentent désormais
la nécessité d'une transformation sociale radicale
sans en trouver la voie.
Précisons enfin que nous n'entendons pas travailler contre
les organisations libertaires d'aujourd'hui, mais plutôt à
côté d?elles, pour contribuer à renouveler la
culture militante de ce milieu, à élaborer une véritable
culture critique ne se bornant pas à la répétition
rituelle des principes sacrés de l?anarchisme, mais se montrant
à la hauteur des enjeux dictés par les contradictions
de la société où nous vivons.
Pour qui et avec qui ?
Dans notre esprit, nous nous adressons d'abord aux gens réactifs,
disponibles, généreux, capables de se poser des questions
sur une société qui ne les satisfait pas et sur les
moyens de la changer en profondeur. Et, plus généralement,
à tous ceux qui pensent que le capitalisme nous mène
au désastre, et qui lui cherchent une alternative, sans exclusive.
Nous savons cependant que c'est dans la réalité des
luttes que la rupture du consensus non seulement se pratique, mais
parvient à se penser, se cherche un horizon. C'est pourquoi
un des buts essentiels de la revue sera d'articuler la réflexion
théorique à un regard critique sur les luttes d'aujourd'hui,
leurs potentialités et leurs limites, en prenant au sérieux
les questions qu'elles posent. En deux mots, de faire un usage pratique
de la théorie.
Précisons toutefois, par précaution, que nous ne
confondons pas luttes et manifestations de protestation d'acteurs
du " mouvement social " autoproclamé ou d'un altermondialisme
où grenouillent toutes sortes de prétendants à
une gestion rationnelle d'un capitalisme irrationnel. Par luttes
nous entendons tout ce qui met concrètement en cause les
règles du pouvoir dans l'intention de satisfaire des exigences
et des besoins collectifs. Et le fait que ces luttes continuent
dans leur majorité à se mener dans le cadre de l'exploitation
du travail, opposant les salariés à leurs patrons,
non seulement ne nous apparaît pas comme un phénomène
d'arrière-garde, mais nous ramène à ce qui
reste à nos yeux l'antagonisme central, celui sur lequel
aucune transformation révolutionnaire ne peut faire l'impasse.
Si nous souhaitons contribuer à développer une "
culture du conflit " contre la société qui nous
entoure, nous voulons aussi pratiquer une " culture du dialogue
entre camarades ", en refusant le " narcissisme de la
petite différence " qui consiste à taper sur
son voisin le plus proche, et qui a empoisonné la vie de
l?ultragauche et des milieux libertaires.
Comme nous pensons qu'il faut réfléchir à
l'échelle où les problèmes se posent, nous
tenons beaucoup à un regard international sur les problèmes,
et pas seulement sur le plan théorique. Nous irons donc à
la recherche de contributions permettant de comprendre comment la
question sociale se pose ailleurs que chez nous. Le travail de recherche
dans les revues étrangères, de sollicitation de camarades
étrangers, puis de traduction, aura donc une place importante.
Nos emplois fictifs et notre caisse noire
Nous ne sommes pas payés par la CIA et n?avons pas non plus
trouvé le trésor de feu le KGB. Nous n?avons pas derrière
nous de puissante organisation politique ou syndicale, ni même
de chapelle groupusculaire. Pour faire sortir la revue, il nous
faudra vider nos poches. Tous ceux, amis ou camarades, qui auraient
l?envie et le courage de nous soutenir dans une entreprise aussi
hasardeuse sont forcément bienvenus. Mais soyons clairs :
nous défendrons notre indépendance comme la prunelle
de nos yeux.
Outre le travail d'écriture et de discussion/ sélection,
faire une revue veut dire relire, mettre en page, faire imprimer
et diffuser, mettre sous pli, assurer la comptabilité et
le travail administratif. Toutes les offres d'aide seront bienvenues.
Le problème de la diffusion est cependant le plus délicat.
Les structures de distribution de ce genre de presse étant
d'une très faible efficacité, nous comptons beaucoup
sur les relais militants pour assurer une distribution dans les
lieux et les occasions de rencontre où la revue peut trouver
ses lecteurs.
La Question sociale a servi de titre (en italien surtout) à
diverses publications du mouvement anarchiste dans la période
située entre la fin de l?Internationale anti-autoritaire
et la naissance du mouvement anarcho-syndicaliste. Il apparaît
à Buenos Aires en 1883 puis de 1894 à 1896, à
Florence de 1883 à 1889, à Paterson (New Jersey, USA)
entre 1895 et 1908, à Trieste en 1910 (qui fait alors part
de l'empire austro-hongrois) et à New York de 1914 à
1916, dans des journaux qui sont quasiment tous l'_expression_ de
courants partisans de l?organisation ouvrière et de milieux
ayant mûri dans l?émigration. Dans ces journaux une
large place est généralement faite au débat,
et les luttes sociales occupent une place centrale. On retrouve
plus d?une fois le nom d?Errico Malatesta parmi les rédacteurs,
et notamment dans La Questione sociale publiée en 1899 à
Paterson. Or cette ville deviendra en 1913 le théâtre
d?une des plus grandes grèves du textile, menée par
les Industrial Workers of the World, qui organisaient essentiellement
la main-d??uvre immigrée et non qualifiée Tout porte
donc à croire que ce journal a joué un grand rôle
dans la formation politique du milieu militant moteur de cette grève,
comme de celle de Lawrence qui l'a précédée
d?un an, et plus généralement dans la formation des
milieux militants d?origine libertaire qui se sont engagés
dans les IWW.
En France, ce titre a été porté par plusieurs
publications parues entre 1885 et 1898, à Bordeaux, Lyon
et Paris. Celle dont la durée de vie fut la plus longue est
la revue socialiste révolutionnaire, d'origine blanquiste
et ayant évolué vers le marxisme, publiée à
Paris par P. Argyriadès et Paule Mink. Elle se caractérise
pour son ouverture et par une grande attention portée à
la condition des ouvriers et à leurs luttes, à l?échelle
internationale.
Sommaire du numéro 1
Notre projet
Edito : Des temps trop durs pour se taire
Analyse politique : O. Mazzoleni, De l?emprise de l?État
Luttes sociales :
N. Thé, Retour sur une longue saison de luttes
G. Soriano, L?expérience des collectifs de solidarité
parisiens : une nouvelle étape
Injustice : C. Guillon, Le temps de vivre
Dossier : Droit (et pratiques) de grève
France : G. Carrozza, Un droit bien réel, mais très
dépendant des rapports de forces
Espagne : C. Vela, Un vide juridique consensuel.
Suisse : A. Miéville, Un droit théorique dans une
" paix du travail " bien réelle États-Unis
: O. Bear, Un vrai corset législatif
Brésil : M. Sarda de Faria, Le " nouveau syndicalisme
" dans la fonction publique. International : Cl. Albertani,
Les dilemmes de l?empire
Histoire :
D. Giachetti, Les grèves sauvages dans l?Europe de 1969.
Un document de 1904 : Émile Pouget, La genèse de
l?idée de grève générale, texte introduit
et annoté par M. Chueca.
Lire et relire. Revue des revues
Prix du numéro : 7 euros. Abonnement (3 numéros)
: 20 euros. Abonnement de soutien : 40 euros.
Chèques à l?ordre de G. Carrozza.
Vous trouverez la revue dans les librairies militantes, mais vous
pouvez nous écrire pour la réclamer directement à
: La Question sociale, c/o Librairie Publico, 145 rue Amelot, 75011
Paris ou bien à notre adresse e-mail :
laquestionsociale (a) hotmail . com
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