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Origine :
http://www.collectifdom.com/spip.php?article653
J’ai la peau claire et je ne m’en assombris pas
La récente parution du livre de Géraldine Faes et
Stephen Smith Noir et Français ! (éd. Panama) ,modestement
qualifié par les auteurs en quatrième de couverture
de « Livre d’enquête et d’histoire »
m’oblige à opposer la simple vérité à
quelques mensonges grossiers, dont je fais les frais, proférés
en cours ...d’ « enquête » en vue d’une
fin dont j’ignore tout mais dont je fustige la malveillance
au pire, la légèreté coupable au mieux.
Belle lurette que, dans la presse (notamment Libération),
en d’autres livres (dont La vérité sur Dieudonné,
d’Anne-Sophie Mercier, éd. Plon) et au creux de multiples
voix des rumeurs incontrôlables d’Internet, mon nom,
voire mon image, apparaissent accoudés à temps et
à contretemps au nom et à l’image de Dieudonné
et de quelques autres.
A temps, lorsqu’on se limite à rappeler que j’ai
co-écrit, avec lui et une troisième personne (qui
préfère rester dans l’ombre et qui a pourtant
été l’élément essentiel de notre
trio), le scénario d’un film intitulé «
Code Noir » relatant dans toute son horreur le quotidien des
esclaves noirs aux Antilles aux jours bénis où Louis
XIV et son Colbert décidaient d’encadrer cet enfer
avec le texte juridique que l’on sait.
Toujours à temps lorsqu’il est rappelé que
ma présence dans l’élaboration de ce texte vaut
« caution d’un universitaire » pour le sérieux
historique de ce travail à trois mains et pour cela uniquement.
A contretemps lorsque, par goût du piquant, charme du raccourci
et mépris de la vérité, je deviens, sans autre
précision, « la seule caution universitaire »
de Dieudonné et qu’on donne à lire cette belle
phrase au beau milieu des rappels des trop nombreux dérapages
de l’humoriste à propos du sionisme, de l’histoire
du judaïsme, de la totalité des israéliens.
A contretemps et dans le mensonge total lorsque, dans Noir et français
!, je deviens, avec le COFFAD, Dieudonné et la Tribu Ka,
l’initiateur d’une « marche pour le respect »(page
266) le 22 mai 2005 au cours de laquelle « Kemi Seba empêche
une leucoderme -Blanche- de s’exprimer à la tribune
sur la Palestine » (page 198).
Dans le pur mensonge, et je ne sais à quelles fins - sauf
à me faire apparaître comme un hurluberlu bon pour
amuser la galerie - je suis (page 158) « le seul intervenant
européen » au colloque ayant eu lieu à l’Unesco
en mai 1998 à l’initiative du COFFAD, colloque dont
les deux auteurs de cette « enquête » relèvent
seulement, dans leur compte-rendu de deux jours de communications
et débats, et pour mieux ridiculiser le tout, deux ou trois
phrases excessives (il s’en dit toujours dans ce genre d’événements)
ne caractérisant aucunement la tenue générale
des communications .
Dans le mensonge éhonté et la pure volonté
de nuire ( je n’en vois pas d’autre), les deux «
historiens-enquêteurs » écrivent froidement,
à la suite immédiate de quatorze pages(p.227-241)
relatant les péripéties conceptuelles et de moins
en moins supportables de Dieudonné : « A la même
époque, Dieudonné présente au CNC un projet
de film sur la traite des Noirs. Le scénario, coécrit
avec Louis Sala-Molins, » ( page 241) . « A la même
époque » : n’importe quel lecteur me verra donc
bras dessus bras dessous avec Dieudonné jusqu’à
ce matin, alors que ce travail en commun, dont je n’ai pas
à rougir, a été mené à terme
et enregistré « ne varietur » à la Société
des Auteurs bien avant l’épisode Fogiel (le premier
de la série, fin 2003), bien avant donc que l’humoriste
militant et généreux avec qui je travaillais pour
la plus noble des causes ne s’engage dans la pente qui le
conduit inexorablement vers les avatars dans lesquels il semble
de plus en plus se complaire.
Pour finir, les deux historiens-enquêteurs me rendent hommage
à leurs corps défendant en rappelant, page 324, que
j’ai eu l’honneur de préfacer le magnifique La
férocité blanche de Rosa-Amelia Plumelle-Uribe ( Albin
Michel, 2001), dont ils banalisent le contenu avec dés élégances
éléphantines.
De tout cela j’ai protesté auprès des deux
auteurs en correspondance privée. Ils me répondent
courageusement « divergences de vues » quand je mets
sous leurs yeux ces traficotages, dont je sors défiguré.
A chacun sa conscience. A eux la leur. A moi la mienne.
« Leucoderme » selon les esthètes matamores
de la tribu Ka, je mène le bon combat pour la récupération
de la mémoire et de l’histoire de la traite négrière
et de l’esclavage depuis le jour, il y a presque un quart
de siècle, où j’ai commencé les recherches
qui ont abouti à la publication du Code Noir ou le calvaire
de Canaan (1ère édition : 1986), publication qui n’est
pas pour rien, on me le concèdera, dans l’émergence
de la mémoire que l’on sait.
Les combattants n’étions pas légion, à
l’époque. Avec d’autres, courageux, de plus en
plus nombreux, de mieux en mieux informés, je suis toujours
sur la brèche. Je n’ai aucunement l’intention
de déserter et j’ai l’habitude de répondre
« présent » chaque fois qu’on me sollicite
pour une escarmouche ou une bataille de plus longue haleine . Si
d’aucuns supportent mal mon intransigeance , je revendique
qu’elle résulte de mon souci de la récupération
d’une histoire que je connais bien et d’une mémoire
qui nous concerne tous, quelles que soient les couleurs de peau.
Ceci dit, comme beaucoup, je suis troublé par les dérives
racialisantes ou carrément racistes des comportements et
des choix idéologiques de certains. Dont je ne suis pas.
Dont je n’ai jamais été. Dont je ne serai jamais,
sauf naufrage dans la folie...
Contre les bavardages, les calomnies, les amalgames, la force incontrôlable
des rumeurs, l’arrogance de ceux qui se proclament historiens
et enquêteurs, je demande à chacun de ceux dont les
préoccupations sont proches des miennes, de ne pas douter
du sérieux de mon comportement au front.
Louis Sala-Molins
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