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La monnaie
Enjeux d'un débat

Suite à une émission de radio sur ce thème, j’ai pu faire le constat que la monnaie est une création des banques privées, contrairement à l’idée commune sur la création de monnaie par l’Etat. Je partageais une croyance bien entretenue. Je savais bien que les banquiers n’étaient des philanthropes, mais je ne soupçonnais pas que la création monétaire était une affaire privée. Cette prise de conscience tardive m’a amené à me poser quelques questions et à essayer de me documenter un peu plus sur ce phénomène.

L’hypothèse proposée est largement confirmée, entre autres, par les cours sur ce sujet (cf résultats de recherche sur le Net)

1 / Le problème est au cœur même de la société

Dans la structure de notre fonctionnement social il y a le profit bancaire, le profit financier obtenue en contrepartie de la création de monnaie scripturale par les banques.

On connaissait déjà la plus value, travail non payé qui est à l’origine du profit réalisé au sein de la production, qui permet d’expliquer le mécanisme de l‘exploitation du travail humain. Ici nous sommes face au profit parasitaire des banques par l’intermédiaire de l’octroi de crédits.

La création monétaire peut se lire comme un abus de pouvoir parce qu’il organise l’accès à la richesse sociale de façon à verser une part des richesses crées par la société aux banques. C’est un droit exorbitant qui est légal mais illégitime. Cette façon de créer la monnaie (le « crédit crée les fonds » et non l’inverse comme on le pense de façon générale) entretient le système de la dette.

Il encourage le productivisme et par voie de conséquence détruit la nature, génère l’appauvrissement de la population et accentue la spoliation des pays du Sud.

Cette analyse tend à lier l’écologie, le questionnement sur l’organisation de la production et de la répartition des richesses et la façon dont fonctionne les rapports Nord / Sud.

Cette constatation n’invalide pas les autres analyses sur le fonctionnement des diverses oppression dans notre société. La domination financière des banques pose ouvertement et très fortement la question de l’utilité sociale, question qui a déjà été posée en maints domaines.

2 / Face à cette analyse il y a eu plusieurs attitudes :

- Nous avons trouvé la clé de nos problèmes, il faut changer cela et tout ira mieux.

- On peut créer des alternatives en mettant en œuvre un autre façon de fonctionner. Il faut que l’Etat retrouve sa capacité à contrôler la monnaie et mettre les banque sous tutelle étatique, moyen incontournable pour une distribution équitable de la richesse sociale.

* le crédit social

* l’autogestion distributive

Tout ceci alimente les désirs de réformes du système. On peut proposer une autre façon de gérer la monnaie sans toucher à la domination , ni trop mettre à mal le capitalisme. Souvent on nous présente un schéma assez simple du fonctionnement social et de la société future forcément idyllique.

De mon point de vue, je pense que nous avons là un éléments supplémentaire pour notre arsenal critique, pour fonder notre contestation de la société actuelle, mais c’est un élément parmi d’autres, même s’il a un place importante parce qu’il pose clairement la question de la production et de la répartition de la richesse dans la société. En effet la question du profit est centrale dans la production et dans la circulation des biens. Effectivement tout ceci permet de lier ensemble la question du rapport avec la nature, la question de l’organisation sociale et politique au niveau de nos pays et la façon dont les rapports Nord / Sud fonctionne. Mais , cette analyse permet aussi de voir comment la tentation réformiste gestionnaire peut fournir de faux espoirs. Si la société se réapproprie collectivement la création monétaire, sans toucher aux diverses façons dont s’organise et se reproduit les différentes dominations, on entretient un leurre, une illusion sur la possibilité de gérer un capitalisme propre. Le fait même que les banques privées tient à le monopole de la création de monnaie (la mise en circulation des billets et des pièces concerne des sommes dérisoires au regard de la masse monétaire qui et de plus elle est contrôlée par les banques centrale qui ne sont plus sous la tutelle de l’Etat notamment dans le processus de mise en place de l’unité européenne.

La question de la propriété privée est ici cruciale, elle est à base du profit financier, il nous faut donc ajouter à notre revendication de supprimer la propriété des moyens de production, celle de la propriété privée de créer de la monnaie pour essayer de mettre fin au parasitisme sociale et politique des banquiers.

Encore une fois le débat sur la légalité et la légitimité est important. Dans la création monétaire est légalement au mains des banques privées, ce qui me semble totalement illégitime. Pourquoi un instrument qui sert à tout le monde est-il contrôle, émis, distribué par quelques banques ? Des intérêts privés font ainsi du profit sur la circulation monétaire et la création de crédits. L’Etat est logé à la même enseigne que les entreprises ou les personnes. Tout au plus l’Etat obtient pour certains crédits des tarifs préférentiels, mais dans la comptabilité de l’Etat le service de la dette financière mobilise une partie importante du budget.

La création de la dette est telle que l’on ne peut plu toute la rembourser, au mieux peut-on le reproduire. La course en avant du capitalisme s’explique aussi comme cela.

L’importance de la bulle financière trouve son origine dans ce mécanisme. On comprend la peur des spéculateurs et des banquiers quand le système menace de s’écrouler.

Encore une fois la distribution des places dans la société est fondamentale. Il vaut mieux être proche des milieux financiers, si on veut accéder à une part de ce profit récupéré sur les intérêts des crédits. Les banques ont ainsi le droit de donner accès ou non à une part de la richesse collective. Ceci hypothèque toute tentative de mettre en place une répartition plus égalitaire des richesses sociales.

Le quasi secret qui entoure ce phénomène s’explique facilement. Il peut vite engendrer une paranoïa chez les personnes qui découvrent ce fonctionnement surprenant. La prise de conscience peut alors fonctionner avec cet élément comme centre et alimenter toutes sortes de tentatives pour donner à l’Etat son pouvoir régalien sur la monnaie.

Ph Coutant Nantes Mai 2002