Dans ces articles, on apprend qu’il existe des primes
pour les flics expulseurs et parmi eux certains qui profitent de la
situation. La xénophobie au pouvoir est maintenant une bonne
affaire pour certains fonctionnaires de la police. Se pose encore
une fois la question de savoir qui contrôle la police ? (note
du gestionnaire du site)
Immigration Roland Gatti, de la Police aux frontières
de Metz, reconduit les clandestins :
Reconduire «à tour de bras», «faire du
chiffre»
Par Jacky DURAND
Mardi 20 septembre 2005 (Liberation - 06:00)
Origine http://www.liberation.fr/page.php?Article=324984
Roland Gatti, 52 ans, est gardien de la paix à la Police
aux frontières (PAF) de Metz et secrétaire départemental
du syndicat général de la police (SGP) Force ouvrière.
Il fait partie des 30 fonctionnaires mosellans affectés aux
escortes et aux reconduites de clandestins.
Comment se passe votre travail ?
On est à peu près à 54 % de l'objectif de
reconduites qui nous a été fixé par le ministère
de l'Intérieur pour la Moselle. Soit autour de 700 mesures
d'éloignements pour un total de 1 300 à atteindre
sur l'année (en 2003, la PAF de Metz a procédé
à 650 reconduites, ndlr). On est donc loin du compte. On
expulse à tour de bras, on fait les fonds de tiroir. On va
chercher tout ce qui peut traîner comme étranger en
situation irrégulière. On «fait» beaucoup
de familles. Une famille, ça peut faire six personnes. Souvent,
ce sont des gens qui sont là depuis plusieurs années.
Même les collègues les plus durs chez nous ne comprennent
pas.
Un exemple ?
Dernièrement, j'ai pris en charge une famille africaine.
La femme était en France depuis quatre ans. Elle faisait
des études. Son compagnon avait fait plusieurs demandes d'asile
territorial. Entre-temps, ils ont eu un enfant. On constate que
le gouvernement expulse de plus en plus de familles. Avec des enfants
de trois à sept ans. C'est souvent le gamin qui est ici depuis
trois ou quatre ans et qui a appris le Français qui nous
sert d'interprète à nous policier. J'ai vécu
le cas d'une famille turque. Une petite fille qui nous demandait
de lui préciser le sens de certains mots pour les expliquer
ensuite à ses parents. C'est poignant. Vous prenez ces gamins
et ces parents qui viennent de là où il n'y a rien,
ils sont prêts à tout pour s'intégrer. Ce qui
est impressionnant, c'est leur volonté de s'intégrer
dans la société française. Ce sont des gens
cultivés. Ils ont appris à parler le français
très vite. Je suis un peu surpris quand j'entends Nicolas
Sarkozy dire qu'il veut intégrer les gens. Il y a des personnes
déjà très intégrées. Elles inculquent
à leurs enfants qu'il faut tout faire pour bien travailler
à l'école, pour s'insérer le mieux possible
dans la société française. Quand ces enfants
rentrent dans le pays de leurs parents, ça ne doit pas être
facile.
Et les jeunes majeurs ?
Ça, c'est très très dur. C'est choquant parce
que lorsque vous allez chercher ces gamins-là, la seule chose
qu'ils emmènent, ce sont leurs cahiers. Ils sont prêts
à laisser leur Nintendo ou leur ballon de foot, leur jouet.
Même si leurs parents sont modestes, ils essaient d'apporter
quelque chose à leurs gosses. Le gamin, lui, il veut repartir
avec ses livres de classe, le savoir qu'il a acquis en France. Certains
ministres devraient venir voir ces jeunes-là. Evidemment,
on ne peut pas accepter tous les étrangers en France, mais
si ces gens viennent ici, c'est qu'ils sont mal chez eux. Il faut
que l'Etat sache qu'en les reconduisant par la porte, ils vont revenir
par la fenêtre. On a reconduit un Turc que j'avais connu à
l'époque où j'étais en sécurité
publique. Quinze jours après avoir été ramené
à Istanbul, il était de retour ici. J'ai escorté
un Algérien ce matin. Ça fait cinq ans qu'il était
en France. Il travaillait, cotisait pour sa protection sociale.
Il s'est fait interpeller à Thionville, va être reconduit
dans son pays. Il est maçon-carreleur. Son patron est embêté.
C'est un excellent ouvrier...
Qu'elle est la situation dans les centres de rétention
?
C'est de pire en pire. Les centres de rétention sont pleins
à craquer. Faute de place, on est obligé d'emmener
des gens de Metz à Toulouse, à Bordeaux, à
Lille et de faire ainsi des milliers de kilomètres. Alors
qu'ils n'ont pas un an, tous nos véhicules dépassent
les 10 000 kilomètres...
A quoi peuvent servir les primes au mérite dans un tel contexte?
C'est une connerie. Jouer avec des familles pour faire du chiffre,
c'est inadmissible.
Escorteurs profiteurs
Origine : http://www.liberation.fr/page.php?Article=324985
Pas de petits profits pour certains fonctionnaires affectés
aux reconduites aux frontières, comme en témoigne
une note de service qu'a pu consulter Libération. Le texte
du ministère de l'Intérieur indique «qu'il est
interdit aux escortes de se porter volontaires pour le surbooking».
Comme tous les passagers d'avions, les policiers qui raccompagnent
des expulsés vers leur pays d'origine, sont soumis aux aléas
de la «surréservation» lors de retour vers la
France. Mais certains fonctionnaires seraient enclins à rester
cloués au sol afin de bénéficier de l'indemnisation
versée aux «victimes» du surbooking. «Il
y a également les accros aux miles de fidélité
qui multiplient les reconduites pour bénéficier de
voyages gratuits», affirme une source syndicale. La note de
service limite aussi les achats de tabac duty free lors des escales.
Pas plus «de 200 cigarettes par voyage ou 100 cigarillos ou
25 g de tabac à rouler».
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