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Origine : http://www.deroutes.com/autre1/texte/te412.htm
Comme le titre l’indique, Le livre rouge de Yahvé
est un livre qui commence par un « Avertissement salutaire
au lecteur mécréant (le pieux est au courant ) »
et se termine par une table des matières. Entre l’ouverture
et la clôture du livre, se trouvent, et par ordre biblique
et typographique, les deux grandes parties que sont « Genèse
(Beresith) De la Création du monde à la mort de Jacob
et de Joseph » (p. 9 à 145), « Exode, Lévitique,
Nombres, Deutéronome (Veele Semoth, Vaicra, Vaiedabber, Elle
Haddebarim) De l’Egypte à Canaan, par la mer Rouge
et le désert » (p. 147 à 226), puis la conclusion
intitulée « Josué (Iehosua) le magnifique »,
et enfin une postface pour faire bonne mesure. Si la lecture de
l’avertissement est primordiale, celle de la postface est
facultative, à la seule condition suivante, que pose l’
« Avertissement » : « Il est vivement conseillé
de ne lire la postface (dont on peut se passer) qu’après
avoir lu ce très honnête raccourci de la Torah et du
livre de Josué ». Quant à la table des matières,
son élaboration très soignée et son dynamisme
en font la meilleure vue panoramique et le meilleur résumé
du livre.
Louis Sala-Molins a une présence haute en couleurs dans
le terne et morne paysage intellectuel contemporain. Le livre rouge
de Yahvé est la dernière d’une impressionnante
liste de publications dont la première a pour titre Lulle.
Arbre de philosophie d’amour. Livre de l’ami et de l’aimé
(1967). Entre son compatriote Raymond Lulle (XIIIe siècle)
et le fantomatique et fantasmatique Yahvé, l’auteur
s’est forgé une existence dont les couleurs de l’arc-en-ciel
ne suffiraient pas à en rendre compte. Quand Louis Sala-Molins
a quelque chose à dire, aucun bâillon ne l’arrête
; ni le bâillon de la grammaire, ni le bâillon culturel,
ni le bâillon institutionnel. Et parce que le bâillon
qui le réduira au silence n’a pas encore été
inventé, Sala-Molins ne sait pas tricher. Car après
avoir posé et répondu à la question La loi
de quel droit ? (Flammarion, 1977), après avoir mis sous
le nez du monde entier Le Dictionnaire des inquisiteurs. Valence,
1494 (Galilée, 1981), après avoir exhumé de
l’oubli organisé Le Code Noir ou le calvaire de Canaan
en 1987 ainsi que L’Afrique aux Amériques. Le Code
noir espagnol (P.U.F, 1992), après avoir mis au grand jour
la même année 1992 Les misères des Lumières.
Sous la raison, l’outrage (Robert Laffont), après avoir
célébré Sodome. Exergue à la philosophie
du droit (Albin Michel, 1991), etc., que restait-il à Louis
Sala-Molins si ce n’est l’affrontement très humain
au monstre de tous les monstres possibles et imaginables : Yahvé.
Il faut dire que comme Socrate, Sala-Molins a eu le bonheur de «
corrompre » la jeunesse en tant que professeur de philosophie
politique, entraînant avec lui tous ceux qui, étudiant
ou pas ont bien voulu l’accompagner dans une quête de
l’humain qui vaut son pesant d’amour face aux inénarrables
conquêtes de Yahvé. Sur demande des gredins qui l’ont
jugé, Socrate estima qu’il méritait d’être
condamné à mener à terme sa singulière
existence aux frais de la « princesse », sa très
chère cité athénienne. Et comme le monde ne
tourne pas rond depuis cette époque, le pieux Socrate a été
condamné à boire la ciguë, qu’il a bu,
nonobstant l’inaliénable souveraineté de son
« démon ». On se souvient aussi de Jean-Paul
Sartre terminant son roman autobiographique Les mots, par ces inoubliables
paroles : « Je vois clair, je suis désabusé,
je connais mes vraies tâches, je mérite sûrement
un prix de civisme ». Quant à Sala-Molins, il ne réclame
rien en vertu du mérite. Et s’il déclame corps
et cœur son insatiable appétit pour les fruits de l’Arbre
de Vie et ceux de l’Arbre de Connaissance, c’est que
sa rencontre avec le catalan Raymond Lulle a confirmé à
jamais son intime conviction : c’est parce que le Commencement
est parti en couilles que l’humanité à créé
et planté l’Arbre d’Amour. Au commencement de
l’inhumanité le Verbe, au commencement de l’humanité
l’Amour. Que serait l’humanité aujourd’hui
sans le lécher originel d’Eve par Adam et le lécher
originel d’Adam par Eve ? L’humanité ne serait
pas, tout simplement. Sala-Molins est-il provocateur, suicidaire
ou fou pour oser une telle lecture du Livre des livres ? «
Je joue le plus sérieusement du monde le jeu que la «
révélation » impose au croyant de jouer («
c’est Dieu qui dicte, il ne saurait ni ne pourrait mentir
») et, en même temps, celui qu’impose la raison
(« voici donc les turpitudes dont on nourrit l’âme
du croyant pour son édification ») » (p. 242),
serine-t-il dans Le livre rouge de Yahvé !
Yahvé ! Yahvé le personnage à la fois central
et périphérique, à la fois fictif dans son
être et réel dans ses très basses œuvres…
Ses manœuvres, sacrément divines, sont originellement
incarnations de murs entre les humains (chouchous – Abraham,
Moïse…, peuple élu – Juifs, terre bénie
– Israël, etc. et les autres – damnés du
Ciel), originairement déchaînement de violences inouïes
(infanticides en Egypte, tueries gratuites, massacres, guerres,
génocides – dont celui fondateur de Moïse à
l’est du Jourdain, etc.), principiellement asservissement,
esclavage, colonisation, etc. Au Seigneur, il faut des saigneurs,
il faut que ça saigne, même si tout doit « partir
» en fumée : « je me came, me shoote et m’éclate
à la fumée de la graisse. Je suis Yahvé »
(p. 196), c’est comme ça. Yahvé, autant dire
la civilisation judéo-chrétienne d’Hier et d’Aujourd’hui.
Et celle de Demain. Le livre rouge de Yahvé a l’actualité
de la civilisation gréco-latine, dont l’Occident, avec
ses laïcs républicains et ses démocrates chrétiens,
ses scientifiques « apolitiques » et ses historiens
légistes, bref, tous les serviteurs de l’immonde et
cannibale Raison incarne le nombrilisme. Et dire que nos contemporains
ne jurent et ne conjurent que par le pâle humanisme des Lumières,
dont Kant le chef de file, thèse et confesse : « La
Bible mise à la portée de tous est le plus grand bienfait
qu’ait pu connaître la race humaine. Toute atteinte
contre elle est un crime envers l’humanité ».
Quand on sait que l’Afrique, le continent « sans histoire
» et « sans écriture » est le continent
où la Bible est la plus traduite (274 langues en 2002 d’après
United Bible), quand on sait qu’à cause des siècles
d’esclavage, de traite négrière, de colonisation,
de massacres, de génocide commis par Yahvé et ceux
de son continent, et que l’Afrique est depuis lors dans une
interminable agonie, il faudrait affirmer, contre Kant et tous ceux
qui se réclament de la Bible que l’histoire de l’humanité
(à ne pas confondre avec l’histoire de la judéo-chrétienneté)
nous enseigne que toute atteinte de l’homme par Yahvé
n’a jamais été autre qu’un crime contre
l’humanité, que tout peuple atteint par la Bible, y
compris le peuple élu, a été victime de crime
contre l’humanité. Avec Yahvé, seul le crime
paie. Ad vitae aeternam. De toute éternité Yahvé
lui-même a-t-il rien fait d’autre que de se nourrir
de crimes contre sa création et ses créatures ? Par
envie, par méchanceté, par stratégie, par incarnation
du pouvoir absolu. Les serviteurs de Yahvé ont fait du crime
contre la Bible un « crime envers l’humanité
» et ont précipité dans les abysses du silence
les crimes de Yahvé contre l’humanité.
Louis Sala-Molins : « - Tiens, croque à pleines dents,
toi aussi, dit femme en lui tendant la poire entamée.
Convaincu d’en finir à jamais avec le cerclage, le
bouturage, l’arrosage et la chasse interminable de cette saleté
de pucerons et ne parlons pas des taupes et de toute la république
des scarabées ; constatant que la femme était là
et bien là sans aucun signe de pâleur, bien au contraire,
avec un je-ne-sais-quoi de plus en son visage, l’homme croqua
la poire. Ils se la passèrent l’un l’autre. Toute.
Et il se produisit alors un événement unique du début
des temps jusqu’alors. La femme mouilla comme une fontaine,
l’homme banda à se rompre. Comme ça. Sans raison.
L’un et l’autre furent gênés par cet énervement
inattendu du sexe, qui ne se produisait jusque-là qu’à
leur volonté, à l’instant où ils décidaient
que c’était maintenant et pas plus tôt ni plus
tard et sans en faire tout un plat. Et cette bandaison et cet écoulement
ramenèrent au sexe tout le corps. Ce n’était
ni le jour ni le moment. Avec la soudaineté de l’éclair,
leurs yeux s’ouvrirent : ils comprirent que leurs sexes, aux
émotions molles jusqu’alors, s’étaient
affranchis et dominaient leurs volontés, qui ne connaissaient,
jusque-là, que la loi de Yahvé Dieu. La femme sentit
en elle un émoi dont elle savait à peine l’ébauche,
mais dont la soudaine violence la terrassa. Ses jambes fléchirent,
elle s’appuya sur le tronc de l’arbre et voila d’une
main la toison de son sexe. De ses mains l’homme cacha le
sien et un tremblement intense, que sa volonté abhorra, secoua
tout son dedans. Un jet de sperme mouilla ses doigts. Homme et femme,
leurs regards effrayés se croisèrent, ils eurent honte
de leurs sexes, assemblèrent des feuilles de figuier avec
de longs brins d’herbe et se firent des pagnes. La jugeote
de Yahvé ? C’était la honte. » (pp. 21-22).
Louis Sala-Molins encore : « C’était fini. Josué
s’était emparé de tout le pays, exactement comme
Yahvé l’avais dit à Moïse, et il le donna
en héritage à Israël. Avec le génocide
largement entamé par Moïse à l’ouest du
Jourdain et rendement accompli par Josué à l’est
du fleuve jusqu’à la grande Mer, Yahvé avait
apporté la solution finale au problème cananéen
qu’il avait crée de toutes pièces par la bouche
de Noé le jour de la cuite mémorable du rescapé
du déluge et de l’invention de l’esclavage. Il
avait dégagé pour son peuple l’espace vital
qu’il avait juré de donner à Abraham et à
son cadet Isaac, à Isaac et à son cadet Jacob, à
Jacob et à ses 12 enfants, sans compter Dina l’unique,
par qui le malheur était arrivé à Sichem. (…)
Et c’est à Sachem, la ville enfiévrée
autrefois par la circoncision forcée de tous ses mâles
et noyée, aussitôt après, dans le sang de tous
ses habitants versé par les fils de Jacob, les premiers génocideurs
de la lignée israélite, que Josué, ordre de
Jahvé, fixa un statut et un droit pour leurs descendants.
Statut et droit fixés, Josué mourut, à l’âge
de cent dix ans. On l’enterra. Yahvé avait basé
la paix des circoncis sur un mortier de prépuces et fondé
le droit des saints sur le sang des innocents. Il est Yahvé.
Gloire à lui pour les siècles des siècles »
(pp. 234, 235 et 236).
« La paix blanche » selon Robert Jaulin ou «
la pax israelita » que Le livre rouge de Yahvé explore
avec toute son humanité, rien que pour toute l’humanité.
Il est urgent que Le livre rouge de Yahvé soit traduit en
autant de langues que la Bible et diffusé à tout vent,
en guise de complément propédeutique et thérapeutique
aux 546 millions de Bibles qui polluent la planète terre,
et la « communauté internationale » condamnée
à réaliser cette exigence de l’humanité,
sous les yeux du mortel Louis Sala-Molins.
Bassidiki Coulibaly
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