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« Dès la naissance, on commence à donner au petit
garçon des petits fusils en bois, des petites voitures, tout
ça… Et puis, la petite fille, elle se retrouve avec une
poupée et un petit berceau pour jouer à la maman. Il
est évident que pour un gosse qui a le cerveau malléable,
tout blanc, quoi, comme de la cire, ça se grave à tout
jamais… Même après, s’il a l’impression
de réfléchir, il utilise des matériaux qu’on
lui a donnés alors qu’il était encore pratiquement
inconscient… Ca l’a marqué pour toute une vie »,
anonyme [0]. Sans vouloir dresser un panorama complet des inégalités
sexistes, nous voulons tenter de montrer quelle est la place du
conditionnement auquel toute personne est soumise. Par ailleurs,
si l’auteur de cet article est de sexe masculin et de pratique
hétérosexuelle, sa parole ne doit donc pas être
prise comme une expression unanime (comme le sont trop souvent les
paroles masculines), mais plutôt comme celle d’une personne
ancrée socialement et sexuellement dans un contexte bien
précis.
Notre individualité a de profondes racines qui nous échappent
et nous dépassent car elles nous sont étrangères
: d’autres les ont cultivées pour nous, à notre
insu. Comme le fait très justement remarquer Elena Gianini
Belotti : « la petite fille qui, à quatre ans, s’extasie
devant sa propre image dans le miroir, est déjà conditionnée
par les quatre années précédentes en plus des
neufs mois de grossesse pendant lesquels se mettaient en place tous
les éléments susceptibles de faire d’elle une
femme, la plus semblable possible à toutes les autres femmes
[1] ». Depuis la plus tendre enfance, des valeurs nous sont
inculquées, et leur spécificité sexuelle est
extrêmement marquée. Les concepts de féminité
et de masculinité sont bien connus et forment une bonne part
de notre manière de voir le monde. Il est simple de définir
tel ou telle individu-e en fonction de critères établis
solidement dans notre inconscient. On peut voir chaque jour ces
mécanismes à l’œuvre, organisant la catégorisation
des personnes selon deux modèles : l’homme «
masculin » et la femme « féminine ». Mais
on dit aussi que telle femme n’est pas « féminine
» ou que tel homme est « efféminé ».
La répartition n’est donc pas aussi simple qu’on
pourrait le croire. Que cachent donc les concepts de masculinité
et de féminité, et s’ils ne sont pas exclusivement
d’ordre biologique, comme on peut déjà le soupçonner,
comment sont-ils développés ou ancrés chez
les individu-es ? Comment sont-ils impliqués dans la domination
masculine et la construction des inégalités entre
hommes et femmes ?
La petite enfance et… avant
Le garçon a longtemps été le plus attendu lors
de la naissance, pour des raisons économiques (travail aux
champs, héritage…) ou de pure fierté parentale.
Si l’attente des parents en ce qui concerne leurs propres
enfants diffère en fonction de leur sexe, il est inévitable
que ces derniers réagissent en fonction de leurs demandes
dès le premier instant où ils se trouvent dans leurs
bras. Il existe de nombreux lieux communs quant à la coquetterie,
la propreté, la douceur… des petites filles, ou la
vivacité, l’agressivité, la débrouillardise…
des petits garçons. Le garçon hypertonique (à
mettre en parallèle avec la fille hypotonique) est le plus
proche du stéréotype, comme l’analyse Irène
Lézine dans son ouvrage sur le développement psychologique
de la première enfance [2]. Elle y rapporte le cas d’une
petite fille turbulente, très agitée et énergique,
qui, subissant la colère de sa mère à l’âge
de 18 mois, se transforme en petite fille inhibée et maniaque.
La mère, en refusant un comportement peu digne d’une
fille à ces yeux, lui a fait comprendre ce qu’elle
attendait d’elle. La petite fille est alors obligée
de se replier sur des activités sédentaires où
elle canalise son énergie, sans réussir à se
libérer d’un état d’anxiété
aigu, qu’elle essaie de tenir en respect en se construisant
des rituels rassurants de nature phobique. Ce cas extrême
n’est certes pas commun, mais même si cela prend une
forme moins violente, plus étalée dans le temps (quoique
tout aussi efficace), la plupart des petites filles sont victimes
d’interventions répressives et inhibitrices quand leur
tempérament initial les porte à être différentes
du stéréotype féminin. Une répression
similaire s’applique aussi aux petits garçons, mais
dirigée différemment. Il ne s’agit plus de briguer
les valeurs dites féminines, comme la sensibilité,
la passivité (« un petit garçon ne pleure pas
», « ne te laisse pas faire »…), mais d’apprendre
à ne pas perdre la face, à masquer ses sentiments.
C’est ainsi que dès ses premiers pas dans la vie, l’enfant
est guidé vers les valeurs dominantes de son sexe biologique,
et que l’intégration des stéréotypes
masculins et féminins se fait.
La famille, premier carcan
Le modèle-même de la famille détient une place
primordiale au sein de l’identification infantile : cette
première image des rôles masculins et féminins
est déterminante pour l’enfant, et il tendra bien évidemment
à les reproduire. Si l’intégration du modèle
du couple comme norme sociale des relations hommes-femmes est dominante,
la famille apporte immédiatement des schémas incroyablement
forts de représentation des rôles masculins et féminins.
On sait aujourd’hui l’importance que joue l’imitation
des parents dans le développement psychologique d’un
enfant, et, même si la situation n’est jamais la même
d’une famille à l’autre, l’environnement
familial reste quand même un facteur essentiel de pérennisation
= des rôles hommes-femmes. L’association européenne
Du Côté des Filles a publié en 1998 un extrait
d’une enquête sur la répartition des tâches
ménagères auprès d’enfants européens
[2’]. On peut y voir de manière flagrante un regard
enfantin qui banalise cette répartition. Même si ce
genre d’étude ne peut apporter de certitude quantitative
de par son faible échantillonnage, une triste impression
de lucidité s’en dégage. « Mon père
soigne les plantes, c’est ce qu’il préfère.
Il ne fait rien d’autre parce qu’il joue au basket et
rentre fatigué », Angela (9 ans) ; « Mon père,
des fois, il fait des gâteaux. Ma mère elle fait le
ménage, lui il l’aide quand elle va à l’hôpital
faire un bébé », Renaud (10 ans) ; « Maman
fait le ménage. Mon père ça l’intéresse
pas le ménage. Ma mère elle aime bien le faire. Je
crois. Quand même… elle est bien obligée »,
Jules (9 ans).
Dînette contre jeux d’aventures
La période de Noël est révélatrice de
la spécialisation sexuelle des jouets. Depuis les pages bleues
et roses des catalogues, jusqu’aux rayonnages des grands magasins,
on se rend vite compte de la répartition tranchée
des jeux en deux catégories exclusives l’une de l’autre.
On invite les petites filles à faire comme maman (dînettes,
poupées les prédestinant à leur futur rôle
de mère, appareils ménagers en réduction, panoplies
d’infirmière -pas de médecin-, d’hôtesse
de l’air -pas de pilote-, coffrets de maquillage…) alors
que les garçons doivent s’imaginer marine, physicien,
pilote de course, chevalier… Pour ces derniers, il ne s’agit
pas d’être comme papa, mais plus viril que papa. Les
jeux de garçon sont liés à la guerre, la découverte,
l’aventure, la compétition (d’inspiration sportive
ou non), l’action, l’agressivité, la domination
par la force ou la technique… Toutes ces valeurs sont non
seulement celles véhiculées par la classe masculine,
mais aussi par la société occidentale en général.
Les filles reconnaissent donc ces valeurs comme étant à
la fois masculines mais aussi dominantes socialement : elles rêvent
de trains électriques, de petits soldats…, plus que
leurs frères de poupées, dînettes ou d’aspirateurs
miniatures.
De ces valeurs érigées en normes par le conditionnement
social naît une double aliénation. D’abord, pour
les femmes comme les hommes, les stéréotypes dans
lesquels doivent se mouler les comportements et les attitudes ne
sont justement que cela, des stéréotypes : or personne
ne peut être pleinement un archétype. Qu’il s’agisse
du sur-mâle viril et sûr de lui ou de la femme-objet
incarnation parfaite de la féminité, on ne peut exister
en tant que stéréotype. Naît ainsi une première
frustration de la violence qu’il y a à se construire
à partir de normes tout en ne pouvant jamais s’y conformer
totalement (quel gouffre entre la vie de d’un fonctionnaire
et les idéaux de l’aventure ou de l’action, par
exemple !). La seconde aliénation tient dans la subordination
des valeurs féminines aux valeurs masculines dominantes socialement.
C’est l’un des mécanismes fondamentaux de la
domination masculine : la reconnaissance, donc l’existence
sociale, des femmes est subordonnée au regard, à l’assentiment
de la gent masculine.
Les modèles masculins et féminins sont aussi véhiculés
de manière prédominante dans la littérature
destinée aux enfants. Les albums présents dans les
écoles, les bibliothèques et les centres de documentation
sont la première littérature de jeunesse, un matériel
pédagogique et un support privilégié du processus
d’identification, d’apprentissage des rôles sexués
et des rapports sociaux de sexes. Du Côté des Filles
a lancé en 1996 une recherche sur les albums illustrés
en France, en Espagne et en Italie, analysant 537 albums, de 46
maisons d’édition différentes. Les personnages
masculins sont toujours prédominants et occupent plus souvent
le rôle du héros. 83,3 % des 156 pères mis en
scène dans les albums occupent le rôle de personnage
principal, contre 16,7 % des 202 mères. Le travail du père,
peu évoqué concrètement, est symbolisé
par le porte-documents. Cartable et grand fauteuil s’opposent
au tablier, symbole du rôle féminin : la maternité,
le service domestique sans horaires, la disponibilité permanente
pour la famille.
L’école : loin d’être neutre
La sortie du milieu familial s’effectue par l’entrée
à l’école « maternelle » : terme
judicieusement choisi, qui a été préféré
à celui d’école enfantine, et révèle
le consensus général sur le rôle de la mère
dans l’éducation. ? Guichard écrit en 1993 :
« l’école apparaît comme un lieu de compétition,
où chacun est amené, d’une part à découvrir
ses propres performances et à les situer par rapport à
celles des autres, et, d’autre part à “incorporer”
ces performances à sa propre image » [3]. Comme le
fait remarquer Duru-Bellat, « comme tout individu engagé
dans une interaction sociale, les enseignant-es abordent leurs élèves
avec des attentes stéréotypées ; en l’occurrence
ils tendent à prévoir des succès inégaux,
chez les élèves garçons et filles, dans les
disciplines connotées sexuellement » [4]. Des études
montrent que dès l’école primaire, les maîtres
passent plus de temps en maths avec les garçons et en lecture
avec les filles [5], et que les garçons ont plus de difficultés
avérées en lecture quand les maîtres en sont
convaincus que dans le cas contraire. De la même manière,
dans les matières jugées plus masculines (les maths
ou la physique), il y a moins d’interaction et d’encouragements
adressés aux filles [6]. Evidemment, cela se reflète
dans les évaluations des enseignant-es. Une différence
significative a même été constatée entre
le temps consacré aux garçons et aux filles (respectivement
2/3-1/3). Les enseignant-es qui ont tenté de corriger le
déséquilibre arrivent avec peine à 45 % du
temps consacré aux filles, et cela avec un fort sentiment
de favoritisme : la « neutralité » consiste donc
bien à favoriser les garçons.
Au-delà des contenus académiques, c’est donc
toute une socialisation diffuse qui prend place, du seul fait de
la cohabitation de deux groupes catégorisés avec des
stéréotypes bien précis et asymétriques.
Sans compter qu’à chaque instant, les filles sont confrontées
à une « sexuation » des situations, qui les renvoie
à leur contrainte de féminité [7] (souci de
l’apparence, effacement devant les garçons…).
La mixité scolaire les expose à l’heure actuelle
à des interactions pédagogiques moins stimulantes
et à être mises en situation de récession par
rapport aux garçons. Comme l’ont écrit Bourdieu
et Passeron : « la différence entre les sexes n’apparaît
jamais aussi manifestement que dans les conduites ou les opinions
qui engagent l’image de soi, l’anticipation de l’avenir
» [8]. C’est donc à l’école, antichambre
socialisatrice des futurs adultes que les inégalités
sociales sont déjà mises en place et anticipées.
Le matraquage quotidien
Au quotidien, on nous rappelle sans cesse les rôles que l’on
attend de chacun, ce qui ancre les inégalités entre
les sexes. Le vocabulaire que l’on emploie est le miroir des
mentalités : n’apprend-on pas depuis le plus jeune
âge que le masculin prime sur le féminin en grammaire,
qu’un secrétaire est un homme de confiance et une secrétaire
une dactylo, qu’un cuisinier est un cordon bleu, et une cuisinière
une cantinière…
Les médias sont à l’origine de beaucoup de lieux
communs et d’archétypes à partir desquels se
construisent les individus. Entre la télévision, la
radio ou même les publicités placardées dans
les rues (2 500 messages publicitaires sont reçus chaque
jour par une personne vivant en Occident), c’est toute une
image des stéréotypes masculins et féminins
qui s’ancre chaque fois un peu plus [8’]. Les femmes
y sont encensées en tant qu’objet de désir sans
défense. Une publicité récente pour Toyota
montre une voiture à côté d’une femme
mannequin et titre : « A votre avis, laquelle de ces deux
top-models coûte le plus cher ? » Le mythe de la beauté
est le pilier qui soutient l’idée moderne de la féminité.
Cette notion de beauté est d’ailleurs on ne peut plus
culturelle et fluctuante : au XIXe siècle, les canons de
la beauté n’avaient rien à voir avec les femmes
mannequins d’aujourd’hui (un corps replet et grassouillet
était alors symbole de beauté et de désir).
Et les femmes se doivent de tendre vers cet idéal artificiel
et bien peu émancipateur : paraître et non pas être
en tant que personne à part entière. C’est ainsi
que leur statut est immédiatement subordonné à
celui des hommes, car exister au travers du paraître revient
à s’en remettre au regard masculin pour trouver une
caution d’existence.
Une sexualité normée
Les femmes sont amenées à trouver leur légitimation
à travers les hommes, et plus précisément à
travers celui avec qui l’existence est partagée. Ceci
est rendu possible par le mythe du Grand Amour, entretenu depuis
la plus tendre enfance des femmes. « Un jour viendra un prince
charmant » : cette maxime résume l’idéal
d’une soi-disant nature féminine qui se réaliserait
à travers l’union avec l’homme qui lui serait
destiné. Quelle aliénation ! Voir son existence et
sa réalisation personnelle subordonnées à celles
d’une autre personne, qui est, quant à elle, individuellement
réalisée. Or, ce mythe du Grand Amour n’existe
que très peu chez les hommes : on encense bien plus la figure
du séducteur, du Don Juan, qui aligne les « conquêtes
» amoureuses (à noter le vocabulaire guerrier). Mais
un tel comportement est bien sûr déploré chez
une femme, on la traite alors de « salope », de fille
de peu de vertu, car là n’est pas sa place dans l’ordre
social en place.
De tels concepts amoureux ont des conséquences notables sur
la construction sexuelle des individu-es. La rigidité des
rôles assignés aux hommes et aux femmes conditionne
en grande partie leur souffrance. Cantonner les hommes à
un rôle agissant, dans le mythe du « j’assure
» et les femmes à une place d’objet désirable
et passif est l’un des fondements de la répression
sexuelle que subissent les individu-es aujourd’hui. Car cette
répression existe bel et bien dans les sociétés
occidentales. Si elle ne s’exprime presque plus sous la forme
de lois, qui définissaient malgré tout un espace de
liberté : le légal, le permis, qui s’opposent
à l’interdit, elle se perpétue sous une forme
bien plus totalitaire : les normes, qui imprègnent toute
la société et ne laissent aucun espace de liberté
possible. Sous couvert de libération sexuelle, c’est
donc aujourd’hui la « liberté » de consommer
du sexe commercialisé et stéréotypé
qui est de rigueur.
La découverte de son corps est primordiale pour un enfant,
et la répression exercée très tôt («
Touche pas à ça », « Petit cochon »…)
peut avoir une influence considérable sur son développement.
Dans la plupart des cas, la désinformation est constante
(dans les familles comme à l’extérieur) et même
s’il est aujourd’hui relativement courant d’expliquer
comment sont faits les enfants, le problème est toujours
abordé d’un point de vue purement biologique. Aucune
information n’est jamais dispensée sur la sexualité
et le plaisir en tant que tels. Selon Suzanne Képès,
psychosomaticienne : « pour de nombreuses femmes à
partir de 17 ans et jusqu’à 60 ans et plus, l’ignorance
de leur propre corps et de leur sexualité provoque toutes
sortes de méfaits. Les malaises et les plaintes des femmes,
dans la plupart des cas, proviennent de leur volonté de conformer
leur sexualité et leurs fantasmes aux désirs masculins.
Par ailleurs, beaucoup d’hommes croient que les femmes doivent
jouir comme eux, en même temps qu’eux. Ils imaginent
aussi que la satisfaction et la jouissance de leurs compagnes sont
entièrement tributaires de leurs performances érectiles
» [9]. Plus généralement, on peut même
dire que la société moderne tend à camoufler,
à invisibiliser le plaisir sexuel des femmes : on présente
toujours la jouissance masculine et le désir masculin comme
irrépressibles, sans se préoccuper des femmes et de
leurs désirs. Or, ceci influe beaucoup sur le développement
psychologique féminin : la sexualité est fondamentale
dans la construction de l’individu. Michel Bozon [9’]
met en valeur les différences construites entre le désir
masculin et féminin : « L’érotisme féminin
a besoin d’étapes en douceur, par paliers presque insensibles
» alors que « L’homme veut tout, et tout de suite
; […] le désir de l’homme est toujours invasion,
intrusion brutale et violente. »
Le sexe est un phénomène entièrement culturel
qui n’obéit à aucune loi biologique de renouvellement
de l’espèce. Dans une vie, combien de fois fait-on
l’amour dans le but d’avoir des enfants ? Même
les « instincts » sexuels ne sont que des constructions
culturelles. Boris Cyrulnik montre clairement que, dans le cas des
enfants sauvages, il faut au minimum une dizaine d’années
de socialisation avant qu’ils éprouvent du désir
sexuel, et ce, même dans une mise en situation « érotique
» [10]. Dans ces conditions, comment croire qu’il existe
une sexualité normale ou naturelle ? Ce sont les normes sociales
qui nous conditionnent à l’hétéronorme.
Pourquoi ne pas pouvoir prendre du plaisir sexuel avec des personnes
de sexe identique ? Nous devrions toutes et tous nous interroger
sur les carcans construits socialement qui nous inhibent et freinent
le plaisir que l’on pourrait avoir avec toute personne consentante,
quels que soient son sexe, sa couleur, son âge… On ne
naît pas hétérosexuel, on le devient…
et pas toujours !
Ainsi s’achève ce panorama succinct (et aucunement
exhaustif) des constructions sociales qui divisent l’humanité
entre les hommes « masculins » et les femmes «
féminines ». Dès lors, si l’on admet que
les deux moitiés de la population mondiale subissent un apprentissage
différent (apprentissage du différend ?), comment
imaginer une entente rationnelle et égalitaire entre elles
sans passer par une déconstruction de ces carcans sociaux
?
NOTES
[0] G. Falconnet et N. Lefaucheur, La fabrication des mâles,
Seuil
[1] E. G. Belloti, Du côté des petites filles, éditions
Des femmes
[2] I. Lézine, Le développement psychologique de la
première enfance, PUF
[2’] Du Côté des filles, Brochure sur les rôles
sociaux de sexe
[3] J. Guichard, L'école et les représentations d'avenir
des adolescents, PUF
[4] M. Duru-Bellat, L'école des filles. Quelle formation
pour quels rôles sociaux ?, L'Harmattan
[5] J. Brophy, Interaction of male and female students with male
and female teachers, Wilkinson, Marrett eds
[6] G. C. Leder, “Teacher Student Interaction : A Case Study”,
Educational Studies in Mathematics, vol. 18, n°3
[7] E. Sarah et D. Spencer, Learning to lose. Sexism and Education,
The Women's Press
[8] P. Bourdieu et J. Passeron, Les Héritiers, Les éditions
de Minuit
[8’] Voir à ce sujet l’article sur le publisexisme,
p. XX
[9] S. Képès, “Violences sexuelles et prostitution
dans la société patriarcale”, in La place des
femmes, La Découverte
[9’] M. Bozon
[10] B. Cyrulnik, Mémoire de singes et paroles d'hommes,
Seuil
Le lien d'origine sur <http://publisexisme.samizdat.net/>
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